Lectures (6)

Kafka sur le rivage m'avait laissé sur une impression qui rejoint assez ce que tu dis. Beaucoup de plaisir à la lecture face à la poésie qui se dégage des aspects fantastiques, une forme d'humanisme, et puis finalement peu d'enthousiasme en refermant le livre. En revanche j'avais été conquis par La ballade de l'impossible. J'y ai trouvé quelque chose de plus sincère et authentique, et de très touchant. J'aurais envie de conseiller celui-là pour une découverte de l'auteur, mais comme je n'ai lu que ces deux-là (+ les entretiens avec Ozawa), ce n'est peut-être pas une recommandation suffisamment "honnête".

arnaud bellemontagne a écrit:

Croyez-le ou non, le Kant de Luc Ferry est plutôt perché : la seconde partie concernant "la chose en soi" est loin d'être aisée...

La raison doit en être que l’auteur s’appuie plus sur Kant que sur Ferry.

Quand même, c’est un peu triste, à son âge, de se coltiner encore Kant. Comme disait Nietzsche de lui-même : « elle aurait dû chanter, cette âme nouvelle ».

Est-ce que Nietzsche à réellement lu Kant ou s'est-t-il basé sur ce qu'en a dit Schopenhauer et le néokantisme de l'époque ?
Je dis ça, je dis rien.

Je me suis posé la même question.

Je ne poste jamais mes lectures ... mais là ... il faut signaler ce livre.

C'est un véritable chef d'oeuvre !
Une espèce de thriller en huis-clos dans une langue qui emprunte pas mal à ... Claude Simon
Phrase à rallonge ... mais avec une grosse différence avec Simon : le chronologie est beaucoup moins explosée que Simon (c'est pas dur ) ... et ces phrases à rallonge se rapproche je trouve de ce qu'on appelle "flux de conscience" ... Faulkner par ex.

C'est à la fois ... accessible ... de la grande littérature. Si la littérature française peut produire ça ... alors on peut dormir tranquille.

Je ne connais pas celui-là, mais en effet, ce que j'ai lu de Mauvignier m'a fait très bonne impression.

Benedictus a écrit:

Je ne connais pas celui-là, mais en effet, ce que j'ai lu de Mauvignier m'a fait très bonne impression.

Je n'avais lu que Continuer de lui, qui m'a beaucoup plu. Mais là ... sincèrement ... il a passé la surmultipliée. Là il me semble qu'il prend une nouvelle dimension.

 Je me demandais justement ce que ça valait ; les noms que tu cites me laissent penser que ce livre est fait pour moi.
Ça attendra un peu, après ma série Rancière. 

Emeryck a écrit:

les noms que tu cites me laissent penser que ce livre est fait pour moi.

Je ne me risquerais peut-être pas jusque là, mais à coup sûr, ça mérite ton attention.

Au passage, un personnage du roman écoute Le Miroir de Jésus de Caplet dans le roman. Ca ne fait qu'augmenter la sympathie que j'ai pour lui !

Jacques Rancière : Le maître ignorant        1987


Un peu déçu par celui-ci après ma découverte du très remarquable Partage du sensible que je trouvais d'une concision et d'une clarté remarquables - et d'une grande pertinence, en plus. Ici, le livre est plus long (sans être vraiment long : 230 pages) mais j'ai trouvé ça assez mal foutu : la première partie est extrêmement répétitive et j'ai trouvé que globalement, c'était assez mal agencé --- je pense qu'il serait plus pertinent de préciser d'emblée ce que l'on entend par émancipation, par exemple, qui n'est pas une méthode qui peut être institutionnalisée et qui pourrait remplacer simplement la méthode classique ; en bref, on est très loin de la concision (et dans une moindre mesure de la clarté) du Partage du sensible. Même si je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il avance, le livre ouvre des réflexions intéressantes, en questionnant les rapports de pouvoir à l'œuvre dans l'enseignement actuellement mais sans sombrer dans une espèce de délire libéral (et il le précise - je suis d'ailleurs surpris que ce livre n'ait pas malhonnêtement été détourné par les amateurs/trices de développement personnel et autres jeunes entrepreneurs/ses) où il suffit de vouloir. Je suis encore une fois assez saisi par la cohérence de l'œuvre de Rancière où chaque ouvrage appelle le suivant : après avoir écrit sur la classe ouvrière (La nuit des prolétaires, Le philosophe et ses pauvres), il s'est posé la question de la manière dont ces personnes - ayant souvent quitté l'école à 14 ans - apprenaient des choses - et de manière plus globale, il s'agit aussi de briser cette disjonction entre les intellectuels et les manuels et redistribuer les configurations de légitimité des discours ; c'est en partie l'objet du concept (central chez Rancière) du sensible, de son partage et de sa redistribution qui permet de penser de pair (et de manière intéressante/nuancée) l'articulation entre esthétique et politique. Je trouve vraiment que c'est un philosophe passionnant - et que je trouve d'une très grande pertinence ; pour l'instant je n'ai lu que deux de ses ouvrages mais le reste ne saurait tarder. 

Je crois que c'est un livre que n'importe quel prof devrait avoir lu !

D'ailleurs, je ne sais pas si tu as lu d'autres livres de Rancière mais je pense que ça pourrait bien t'intéresser. 

Emeryck a écrit:

D'ailleurs, je ne sais pas si tu as lu d'autres livres de Rancière mais je pense que ça pourrait bien t'intéresser. 

Non. Je voulais lire La Nuit des prolétaires ... mais le début m'a paru très fouilli.

Emeryck a écrit:

je suis d'ailleurs surpris que ce livre n'ait pas malhonnêtement été détourné par les amateurs/trices de développement personnel et autres jeunes entrepreneurs/ses

Outre que «malhonnêtement» me semble faire ici doublement pléonasme (avec «détourné» et avec «développement personnel»), tu crois sérieusement que ce genre de personnes lit des livres aussi compliqués, a fortiori d'auteurs aussi clairement identifiables à la «gauche radicale»?

(En revanche, j'aurais bien vu une relecture orientée par les jeunes militants d'Avenir lycéen.)

Cololi a écrit:

Je ne poste jamais mes lectures ... mais là ... il faut signaler ce livre.

C'est un véritable chef d'oeuvre !
Une espèce de thriller en huis-clos dans une langue qui emprunte pas mal à ... Claude Simon
Phrase à rallonge ... mais avec une grosse différence avec Simon : le chronologie est beaucoup moins explosée que Simon (c'est pas dur ) ... et ces phrases à rallonge se rapproche je trouve de ce qu'on appelle "flux de conscience" ... Faulkner par ex.

C'est à la fois ... accessible ... de la grande littérature. Si la littérature française peut produire ça ... alors on peut dormir tranquille.

Bonsoir M. Cololi,
 J'ai adoré.
Tu oublies de dire que c'est un livre extrêmement effrayant !
Et je ne pense pas être un peureux.
Ce long roman raconte une seule soirée d'épouvante. Le temps y est dilaté et alenti dans des minutes d'angoisse qui paraissent des heures.
C'est un procédé très habile. Et c'est vrai que la langue y est assez brute quoi que fine, franche mais choisie.

Oui, on a peur pour Christine, Patrice, Marion et Ida ... d'ailleurs ... pour Denis, Christophe et Bègue aussi (et le chien aussi !).
C'est très réussi sur ce plan. Et je crois que s'il arrive à distiller la peur ... c'est parce qu'il a su peindre les personnages de façon la plus réaliste possible ... on peu s'identifier à eux. On est familier avec eux ... car on les connait bien. On les connait bien ... ou du moins on croit les connaître bien

Ce temps dilaté c'est génial, c'est vrai, mais quand on est habitué à Proust ou à Simon, on a l'habitude (ce qui l'enlève rien à Mauvignier).

Cololi a écrit:

Oui, on a peur pour Christine, Patrice, Marion et Ida ... d'ailleurs ... pour Denis, Christophe et Bègue aussi (et le chien aussi !).
C'est très réussi sur ce plan. Et je crois que s'il arrive à distiller la peur ... c'est parce qu'il a su peindre les personnages de façon la plus réaliste possible ... on peu s'identifier à eux. On est familier avec eux ... car on les connait bien. On les connait bien ... ou du moins on croit les connaître bien

Ce temps dilaté c'est génial, c'est vrai, mais quand on est habitué à Proust ou à Simon, on a l'habitude (ce qui l'enlève rien à Mauvignier).

C'est vrai, tu as raison : quand on est habitué, on a l'habitude.
J'ignorais qu'Alain Prost et Michel Simon avaient écrit des romans.
Je m'y plonge dès que possible.

Aimé Césaire : Cahier d'un retour au pays natal        1939


C'est vraiment à mi-chemin entre Saint-John Perse (celui parfois un peu crade d'Éloges et Anabase) et Breton - on retrouve le côté assez laborieux du second, hélas... Mais je préfère tout de même d'assez loin Césaire qui arrive à dégager une force de tout cette zoologie lexicale et puis ça parle de quelque chose, quoi. 

Thomas Bernhard
* Les Mange-pas-cher (coll. 'LImaginaire')



Ma première lecture de ce roman un peu dans le même style que 'Oui' et 'Béton'.

       

Jacques Rancière : Le spectateur émancipé        2008

Pèlerinage annuel au pays empoisonné de Miss Compton-Burnett. Cette fois, ça sera La Chute des puissants, un inédit pour moi (dénicher ses romans devient de plus en plus compliqué, même en ligne).

Je vais caser ça entre le premier tome du Livre des Martyrs, dense, pas très aimable, comme fantaisie, mais à la hauteur de ses ambitions et le Prince Noir d'Iris Murdoch, qui attend son tour depuis un an. (Mais Murdoch, c'est pareil, il faut prendre son temps).

Et Novalis en contrepoint.

Je commande à mon libraire ces trois livres:

Cioran:
1 - Pensées étranglées précédé de Le mauvais démiurge (Collection Folio Sagesses)
2- Ébauches de vertige (Collection Folio Sagesses)

Albert Cossery: Les affamés ne rêvent que de pain précédé de Danger de la fantaisie (Collection Folio 2 € )

Édouard Louis : En finir avec Eddy Bellegueule        2014

 +

J'avais une question à propos des traductions de Tchékhov : je m'apprête à lire Oncle Vania dans l'édition GF ; est-ce une bonne traduction ou devrais-je me tourner vers une autre traduction comme celle de Markowicz, par exemple ?

André du Bouchet : Ici en deux        1982


Beaucoup aimé la partie médiane, sur la traduction.

(Au fait, tu as essayé Deguy, finalement?)

Benedictus a écrit:

(Au fait, tu as essayé Deguy, finalement?)

Non, pas encore, mais ça viendra, un jour.

Et alors, qu'est-ce que tu en as pensé?

Curieux d'avoir un avis également, j'ai récupérer plusieurs livres de Murdoch récemment en anglais et en français (que je n'ai pas encore eut le temps de commencer).

Toujours la même chose : elle installe d'abord une atmosphère presque conventionnelle, met en place certains attendus (ici, une forme de suspens qui imprègne tout le récit rétrospectif, les personnages abondants et très bien croqués, quasi victoriens ... bref un côté presque "romance" plus que "novel") et puis ça prend une ampleur et une complexité assez troublantes. Ce petit jeu peut devenir épuisant (Le château de le licorne, c'est un female gothic, mais au carré, ou encore une réécriture débordée de Jane Eyre ... et on finit par se perdre), mais là elle trouve la bonne mesure et ça devient plutôt stimulant. Par ailleurs, je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle veut qu'on pense de son narrateur. Je l'ai passablement détesté et je me demandais si c'était intentionnel, mais une succession de postfaces (ah oui, parce que le jeu littéraire va assez loin) me fait douter en faisant écrire les autres personnages du roman et en les rendant finalement encore plus antipathiques que lui.

Ca donne très envie!

Bon Le Château de la licorne fait partie du lot que j'ai récupéré (le côté female gothic était assez attirant) avec The Sea, the sea qui est apparemment considéré par certains comme son magnum opus.

Grande joie à la relecture du roman Béton de Thomas Bernhard, dans la collection L'Imaginaire (Gallimard).

Joie au contact de Thomas Bernhard, voilà une phrase que je n'étais pas préparé à lire ce soir !

DavidLeMarrec a écrit:

Joie au contact de Thomas Bernhard, voilà une phrase que je n'étais pas préparé à lire ce soir !

Oui, tout comme Cioran.
Curieusement ces auteurs peuvent avoir un effet tonique sur leur lectorat.
Et puis, je crois qu'on les connait mal, victimes qu'ils sont de leur réputation souvent exagérée.
Dans Béton, il est question de Félix Mendelssohn.
Le narrateur veut se consacrer à une étude sérieuse sur ce compositeur, mais il n'arrive pas à s'y mettre. Il prétexte que c'est la faute à sa soeur qui vient le visiter et sa présence le dérange. Elle finit par le convaincre de partir en voyage pour recouvrer sa santé, ce qu'il fera, il parle de destinations à faire rêver: Palma !
J'ai découvert à sa relecture des détails qui m'ont échappé lors des précédentes: ainsi il évoque brièvement le souvenir de son ami Paul Wittgenstein, celui qu'on retrouve dans Le Neveu de Wittgenstein . . .
C'est vrai que la chute est à mille lieues de ce qu'on s'attend: il rapporte un fait divers d'une navrante tristesse.

Ravélavélo a écrit:

Curieusement ces auteurs peuvent avoir un effet tonique sur leur lectorat.

Exactement!  

DavidLeMarrec a écrit:

Joie au contact de Thomas Bernhard, voilà une phrase que je n'étais pas préparé à lire ce soir !

Et pourtant...
Outre que son humour sarcastique a effectivement tendance à me mettre en joie (tu devrais essayer par exemple Des arbres à abattre ou Mes prix littéraires, c'est souvent à hurler de rire!), il y a toujours chez Bernhard, même dans ses œuvres les moins satiriques, une espèce d'énergie verbale à jet continu et une sorte de méchanceté jubilatoire qui en fait une lecture particulièrement revigorante! (Si tu veux: un peu comme les symphonies de Pettersson, loin de me déprimer, m'emplissent d'une espèce d'énergie positive.)

Benedictus a écrit:

Ravélavélo a écrit:

Curieusement ces auteurs peuvent avoir un effet tonique sur leur lectorat.

Exactement!  

DavidLeMarrec a écrit:

Joie au contact de Thomas Bernhard, voilà une phrase que je n'étais pas préparé à lire ce soir !

Et pourtant...
Outre que son humour sarcastique a effectivement tendance à me mettre en joie (tu devrais essayer par exemple Des arbres à abattre ou Mes prix littéraires, c'est souvent à hurler de rire!), il y a toujours chez Bernhard, même dans ses œuvres les moins satiriques, une espèce d'énergie verbale à jet continu et une sorte de méchanceté jubilatoire qui en fait une lecture particulièrement revigorante! (Si tu veux: un peu comme les symphonies de Pettersson, loin de me déprimer, m'emplissent d'une espèce d'énergie positive.)

Merci pour la référence à Petterson qui manque à ma culture, je vais pousser plus avant mes recherches sur ce compositeur et sa musique.

Il a son fil ici: https://classik.forumactif.com/t1288-allan-pettersson

Benedictus a écrit:

Ravélavélo a écrit:

Curieusement ces auteurs peuvent avoir un effet tonique sur leur lectorat.

Exactement!  

DavidLeMarrec a écrit:

Joie au contact de Thomas Bernhard, voilà une phrase que je n'étais pas préparé à lire ce soir !

Et pourtant...
Outre que son humour sarcastique a effectivement tendance à me mettre en joie (tu devrais essayer par exemple Des arbres à abattre ou Mes prix littéraires, c'est souvent à hurler de rire!), il y a toujours chez Bernhard, même dans ses œuvres les moins satiriques, une espèce d'énergie verbale à jet continu et une sorte de méchanceté jubilatoire qui en fait une lecture particulièrement revigorante! (Si tu veux: un peu comme les symphonies de Pettersson, loin de me déprimer, m'emplissent d'une espèce d'énergie positive.)

Maîtres Anciens est également pas mal dans le genre avec Heidegger qui en prend pour son grade.

Je sors justement de Des arbres à abattre que j'ai beaucoup aimé et si je suis d'accord avec Benedictus sur l'aspect jubilatoire de la méchanceté qu'il affiche, je pense comme David que le terme de joie est un peu fort. Cette introspection très poussée dans la rancoeur a tout de même un aspect fielleux éprouvant (je ne peux pas vraiment dire que je lisais le livre avec plaisir, plus avec une fascination maladive).

Je recommande le Avant la retraite qui se joue actuellement au Théâtre de la porte Saint-Martin mis en scène par Alain Françon avec Catherine Hiegel, André Marcon et Noémie Lvovsky.
(comme spectacle de reprise après les derniers confinements c'était parfait...)
(pas trop la joie non plus)

Très, très intéressant (bien mieux que son titre!): c'est une sorte de synthèse sur les usages du corps chez les Homo sapiens européens de 40 000 à 10 000 avant notre ère, dans une perspective anthropologique.

Petite question : quels sont vos tomes préférés de À la recherche du temps perdu ? et quels sont ceux que vous aimez le moins ?

Mes préférés, c'est le début et la fin: les deux premiers (Swann et Jeunes filles), les plus achevés, ceux où la dimension sensorielle du souvenir d'enfance est rendue avec le plus de «grain», d'un côté; et de l'autre, même si la forme et l'écriture sont plus brouillons, le diptyque Albertine pour son récit très recentré sur l'étude quasi clinique de la jalousie et Le Temps retrouvé pour la façon de prendre en écharpe tout le cycle.
Guermantes et Sodome, il y a dedans des pages que j'adore, mais c'est plus inégal, plus dispersé, il y a davantage de tunnels.

Assez d'accord à propos des deux premiers tomes : la prose y est surnaturelle de beauté.  
D'accord également sur les tunnels au sein de Guermantes , un petit peu moins dans Sodome, à mon sens.
Concernant La Prisonnière et Albertine Disparue, ils sont en effet très monothématiques (l'amour jaloux), on peu avoir envie d'autre chose au bout d'un moment...

Et effectivement, Le Temps retrouvé en termes de parachèvement ça se pose là.

arnaud bellemontagne a écrit:

Concernant La Prisonnière et Albertine Disparue, ils sont en effet très monothématiques (l'amour jaloux), on peu avoir envie d'autre chose au bout d'un moment...

Oui, mais d'un autre côté, on peut presque les lire de façon autonome (en tout cas La Prisonnière): du coup, avec Un amour de Swann, ça peut-être une bonne porte d'entrée pour un lecteur que le foisonnement de la Recherche et l'absence de narration linéaire rebuterait a priori.

Benedictus a écrit:

Mes préférés, c'est le début et la fin: les deux premiers (Swann et Jeunes filles), les plus achevés, ceux où la dimension sensorielle du souvenir d'enfance est rendue avec le plus de «grain», d'un côté; et de l'autre, même si la forme et l'écriture sont plus brouillons, le diptyque Albertine pour son récit très recentré sur l'étude quasi clinique de la jalousie et Le Temps retrouvé pour la façon de prendre en écharpe tout le cycle.
Guermantes et Sodome, il y a dedans des pages que j'adore, mais c'est plus inégal, plus dispersé, il y a davantage de tunnels.

arnaud bellemontagne a écrit:

Assez d'accord à propos des deux premiers tomes : la prose y est surnaturelle de beauté.  
D'accord également sur les tunnels au sein de Guermantes , un petit peu moins dans Sodome, à mon sens.
Concernant La Prisonnière et Albertine Disparue, ils sont en effet très monothématiques (l'amour jaloux), on peut avoir envie d'autre chose au bout d'un moment...

Et effectivement, Le Temps retrouvé en termes de parachèvement ça se pose là.

Merci pour vos retours ! Je suis en train de lire Sodome et Gomorrhe en ce moment (ça fait déjà plusieurs mois que je l'ai commencé, ce n'est pas très adapté à mes disponibilités de lecture), j'aime beaucoup (surtout par touches, en fait, un peu comme Benedictus) ; du côté de Guermantes, je n'avais pas tellement ressenti les tunnels mais peut-être parce que je l'avais lu en assez peu de temps. En tout cas, j'adore les deux premiers et je crois que l'arrivée à Balbec en train est mon passage préféré pour l'instant. Content de savoir que du très bon m'attend pour la suite.

Je suis très curieux à propos de La prisonnière, notamment à cause/grâce au film de Chantal Akerman.

Barbey d'Aurevilly : Les Diaboliques

Milan Kundera
* Risibles Amours (1969)