RF - Mahler 4, Mantovani- ONF/Macelaru - 20/01/2022

Après le fail de Mahler 3 la semaine dernière, on se rattrape avec Mahler 4 jeudi soir grâce au National.

Voici le programme complet:

BRUNO MANTOVANI
Time Stretch (on Gesualdo)

GUSTAV MAHLER
Symphonie n° 4

HANNA-ELISABETH MÜLLER soprano
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CRISTIAN MĂCELARU direction

Un programme étrange et assez mal construit. L'entracte est arrivé dès 20h20, alors qu'on avait la sensation de s'être juste assis... Salle très très mal remplie, et j'avais moi-même réservé uniquement grâce à la promotion de fin d'année. Je me demande si ce programme n'a pas fait peur au public : une partie entière consacrée à Mantovani a dû effrayer, alors qu'il aurait été si simple d'équilibrer avec une petite ouverture de 5 minutes d'un compositeur connu.

Mantovani : je m'attendais à détester, et finalement, ça a été la bonne surprise du jour ! J'ai beaucoup aimé l'ambiance sonore générale, notamment au début du morceau. C'est difficile à décrire, comme l'impression que l'orchestre tourne autour d'un même accord (si bémol / sol), qui donne tout son ton à la pièce. C'est assez insaisissable, voire impalpable, et même à la réécoute sur Youtube, j'ai du mal à le cerner. J'ai tenté d'écouter le madrigal de Gesualdo dont c'est inspiré, et je n'y vois aucun point commun (j'ai encore une grosse marge de progression donc). C'est rare que j'apprécie une œuvre contemporaine aussi instinctivement, et je la conseille à ceux qui ne la connaissent pas.
Mantovani était présent dans la salle, et il est revenu pour entendre Mahler.

Mahler : j'ai du mal au disque avec cette symphonie. Autant, le quatrième mouvement est d'emblée délicieux (je pense notamment à l'enregistrement sur rouleaux au piano de Mahler lui-même que j'adore), autant le reste de la symphonie m'a toujours laissé froid, loin de l'enthousiasme, de la "joie" ou du "repos" qu'on est censé y trouver selon le programme de salle. J'attendais donc l'effet "en concert" qui semble si important pour entendre du Mahler.
Hier soir, j'ai littéralement adoré le premier mouvement : ample, sincère, on touchait une sorte d'état de grâce comme celui de la 9ème par Bamberg de dimanche dernier (clin d’œil, les Bamberger Symphoniker ont commandé et créé le morceau de Mantovani en 2006, pour le concours de direction Gustav Mahler...). C'était à la fois pastoral, certes, mais aussi enlevé, rythmé et généreux.
Par contre, j'ai totalement décroché aux deuxième et troisième mouvements qui m'ont ennuyés. J'ai découvert à cette occasion pourquoi le violon solo me semblait toujours désaccordé au disque : le premier violon alterne deux instruments dont un est accordé un ton trop haut, intéressant ! Mais, à part ça, je n'ai pas réussi à rentrer dans ces deux mouvements.
Quatrième mouvement de toute beauté, servi par une chanteuse talentueuse. Les contrastes radicaux entre les percussions et les fins de phrases désespérés au chant m'ont profondément ému. Le motif "sol #fa mi ré do ré mi" me poursuit, si simple et si puissant.

Le morceau de Mantovani m'est passé complètement au-dessus de la tête...je n'ai rien compris à ce morceau, rien qui accroche. Je n'ai aucune compétence "savante" pour apprécier la musique moderne et m'en remets aux émotions qu'elles transmettent, et parfois elles parviennent à créer des atmosphères qui me touchent, ce qui n'a pas été le cas de cette oeuvre.

Dans Mahler j'ai cru retrouver la patte de Macelaru : une volonté d'alléger le discours, une grande transparence. Ca m'a semblé très réussi dans cette approche (et assez différent de ce qu'a proposé le LSO en décembre à la Philharmonie). En revanche, j'ai trop peu vu le côté grinçant, et ça manquait un peu d'épaisseur à mon goût.

Et je te rejoins sur la construction bancale du concert : programme assez léger quand même, et entracte après 15 minutes de musique seulement.

C'est en tout cas assez typique de la musique de Mantovani : des strates superposées, à la fois proche de nappes mais très rythmiques, des transitions qui se font par les timbres plus que par les thèmes… J'aime énormément personnellement, mais c'est très différent du discours habituel de forme sonate fondée sur des mélodies, clairement.

Dans le même goût que Time Stretch (et en mieux !), il faut écouter Troisième Round (sur le même disque que Time Stretch, ça ne coûte pas cher !) et Le Sette Chiese (même si l'enregistrement de ce dernier est un peu froid et frustrant par rapport à la création !).

[Moi non plus je n'ai jamais pu entendre les références, de même que pour Mit Ausdruck, son concerto pour clarinette basse supposé constituer un hommage à Schubert – on entend subrepticement Marguerite au Rouet, mais à part ça… Œuvre délectable nonbstant !]

Nous n'avons pas eu le texte du dernier mouvement de la symphonie de Mahler ! Hormis cela, excellent concert ! J'ai beaucoup aimé la pièce de Montovani, moins la soprano. Mais c'est peut-être dû au fait que je ne comprenais pas ce qu'elle chantait sans livret.

Ah oui, Müller projette incroyablement, mais la voix est assez ronde, la diction pas la plus précise du monde (mais je l'aime beaucoup, une des rares voix qui fende l'espace dans la Philharmonie !).

(Tu as bien écrit Mantovani dans ta présentation, mais « Montovani » dans ton titre. )


Et un peu et après D. Chapelle, tu allais voir Le Sette Chiese !

DavidLeMarrec a écrit:

Ah oui, Müller projette incroyablement, mais la voix est assez ronde, la diction pas la plus précise du monde (mais je l'aime beaucoup, une des rares voix qui fende l'espace dans la Philharmonie !).

(Tu as bien écrit Mantovani dans ta présentation, mais « Montovani » dans ton titre. )


Et un peu et après D. Chapelle, tu allais voir Le Sette Chiese !  

Elle projetait bien, mais le ton était trop sérieux, froid, elle ne jouait pas assez avec le texte à mon goût. On était loin de l'enfance naïve, et de la joie innocence du dernier mouvement. J'aime quand on en fait trop dans cette quatrième de Mahler.

Sinon j'ai corrigé mon titre, en revanche pour le tweet d'hier soir, c'est râpé.

Un critique est sortie: https://www.olyrix.com/articles/production/5415/mahler-symphonie-n4-concert-symphonique-maison-radio-20-janvier-2022-article-critique-compte-rendu-auditorium-time-stretch-on-gesualdo-bruno-mantovani-quatrieme-symphonie-hanna-elisabeth-muller-soprano-orchestre-national-de-france-cristian-macelaru?fbclid=IwAR3RiLVkOvjr8qinl5RFgHv9F6MQRaSrEcipBxR-mQXo3jlmxOaSA4TmTY0