RF - OPRF/Franck - Mahler 2 - 29 et 30/10/2022

Programme :
GUSTAV MAHLER
Symphonie n°2 "Résurrection"

Distribution :
GOLDA SCHULTZ soprano
GERHILD ROMBERGER alto
CHŒUR DE RADIO FRANCE
JOSEP VILA I CASAÑAS chef de chœur
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
MIKKO FRANCK direction.

J'ai assisté aux deux représentations, samedi soir et dimanche après-midi. Ça passera peut-être pour du stakhanovisme, mais c'est une de mes symphonies préférées et je ne m'en lasse pas. Il faut dire que je ne l'ai pas entendue si souvent en concert (ONCT/Sokhiev, la claque ; puis OP/Bychkov, l'horreur...).

Auditorium complet les deux soirs. Replacement possible samedi, mais impossible dimanche. Voisins terribles : un vieux arrivé en retard samedi, avec des mouvements de visage et de bras irrépressibles (Parkinson ?) avec un imperméable particulièrement sonore, et un autre voisin qui reniflait par défaut de mouchoir (il faut que je prévoie un petit paquet dans mon sac) ; et dimanche, une vieille qui a toussé inlassablement, jusqu'à mettre 8 minutes à sortir une pastille de son emballage (oui, 8 minutes entre l'ouverture zzzzipppp du sac, la manipulation de la plaquette cellophanée et le début du machouillage de la pastille dans sa vieille bouche moche), ou un portable qui a sonné magnifiquement sur la fin toute en douceur d'un mouvement... Décidément, quand il y a trop de monde, c'est insupportable !

Mikko arrive sur scène avec une béquille et une jambe dans une atèle noire. Il a l'air mal, malhabile et maladroit à l'intérieur de son propre corps, même s'il n'exprime que sourires, avec un masque dynamique et conquérant. Il m'a semblé encore plus attachant que d'habitude.

Interprétation solide et efficace. Portail fracassant, sans retombée de tension après l'apparition du premier thème, comme c'est souvent le cas au disque. Pas énormément de choses à en dire, c'était conventionnel, très classieux, très efficace, sans comporter pour autant de trait distinctif notable. La partition est intrinsèquement magique, c'est une musique dont je suis amoureux. Mikko, selon son habitude, se tourne de temps en temps vers le public pour souligner un passage, avec ses yeux ronds (écoutez comme c'est beau ici !). Pas une seconde d'ennui jusqu'au finale flamboyant. C'est irrésistible !
Version du dimanche assez différente, plus apaisée, sereine, moins "martiale" selon Mickt. Plus brouillonne aussi, avec des décalages aux cuivres par moment, des erreurs d'attaque aussi. Ambiance plus relâchée, devant une salle tout aussi pleine.

Chœur très efficace (pas de chef de chœur aux saluts le dimanche, et d'ailleurs bouquets de fleurs plus petits pour les chanteuses, on fait à l'économie pour les représentations d'après-midi !). Chanteuses également ; et même si je n'ai pas apprécié le vibrato trop relâché à mon goût de Golda Schultz (parfaite dans Barber la saison passée, répertoire qui se prête mieux à cette technique), sa ferveur interprétative sincère m'a convaincu.

Vite ma dose de Mahler 2 !

Rocktambule a écrit:

un autre voisin qui reniflait par défaut de mouchoir (il faut que je prévoie un petit paquet dans mon sac)

J'en ai toujours, et il m'est arrivé d'en donner un, le type m'a remercié mais a continué à renifler... pensant sans doute que c'était moins bruyant que de se moucher, je ne sais pas.

Il n'y avait que Rocktambule ?

(Moi j'étais au théâtre voir le scandale du moment, puis en balade en Picardie, je peux pas participer.)

J'étais curieux de voir s'il avait confirmé la tendance « pastorale » qu'on avait notée dans les précédents volets. (Mais il l'a déjà donnée à la Philharmonie, la 2, non ?)

J'y fus aussi, les deux fois comme Rocktambule. J'avais réservé les deux concerts justement parce que j'avais en mémoire la Résurrection de Mikko à la Philharmonie il y a cinq ans, lumineuse et ductile comme les autres symphonies de Mahler entendues sous sa baguette (4 et 6 je crois). Et ça a été très beau, toujours naturel mais moins "pastoral" que dans mon souvenir. Là j'ai trouvé qu'il s'attachait plus à la grande forme, avec réussite. Les mouvements terminaux étaient bien construits, impressionnants dans les dynamiques, les détentes et explosions, le sens de l'avancée. De beaux mouvements centraux, modérés, bien jugés, pleins d'élégance. Il m'a peut-être manqué un soupçon de souplesse et d'inspiration, mais c'est aussi que j'en ai un peu assez de cette symphonie — j'avoue que le deuxième soir les longs développements du dernier mouvement finissaient par m'exaspérer un peu.

Très bel orchestre, qui répond spontanément aux impulsions de Mikko. Olivier Doise a été excellent. Un beau piccolo aussi, ce qu'on n'entend pas toujours. Jonathan Reith de l'Orchestre de Paris en invité au trombone solo. Le pupitre de clarinettes était peut-être un chouïa neutre. Je n'ai pas forcément senti de grosse différence d'un soir à l'autre, le premier mouvement plus réussi à la deuxième reprise, alors que le dernier était légèrement débraillé.

Belle voix de Gerhild Romberger, mais elle a complètement loupé son entrée le premier soir et a un peu tardé à retrouver ses marques. J'ai beaucoup aimé Golda Schultz. Chœur très bon.

L'auditorium "encaisse" bien le son, on y perd en grandeur, en fondu et en réverbération, mais on y gagne en précision, par exemple lors des dialogues entre la mezzo et tel pupitre, hautbois ou trompette (ou cor je ne sais plus), et on arrive à distinguer les voix des chanteuses même dans les grands tutti.

Prochaine étape pour la Résurrection, Mäkelä !