PP - Met/Nézet-Séguin - Bernstein/Aucoin/Tchaïkovski/Verdi

Beau programme ce soir à la Philarmonie !

Léonard Bernstein : Danses symphoniques de West Side Story
Matthew Aucoin : Heath - King Lear Sketches (Création française)
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Roméo et Juliette (Ouverture-fantaisie)
Giuseppe Verdi : Acte IV d'Otello

Direction : Yannick Nézet-Séguin
Soprano : Angel Blue
Ténor : Russell Thomas
The Met Orchestra

Des tubes certes, mais un beau concert pour terminer la saison, à mon avis ! Roméo et Juliette est typiquement le genre d'œuvre à entendre en salle, avec ce chef cela promet (j'espère) d'être ébouriffant. Et Otello est l'un des mes opéras préférés de Verdi avec Falstaff et Aïda (les derniers quoi ).
Je pense que Nézet-Séguin apportera tout ce qu'il faut de rutilance et de drame dans ces pages. Je ne connais pas du tout les chanteurs.

J'avais pris une place... mais bon, entre le tarif (*2 par rapport à d'habitude sur ma place) et le fait que Renée Fleming ait annulé (c'était sûrement une des dernières fois qu'on pouvait l'entendre dans ce répertoire), la motivation n'a pas été au rendez-vous... Et vu que la bourse aux billets a été réactive!

Étonnamment, le Bernstein a été assez décevant, assez froid et par moments trop clinquant, ça ressemblait vraiment à un tour de chauffe pour l'orchestre et le chef.
Tout s'est arrangé dans un Roméo et Juliette superbe, magnifiquement conduit par Nezet-Seguin : une introduction extrêmement raffinée et une succession de tuilages de toute beauté, puis le passage central très passionné, avec des cordes à la fois diaphanes et tranchantes (manquant un peu de chaleur tout de même) et des cuivres puissants mais bien intégrés au tissu de l'orchestre, et enfin un finale désolé, implacable.

Enfin l'acte 4 d'Otello a été le sommet de la soirée selon moi, pas tant pour les chanteurs (Angel Blue et Russell Thomas solides mais génériques) mais pour l'orchestre et la direction d'une gravité exceptionnelle d'YNS. Sont-ils aussi parfaits dans la fosse du MET les soirs de routine ?
Sans doute les 30 plus belles minutes d'opéra de la saison !

J'ai été frappé par la parfaite intégration des cuivres dans le son global de l'orchestre, ils ne ressortaient pas de manière outrancière, comme dans la plupart des grandes formations US. La petite harmonie n'est pas vraiment sensuelle, il y a un côté "beauté glacée", c'était pareil pour les cordes dans la première partie, plus chaudes et plus rondes dans Otello.

J'ai déjà oublié la création

Curieux de voir la Fantastique ce soir.

J'y étais donc ce premier soir, pour le programme Verdi-Tchaïkovski-Bernstein-Aucoin.

Combien cet orchestre, souvent assez terne en retransmission & au disque, est d'un niveau exceptionnel qui se révèle… lorsqu'il peut répéter un programme. Un des plus impressionnants au monde, je trouve.

Son dense, très sonore, plutôt fin (avec des cordes douces et chaleureuses), brillant dans les tutti… je l'ai trouvé assez uniforme dans les couleurs, pour la musique symphonique (West Side Story, Roméo de Tchaïkovski…), mais d'une finesse de trait hallucinante dans Otello de Verdi – où Angel Blue était, par ailleurs, complètement merveilleuse, flottant avec poésie sur un rôle qui réclame absolument des titulaires charismatiques pour se révéler.

Ils jouent comme un seul homme, avec la qualité de synchronisation d'un quatuor à cordes. Il faut dire que lorsqu'on passe l'année à accompagner des sopranes peu rigoureuses (coucou Gheorghiu) et sans préparation, dans un concert en tournée, à aucun moment on n'est en danger.

J'ai rarement ressenti une telle aisance chez un orchestre (même pour Berlin !). Pittsburgh, le LSO dans ses meilleurs soirs… peu d'exemples à ce degré. Et ils sont vraiment pleinement engagés (coucou l'Opéra de Paris).

Alors, pourquoi cette différence avec les retransmissions ?

Un concert de tournée, ce n'est pas comme la routine d'une vingtième représentation de fosse, évidemment. Mais il y a une autre raison, que les lecteurs assidus de la rubrique concerts du forum connaissent désormais : on sait qu'au Met (et dans d'autres maisons) on répète peu les productions déjà connues. Les chanteurs arrivent à la générale, et vogue la galère.

Mais ce qu'on a appris récemment sur le forum, c'est qu'il arrivait (même pour du Richard Strauss !!) qu'il n'y ait pas de générale : le chef arrive, et il dirige le concert. Sans concertation préalable. Je ne sais même pas comment c'est possible – mais ça explique clairement la différence de finition entre les deux cas !

tomseche89 a écrit:

Étonnamment, le Bernstein a été assez décevant, assez froid et par moments trop clinquant, ça ressemblait vraiment à un tour de chauffe pour l'orchestre et le chef.
Tout s'est arrangé dans un Roméo et Juliette superbe, magnifiquement conduit par Nezet-Seguin : une introduction extrêmement raffinée et une succession de tuilages de toute beauté, puis le passage central très passionné, avec des cordes à la fois diaphanes et tranchantes (manquant un peu de chaleur tout de même) et des cuivres puissants mais bien intégrés au tissu de l'orchestre, et enfin un finale désolé, implacable.

Ah tiens, j'ai eu le même ressenti dans les deux : tout était aux mêmes dynamiques dans le Roméo. Techniquement d'une aisance folle, mais je n'ai pas été très touché.

Citation :

J'ai déjà oublié la création

Tonal, très accessible, mais un peu fade, oui… ça manque de saillances, d'idées qui fasse qu'on soit intéressé. Ce serait très bien pour une musique d'accompagnement, mais en tant que tel, je n'ai pas été captivé moi non plus.

Pas grand-chose à ajouter à vos impressions. Je suis plutôt du côté de tomseche pour Roméo, intelligemment mené avec ce travail sur les cordes diaphanes dans l'introduction à la première présentation du thème d'amour et qui a vraiment décollé en seconde partie, Nézet-Séguin faisant montre de la poigne qu'on lui connaît.

Création assez peu marquante (du Chostakovitch désolé dans la première section) en première écoute, mais le Met a monté l'Eurydice du même compositeur dont l'enregistrement me plaît bien.

Excellent orchestre, bien sonore, rutilant, aux cuivres brillants. Contrebasses (archets mixtes) lyriques de grande beauté dans Otello. Petite harmonie peut-être pas hyper typée (très bonne néanmoins), même si on distinguait le vibrato du basson dans l'aigu, dans Otello toujours.

Respect à Mme. Marylin Stroh, altiste à l'orchestre depuis... 1960.

(le nom des quatre chanteurs des rôles secondaires d'Otello n'était mentionné nulle part, c'est assez scandaleux, même si sans doute prévu contractuellement. On trouve malgré tout les noms de Deborah Nansteel pour Emilia et Michael Chioldi pour Iago dans la presse.)

Je profite de ce fil pour écrire mon premier "vrai" post (je viens de me présenter dans la section dédiée) !

J'étais au fond du premier balcon et plusieurs choses m'ont surpris :
- La réapparition du programme papier. J'ai demandé à l'ouvreuse si c'était désormais la règle ; elle m'a dit que la tendance était plutôt à la réduction du papier, mais elle n'avait pas l'air bien informée.
- Des lumières (assez vives) sont restées allumées au-dessus du premier balcon pendant tout le concert. Une personne a même changé de place parce que cela l'éblouissait. Je n'ai pas de souvenir de cet éclairage dans le passé. J'ai posé la question à un ouvreur qui n'avait pas l'air beaucoup mieux informé que la précédente.
- J'ai remarqué (sauf erreur de ma part) la présente de Peter Gelb au devant du 1er balcon. Je doute qu'il suive l'orchestre du Met pendant toute la tournée, et je me demande donc pourquoi il était là à ce concert en particulier.

(bienvenue Dalloway !)

Dalloway a écrit:

- Des lumières (assez vives) sont restées allumées au-dessus du premier balcon pendant tout le concert. Une personne a même changé de place parce que cela l'éblouissait. Je n'ai pas de souvenir de cet éclairage dans le passé.

Il y a quelques places au-dessus desquelles des lumières restent allumées au fond du 1er balcon, au fond de l'arrière-scène aussi, c'est pénible. (peut-être y avait-il des lumières supplémentaires allumées hier ?)

Dalloway a écrit:

- J'ai remarqué (sauf erreur de ma part) la présente de Peter Gelb au devant du 1er balcon. Je doute qu'il suive l'orchestre du Met pendant toute la tournée, et je me demande donc pourquoi il était là à ce concert en particulier.

La tournée n'est pas très longue, Gelb va certainement l'accompagner, c'est l'occasion de faire la pub du Met, de discuter avec ses homologues européens (Alexander Neef était présent aussi hier), et de bichonner les mécènes du Met.

mickt a écrit:

Il y a quelques places au-dessus desquelles des lumières restent allumées au fond du 1er balcon, au fond de l'arrière-scène aussi, c'est pénible. (peut-être y avait-il des lumières supplémentaires allumées hier ?)

Effectivement, c'est à ces lumières que je faisais référence. Je n'avais jamais remarqué leur présence.

mickt a écrit:

La tournée n'est pas très longue, Gelb va certainement l'accompagner, c'est l'occasion de faire la pub du Met, de discuter avec ses homologues européens (Alexander Neef était présent aussi hier), et de bichonner les mécènes du Met.

D'accord, je ne suis pas très au fait de ces enjeux institutionnels !