ONP - Puccini / Tosca - 03/09 au 26/11/22

Giacomo Puccini : Tosca

Saioa Hernandez : Floria Tosca
Joseoh Calleja : Mario Cavaradossi
Bryn Terfel : Scarpia
Gustavo Dudamel, dir.

J'ouvre un sujet sur Tosca, car il est prévu 17 représentations (pour renflouer les caisses ?), et je suppose que d'autres que moi y sont allés ou iront voir ce spectacle.
Ne serait-ce que tomseche89 qui pourra nous en dire davantage sur ses impressions.
A noter que la distribution va changer.

Quabt à moi, j'y étais ce lundi 12. J'ai trouvé que ça commençait plan-plan, et puis dès que Terfel est rentré sur scène, le spectacle a décollé. Même Dudamel qui semblait jusque là un peu assoupi s'est réveillé.
Aucun chanteur n'était idéal : Hernandez qui poitrine pas toujours agréablement, Calleja, avec une très belle voix, un style très nuancé, mais des aigus problématiques, un peu comme s'il émettait deux sons à la fois,
et puis Terfel, dont je n'ai jamais trop aimé la grosse voix, peut-être un peu usée dorénavant, mais avec une extraodinaire présence.
Ces trois chanteurs nous ont donné des actes 2 et 3 d'une intensité et d'une émotion que je n'ai pas éprouvées depuis longtemps dans cet opéra.
L'acte 3, dont je n'avais pas trop aimé la mise en scène précédemment, était bouleversant.
Il faut dire que Dudamel était déchaîné. Qu'on ne me dise plus qu'il n'est pas un chef d'opéra !
Et le son de l'orchestre était d'une beauté ensorcelante (prélude de l'acte 3).
Plus que dimanche pour entendre Dudamel !

Merci, Fritelli! Et rebonjour à tout le monde....!

Content d'avoir ce retour. Je n'étais malheureusement pas dispo pour cette poignée de soirées Dudamel. Terfel est un bon acteur, excellent Scarpia il y a qques années avec Harteros/Alvarez. (Et puis j'ai Dudamel pour Tristan, Nixon et Dante.... )

J'y serai en novembre, avec Elena Stikhina , Calleja, Finley à la place de Terfel, et un chef inconnu....

Fritelli a écrit:

Aucun chanteur n'était idéal : Hernandez qui poitrine pas toujours agréablement, Calleja, avec une très belle voix, un style très nuancé, mais des aigus problématiques, un peu comme s'il émettait deux sons à la fois,

À la fois ? C'est une affaire d'harmoniques dans ce cas (et pas un problème technique a priori), mais ce ne serait pas plutôt en deux fois ? Là aussi, pas forcément un problème technique.

(Mais les deux me paraissent très éloignés de sa technique habituelle, c'est étonnant.)

Citation :

et puis Terfel, dont je n'ai jamais trop aimé la grosse voix,

Grosse voix au disque, ça peut faire cet effet, mais en salle je trouve au contraire la voix d'une grande clarté, alors que je ne l'ai pourtant entendu que dans sa dernière période ! Tout le gras de la voix captée de près disparaît dans l'espace.

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DavidLeMarrec a écrit:

À la fois ?  C'est une affaire d'harmoniques dans ce cas (et pas un problème technique a priori), mais ce ne serait pas plutôt en deux fois ? Là aussi, pas forcément un problème technique.

(Mais les deux me paraissent très éloignés de sa technique habituelle, c'est étonnant.)

J'ai du mal à décrire ce que l'on entend. C'est la première fois que je rencontre ce son dans le gosier d'un ténor.
Sur un autre blog, quelqu'un décrit le phénomène ainsi : "la voix grésille comme un transistor qui capterait mal". C'est un peu exagéré !
Un autre parle de "pression au niveau de la glotte" qui dure depuis 2019;
Nous verrons s"il a réglé le problème en novembre.

En Duc de Mantoue, au printemps dernier, c'était superbe et assez impeccable (au contraire très clair et libre). Peut-être une méforme passagère, ou bien le rôle de Cavaradossi, assez dramatique pour cette voix…

J'y vais demain, Terfel ne sera plus là, Scarpia sera chanté par Alexey Markov. (jamais entendu, je crois)

Très bon baryton spécialisé dans Verdi (il a fait pas mal de russe aussi), mais c'était il y a bien dix ans, je ne sais pas du tout si la voix est intacte.

En général, les distributions de Neef ne favorisent pas les vieux chanteurs usés, donc ce devrait être l'hypothèse haute !

Moyennement convaincu par la représentation d'hier.

Pas de plus-value particulière avec la direction de Dudamel, Ettinger la dernière fois était nettement plus marquant et original.
Orchestre en très bonne forme.
J'ai été très agréablement surpris par Calleja, j'avais lu tellement de choses, j'ai trouvé ça très très bien en fait, très bien projeté et très élégant, parfaitement musical, sans aucun excès ni scorie, je n'ai rien remarqué de gênant dans sa voix.
Hernandez, grosse voix sans nuances, excepté dans Vissi d'arte, où on voit qu'elle en est tout à fait capable; dommage.
Markov, tout à fait bien mais pas marquant. (et luttant un peu avec l'orchestre quand même)

Oui, la direction de Dudamel est tout à fait traditionnelle mais j'ai ressenti une ardeur peu commune (j'y étais le lundi 12), notamment dans le II (la torture de Mario!).
Ettinger était remarquable oui, de toute façon cet orchestre est assez imbattable (à Paris) dans ce répertoire.

Je te rejoins sur le reste :
Hernandez est la Tosca la plus sonore des dernières années à Bastille, mais c'est effectivement un peu monolithique, sauf dans le Vissi d'Arte, superbe.
J'ai trouvé Calleja très bien, je n'ai pas non plus remarqué de gros problème dans l'aigu (peut-être un ou deux légèrement voilés mais rien de bien méchant).
Terfel assez fatigué mais fait le job.

Choeurs splendides dans le Te Deum.

C'est un détail mais j'angoisse toujours à l'approche de l'exécution de Mario, le coup de fusil est beaucoup trop fort  

J'y retournerai en novembre avec un chef inconnu (Paolo Bartolameolli) et Elena Stikhina, bonne Tosca déjà entendue en 2018 ici-même.

tomseche89 a écrit:

C'est un détail mais j'angoisse toujours à l'approche de l'exécution de Mario, le coup de fusil est beaucoup trop fort  

Oui!

Je suis toujours au 2è balcon, mais je me demande si personne (au parterre ou sur scène!) ne souffre d'acouphènes en sortant!

Citation :

J'ai trouvé Calleja très bien, je n'ai pas non plus remarqué de gros problème dans l'aigu (peut-être un ou deux légèrement voilés mais rien de bien méchant).

Oui pareil, après on était loin de l'insolence de Grigolo entendu précédemment, mais c'était beau, sans maniérismes ni excès.

Représentation du 11/11

Calleja/Cavaradossi malade, remplacé par... Marco Berti: aargh!!! Bon, Berti plombe la soirée mais ne la détruit pas. Il est moins mauvais que je ne le craignais...

Elena Stikhina et Gerald Finley égaux à eux-memes, et d'ailleurs pour Finley seul le spectacle valait le déplacement ama.

Stikhina, en bonne forme, a le beau chant qu'on lui connait: un peu moins subtil que Harteros (vue deux saisons dans cette production) mais la voix est tout aussi belle et les aigus un peu plus ronds. Premiere fois que je l'entends dans l'opéra italien (apres 5 Wagners excellents): de l'assurance dans les terribles passages dramatiques et tendus, beau chant sensible dans les moments tendres (malgré Berti).

Finley c'est la grande classe, comme d'habitude; projection adéquate (en tout cas depuis le bas du 1er balcon), voix splendide, méchanceté "noble" sans exces, plutot bon acteur je trouve, et des moments noirs et terrifiants comme il faut au 2e acte, où il se lache davantage. Un grand Scarpia à mon sens.

Berti démarre avec sa voix prosaique et dure, sa ligne de chant assez chaotique autour du passage, et des aigus forts, sans nuances ni subtilité. Mais... D'abord, ses efforts pour bien faire sont touchants. Tres peu de sanglots et pas trop de coups de glotte. Ensuite, la voix chauffe et s'améliore à l'acte 3. Les aigus sont claironnants et tres peu subtils mais ils sont là et ne sont pas laids. Le medium est assez beau, surtout quand il chante moins fort. Bref, il a toutes les notes et sauve un peu la soirée. Il est bien applaudi, plus que Finley carrément, par un public clairement pas super-averti et qui ne doit pas bien connaitre ni Calleja ni Jussi Bjorling...

Bel orchestre, plus dense et riche que les productions passées je trouve: un effet Dudamel, ou bien le travail du chef actuel (Bortolameolli)? Les deux peut-etre.

Salle tres pleine! J'ai du déployer des efforts de ninja pour occuper finalement ma place préférée de toute la salle (1er balcon 3/4 en bas..., le tout pour 15 Euros...)

In fine, Puccini était bien là et je suis content du succès obtenu!

Si Calleja revient, ca fera un excellent plateau... (mais Finley part).

[u]

Patzak a écrit:

Calleja/Cavaradossi malade, remplacé par... Marco Berti: aargh!!!

Gloups.

Citation :

Bon, Berti plombe la soirée mais ne la détruit pas. Il est moins mauvais que je ne le craignais...

Il n'est pas mauvais du tout ! Peu gracieux, c'est certain, tout est vraiment au bulldozer, mais au moins dans Bastille on l'entend très bien.

Citation :

par un public clairement pas super-averti et qui ne doit pas bien connaitre ni Calleja ni Jussi Bjorling...

Ou au contraire très informé et qui est tout surpris d'entendre, pour une fois, un chanteur dans Bastille !

A Bastille, une partie du public applaudit vraiment au volume, on le sait. Mais bon, la projection n'excuse pas tout, et de plus je crois que Calleja s'entendait tres bien. Finley, c'est plus discret.

Perso, je préfère qu'on prenne de grands chanteurs, quitte à un peu sacrifier les gens au fond du 2nd balcon. Pas sur qu'ils entendaient tres bien Finley hier soir. Moi, oui.

(Pour completer, je précise que j'ai toujours été contre une salle d'opéra aux dimensions de Bastille, des la conception du projet.)

Je suis moi aussi retourné voir Tosca hier soir, un chef d'oeuvre dont je ne me lasse pas, surtout lorsqu'il est servi par un orchestre aussi superlatif de celui de l'ONP. Je suis toujours autant emporté par les multiples moments "impactants" de la partition, du début à la fin. Le 3e acte est certes en dessous des deux autres, mais les dernières mesurent emportent toujours tout sur leur passage!
Très belle direction de Bortolameolli, très classique, moins exaltée que celle de Dudamel mais on y gagne peut-être en unité.

Je rejoins Patzak sur Finley, pourtant j'ai eu un peu peur lors de ses premières interventions peu sonores, mais quel beau musicien, fin, racé, qui campe un Scarpia moins abject que d'habitude, plus humain (ce qui est sans doute problématique !). C'est vraiment tout l'inverse de Terfel en septembre, qui aboyait et cabotinait pour compenser la voix abimée.

Je ne connaissais Marco Berti que de réputation, et je dois dire qu'elle n'est pas usurpée Le timbre n'est vraiment pas séduisant, la justesse a été défaillante quasiment tout l'acte 1, et il ne fait pas beaucoup d'effort sur le plan scénique. Reste la puissance, effectivement (mais les "Vittoria" de Calleja n'étaient pas moins sonores dans mon souvenir). Dans l'acte 3 ça s'améliore un peu, le Lucevan était plutôt honnête, mais le compte n'y est pas, clairement.

Enfin, grosse déception pour Stikhina, que j'ai trouvée très anonyme, pas spécialement agréable à écouter, et bien moins impressionnante que Saoia Hernandez. Sa dernière phrase ("avanti a Dio") sonnait très petit et très court, le frisson n'y était pas. Elle sauve les meubles dans le Vissi d'Arte, tout à fait correct, et parvient quand même à faire illusion sur quelques mots isolés, bien mordants, dans ses dialogues avec Scarpia.

Au final, un bilan bien mitigé, mais une bonne soirée malgré tout grâce à la partition et l'orchestre principalement !
Accueil très chaleureux du public.
Ca faisait plaisir de voir Bastille plein à craquer !

J'y retournerai peut-être une dernière fois pour découvrir Burdenko en Scarpia (à condition que Calleja revienne).


(on pouvait croiser Thierry Breton dans le hall   )