PP - OP/Mallwitz/Levit - Schubert, Mozart, Weill - 8,9/02/23

Franz Schubert : Symphonie n° 8 "Inachevée"
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 9 "Jeunehomme"
Kurt Weill : Symphonie n° 2

Igor Levit, piano
Joana Mallwitz, dir.
Orchestre de Paris

J'ai beaucoup de retard, mais j'ouvre un sujet sur ce concert car j'y ai fait deux très belles découvertes.
Joana Mallwitz, d'abord, m'a fait une grande impression par son autorité, un certain charisme même, dirigeant avec beaucoup d'élégance.
J'ai beaucoup aimé son interprétation de la symphonie de Schubert, avec une grande attention porté au galbe des thèmes, mettant en valeur leur lyrisme,
tout en jouant les passages forte, fortissimo, très cuivrés, presque violents, leur donnant quasi un côté brucknérien.
Cela donnait quelque chose de très vivant, très contrasté, qui a peut-être choqué les amateurs d'un Schubert plus policé.
Je saute le Mozart (bon pianiste, très clair, très articulé) pour vite passer à Kurt Weill.
Une magnifique redécouverte : la 2ème symphonie de Kurt Weill, écoutée en disque il y a fort longtemps et qui ne m'avait pas convaincu.
Je l'ai trouvé tellement belle que j'y suis retourné le lendemain. Cela fait penser à un Hindemith moins contrapuntique, parfois même à Chostakovitch,
avec sans cesse les thèmes caractéristiques du Kurt Weill auquel on est habitué (le solo de trompette du début, admirablement joué), tout cela avec un côté grinçant, sarcastique même.
La fin en particulier est irrésistible à la fois d'entrain et de noirceur.
L'interprétation m'a semblé parfaite, d'un dynamisme renversant.
Je suppose que quelques amateurs de raretés du forum étaient à ce concert ?
Il est vraiment invraisemblable qu'on ne joue jamais cette oeuvre, très abordable, et souvent irrésistible. D'ailleurs, gros succès.

Sensiblement le même avis.

Fritelli a écrit:

Je l'ai trouvé tellement belle que j'y suis retourné le lendemain. Cela fait penser à un Hindemith moins contrapuntique, parfois même à Chostakovitch, avec sans cesse les thèmes caractéristiques du Kurt Weill auquel on est habitué (le solo de trompette du début, admirablement joué), tout cela avec un côté grinçant, sarcastique même.

Oui, clairement la parenté soviétique avec la fanfare du final est assez frappante. Pareil, j'ai pensé à une sorte de Hindemith un peu plus simpliste (et un peu plus coloré). Ça ne m'a pas bouleversé en soi, mais la découverte en salle (au disque, pareil, je n'ai pas été ébloui par les différentes versions disponibles), surtout jouée avec cet entrain, était très convaincante.

J'ai moi aussi été très impressionné par l'assurance de la cheffe, la façon dont elle semblait être certaine de ce qu'elle allait produire… et puis le résultat, exalté, haletant, creusant le son et les effets, était très impressionnant dans tous les répertoires abordés.

Je suis passé à côté de ce concert, je ne sais pourquoi. Mais j'ai quand même apprécié Mallwitz. L'OP lui a mieux répondu que le National il y a quelques mois. Un Schubert contrasté et fin, et la symphonie de Weill était menée avec beaucoup d'assurance. Mais je ne suis pas sensible à l'œuvre que je trouve trop massive dans son orchestration.

Fritelli a écrit:

Il est vraiment invraisemblable qu'on ne joue jamais cette oeuvre, très abordable, et souvent irrésistible.

Elle semble justement bénéficier d'un retour en grâce : deux enregistrements récents (Shani et Gruber). Nézet-Séguin la programme avec Philadelphie. Et on en trouve une version toute récente de Marie Jacquot à la Radio de Francfort ( https://youtu.be/zmKsoqXFbnQ ).


Au poste de premier violon pour ce concert, Guillaume Chilemme de l'Orchestre d'Auvergne. À suivre.