Votre dernier film visionné

Oriane a écrit:

Lina Wertmüller : Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l'été.

Ah je savais que tu aimerais

(et Blade Runner, c'est grand je trouve … je ne suis pas du tout amateur de SF … mais Blade Runner et Alien - pour rester chez Scott, c'est assez génial)

Max Ophüls : La ronde        1950

 +
Décidément, les quatre derniers films de Max Ophüls sont des chefs d'oeuvre et sont tous liés. Ici, comme dans Le plaisir, on trouve un film à sketches ; comme dans Madame de..., on trouve l'importance de la circularité et comme dans Lola Montès, on trouve un narrateur. 
Oui, parlons-en, de ce narrateur ; c'est pour moi la plus grande trouvaille du film, ce qui lui permet des extrêmes audaces narratives (la séquence avec le film qui raille la censure, le plan-séquence initial dans le studio où tous les apparats sont clairement revendiqués ; et puis évidemment, le carrousel, encore la circularité) ; et puis ce narrateur insuffle une ambiance un peu enchantée dans ce film, comme une sorte de passeur, de guide pour le spectateur ; parfaitement allégorique (quand les personnages lui demandent qui il est, il répond qu'il n'est personne, il a la vue circulaire, il est intemporel) et surtout magistralement interprété par Anton Walbrook. 
Comme toujours chez Ophüls, il y a vraiment des mouvements de caméras et des éclairages splendides - je pense notamment à ce passage où l'homme demande à la servante de fermer les jalousies et s'en suit tout un échange, le visage de l'homme derrière les barreaux de la chaise ou ceux des escaliers - et puis ces plans inclinés à la Reed, ça en dit tellement sur les personnages. Dans ce film, il y a également un aspect dynamique incroyable (qui repose, encore une fois, beaucoup sur le narrateur), très inertiel : le mouvement du carrousel, la façon dont s'enchaînent les différents sketches (sous la forme de relais), les travellings, les personnages en mouvement, les changement de lieux ; et évidemment, il y aussi un aspect temporel très marqué (évidemment, c'est un film sur l'amour - enfin, surtout sur la jouissance, en fait ; et du coup, bah, le temps, quoi), l'heure y a un rôle assez important (le soldat qui doit absolument rentrer, dès le début par exemple). C'est vraiment un très très beau film, assez cynique et très noir - paradoxalement assez désenchanté (le narrateur dit lui-même qu'il préfère largement le passé) - qui bénéficie en plus de très bons acteurs/trices.

Ouai la Ronde … il est pas encore dans les promos … je ronge mon frein

Cololi a écrit:

Ouai la Ronde … il est pas encore dans les promos … je ronge mon frein

Ça viendra ! Enfin... je l'espère. Tu as vu les trois autres ?

Emeryck a écrit:

Cololi a écrit:

Ouai la Ronde … il est pas encore dans les promos … je ronge mon frein

Ça viendra ! Enfin... je l'espère. Tu as vu les trois autres ?

Beh d'Ophüls j'ai vu Madame de..., Lettre d'une inconnue, et Le Plaisir.

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Cololi a écrit:

Ouai la Ronde … il est pas encore dans les promos … je ronge mon frein

Ça viendra ! Enfin... je l'espère. Tu as vu les trois autres ?

Beh d'Ophüls j'ai vu Madame de..., Lettre d'une inconnue, et Le Plaisir.

D'accord, il faudrait que je revoir Le plaisir, je le trouve moins bon que les autres.

Emeryck a écrit:

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Cololi a écrit:

Ouai la Ronde … il est pas encore dans les promos … je ronge mon frein

Ça viendra ! Enfin... je l'espère. Tu as vu les trois autres ?

Beh d'Ophüls j'ai vu Madame de..., Lettre d'une inconnue, et Le Plaisir.

D'accord, il faudrait que je revoir Le plaisir, je le trouve moins bon que les autres.

Pour le moment, des 3 que j'ai vus, Le Plaisir c'est celui que j'ai trouvé le meilleur.
Madame de …, le moins bon, même si m'empresse de dire que c'est relatif aux autres (et donc la barre est très haute), ça reste excellent.

Tout ça pour dire : vivement les prochaines vagues de promo (en espérant que La Ronde y soit dedans).

Cololi a écrit:

Oriane a écrit:

Lina Wertmüller : Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l'été.

Ah je savais que tu aimerais

(et Blade Runner, c'est grand je trouve … je ne suis pas du tout amateur de SF … mais Blade Runner et Alien - pour rester chez Scott, c'est assez génial)

Oui, ce Wertmüller est très drôle et très dérangeant, avec des moments même insoutenables qui ont une grande portée politique.


Blade Runner, c'est immense, oui ... Il y aurait des millions de choses à dire sur ce film très troublant aussi !


Le fil m'a donné envie de revoir Lettre d'une inconnue d'Ophüls, sur lequel je ne porte pas du tout le même regard qu'il y a dix ans. Evidemment, je le trouve toujours magnifique, mais je ne vois plus les personnages de la même façon : je perçois mieux la folie de l'inconnue, son désir de destruction, mais aussi la profonde détresse de l'artiste.

Oriane a écrit:

Le fil m'a donné envie de revoir Lettre d'une inconnue d'Ophüls, sur lequel je ne porte pas du tout le même regard qu'il y a dix ans. Evidemment, je le trouve toujours magnifique, mais je ne vois plus les personnages de la même façon : je perçois mieux la folie de l'inconnue, son désir de destruction, mais aussi la profonde détresse de l'artiste.

Oui, c'est un film superbe - même si un peu en-dessous de ses quatre derniers films.
Bon, par contre, les personnages féminins chez Ophüls...

Emeryck a écrit:

Bon, par contre, les personnages féminins chez Ophüls...

Ah? tu pourrais développer? parce que justement dans la perspective classique il est très intéressants de ce point de vue surtout si on parle de Lettre d'une inconnue (et d'une manière générale ses héros masculins me paraissent souvent plus fade et déplaisant que ses héroïnes, même la frivole "Madame de").

Carlos Saura : Cría cuervos        1976

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Outre la langue espagnole et la présence d'Ana Torrent, ce film a quelques similitudes avec El sur de Victor Erice : une très grande part laissée à l'imaginaire - qui, elle aussi, est susceptible d'action nous dit Char. Ici, le temps est central, bien sûr : le film s'ouvre sur un album photo que l'on présume être un album de famille, puis la caméra s'ouvre sur un plan d'Ana, découvrant son père au lit sur le point de mourir avec sa femme de ménage au lit. La mort et la vie jouent ici un rôle central, notamment dans leur rapport à l'enfance dont Saura montre à de multiples reprises qu'il est bien différent chez les enfants que chez les adultes - et ces derniers jouent même à parodier les adultes -- cette scène est absolument géniale - on danse ; on est très loin de la dissimulation de la tante, de la rectitude de sa machine à coudre, des habits militaires du père. À la suite de la mort de ses deux parents, Ana et ses deux sœurs se retrouvent donc hébergées chez leur tante et c'est là que commence le voyage au sein des souvenirs d'Ana qui va ressusciter sa mère à l'écran, donnant à voir des fragments de vie (si terribles soient-ils, je pense notamment à la scène de la crise); contrairement à la grand-mère, démunie de parole, passant ses journées devant une fenêtre et parfois devant un rectangle sur lequel sont affichées une multitude de photos, tout à fait figées. Le personnage d'Ana est vraiment bien, assez intriguant, constamment embué de rêve (les nombreuses scènes où elle n'arrive pas à dormir) et presque voyant - il y a d'ailleurs de nombreux plans où elle descend les escaliers. Il y a également un arrière-plan politique, avec la mort de la dictature franquiste - notamment à travers le personnage du père - absolument dégueulasse, disons-le. J'ai bien aimé ce film, la tendresse dans sa peinture de l'enfance, c'est très beau.

Parsifal a écrit:

Emeryck a écrit:

Bon, par contre, les personnages féminins chez Ophüls...

Ah? tu pourrais développer? parce que justement dans la perspective classique il est très intéressants de ce point de vue surtout si on parle de Lettre d'une inconnue (et d'une manière générale ses héros masculins me paraissent souvent plus fade et déplaisant que ses héroïnes, même la frivole "Madame de").

Pardon, je me suis mal exprimé ; oui, ils sont très bien écrits (plus développés que les personnages masculins) mais ce que je voulais dire par-là (je crois l'avoir dit une fois), c'est que chez Ophüls ce sont toujours des femmes qui sont au centre du processus mélodramatique et sans véritable prise - alors que chez Sirk, ça me semble très différent, par exemple dans Magnificent obsession, ce n'est pas une femme au coeur du mélodrame ; et même dans All that heaven allows, le personnage de Cary a une certaine puissance ; et je ne parle même pas de Mizoguchi - même si, de toute façon, les personnages se font tous pulvériser. 

After Hours

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Les délices de Tokyo (2016) de Naomi Kawase.

Henri Verneuil : Mélodie en sous-sol        1963

 +
J'ai bien aimé ce Verneuil : c'est bien fait, ça file droit, Gabin est à l'aise dans les dialogues d'Audiard qui sont assez amusants dans l'introduction du film. Le film prend ensuite un peu des allures de film d'initiation. Le milieu du film est sans grande surprise mais il n'y a pas non plus de grandes longueurs. Ce que j'ai préféré - comme tout le monde, je pense - ce sont les vingt dernières minutes du film : Verneuil nous fait mijoter avec les allers et les retours des inspecteurs et leurs dialogues très audibles ; il y a également quelques beaux plans dans cette fin, notamment un plan ou les enquêteurs sont dans l'axe de la caméra, Gabin au premier plan et Delon au fond et malgré tout, la fin a quand même un aspect plutôt comique.

Ah, mais les Verneuil du début des années 60 sont très, très, très bien! (Le Président, Un singe en hiver, Mélodie en sous-sol, Cent Mille Dollars au soleil, Week-End à Zuydcoote.) Après, c'est plus inégal même s'il y a encore beaucoup de bonnes choses. En revanche, ce qui est assez affligeant, c'est sa filmographie des années 50 (bon, déjà, je suis allergique à Fernandel, alors...)

Moi j'aime bien Le Mouton a 5 pattes

en vrai je n'ai pas vu ça depuis des années mais gamin j'aimais beaucoup Fernandel (et j'ai vu plusieurs fois la plupart des Don Camillo, les deux premiers par Duviver sont de vrais bons films, aprés...), je n'ai aucune idée de ce que j'en penserais aujourd'hui, la partie avec un De Funés moustachu pas encore célèbre et manipulateur sournois est quand même plutôt réussit dans mon souvenir!

Excellent oui Mélodie en sous-sol.

Après chronologiquement ceux cités par Benedictus, il y a au moins 2 sommets : Le clan des Siciliens et Peur sur la ville. Et I comme Icare est pas mal aussi.
Après, Le corps de mon ennemi et Le casse, c'est clairement en dessous, il faut être amateur du genre.

Les 3 meilleurs restant pour moi Un singe en hiver, et les deux sommets que j'ai cités (mais j'ai pas vu Le Président … et il faut bien dire que pour La vache et le prisonnier, ce sont des souvenirs d'enfance seulement - plutôt très bons).

Même s'il est pas mal, je trouve que Peur sur la ville a quand même un peu mal vieilli notamment la photographie. J'ai un très bon souvenir de I... comme Icare et j'ai beaucoup aimé Un singe en hiver (le feu d'artifice final  ).

Un peu pareil: Peur sur la ville a vieilli; Le Serpent, Le Clan des Siciliens et I... comme Icare sont inégaux et ont vieilli aussi, mais gardent des trucs qui font que ce sont des films auxquels je garde beaucoup d'attachement. Je garde aussi un bon souvenir de Mille Milliards de dollars (avec encore un grand numéro de Dewaere.)

Oriane a écrit:

J'avoue que j'ai un peu de mal avec le cinéma français, au-delà de Varda, Sciamma et, dans une certaine mesure, Rohmer et Rivette. J'ai aussi beaucoup aimé Jules et Jim.

Vous auriez des œuvres à me suggérer qui seraient susceptibles de me plaire ?

Je ne connais pas tellement tes goûts cinématographiques mais peut-être que Garrel (à petites doses) pourrait te plaire (c'est un cinéma très intime, très lent, il ne se passe pas grand-chose mais dans certains films, ça fonctionne) : un film comme L'enfant secret ou Les baisers de secours. Tu pourrais essayer aussi quelques Marker si tu ne les as déjà pas vus (de superbes voix-off, à cheval entre le documentaire et la fiction pour le second) : La jetée et Sans soleil deux merveilles absolues ; tu peux aussi passer par Bresson (Procès de Jeanne d'Arc, Un condamné à mort s'est échappé ou Journal d'un curé de campagne pour ses films plus traditionnels), il y a aussi Resnais (qui est très porté sur la thématique de la mémoire) qui est superbe : moi, je n'aime pas trop Je t'aime, je t'aime mais c'est un film assez singulier, tu peux regarder ; il y a aussi le génial L'année dernière à Marienbad dont le scénario a été écrit par Robbe-Grillet.
Si tu ne les as pas vus, tu peux regarder les films avant 66 de Godard, il y a des chefs d'oeuvre (Vivre sa vie, Le petit soldat, Alphaville, Masculin/Féminin, Le mépris et Une femme est une femme), après, il faut zapper jusqu'aux années 80 avec la trilogie Passion/Prénom Carmen et Je vous salue Marie, d'ambition très picturale ; après, il y a quelques bons films : For ever Mozart, par exemple, mais je ne suis pas fan. Sinon, il y a bien sûr Truffaut avec quelques merveilles : des choses étonnantes : le très rousseauïste L'enfant sauvage, par exemple, il y a aussi des choses moins surprenantes (mais non moins belles) comme L'homme qui aimait les femmes et Vivement dimanche! voire Le dernier métro dans un versant plus historique ; il y a aussi les Doinel (Les 400 coups, Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile conjugal et L'amour en fuite (qui est moins bon que les autres) ; il y a aussi La nuit américaine qui est un très beau film sur le cinéma. Cocteau pourrait aussi te plaire (Orphée, Le testament d'Orphée, Le sang d'un poète). J'ajouterai pour cette période les films de Grémillon qui sont tournés vers le mélodrame un peu social, avec parfois des superbes prises de vues : Remorques et Le ciel est à vous me semblent être ses deux meilleurs films.
Petit retour en arrière, dans la période du muet, il faut aussi passer par Epstein qui est vraiment un réalisateur dont j'aimerais voir plus de films, peut-être pourrais-tu commencer avec Coeur fidèle et poursuivre avec La glace à trois faces ou La chute de la maison Usher ou par des choses plus emportées comme Finis terrae ou Le tempestiaire mais je n'ai pas vu ce dernier - hélas.
Il y a aussi Brisseau (jusqu'aux années 2000, après c'est pas terrible - et en plus, il s'est comporté comme un dégueulasse avec ses actrices, comme on le sait) 
mais il y a des films comme La vie comme ça, De bruit et de fureur, Un jeu brutal ou Céline qui sont à voir : les premiers sont socialement très rudes et crus et petit à petit, Brisseau introduit des éléments un peu oniriques dans son récit qui rend parfois une sorte d'état halluciné un peu curieux ; moi, j'adore les trois premiers mais je sais que Cololi aime beaucoup Céline par exemple.
Je mentionne brièvement Claude Sautet dont les films peuvent sembler assez conventionnels au prime abord mais il y a de très belles choses, notamment Les choses de la vie avec Piccoli et Schneider, il y a aussi son film noir Classe tous risques un peu à part dans sa filmographie ; et il faut absolument voir la performance de Patrick Dewaere dans Un mauvais fils, très belle. J'ajoute ici Maurice Pialat qui a fait de très beaux films, dans une lignée assez naturaliste (À nos amours, Nous ne vieillirons pas ensemble, Van Gogh) et il faut aussi voir sa série télévisée La maison dans les bois.
Il y a également la filmographie de Leos Carax à découvrir - avec son acteur fétiche Denis Lavant -, un personnage assez curieux, c'est souvent assez romantique-désenchanté, je cite quelques superbes films  : le crépusculaire Boy meets girl, puis Mauvais sang et Les amants du pont Neuf, Pola X est beaucoup plus cru et il y a aussi Holy motors, superbe lui aussi qui est plutôt une synthèse de son cinéma alors plutôt à voir en dernier ; il a aussi un court-métrage qui s'appelle Sans titre que j'aime énormément, c'est disponible sur youtube.
Dans des choses plus "classiques", il y a les films de Melville souvent très films noirs : il faut voir L'armée des ombres et Le cercle rouge ce sont deux superbes films ; il y a également Le trou de Jacques Becker, superbe film sur la camaraderie dans les prisons. Il y a aussi Marcel Carné (même si je connais assez mal) notamment Hôtel du Nord et Les enfants du paradis. J'ajouterais Clouzot, très noir, souvent assez critique concernant les formes d'autorité : La vérité (un film de procès étincelant avec Brigitte Bardot et Sami Frey), La prisonnière (un film assez tardif dans sa filmographie que j'aime beaucoup), et bien sûr les classiques : Quai des orfèvres, Le salaire de la peur (avec une première partie que je trouve un peu longue mais une seconde partie superbe) et le superbe Les diaboliques avec un suspense incroyable ! Tu peux aussi regarder quelques Duvivier, et notamment ceux avec Michel Simon (Panique et La fin du jour, tous deux très touchants). Si tu ne l'as pas vu, il y a aussi La maman et la putain de Jean Eustache qui est un immense film-fleuve, totalement exalté avec le rôle principal tenu par un Léaud jouxtant sans cesse la logorrhée. J'ajoute aussi Louis Malle dont la filmographie est très diverse (et hétérogène) mais il faut absolument voir Ascenseur pour l'échafaud (un film noir d'excellente tenue, avec une superbe partition de Miles Davis) et Le feu follet avec ce qui est sans doute la plus belle performance de Maurice Ronet au cinéma, très physique - mais c'est un peu déprimant.

Pour des choses un peu plus récentes, il y a les premiers films de Jacques Audiard notamment le très beau Un prophète qui se passe dans les prisons ; il y a aussi Un héros très discret qui se passe pendant la résistance où l'on suit un parfait imposteur ; j'aime aussi beaucoup De battre mon coeur s'est arrêté, Regarde les hommes tomber et Sur mes lèvres qui sont d'un ton très social. Il y a aussi Bertrand Bonello et tout particulièrement son superbe film sur Yves Saint-Laurent (Saint Laurent) qui est superbe esthétiquement et un film plus controversé sur un groupe hétérogène de jeunes qui commettent un attentat (Nocturama), il y a également son petit dernier Zombi child qui est une belle réflexion sur l'esclavage. Il y a aussi Arnaud Desplechin qui est plutôt dans une mouvance post-nouvelle vague (Un conte de Noël, Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle)), ce sont souvent des films un peu longs mais qui valent vraiment le détour. Dans une lignée bressionnienne, il y a aussi Eugène Green dont les films sont très caractéristiques : les gens prononcent toutes les liaisons, il est obsédé par la symétrie, j'ai l'impression qu'il généralise à la voix le processus d'expression tournée vers l'intérieur de Bresson ; je citerais le superbe Toutes les nuits et le beau Le pont des arts ainsi que La religieuse portugaise ; dans une veine plus satirique, il y a Le fils de Joseph. Comme cinéaste assez étonnant et imprévisible, il y a aussi François Ozon qui aime beaucoup tous les jeux avec le spectateur, jouer avec la frontière réalité/fiction et la temporalité, il est parfois troublant par son absence de prise de parti ; je conseillerais Dans la maison, Frantz, 8 femmes et éventuellement Le temps qui reste. J'ajoute (je pense qu'on peut le mettra dans le cinéma français à partir de 2000), quelques films de Mickaël Haneke notamment La pianiste, Le ruban blanc et Caché qui sont les trois films que je préfère de lui - mais attention, c'est un peu violent psychologiquement, parfois. Dans une veine plus classique (entendre globalement plagiat de la nouvelle vague - non, j'abuse un peu) il y a Christophe Honoré dont les films ne sont donc pas d'une originalité folle, mais je te conseillerais tout de même Plaire, aimer et courir vite qui me semble beau. Il faut aussi voir les deux premiers films de Kechiche (avant qu'il ne se prenne pour un ouf et qu'il confonde un peu tout... - pas seulement la coquetterie et la classe comme José) : La faute à Voltaire et L'esquive, le second est très lié au Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux. Parmi les petits jeunes, il y a aussi Mandico (Les garçons sauvages) qui est un cinéaste très curieux mais qui vaut le détour, il propose toujours des univers très esthétisés, un peu de l'ordre du trip. Je cite maintenant quelques noms (enfin, de toute façon, ça ne sera pas si différent car je ne donne pas énormément de précisions avant - et j'en suis désolé) parce que le cinéma français actuel est vraiment d'une diversité incroyable : Xavier Legrand (Jusqu'à la garde), Sébastien Marnier (L'heure de la sortie), Mia Hansen-Love (L'avenir, Tout est pardonné - même si je n'adore pas cette réalisatrice), Quentin Dupieux (Le daim, Réalité), Camille Vidal-Naquet (Sauvage), Jean-Bernard Marlin (Shéhérazade, même si je n'ai pas trop aimé ce film), et même si c'est un belge, je citerais Lukas Dhont et son superbe Girl pour fini.

Voilà, j'espère que ce n'est pas trop indigeste ; je ne connais pas trop tes goûts cinématographiques alors j'ai essayé de dresser un petit panorama du cinéma français mais il y a plein de noms que je n'ai pas évoqués. Si tu as le courage, j'ai écrit des petits trucs sur pas mal des films que j'évoque - alors si tu as le courage de les lire, ça te donnera peut-être une idée plus précise du film en question. 

EDIT : Je vois que tu as supprimé ton message, si tu veux que je supprime celui-ci, fais-le moi savoir.

David Cronenberg : eXistenZ        1999


J'avais vu ce film il y a presque une quinzaine d'années, il m'avait assez effrayé à l'époque ; je ne suis en général pas un grand fan des films de science-fiction mais là, le film m'a plu. Tout d'abord, on retrouve l'esthétique très organique et palpable (tout à une épaisseur et il est souvent question de contact, de pénétration) chère à Cronenberg. Le film pose aussi des questions à propos de la frontière entre le virtuel et le réel, opérant par un brouillage assez intéressant, le distinguant des films comme Matrix, par exemple : toutes les formes supposées virtuelles (qui s'actualisent - ça devient deleuzien, ça) sont représentées par des emblèmes (et ça, très grimaldien) de la vie : l'espèce de créature informe pour le pod et une sorte de cordon ombilical pour le relier aux joueurs/euses. Mais il ne s'agit pas que d'un brouillage symbolique, il s'agit également de l'interpénétration de ces deux mondes (l'impossibilité de les discerner), qui joue d'ailleurs beaucoup avec le spectateur puisqu'à la fin, on se rend compte qu'on s'est bien fait avoir. L'originalité de Cronenberg, c'est aussi d'utiliser quelques traits vidéoludiques dans son film, notamment les personnages qui semble parfois agir comme des personnages-non-joueurs ; tout ceci se double aussi d'un questionnement sur l'identité - qui n'est bien sûr qu'une question naturelle après ce brouillage : c'est particulièrement clair lorsque les personnages doivent répéter le nom de leur interlocuteur pour qu'il les écoute. C'est en tout cas une (re)découverte sympathique, qui me rappelle qu'il faut que je revoie certains films de Cronenberg et que je creuse sa filmographie.

eh non, ne supprime pas. Il y a des oreilles curieuses.
PS: bien sûr à propos de l'Edit qui précédait

Super ce message très détaillé ; surtout ne le supprime pas !!

Merci beaucoup, c'est vraiment très gentil d'avoir pris le temps de me donner tous ces conseils.

Dans la liste, je connais (et apprécie beaucoup, même si j'ai oublié de les citer) Pialat et Desplechin. J'ai vu un seul film d'Alain Resnais, L'année dernière à Marienbad, qui ne m'a pas laissé un souvenir mémorable.

Oriane a écrit:

J'ai vu un seul film d'Alain Resnais, L'année dernière à Marienbad, qui ne m'a pas laissé un souvenir mémorable.

Pourtant c'est difficile a oublier... si on reste éveillé

Plus sérieusement Marienbad c'est assez fascinant mais dur et puis il faut supporter l'art de Robe-Grillet (je ne suis pas fan du tout)
Mais j'adore Resnais surtout Je t'aime Je t'aime et Providence deux immenses chefs d’œuvres qui n'ont rien a envié a Marienbad en terme de puissance conceptuelle et qui s'enrichissent d'une dimension humaine bien plus immédiate.
Mais bon Resnais c'est une œuvre exigeante mais vraiment variée, on y trouve même une opérette vaudevillesque légèrement grivoise (Pas sur la bouche qui est un film fort sympathique).

Si tu as aimé Jules et Jim, je te conseille Les deux anglaises et le continent, aussi de Truffaut et adapté du même auteur Henri Pierre Rocher, c'est un peu le négatif de Jules et Jim, un homme et deux femmes (deux sœurs) et c'est a mon avis le plus beau film de Truffaut (visuellement en tout cas c'est certain, la photo de Nestor Almendros est sublime), un grand film d'amour, romantique et fiévreux derrière le sécheresse apparente de la mise en scène, et de voix off quasi bressonienne de Truffaut lui même qui assure la narration. C'est a mon avis le chef d’œuvre de Truffaut et l'un des meilleurs films français des années 70. Le personnage de Muriel est magnifique, c'est un peu l'héroïne truffaldienne modèle, une grande obsessionnelle, comme Adéle H, ou les héros de La Chambre verte et de L'Homme qui aimait les femmes. De Truffaut il faut aussi voir Tirez sur le pianiste, La Peau douce et L'Enfant sauvage.


Les films de Chabrol sont a connaitre aussi: La femme infidèle, Que la bête meurt, Les noces rouges, Le Boucher en priorité!

Dans les classiques en plus de Clouzot, Duvivier (mon préféré c'est La Fin du jour), Carné (Les Enfants du Paradis, chef d’œuvre absolu), Melville, Bresson cité par Emeryck,j'ajouterais Sacha Guitry (Le Roman d'un tricheur, En remontant les champs Elysées, Les perles de la couronne, Faisons un rêve, Désiré, Donne moi tes yeux, Le Diable Boiteux), certains film de Claude Autant-Lara (Douce, La Traversée de Paris, Occupe toi d'Amélie, L'Auberge Rouge).

Sur un versant plus populaire tout en témoignant d'une ton et d'une personnalité d'auteur, je suis assez fan de Philippe de Broca (Cartouche, L'homme de Rio, Les Tribulations d'un chinois en Chine, Le Diable par la queue, Le Magnifique, Le Bossu), et Rappeneau pour au moins deux films que j'adore La Vie de Château, et Les Mariés de l'an II deux merveilleuses comédies, plutôt sophistiqué et esthétiquement ambitieuse!

Je virerai volontiers Sautet de la liste  (sauf pour son Classe tout risque)

(merci pour avoir pensé à Chacha !)

Et Blier ?? Tavernier ? Ophüls ? Decoin ? Costa-Gavras ? Tati ?? et même Doillon (Ponette et La drôlesse sont deux chef d'œuvres … et je pèse mes mots)

Cololi a écrit:

Je virerai volontiers Sautet de la liste  (sauf pour son Classe tout risque)

(merci pour avoir pensé à Chacha !)

Et Blier ?? Tavernier ? Ophüls ? Decoin ? Costa-Gavras ? Tati ?? et même Doillon (Ponette et La drôlesse sont deux chef d'œuvres … et je pèse mes mots)

Mais non, il y a de très belles choses, chez Sautet !

Blier, je l'ai volontairement omis car je ne suis pas sûr qu'Oriane aime beaucoup ça. Tavernier, je n'ai vu aucun film de lui, à part Voyage à travers le cinéma français qui n'en est pas vraiment un. Ophüls, il est cité juste au-dessus, donc je pensais que ce n'était pas nécessaire de le rappeler. Decoin, je n'ai rien vu de lui ; Tati, oui, bien sûr, là, c'est un oubli ! Costa-Gavras, oui, c'est pas mal, c'est vrai. Doillon, c'est assez inégal mais effectivement, La drôlesse, c'est très bien.

L'éditeur indépendant (et qui refuse les gros distributeurs) Le chat qui fume (plutôt spécialisé horreur/giallo/érotico-thrillo-épouvanto-...) sortira cette année un Lino Brocka  : Bayan ko.

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Eusèbe a écrit:

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Pour ma part, c'est volontaire. 

Eusèbe a écrit:

Partie de Compagne

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Pour ma part, c'est volontaire. 

Pour ma part, c'est … également volontaire

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Pour ma part, c'est volontaire. 

Pour ma part, c'est … également volontaire

Bon, je ne discuterai pas vos goûts, vous avez sûrement des raisons tout à fait fondées de ne pas apprécier Renoir.

Mais tout de même, dans l'histoire du cinéma, Renoir compte un peu plus que Tavernier ou quelques autres, ne serait-ce que par son influence sur la nouvelle vague (ce n'est pas un argument d'autorité, mais voyez ce que disait Truffaut sur La règle du jeu)

Eusèbe a écrit:

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Le meilleur film de Renoir c'est Carrosse d'or

Bon je ne vais pas me joindre complétement a ce coming out général anti-Renoir, parce que j'aime beaucoup les films que tu cite, qui sont très beau. Mais Renoir n'est quand même pas mon réalisateur français préféré il y a toujours quelque chose qui me laisse de côté (sauf dans Carrosse d'or, mais j'adore les histoires de comédiens, et c'est l'un de ses films les plus formaliste ce qui explique sans doute cela)

Benedictus a écrit:

Eusèbe a écrit:

Partie de Compagne

C'est la version adulte?

Eusèbe a écrit:

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Pour ma part, c'est volontaire. 

Pour ma part, c'est … également volontaire

Bon, je ne discuterai pas vos goûts, vous avez sûrement des raisons tout à fait fondées de ne pas apprécier Renoir.

Mais tout de même, dans l'histoire du cinéma, Renoir compte un peu plus que Tavernier ou quelques autres, ne serait-ce que par son influence sur la nouvelle vague (ce n'est pas un argument d'autorité, mais voyez ce que disait Truffaut sur La règle du jeu)

En fait, j'aime plutôt Renoir (Le crime de monsieur Lange, Partie de campagne, La grande illusion, La fille de l'eau et éventuellement La chienne sont des films que j'aime beaucoup) mais je trouve qu'on en fait beaucoup trop ; moi, si je l'ai omis, c'est justement parce qu'on en parle partout. Bien sûr, Renoir a beaucoup influencé la nouvelle vague, Rivette a même réalisé un documentaire qui s'appelle Jean Renoir, le patron ; honnêtement, je n'ai jamais compris cet engouement.

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Pour ma part, c'est volontaire. 

Pour ma part, c'est … également volontaire

Bon, je ne discuterai pas vos goûts, vous avez sûrement des raisons tout à fait fondées de ne pas apprécier Renoir.

Mais tout de même, dans l'histoire du cinéma, Renoir compte un peu plus que Tavernier ou quelques autres, ne serait-ce que par son influence sur la nouvelle vague (ce n'est pas un argument d'autorité, mais voyez ce que disait Truffaut sur La règle du jeu)

En fait, j'aime plutôt Renoir (Le crime de monsieur Lange, Partie de campagne, La grande illusion, La fille de l'eau et éventuellement La chienne sont des films que j'aime beaucoup) mais je trouve qu'on en fait beaucoup trop ; moi, si je l'ai omis, c'est justement parce qu'on en parle partout. Bien sûr, Renoir a beaucoup influencé la nouvelle vague, Rivette a même réalisé un documentaire qui s'appelle Jean Renoir, le patron ; honnêtement, je n'ai jamais compris cet engouement.

Je comprends ce que tu veux dire, et c'est vrai que certains des films de cette époque ne sont pas beaucoup moins académiques que Grémillon ou Duviver.
Mais je crois que La règle du jeu est tout de même profondément novateur (la longue séquence de chasse, les travellings ahurissants à l'époque de la fête...) - et, pour répondre à Parsifal, assez formaliste dans le fonds. Je pense que son statut tient en grande partie à ce film, et à sa réception mouvementée.

Parsifal a écrit:

Benedictus a écrit:

Eusèbe a écrit:

Partie de Compagne

C'est la version adulte?

Les effets du confinement

Je rajouterais volontiers à vos listes Marguerite Duras, ne serait-ce que pour India Song.

Eusèbe a écrit:

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Pour ma part, c'est volontaire. 

Pour ma part, c'est … également volontaire

Bon, je ne discuterai pas vos goûts, vous avez sûrement des raisons tout à fait fondées de ne pas apprécier Renoir.

Mais tout de même, dans l'histoire du cinéma, Renoir compte un peu plus que Tavernier ou quelques autres, ne serait-ce que par son influence sur la nouvelle vague (ce n'est pas un argument d'autorité, mais voyez ce que disait Truffaut sur La règle du jeu)

En fait, j'aime plutôt Renoir (Le crime de monsieur Lange, Partie de campagne, La grande illusion, La fille de l'eau et éventuellement La chienne sont des films que j'aime beaucoup) mais je trouve qu'on en fait beaucoup trop ; moi, si je l'ai omis, c'est justement parce qu'on en parle partout. Bien sûr, Renoir a beaucoup influencé la nouvelle vague, Rivette a même réalisé un documentaire qui s'appelle Jean Renoir, le patron ; honnêtement, je n'ai jamais compris cet engouement.

Je comprends ce que tu veux dire, et c'est vrai que certains des films de cette époque ne sont pas beaucoup moins académiques que Grémillon ou Duviver.
Mais je crois que La règle du jeu est tout de même profondément novateur  (la longue séquence de chasse, les travellings ahurissants à l'époque de la fête...) - et, pour répondre à Parsifal, assez formaliste dans le fonds. Je pense que son statut tient en grande partie à ce film, et à sa réception mouvementée.  

Il faudrait que je le revoie, je le verrai peut-être autrement, maintenant.

xoph a écrit:

Je rajouterais volontiers à vos listes Marguerite Duras, ne serait-ce que pour India Song.

C'était hier, le premier avril. 

Moi, je ne l'ai pas mise parce que j'ai vraiment détesté India song - et pourtant, je l'ai vu dans de très bonnes conditions, c'est-à-dire sur le grand écran de la salle Langlois à la cinémathèque - et je crois que je ne me suis jamais aussi ennuyé pendant un film - l'agacement n'était peut-être pas maximal, cela dit.
Mais je n'ai vu aucun de ses autres films - il faut dire que ça m'a sacrément découragé.

... je savais bien que je me trompais de fil (c'est ballot de prendre de tels risques par les temps qui courent)

Emeryck a écrit:

xoph a écrit:

Je rajouterais volontiers à vos listes Marguerite Duras, ne serait-ce que pour India Song.

C'était hier, le premier avril. 

Je propose un nouveau jeu, Marguerite Duras ou Les Inconnus?

/watch?v=AyonR1J9FBA



(je sais, c'est facile et injuste de se moquer sur un extrait d'1m29 hors contexte)

J'ai gardé un bon souvenir d'Aurelia Steiner (Melbourne), et le texte de L'homme Atlantique est magnifique (j'en connais d'ailleurs des passages par cœur).

Eusèbe a écrit:

Cololi a écrit:

Emeryck a écrit:

Eusèbe a écrit:

Je m'étonne que personne ne mentionne Renoir!
Surtout le Renoir d'avant guerre (je suis moins sensible à ses films tardifs): La grande illusion, La bête humaine, Partie de Compagne, et évidemment, évidemment, La règle du jeu - à voir absolument, je suis sûr que c'est un film qui plaira à Oriane.

Pour ma part, c'est volontaire. 

Pour ma part, c'est … également volontaire

Bon, je ne discuterai pas vos goûts, vous avez sûrement des raisons tout à fait fondées de ne pas apprécier Renoir.

Mais tout de même, dans l'histoire du cinéma, Renoir compte un peu plus que Tavernier ou quelques autres, ne serait-ce que par son influence sur la nouvelle vague (ce n'est pas un argument d'autorité, mais voyez ce que disait Truffaut sur La règle du jeu)

Si tu veux … quand tu n'aimes … pas du tout … et que l'histoire officielle raconte que c'est génial … je n'ai qu'une envie : en dire deux fois plus de mal
Tout cela … comme toute valeur artistique … c'est de la croyance collective.

Oriane a écrit:

J'ai gardé un bon souvenir d'Aurelia Steiner (Melbourne), et le texte de L'homme Atlantique est magnifique (j'en connais d'ailleurs des passages par cœur).

Blague a part je pense que si l'on n'est pas allergique au style littéraire de Duras, son cinéma est admirablement cohérent avec ses écrits, et son langage filmique avec son travail sur le son, le texte et le silence, et le rapport a l'image ou non-image (son gouts pour les espaces désertés, et son recours occasionnel a l'écran noir), le rapport a la temporalité aussi, est indéniablement personnel.
J'ai tout de même du  mal a percevoir ou tout cela va, un peu comme dans ses romans le sentiment d'une forme avant-gardiste pour un propos franchement mince...

Cololi a écrit:

Si tu veux … quand tu n'aimes … pas du tout … et que l'histoire officielle raconte que c'est génial … je n'ai qu'une envie : en dire deux fois plus de mal
Tout cela … comme toute valeur artistique … c'est de la croyance collective.

Louis-Ferdinand, sors de ce corps!

Eusèbe a écrit:

Mais je crois que La règle du jeu est tout de même profondément novateur  (la longue séquence de chasse, les travellings ahurissants à l'époque de la fête...) - et, pour répondre à Parsifal, assez formaliste dans le fonds. Je pense que son statut tient en grande partie à ce film, et à sa réception mouvementée.  

La règle du jeu est un grand film, mais formaliste ça ne me parait pas allez de soit. Par formaliste j’entends un film dont la mise en scéne devient autant que l'histoire racontée le sujet du film. Si tu veux dire que La Règle du Jeu est l’œuvre d'un artiste conscient du medium dans lequel il s'exprime et dont les choix sont parfaitement réfléchi je suis d'accord, mais on est quand même, mais je ne suis pas certains que ce qu'un spectateur retire d’abord de La Règle du jeu ce soit ses travelling ou le sens du cadre de Renoir (même si tout ça est passionnant a étudier), ce sont surtout les personnages, les qui-propos, leurs ambiguïtés, les rapports de classes et les rapports amoureux, il y a la recherche d'une certaine transparence chez Renoir, ce n'est pas un cinéaste qui va attirer l'attention sur la technique.

Benedictus a écrit:

Cololi a écrit:

Si tu veux … quand tu n'aimes … pas du tout … et que l'histoire officielle raconte que c'est génial … je n'ai qu'une envie : en dire deux fois plus de mal
Tout cela … comme toute valeur artistique … c'est de la croyance collective.

Louis-Ferdinand, sors de ce corps!

Désolé, c'est la façon dont je m'exprime Ce n'est pas saugrenu dans mon cas … cela exprime juste une phrase en train de se faire … comme à l'oral.

Céline voulait comme si c'était de l'oral (mais en préméditant tout … et réécrivant 4 fois) Et … je n'aime pas l'œuvre de Céline !

Cololi a écrit:

Si tu veux … quand tu n'aimes … pas du tout … et que l'histoire officielle raconte que c'est génial … je n'ai qu'une envie : en dire deux fois plus de mal
Tout cela … comme toute valeur artistique … c'est de la croyance collective.

Mais dirais-tu la même chose de Bach, Mozart ou Beethoven ?
Leur "statut" tient aussi de l'"histoire officielle" et d'une question de croyance collective.
Sans négliger le reste (et les autres), il ne viendrait pourtant à l'idée de personne de contester leur importance (en dehors de toute question de goût).

Pourquoi donc est-ce aussi difficile avec le cinéma, Renoir, ou d'autres ?