J'ai assisté ce soir à un concert dirigé par Oliver Knussen, avec l'Orchestre de l'Opéra, qui offrait un très beau programme.
Tout d'abord une lecture claire et satisfaisante des pièces opus 6 de Webern, sans le petit plus qu'y apportent certains chefs et qui rend l'oeuvre tout à fait fascinante.
J'ai ensuite découvert les récentes Correspondances de Dutilleux avec l'excellente Barbara Hannigan, très émouvante et investie, une belle voix.
L'oeuvre est magnifique, rien à dire, et émouvante. Du pur Dutilleux.
Le choix des textes est assez original, avec notamment des extraits de lettres de Soljenitsyne à Rostropovitch et de Van Gogh à son frère, avec une amusante et bienvenue auto-citation de Dutilleux en référence à sa Nuit étoilée. (il reprend le motif initial de cette oeuvre)
La nouveauté est en fait l'utilisation de la voix pour Dutilleux, qui ne l'a presque jamais employée, à l'exception des sonnets de Jean Cassou. (oeuvre de jeunesse)
L'oeuvre est assez périlleuse pour la voix, notamment pour le 1er mouvement, presque constamment disjoint, et où la voix est assez souvent couverte par l'orchestre.
Sinon dans l'ensemble j'ai aimé l'écriture vocale, assez habile et expressive.
Le bémol... c'est qu'on a l'impression (hormis le fait qu'il s'agit de mélodies) qu'on a entendu toute cette musique 50 fois dans les autres oeuvres de Dutilleux: mêmes harmonies, même orchestration, mêmes "tics" mélodiques, etc...
Renouvellement zéro, ou presque.
Et pourtant je ne peux m'empêcher de me dire: oui mais c'est magnifique!
Ensuite, les magnifiques Altenberg lieder de Berg, oeuvre fascinante et minimaliste s'il en est.
La magie orchestrale est ici constante, et l'interprétation de Christine Schäfer idéale, bien qu'un brin froide à mon goût.
Le concert se terminait avec la pénible 3è symphonie de Knussen.
Ce n'est pas moche, mais c'est assez chiant...
Ca part dans tout les sens, on a l'impression que ce n'est absolument pas construit.
La 2è partie est plus séduisante, avec des longues tenues de cordes et d'assez jolies harmonies... mais ça tourne à vide.
Knussen croit surement innover avec son petit ensemble guitare-célesta-harpe devant l'orchestre, mais cette "trouvaille" semble bien vaine, tant le guitariste et même le harpiste sont constamment couverts; en général quand on est compositeur et chef d'orchestre on a quand même quelques notions d'orchestration...
J'ai bien observé Dutilleux, et il a semblé s'ennuyer lui aussi!