Nos petits bonheurs du jour dont tout le monde se fiche...

Stefano P a écrit:

Emeryck a écrit:

Réouverture clandestine (!) du cinéma La clef à Paris V. 

Les projections sont pas trop crachotantes ?

Je n'ai pas encore eu le temps d'y aller ! Je l'espère, ça amplifierait l'aspect clandestin.

Hier soir, y'avait 1 517 000 personnes qui regardaient L'Homme de la plaine d'Anthony Mann sur Arte ; je sais pas exactement pourquoi, mais ça m'a fait plaisir...

En effet, quand je pense que j'ai découvert les westerns d'Anthony Mann (je rappelle que, de Devil's Doorway à Man of the West, ce sont tous d'immenses chefs d'œuvre) au cours de séances à l'Action Christine où il y avait deux pelés et trois tondus à la fin des années 90...

Stefano P a écrit:

Hier soir, y'avait 1 517 000 personnes qui regardaient L'Homme de la plaine d'Anthony Mann sur Arte ; je sais pas exactement pourquoi, mais ça m'a fait plaisir...

C'est pourtant pas folichon … ni le meilleur de la série.

Oui. En plus, par définition, un film qui comporte un plan comme celui-ci, surtout qu'il a été tourné aux États-Unis avant 1968, ne peut être qu'un véhicule de propagande pour l'impérialisme et le capitalisme.

Bon, pour ceux qui ne connaîtraient pas: un très beau scénario (en particulier tout ce qui tourne autour des deux vieux propriétaires terriens, le plot twist autour du personnage d'Arthur Kennedy...), des scènes visuellement très fortes, très saisissantes (la découverte du chariot brûlé au tout début, puis les chariots incendiés dans les dunes de sable, les scènes de violence quand James Stewart se fait démolir par les types du ranch...), les habituels points forts de la mise en scène de Mann (la scénographie «stratégique» de l'espace du pueblo, la façon de filmer les gestes qui permettent à Stewart de «refaire son handicap») et des décors toujours filmés avec une sorte de nostalgie contemplative (ici, des paysages arides aux teintes un peu grises.)

Après, oui, le tempo narratif est plutôt lent (mais ça, c'est le cas des meilleurs westerns d'Anthony Mann) et le côté «romance» (entre Stewart et Cathy O'Donnell) fonctionne moyennement (on dirait une sorte d'à-côté un peu paresseux du récit principal, qui n'impose jamais sa nécessité dans l'intrigue.) Mais ça fait quand même peu de défauts par rapport aux qualités.

Cololi a écrit:

C'est pourtant pas folichon … ni le meilleur de la série.

Ne te donne pas ce mal, Cololi.

Les habitués du forum connaissent maintenant ton goût pour le cinéma américain.
Lors, quand tu émets ce genre de commentaire dédaigneux,

ils comprennent de suite qu'on est pas loin du chef d'oeuvre...

Il est surtout beaucoup plus facile de classer de façon totalement caricaturale ses interlocuteurs.

En l'occurrence … Winchester 73 est très bon, et Je suis en aventurier pas trop mal … mais évidemment cela empêche de me classer

L'Homme de la plaine, ça se laisse juste regarder. C'est surtout pour le cinémascope et technicolor trichrome … sans ça … je dirais "passez votre chemin".

Et pas de bol … le dernier film que j'ai vu c'est le Satyricon de Fellini … ce qui me rend toujours plus cruel vis-à-vis du cinéma hollywoodien (en dehors de sa respiration exceptionnelle entre la fin des années 60 et le milieu des années 80).

Cololi a écrit:

En l'occurrence … Winchester 73 est très bon, et Je suis en aventurier pas trop mal … mais évidemment cela empêche de me classer

Non, au contraire, ça aide à classer: ceux que tu aimes sont justement les deux que je trouve les plus faibles du cycle (Winchester pour le côté «la psychanalyse pour les nuls» du scénario; The Far Country pour l'utilisation récurrente et surtout mal maîtrisée des transparences.)

Cololi a écrit:

L'Homme de la plaine, ça se laisse juste regarder. C'est surtout pour le cinémascope et technicolor trichrome … sans ça … je dirais "passez votre chemin".

Cf. ce que vient de dire Néthou.

Cololi a écrit:

Et pas de bol … le dernier film que j'ai vu c'est le Satyricon de Fellini …ce qui me rend toujours plus cruel

Ah, oui, pas de bol comme tu dis. Je ne déteste pas Fellini dans l'absolu (même s'il me parle beaucoup moins que les autres cinastes en -ni), mais la dernière fois que j'avais vu Satyricon (en salle, en plus), ça m'avait passablement gonflé. Je comprends qu'après une épreuve pareille, on ait des pulsions sadiques.

Benedictus a écrit:

Cololi a écrit:

L'Homme de la plaine, ça se laisse juste regarder. C'est surtout pour le cinémascope et technicolor trichrome … sans ça … je dirais "passez votre chemin".

Cf. ce que vient de dire Néthou.

En effet quand je lit ça me donne tout de suite envie de revoir The Man From Laramie (en anglais parce que je suis un méchant suppôt du capitalisme vendu a l'impérialisme américain :burns: ), mais ça me fait trainer des pieds pour Winchester

(bon cela dit Cololi a quand même sacrément raison pour Le Satyricon, c'est génial, surtout quand on compare a un certain autre cinéaste en -ni dont les films sont un fond idéal pour défilée de mode comme disait un très grand cinéaste américain )

Parsifal a écrit:

bon cela dit Cololi a quand même sacrément raison pour Le Satyricon, c'est génial

Je pense en effet que si on aime vraiment Fellini, des films comme Satyricon, Casanova ou La Cité des femmes doivent paraître géniaux tant ils sont un concentré de l'art et de l'imaginaire du cinéaste. En revanche, quand on est (comme moi) assez peu réceptif à l'univers de Fellini, ces films ont un côté presque étouffant; en fait, les seuls films du Fellini de maturité que j'aime vraiment, ce sont Amarcord et Roma, parce que, malgré les embardées du côté de la caricature et du fantasme, ils conservent une inscription dans le réel à laquelle je parviens à me raccrocher.

Parsifal a écrit:

surtout quand on compare a un certain autre cinéaste en -ni dont les films sont un fond idéal pour défilée de mode comme disait un très grand cinéaste américain

Rien compris. C'est Pasolini qui est visé?
(Au demeurant, pour les défilés de mode, Fellini est très bien aussi, mais surtout pour la mode ecclésiastique... )

Benedictus a écrit:

Parsifal a écrit:

bon cela dit Cololi a quand même sacrément raison pour Le Satyricon, c'est génial

Je pense en effet que si on aime vraiment Fellini, des films comme Satyricon, Casanova ou La Cité des femmes doivent paraître géniaux tant ils sont un concentré de l'art et de l'imaginaire du cinéaste. En revanche, quand on est (comme moi) assez peu réceptif à l'univers de Fellini, ces films ont un côté presque étouffant; en fait, les seuls films du Fellini de maturité que j'aime vraiment, ce sont Amarcord et Roma, parce que, malgré les embardées du côté de la caricature et du fantasme, ils conservent une inscription dans le réel à laquelle je parviens à me raccrocher.

J'aime bien La Cité des femmes mais c'est parfois un peu limite en revanche Casanova est en effet mon Fellini préféré avec le Satyricon et 8 1/2

Benedictus a écrit:

Parsifal a écrit:

surtout quand on compare a un certain autre cinéaste en -ni dont les films sont un fond idéal pour défilée de mode comme disait un très grand cinéaste américain

Rien compris. C'est Pasolini qui est visé?
(Au demeurant, pour les défilés de mode, Fellini est très bien aussi, mais surtout pour la mode ecclésiastique... )

Ben non j'aime bien Pasolini, c'était une citation d'Orson Welles a propos d'Antonioni je pensais qu'elle était plus connue (cela dit dans l'interview ou il a tenus ces propos il n'est pas tendre avec Fellini non plus, "des films de petit provincial qui rêve de la grande ville" et qui prend le risque d'être un "très grand artiste qui n'a pas grand chose a dire", Hitchcock également a droit a quelque saillies cruelle, en revanche il clame son admiration pour Ford.

Benedictus a écrit:

Je ne déteste pas Fellini dans l'absolu (même s'il me parle beaucoup moins que les autres cinastes en -ni).

Même Antonioni ?

Antonioni, je ne sais pas. Des fois, je trouve ça sublime et hypnotique, des fois insupportablement poseur. Mis à part Blow Up (que j'ai toujours aimé) et L'Eclisse (qui m'a toujours agacé), mon appréciation varie toujours beaucoup d'un visionnage à l'autre; et souvent, ça varie même énormément à l'intérieur d'un même film. Mais bon, oui, globalement, ce que j'aime chez lui (ne serait-ce que sa façon de filmer les paysages urbains et les visages de femmes) me touche beaucoup plus intimement que ce que je peux aimer dans les films de Fellini.

Benedictus a écrit:

Antonioni, je ne sais pas. Des fois, je trouve ça sublime et hypnotique, des fois insupportablement poseur. Mis à part Blow Up (que j'ai toujours aimé) et L'Eclisse (qui m'a toujours agacé), mon appréciation varie toujours beaucoup d'un visionnage à l'autre; et souvent, ça varie même énormément à l'intérieur d'un même film. Mais bon, oui, globalement, ce que j'aime chez lui (ne serait-ce que sa façon de filmer les paysages urbains et les visages de femmes) me touche beaucoup plus intimement que ce que je peux aimer dans les films de Fellini.

Bon, moi j'aime autant l'un que l'autre (Fellini-Antonioni) ; tout ne me plait pas dans leur filmographie, mais il y a des choses qui sont parmi les plus belles que j'aie vues sur un écran : L'Avventura, en particulier, c'est magnifique, et Profession reporter est un de mes films favoris. Pour la citation de Welles, je pense qu'il ne faut pas trop prêter attention aux jugements que les cinéastes peuvent porter sur leurs collègues, surtout que Welles s'amusait beaucoup avec les journalistes (et le fait de dire des horreurs dans Playboy devait lui plaire beaucoup)...

Stefano P a écrit:

mais il y a des choses qui sont parmi les plus belles que j'aie vues sur un écran : L'Avventura, en particulier, c'est magnifique, et Profession reporter est un de mes films favoris.

La beauté plastique de L'Avventura est extraordinaire, oui. Mais en le revoyant, la dernière fois, j'ai fortement ressenti l'effet «montagnes russes» dont je parlais: en gros, je suis resté scotché pendant tout le premier tiers (en fait jusqu'à la scène du train); ensuite, ça m'a fortement impatienté (je me raccrochais vraiment aux paysages architecturaux pour tenir le coup.)
Profession: reporter est un film que j'ai beaucoup aimé la dernière fois que je l'ai vu (alors qu'il m'avait longtemps agacé.)

La Notte est aussi hypnotisant (sans doute un des films qui met le mieux en valeur Jeanne Moreau)

Benedictus a écrit:

Antonioni, je ne sais pas. Des fois, je trouve ça sublime et hypnotique, des fois insupportablement poseur. Mis à part Blow Up (que j'ai toujours aimé) et L'Eclisse (qui m'a toujours agacé), mon appréciation varie toujours beaucoup d'un visionnage à l'autre; et souvent, ça varie même énormément à l'intérieur d'un même film. Mais bon, oui, globalement, ce que j'aime chez lui (ne serait-ce que sa façon de filmer les paysages urbains et les visages de femmes) me touche beaucoup plus intimement que ce que je peux aimer dans les films de Fellini.

D'accord, effectivement, sa façon est filmer les paysages et les visages est absolument superbe ; mais dès lors qu'il verse un peu dans le politique, ça devient vite caricatural : les traders de L'eclisse, la fumée des usines dans Il deserto rosso, etc.
Je crois que j'aime vraiment La notte, cependant - néanmoins la scène finale. Mais je pense préférer Fellini globalement  - bon, même si je n'aime pas tous ses films; je l'ai découvert avec Otto e mezzo à la cinémathèque par hasard en m'attendant à quelque chose de beaucoup plus classique, ç'a été un choc.

Cololi a écrit:

Il est surtout beaucoup plus facile de classer de façon totalement caricaturale ses interlocuteurs.

Allons Col, tu sais bien que nonobstant notre manière totalement différente de voir le cinéma américain, c'était surtout de l'humour.

Cololi a écrit:

En l'occurrence … Winchester 73 est très bon, et Je suis en aventurier pas trop mal … mais évidemment cela empêche de me classer

L'Homme de la plaine, ça se laisse juste regarder. C'est surtout pour le cinémascope et technicolor trichrome … sans ça … je dirais "passez votre chemin".

C'est là ce qui me chiffonne.
Tout est certes possible, mais créativement, pourquoi, sur une durée assez brève, dans un cadre identique de film de genre, avec le même comédien principal, des équipes artistiques semblables, Anthony Mann perdrait-il subitement son cinéma ?

C'est -un peu- comme si on disait "Ah oui les dernières sonates de Schubert sont très belles, mais la D960 est vraiment ratée" (ou l'op.111 de Beethoven).

Je reconnais que le contraire est vrai: c'est Tavernier qui explique très bien que lorsqu'un habituel tâcheron signe un chef d'oeuvre (ou un film très original), c'est qu'il y a un loup; le scénario est magnifique et laisse peu de place au changement, ou la direction artistique imprime une telle marque que la mise en scène en est imprégnée, ou le montage transfigure ce qui n'est que bien filmé au départ, etc...  mais le fait est là: il n'y a pas de miracle, et on ne transforme pas subitement un percheron en pur-sang arabe fougueux.
A contrario, c'est pareil: un metteur en scène aussi confirmé que Mann, dans un cadre identique à celui de ses films précédents, ne devient pas subitement un tâcheron de 3ème ordre qui sort un film "qui se laisse juste regarder". Ce n'est pas absolu, bien sûr (un gros loupé, ça arrive), mais dans le cas présent, franchement, ce n'est pas flagrant.

Stefano P a écrit:

Pour la citation de Welles, je pense qu'il ne faut pas trop prêter attention aux jugements que les cinéastes peuvent porter sur leurs collègues, surtout que Welles s'amusait beaucoup avec les journalistes (et le fait de dire des horreurs dans Playboy devait lui plaire beaucoup)...

C'est évident, d'autant que ses piques sont clairement élaboré pour mettre les rieurs de son côté (cela dit je pense qu'il n'aimait vraiment pas Antonioni)

Finalement même si j'aime bien charrier un peu je ne suis pas si éloigné du ressenti de Benedictus sur Antonioni (avec le même intérêt constant pour Blow Up), c'est de tout évidence un grand cinéaste avec une personnalité original, même si le plus souvent ça m’ennuie il y a toujours quelque chose à en retirer.

Emeryck a écrit:

D'accord, effectivement, sa façon est filmer les paysages et les visages est absolument superbe ; mais dès lors qu'il verse un peu dans le politique, ça devient vite caricatural : les traders de L'eclisse, la fumée des usines dans Il deserto rosso, etc.
Je crois que j'aime vraiment La notte, cependant - néanmoins la scène finale. Mais je pense préférer Fellini globalement  - bon, même si je n'aime pas tous ses films; je l'ai découvert avec Otto e mezzo à la cinémathèque par hasard en m'attendant à quelque chose de beaucoup plus classique, ç'a été un choc.

Antonioni me rappelle un peu Mondrian : il commence par des films très classiques (jusqu'à Il Grido), très élégants, parfaitement "figuratifs" pour aller ensuite vers une abstraction souvent à la limite de l'hermétisme, avec des plans géométriques (Noto dans L'Avventura, la Bourse de Rome ou le quartier de l'EUR dans L'Eclisse, la villa de La Notte, l'utilisation ostentatoire et symboliste de la couleur dans Deserto rosso) et un détachement total par rapport à l'intrigue et à la psychologie (on a traduit ça par la fameuse expression "incommunicabilité", mais c'est beaucoup plus complexe que ça). On a aussi l'impression qu'il perd un peu pied à partir des années soixante-dix : Zabriskie Point est vraiment très raté, il y a l'éblouissement de Profession reporter, et ça retombe ensuite avec Identification d'une femme, intéressant mais pas génial, et surtout les films de la fin (après son hémiplégie), qu'il vaut mieux carrément oublier.

Pour le meilleur et pour le pire, il a eu une très grande influence sur tout le cinéma d'auteur, au moins jusqu'aux années 2000 : Wenders, Kiarostami, Gus Van Sant, Wong Kar Wai, mais on pourrait en citer beaucoup d'autres...

j’ai réparé le Hammond qui traine chez moi.

lulu a écrit:

j’ai réparé le Hammond qui traine chez moi.

Génial. Ce doit être jubilatoire de jouer un Hammond .

@Lulu : tu vas pouvoir t'éclater sur du Deep Purple!

... ou sur les Klavierstücke XV à XIX?

arnaud bellemontagne a écrit:

@Lulu : tu vas pouvoir t'éclater sur du Deep Purple!

L'intro de 'Lazy' !

Je vais voir la nouvelle création de Pite ce soir !

Joué du piano devant public, lors d'une cérémonie d'adieu à un défunt.

Au programme:
* J S Bach: Prélude en Ut
* Pink Floyd: Wish You Were Here (Intro)
* Anne Crosby Gaudet: Seagull's Cry
* Chee-Hwa Tan: Where Go the Boats
* Stephen Chatman: Echoes of November
* Érik Satie: Gnossienne no.2

Puis, la saison de vélo étant terminée, je change mon programme d'entraînement avec reprise de mes sessions de natation en piscine.
J'ai réalisé tôt ce matin un vieux fantasme en y allant à 6H00.
À mon grand étonnement, il y avait plus de personnes que le soir.

Ravélavélo a écrit:

Joué du piano devant public, lors d'une cérémonie d'adieu à un défunt.

C'est touchant.
Qui avait déterminé le programme ?

La théorie des schémas. 

C'est des maths? C'est accessible à un géographe?

Benedictus a écrit:

C'est des maths? C'est accessible à un géographe?

Oui, c'est des maths. Je ne sais pas, c'est vraiment abstrait ; en gros, il s'agit de "géométriser" l'algèbre, en quelques sortes. Le point de départ étant les idéaux (en gros, c'est une partie d'un ensemble (non-vide) qui a une addition et une multiplication (les nombres réels, par exemple) avec quelques propriétés ( un anneau), cette partie étant stable par addition et par produit par les éléments de l'ensemble), et surtout les idéaux premiers dont l'exemple fondamental est celui des multiples entiers d'un nombre premier : si un produit appartient à l'idéal, alors l'un des deux appartient à l'idéal ; dans le cas du nombre premier, cela donne : un nombre premier divise un produit de nombres si et seulement si il divise l'un des deux facteurs - il suffit de considérer la décomposition en facteurs premiers.
Alors là, les idéaux premiers, ça semble très algébrique, mais en fait, on se donne ici un point de vue géométrique/fonctionnel : on considère un idéal premier comme un point, en lequel on peut évaluer les éléments ; ici, évaluer un élément en un idéal consiste juste à travailler "modulo cet idéal premier" (on force les éléments de l'idéal à être nuls) ; mais il y a un second point de vue pour les idéaux premiers : on peut le voir comme une classe d'applications. Déjà, ici, ça semble beaucoup moins algébrique. 
Ensuite, l'objet fondamental de la théorie des schémas, c'est le spectre d'un anneau (l'ensemble de ses idéaux premiers), les spectres sont ce qu'on appelle un schéma affine, on met dessus une topologie, mais pas seulement, on met aussi ce qu'on appelle un faisceau d'anneaux locaux - ce n'est pas très important de savoir ce que c'est précisément, mais un faisceau, c'est juste quelque chose qui permet de passer du local au global en recollant les morceaux de manière unique ; c'est en fait dans ce faisceau que se trouvent codées toutes les informations du schéma. Et un schéma, c'est juste "localement un schéma affine". Pourquoi c'est génial ? Déjà, ça fait une extension de la géométrie classique (dans le plan, ou dans l'espace) mais aussi de la géométrie algébrique classique (variétés algébriques) ; mais c'est extrêmement riche : par exemple, les propriétés arithmétiques se trouvent codées dans le spectre de manière élégante. Je n'arriverais pas à en rendre compte de manière concise, mais c'est fou mais parfois très conceptuel.
Peut-être ici peut-on trouver quelques trucs qui expliquent - la page en français n'étant pas vraiment éclairante.

Pour faire plus rapide qu'Emeryck :

Benedictus a écrit:

C'est des maths? C'est accessible à un géographe?

Oui. Non.

C'est déjà assez peu accessible à un matheux à vrai dire . Plus sérieusement, sauf si tu as déjà de grosses bases en maths, c'est le genre de théorie que tu ne peux vraiment pas aborder facilement, il faudrait refaire tout un travail de fond en algèbre rien que pour avoir une vague intuition de la façon dont ça fonctionne. Après, la théorie des schémas est peut-être la dernière très grosse révolution conceptuelle dans l'histoire des maths, c'est assez fascinant. En gros, dans les années 70, un génie nommé Grothendieck a décrété que la façon dont tout un pan de l'algèbre (ce qu'on appelle la géométrie algébrique) était traitée par les matheux n'était pas la bonne, et qu'il fallait tout reprendre sous un autre angle (cette fameuse théorie des schémas), ce qui permettrait selon lui (entre autres) de démontrer des gros résultats qui échappaient aux spécialistes du domaine (conjectures de Weil). Et il l'a fait, il a tout refondé, tout redémontré dans cette nouvelle théorie (pas tout seul bien sûr), et les conjectures en question ont finies par être démontrées (pas par lui, parce qu'entre temps il avait décidé en gros de lâcher les maths pour aller élever des moutons dans le Larzac). Un tour de force quasiment unique dans l'histoire récente des mathématiques.

Emeryck explique tout et je ne comprends rien.
Je comprends tout de ce que dit Roupoil, mais il n'explique rien.

Vous avez quatre heures pour élucider ce paradoxe.
On écrira au bleu et on laissera une marge

Mais de fait, à défaut de pouvoir comprendre sa contribution mathématique, la vie de Grothendieck a de quoi fasciner... Je corrige d'ailleurs une coquille dans mon message précédent, c'est dans les années 60 qu'il a révolutionné la géométrie algébrique, au début des années 70 il commence déjà à se couper avec le milieu de la recherche.

Roupoil a écrit:

Mais de fait, à défaut de pouvoir comprendre sa contribution mathématique, la vie de Grothendieck a de quoi fasciner...

Oui, c'est vrai, mais je trouve que ça engendre une idolâtrie absolument incroyable chez les mathématiciens - en particulier les géomètres algébristes, évidemment - qui est parfois un peu agaçant ; certains mathématiciens sacralisent tous ses écrits (Récoltes et semailles, La clef des songes notamment) et déversent des platitudes assez amusantes dessus. Après, c'est vrai que sa vie est particulièrement singulière - il y a notamment sa conférence "Faut-il continuer la recherche scientifique ?" sur youtube donnée à l'IHÈS alors qu'il devait faire un cours traditionnel.
Serre est d'ailleurs beaucoup plus nuancé - voire peut-être cassant, par moment - il n'avait par exemple pas compris l'intérêt des formes modulaires et Serre dit d'ailleurs à son sujet "Grothendieck, il pose les problèmes et il les submerge dans une marée montante de théorie (...) et avec les formes modulaires, il ne pouvait pas faire ça". 

Les coffrets Mizo et Ozu à 50%

Cololi a écrit:

Les coffrets Mizo à 50%

En même temps, sans guchi, c'est normal ...

Cololi qui se réjouit d'être victime de l'injonction capitaliste totalitaire à consommer, qui participe à l'étranglement des petits par la course aux rabais, à la dévalorisation de la Culture par le tout-gratuit, on aura tout vu.

Tout ça pour s'ennuyer devant du Mizoguchi en plus.

DavidLeMarrec a écrit:

Cololi qui se réjouit d'être victime de l'injonction capitaliste totalitaire à consommer, qui participe à l'étranglement des petits par la course aux rabais, à la dévalorisation de la Culture par le tout-gratuit, on aura tout vu.

Carrément… moi qui espérais le voir enchaîné devant les entrepôts d'Amazon...

Petit bonheur du jour: découvrir qu'Anaëlle survit à sa prépa...

Prosopopus a écrit:

Tout ça pour s'ennuyer devant du Mizoguchi en plus.

Ah mais … je n'ai jamais dit que j'ai acheté sur Amazon … je boycotte Amazon depuis … 2014 si j'ai bonne mémoire.
Je n'ai pas dit non plus que j'ai acheté en ligne !

Pour le reste, c'est bien tenté, mais ce sont des arguments typiquement de droite

Et puis Mizoguchi vaut bien ça !

Quand même, fustiger le Grand Capital et s'afficher en suppôt du Black Friday...

attends Cololi je te vois répondre mais tu es anticapitaliste et tu as un ordinateur ???

Oui !!

Je vais même aller plus loin : je n'ai encore posé aucune bombe (faut dire que c'est passé de mode depuis longtemps) … mon appart est correctement équipé … et puis même pas une prise d'otage de patron …
C'est vrai que du coup, c'est pas très conséquent tout ça !

Découvert aujourd'hui (même si, apparemment, elle date d'hier) cette perle absolue: