Programme :
Francis Poulenc
Sinfonietta
La Voix humaine
Distribution :
Orchestre National de Lille
Alexandre Bloch, direction
Véronique Gens, soprano.
Concert réservé par curiosité, et grâce à une promo, ne connaissant ni l'un ni l'autre des œuvres, bien qu'amateur de Poulenc par ailleurs. L'occasion de retrouver l'orchestre de Lille, beaucoup apprécié lorsqu'il était ma seule distraction hebdomadaire pendant l'année passée dans cette région. Concert proposé dans le cadre de la sortie de l'album qui reprend strictement le même programme (dans l'autre sens).
Salle pas très bien remplie, mais sans que ce soit véritablement honteux (parterre bien plein, avec replacement proposé à l'entrée). Ambiance assez chaleureuse, comme des retrouvailles entre amis.
Sinfonietta : œuvre qui sonne bien comme du Poulenc ! Vitalité des thèmes, volubile, bien souvent insaisissable, mais dans la vitesse, dans l'inattention, dans la pétulance (l'inverse en somme du caractère insaisissable des nuages d'un Debussy). Certaines cellules font penser à son concerto pour deux pianos. C'est de la belle musique, mais qui laisse sur sa faim : il manque peut-être une idée structurante, une colonne vertébrale, et des thèmes marquants. Le programme de salle raconte la genèse de sa création, ce qui pourrait expliquer ce défaut de structure (récupération d'idées éparses d'un quatuor jeté dans les égouts). Néanmoins content d'avoir découvert ce morceau !
La voix humaine : Véronique Gens magistrale, impériale. Je l'avais vue dans le Requiem de Saint-Saëns, à RF, avec Macelaru, où elle ne m'avait pas marqué. Ce vendredi soir, elle habitait la scène, le plateau, la salle toute entière de sa simple présence. Voix immense, qui envahit, qui vibre et fait vibrer jusqu'aux plus petits éléments de décor. Texte surtitré, chanteuse avec partition. L’œuvre est difficile, toute en petites inflexions, parfois même en onomatopées. Pas de mise en scène, pas de chichi, c'est brut, souvent brutal, on est désespérés par le désespoir du personnage, par son manque d'orgueil vis-à-vis de cet interlocuteur qui semble la torturer (mais qui torture qui ?). Ça m'a bouleversé, tant du point de vue dramatique, que du point de vue musical. J'étais à ce point secoué en sortant que je n'ai pas osé faire la queue pour la dédicace de Véronique Gens et du chef, à la sortie, alors qu'ils avaient l'air particulièrement chaleureux avec tout le monde.
Je n'ai pas encore écouté leur disque, de peur d'être déçu, préférant, pour l'instant rester dans l'impression puissante de cette soirée très particulière.