Opéra Comique 2023

La saison est en ligne : https://www.opera-comique.com/fr/spectacles/2023

Annonce jusqu'au 1er juillet puisque l'OC devrait repasser aux saisons traditionnelles automne-été à partir de septembre 2023.

Le Voyage dans la lune ; L'Inondation (Filidei-Pommerat) ; Le Bourgeois gentilhomme ; Carmen ; Breaking the Waves (Missy Mazzoli) ; Zémire et Azor (Grétry).

Langrée dirige Zémire et Azor. Chloé Briot reprend son rôle dans L'Inondation.

(Mais on peut imaginer qu'elle reprendra la production avec un partenaire qui lui lâchera la grappe.)

Oh, ça manque de finances à l'Opéra-Comique, beaucoup de reprises.

Ça ne me dérange pas, puisque je n'ai vu aucune de ces productions, et que je verrai avec plaisir le Filidei et le Grétry ! – mais ce n'est pas de bon augure, presque rien de neuf. (Si l'on compte les reports.)

C'est normal d'écluser les reports.

C'est toujours Long Yu et l'orchestre de Shanghaï qui sont prévus pour Carmen, on verra s'ils peuvent venir.

Et Missy Mazzoli, vous en pensez quoi a priori ?

mickt a écrit:

C'est normal d'écluser les reports.

Bien sûr ! Et nous sommes nombreux à languir après ce Voyage dans la Lune, dont le disque a révélé les qualités assez hors du commun.

Citation :

Et Missy Mazzoli, vous en pensez quoi a priori ?

Langage marqué par le jazz, le minimalisme, assez lyrique, ça devrait bien se prêter à de l'opéra si le livret tient la route et si l'accent et mis sur la prosodie !

mickt a écrit:

Breaking the Waves (Missy Mazzoli)

Et c'est inspiré du film de Lars von Trier?

Exactement.

(Et bien qu'elle soit aussi performeuse, elle sait plutôt bien composer.)

Oui, mais enfin, livret d'après Lars von Trier + musique néo crossoverisante, je ne suis clairement pas le cœur de cible, là...

Sans grande surprise le Shanghai Symphony Orchestra ne fera pas le déplacement pour Carmen. Ils sont remplacés par l'Orchestre des Champs-Élysées dirigé par Louis Langrée, et, pour les deux dernières dates, par Sora Elisabeth Lee (chouchoute officielle de David).

https://www.opera-comique.com/fr/spectacles/carmen-2023

mickt a écrit:

Sans grande surprise le Shanghai Symphony Orchestra ne fera pas le déplacement pour Carmen. Ils sont remplacés par l'Orchestre des Champs-Élysées dirigé par Louis Langrée, et, pour les deux dernières dates, par Sora Elisabeth Lee (chouchoute officielle de David).

https://www.opera-comique.com/fr/spectacles/carmen-2023

Et la mienne aussi. C'est une excellente cheffe d'orchestre que j'ai découverte à Chambord avec l'Orchestre Symphonique de la Région Centre val de Loire

luisa miller a écrit:

C'est une excellente cheffe d'orchestre que j'ai découverte à Chambord avec l'Orchestre Symphonique de la Région Centre val de Loire

Il faut décidément que je découvre cet orchestre.

mickt a écrit:

Sans grande surprise le Shanghai Symphony Orchestra ne fera pas le déplacement pour Carmen. Ils sont remplacés par l'Orchestre des Champs-Élysées dirigé par Louis Langrée, et, pour les deux dernières dates, par Sora Elisabeth Lee (chouchoute officielle de David).

https://www.opera-comique.com/fr/spectacles/carmen-2023

Oh oui, avec son autorité et son panache, ce devrait être épatant ! (la distribution me tente moins)

Et bien j'ai trouvé Breaking the Waves de Missy Mazzoli, d'après le film de Lars von Trier, assez bouleversant. Dernière représentation ce mercredi 31 mai, allez-y !

https://www.opera-comique.com/fr/spectacles/breaking-waves

Œuvre absolument saisissante, sur un sujet inhabituel qui doit pouvoir toucher un public assez différent : quelque part entre Lulu et Pyrame & Thisbé, une histoire poisseuse et délétère servie par un sens dramatique épatant et une belle prosodie.

Donc : Breaking the Waves de Missy Mazzoli & Royce Vavrek, une réussite éclatante dans le contemporain à l'Opéra-Comique à ajouter à une jolie liste dernièrement : L'Inondation, Au Monde, Les Éclairs…

(Un peu plus loin dans le temps, La Princesse légère était un ratage intégral en revanche, et Robert le Cochon c'est une autre histoire, plutôt bien en soi, mais j'ai déjà parlé du traumatisme durable dans lequel la scène du viol et de l'immolation par la grenouille nymphomane m'a plongé.)

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Musique d'esprit typiquement américain, très marquée par les couleurs blanches des minimalistes (ces aplats de cordes façon Pärt mais avec des syncopes de vents typique des répétitifs américains), et cependant toujours écrite de façon très élancée, lyrique… et dramatique !
Discrète et riche comme une musique de film, elle ne détourne pas l'attention, mais reste belle et intense pendant tout le spectacle.

Prosodie très réussie, et surtout grande admiration pour l'usage du chœur : voilà une plus-value qu'on ne peut trouver qu'à l'opéra !  Lorsque Bess parle avec Dieu, la réponse se fait par ce chœur d'hommes terrifiant (et Bess dit les mêmes paroles, en voix parlée, simultanément).

Quand je dis qu'il faut trouver des sujets et des façon qui puissent faire sortir l'opéra de la répétition muséale, je pensais à des sujets plus grands public, mais pour un public de cultureux, il y a déjà de quoi élargir beaucoup avec cette incursion chez Lars von Trier.

Par ailleurs, chœur Aedes splendide, plaisir de retrouver la Chambre de Paris, et solistes incroyables (Sydney Mancasola, très jolie voix et incarnation absolument totale ; Jarrett Ott, baryton dont le moelleux semble infini et s'étendre jusqu'au ténor, sans aucune rupture).

Avant de recommander le spectacle, cependant, il faut dresser une assez grande ligne de /trigger warnings/ :

Si vous n'êtes pas un minimum à l'aise avec la nudité, les actes sexuels publics, le sang, la violence psychologique et quelques autres trucs, vous ne passerez pas la meilleure soirée de votre vie.

Pour ma part, j'ai été un peu gêné (connaissant de près dans ma vie des personnes concernées par des formes proches des handicaps mentionnés – le mental et le physique) par l'esthétisation de choses que je connaissais de près – dans la réalité, c'est juste la loose.
Mais ce n'était pas lié à la représentation qui en est faite, pas du tout romantisée, plutôt à la sollicitation de mes sentiments de compassion déjà occupés sur des cas réels.

Et à l'acte II, la surenchère dans le poisseux et l'avilissant, quoique remarquablement réalisée (et sans complaisance musicale ni mickeymousing – Dieu merci) m'a laissé bloqué pendant 45 minutes dans un rictus de dégoût.

L'acte III ouvre beaucoup d'interprétations possibles, et est très réussi visuellement.

En somme, si vous avez envie de voir un opéra remarquablement abouti, sur un sujet inhabituel, d'être pris dans une intrigue forte, vous ne trouverez pas mieux.

Si en revanche vous avez envie de vous évader, de profiter de la vie, d'échapper au quotidien, de prendre l'air : n'y allez pas.
A fortiori si vous êtes un peu pudique ou sensible aux thématiques du consentement.

(Mickt m'a dit que le film bien bien pire permettait de se préparer.)