Koechlin - Les symphonies

La Cité nouvelle, rêve d'avenir, op. 170 est un poème symphonique de Charles Koechlin, inspiré par "The Irruption of the Earthlings", Livre 1 de "Men Like Gods" de H.G. Wells.

Si l'info a sa place ici (sinon, où ?), on trouve sur le site de la Boutique de l'INA (parmi d'autres) un enregistrement intéressant à 2,99 € du concert de création dirigé par Maurice Le Roux, et diffusé le 25 janvier 1962.
Voici le lien : http://boutique.ina.fr/recherche/recherche?search=charles+koechlin&vue=Boutique_Video

On ne connaît pas d'autre enregistrement...  

En écoutant bien les applaudissements, on perçoit aussi quelques "ouh ! ouh !". Ainsi donc, en 1962, la musique de Koechlin provoquait des réactions négatives. Il y en a un peu aussi à la fin des cinq pièces de Schoenberg. Le public était-il donc venu essentiellement pour le concerto de Rachmaninov ou la suite en ré majeur de Bach ?

Cololi a écrit:

La Seven Stars symphony existe au disque, dans la compil très bien faite de Sony "Escale symphonique française" (la fameuse collection musique française du 20°), qui pour 15€ (voire moins) offre 3 ou 4 CDs.
Ibert, Indy, Milhaud, Dukas, mais aussi Koechlin avec sa 7 star symphonie sont dans cette jolie compilation.

Pour ceux que ça intéresse (et qui pourront s'y rendre), la Seven Stars' Symphony, op. 132 sera jouée à Glasgow le 14 janvier 2016 sous la direction de Ilan Volkov.

Voir le fil "Concerts" et le site de la BBC : http://www.bbc.co.uk/events/ewwv2m

Je n'avais jamais écouté ces deux symphonies de Koechlin (le nombre d'œuvres à peu près inaccessibles de ce compositeur génial mort en 1950 est tout de même hallucinant), du coup j'ai tenu à commencer par la n°1 plutôt que par sa version quatuor, bien que le seul enregistrement disponible soit une antiquité de l'ORTF dirigée par Manuel Rosenthal...

Mais en dépit du son vraiment très pourri, je trouve ça bouleversant. Il y a toujours quelque chose qui m'échappe (semble-t-il irrémédiablement) chez Koechlin, et qui fait que je l'écoute beaucoup moins que certains autres – ici la fin incompréhensible du deuxième mouvement, certaines tournures postromantiques (ponctuellement) banales et impersonnelles dans les 1er et 3e mouvements, les sonorités "pastorales" presque ridicules du début du final –, mais l'ensemble respire un air, une liberté, une sorte de naïveté pure, une générosité comme gratuite et sans but particulier, qui n'appartiennent qu'à ce compositeur et face auxquels je me retrouve complètement désarmé (et réellement envoûté)...

... Et je me rends compte à quel point Koechlin est décidément proche de Debussy, non seulement par le langage lui-même (surtout à cette époque) mais par l'esprit de liberté qui habite cette musique...
Beaucoup moins économe dans son langage, en revanche, c'est certain (est-ce nécessairement un défaut ? Je me pose la question).

Le son de la symphonie n°2 dirigée par Constantin Silvestri (là encore sur youtube, et pas moyen d'entendre autre chose) est en stéréo mais à peine meilleur que la première par Rosenthal... Là encore je me pince, mais bref...

Le premier mouvement s'inscrit beaucoup plus nettement/fortement dans un postromantisme tout à fait germanisant, avec son immense fugue d'abord torturée puis de plus en plus passionnée, aux sonorités mi-wagnériennes mi-expressionnistes (je ne convoquerai pas Mahler pour ma part, c'est vraiment autre chose).

Le deuxième mouvement est vraiment dans un contraste maximum avec le premier, on est vraiment dans le Koechlin le plus "cubiste" qui soit (c'est sorti tout seul...), presque atonal malgré une harmonie plutôt consonante, habité par les timbres du marimba et des ondes Martenot staccato...  Difficile de dire quel sentiment se dégage de ça, c'est plutôt joyeux mais tellement étrange...

Le troisième mouvement présente d'abord une modalité archaïsante mélancolique quoique parsemée d'éclats de lumière, puis un chromatisme tristanien d'abord torturé, ensuite plus lumineux, jusqu'à une fin fragilement sereine.

Les ondes Martenot sont omniprésentes au début le mouvement final, sans que la magie du Buisson ardent et du Docteur Fabricius ne soient au rendez-vous ; cette séquence est assez décevante pour tout dire, j'y entends davantage les tics de koechlin qu'autre chose.
Suit un élan joyeux aux cordes : là encore j'entends du Koechlin "standard", qui sera sans doute dépassé dans les œuvres sus-citées — récurrence du choral de cuivres séparées par un babillage exultant du reste de l'orchestre, avant une longue apothéose/explosion de lumière croissante, puis une accalmie aboutissant à une fin apaisée mais étrangement succincte...
Est-ce que cela suffit à s'infliger ce son très médiocre ? Quand on peut écouter Fabricius et le Buisson par Segerstam ou Holliger, remarquablement enregistrés, je ne sais pas... En revanche je pense que ces deux œuvres mériteraient au moins un enregistrement de bonne qualité (pour ne pas dire "officiel")...

Golisande a écrit:

Le son de la symphonie n°2 dirigée par Constantin Silvestri (là encore sur youtube, et pas moyen d'entendre autre chose) est en stéréo mais à peine meilleur que la première par Rosenthal... Là encore je me pince, mais bref...

Si tu veux j'ai la création par Brück mais c'est nettement pire.

Pourquoi Holliger ou Roth ne s'y sont pas mis (ainsi que toutes les autres oeuvres symphoniques inédites), ça je me le demande encore...

Golisande a écrit:

Le son de la symphonie n°2 dirigée par Constantin Silvestri (là encore sur youtube, et pas moyen d'entendre autre chose) est en stéréo mais à peine meilleur que la première par Rosenthal... Là encore je me pince, mais bref...

Le premier mouvement s'inscrit beaucoup plus nettement/fortement dans un postromantisme tout à fait germanisant, avec son immense fugue d'abord torturée puis de plus en plus passionnée, aux sonorités mi-wagnériennes mi-expressionnistes (je ne convoquerai pas Mahler pour ma part, c'est vraiment autre chose).

Le deuxième mouvement est vraiment dans un contraste maximum avec le premier, on est vraiment dans le Koechlin le plus "cubiste" qui soit (c'est sorti tout seul...), presque atonal malgré une harmonie plutôt consonante, habité par les timbres du marimba et des ondes Martenot staccato...  Difficile de dire quel sentiment se dégage de ça, c'est plutôt joyeux mais tellement étrange...

Le troisième mouvement présente d'abord une modalité archaïsante mélancolique quoique parsemée d'éclats de lumière, puis un chromatisme tristanien d'abord torturé, ensuite plus lumineux, jusqu'à une fin fragilement sereine.

Les ondes Martenot sont omniprésentes au début le mouvement final, sans que la magie du Buisson ardent et du Docteur Fabricius ne soient au rendez-vous ; cette séquence est assez décevante pour tout dire, j'y entends davantage les tics de koechlin qu'autre chose.
Suit un élan joyeux aux cordes : là encore j'entends du Koechlin "standard", qui sera sans doute dépassé dans les œuvres sus-citées — récurrence du choral de cuivres séparées par un babillage exultant du reste de l'orchestre, avant une longue apothéose/explosion de lumière croissante, puis une accalmie aboutissant à une fin apaisée mais étrangement succincte...
Est-ce que cela suffit à s'infliger ce son très médiocre ? Quand on peut écouter Fabricius et le Buisson par Segerstam ou Holliger, remarquablement enregistrés, je ne sais pas... En revanche je pense que ces deux œuvres mériteraient au moins un enregistrement de bonne qualité (pour ne pas dire "officiel")...

Je pense et suis même sûr ,que cela a été signalé, mais les titres,pour moi, dans cette symphonie sont importants.Ils décrivent assez bien le programme qui suit .
1. Fugue sur un sujet d'Ernest le Grand (0:00)
2. Scherzo: l'âme libre et fantastique (12:49)
3. Chorales (24:09)
4. Fugue sur un sujet de Catherine Urner (32:24)
C'est vrai, que tout comme toi, je suis toujours un peu resté bloqué devant cette oeuvre, un peu bizarre, une sorte de patchwork musical. Surtout comme tu dis, par rapport aux autres oeuvres symphoniques,qui elles ,sont bien plus libres et vraiment géniales.
Bach semble avoir eu ,une très grande importance pour lui ,et dans sa musique.
Désolé d'être si pauvre en arguments à apporter .

Je n'ai pas du tout entendu la fugue dans le quatrième mouvement (pour dire à quel point mes écoutes sont analytiques  )...