[PP] Berlin & K. Petrenko (Reger, R. Strauss)

Pour l'ouverture de saison de la Philharmonie :

Variations Mozart de Reger
Ein Heldenleben de R. Strauss

https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/concert-symphonique/26070-berliner-philharmoniker-kirill-petrenko

Donc le programme papier est déjà revenu??

Oui ! Mais il n'est plus plastifié, papier manifestement recyclé. Sans doute le bon compromis.

Zarmosas a écrit:

Oui les portes sont belles et le programme papier un peu plus sobre...tendance écolo sans doute

C'est surtout qu'il avait été complètement supprimé en théorie.

Citation :

Salle pleine et sage

Il restait plein de places (+100€) 1h avant le concert sur le site (dont le tiers du parterre…). Ils en ont vendu un peu en première minute et les gens sont se replacés en comblant les trous, donc ça avait l'air bien plein… mais ce n'était pas du tout sold out, même pour Berlin.


Sensiblement le même ressenti que toi : orchestre magnifique (le fruité d'Albrecht Mayer, un basson français d'une volupté comme j'en ai rarement entendu, la douceur des cordes…), pas forcément très touché par les deux œuvres – ce n'est pas la direction ni l'orchestre qui sont en cause. Je me suis pris à rêver à ce que donnerait l'ONDIF dans Heldenleben plus tard cette saison – avec des timbres plus inégaux, et peut-être de ce fait, avec leur enthousiasme, une tension supérieure.

Mais clairement, pas du tout l'orchestre le plus impressionnant que j'aie entendu en salle. (Rien à voir avec Pittsburgh, le Met, Philadelphie…)

Oui, c'était un "petit" Berlin samedi soir, par rapport à la 9e de Schubert il y a 2 ans, par exemple !
Ou plutôt un petit Petrenko, qui s'est un peu compliqué la vie, me semble-t-il, dans Heldenleben. Pas convaincu par ces silences exagérément longs ni par ces tempos vraiment étirés par moment. En revanche, la séquence de la bataille était assez jouissive.
Prestation éblouissante de l'orchestre évidemment mais ils ont déjà fait mieux. Première violon impeccable mais manquant un peu de panache.
J'ai été happé visuellement par Albrecht Mayer durant les dernières minutes du morceau, qu'il vivait de manière très intense, accompagnant les cordes de sa main, guettant les interventions des solistes... Pendant les saluts, il a félicité impérieusement la vingtaine de ses voisins par un geste de la main ou de la tête. Hallucinant de charisme, le véritable patron de toute la petite harmonie !
Globalement, dans l'attitude, ces musiciens donnent le sentiment d'être conscients de leur supériorité, c'est assez spectaculaire à voir !

Pas pu assister à la première partie malheureusement.

Salle remarquablement remplie tout de même par rapport à d'habitude.

PS : personne n'a donc été contrôlé pour son âge, c'est bien ça ? C'est pour un ami

Je ne sais pas si je les ai trouvés petits ou inférieurs à leur potentiel, j'ai vraiment retrouvé leurs qualités de transparence typique depuis l'ère Rattle-Petrenko, leur douceur, les individualités superlatives… pour ma part ce sont vraiment les œuvres qui ne m'ont pas conquis – et dans le Strauss, paradoxalement, quelque chose de plus sale et approximatif m'aurait peut-être plus touché. (Mais Heldenleben avec moi, trois fois sur quatre ça me laisse perplexe, une fois sur quatre ça m'enthousiasme.)

tomseche89 a écrit:

Pas pu assister à la première partie malheureusement.

Heldenleben était plus habité, mais il faut dire que ces Variations de Reger font assez peu briller un orchestre, quel qu'il soit.

Citation :

PS : personne n'a donc été contrôlé pour son âge, c'est bien ça ? C'est pour un ami

Si, si, c'est juste que ça dépendait des ouvreurs vu qu'il y avait un peu panique à bord (ça déchirait les bords des places imprimées et lisait visuellement les QRcodes, la vérification d'identité n'était pas la priorité). Clairement ton ami va se faire contrôler cette saison, malgré son apparence d'une verdeur toute faustienne.

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

PS : personne n'a donc été contrôlé pour son âge, c'est bien ça ? C'est pour un ami

Si, si, c'est juste que ça dépendait des ouvreurs vu qu'il y avait un peu panique à bord (ça déchirait les bords des places imprimées et lisait visuellement les QRcodes, la vérification d'identité n'était pas la priorité). Clairement ton ami va se faire contrôler cette saison, malgré son apparence d'une verdeur toute faustienne.

J'ai essayé de voir s'il y avait des contrôles mais il n'y avait pas tant de jeunes que ça et comme le dit David c'était assez désorganisé, donc difficile de trop savoir. Sans doute faudra-t-il agiter un vague justificatif à l'entrée quand même. (mais tomseche98 n'a aucune crainte à avoir !)

DavidLeMarrec a écrit:

Oui !  Mais il n'est plus plastifié, papier manifestement recyclé. Sans doute le bon compromis.

Le papier d'avant n'était pas plastifié (en général c'est une forme d'amidon qui donne l'aspect luisant ou lisse requis), et était bien d'origine recyclée. Le nouveau est plus cheap et peut-être plus écolo (et il fait plus de bruit à la tourne !). Les compositions d'orchestre restent indiquées au complet.

mickt a écrit:

Le papier d'avant n'était pas plastifié

Oui, c'est ce que tu me dis à chaque fois – mais je ne sais pas comment l'appeler autrement… et j'ignorais qu'il s'agît d'un amidon !

Citation :

et était bien d'origine recyclée.

Ça je l'ignorais.

Citation :

Le nouveau est plus cheap et peut-être plus écolo (et il fait plus de bruit à la tourne !). Les compositions d'orchestre restent indiquées au complet.

Il y a tout dedans, c'est l'essentiel. Il est vrai qu'il est difficile de s'en passer en salle, même si je comprends la préoccupation évidemment (tant de papier gaspillé). Il faudrait, au moment de l'achat de la place, pouvoir décocher une case si on n'en veut pas.

Sinon je vous trouve plutôt durs avec les Berliner qui m'ont paru pas moins impériaux que d'habitude. Y compris en effet dans leur attitude, comme le souligne tomseche : quand ils entrent sur scène au début du concert, on sent bien qu'ils se contrefichent complètement des applaudissements du public.

Les Variations de Reger en ouverture, choix curieux mais qui prenait son sens si l'on songeait à l'autre programme que proposait l'orchestre pendant cette tournée : les Variations Haydn de Brahms, les Variations pour orchestre de Schönberg, et la 8e symphonie de Beethoven. En y associant le grand jeu d'auto-citations de la Vie de héros, ça constituait un panorama brillant de variations de compositeurs sur leurs précédesseurs, de pastiches et de jeux de citations. En ne présentant qu'un des programmes ça tombait un peu à plat.

Néanmoins l'œuvre de Reger s'écoute facilement, sans être très marquante. Quelques petites originalités d'orchestration (le fond des violons qui joue des notes tenues dans le grave : l'œil du spectateur s'égare, mais qui joue donc ?), la joliesse du thème et de ses développements, la bonne facture de l'écriture suffisent à maintenir l'attention.

J'ai trouvé la Vie de héros, très bonne, la transparence héritée de Rattle en effet mais la puissance et la rutilance aussi. Tout ça comme toujours fermement contrôlé par Petrenko, mais il sait lâcher les chevaux dans le Combat. Tempos peut-être trop alanguis pour les deux derniers épisodes, mais l'accord final était parfait.

Au cor, remarquable Matias Piñeira du Philharmonique de Munich effectivement (le dialogue avec le violon solo sur la fin !). Au fait Berlin cherche à recruter un nouveau cor solo ? Scène frappante vers la fin aussi : le timbalier Wieland Welzel qui, pour jouer une ponctutation répétée de deux notes, lève le visage vers la gauche et fixe un point à l'horizon, en tout cas regarde pendant de longs moments tout sauf le chef, ses collègues, ou son instrument. Et c'était joué avec une musicalité magnifique !

Bref très belle ouverture de saison.

mickt a écrit:

Sinon je vous trouve plutôt durs avec les Berliner qui m'ont paru pas moins impériaux que d'habitude.

Durs ? Je n'en ai dit que du bien.

Oui mais tu as dit que le moindre orchestre universitaire américain était meilleur (je cite de mémoire).

Mauvaise mémoire. J'aime beaucoup le Peabody SO mais je n'ai pas dit ça pour autant.

Je dis juste que le niveau est invraisemblable à la Philharmonie, et que la hiérarchie colportée dans les magazines ne correspond pas vraiment à ce que j'entends – Pittsburgh, Met et Philadelphie m'ont paru vraiment un cran au-dessus de Chicago, Cleveland, San Francisco et Berlin, étrangement.

Mais ce n'est pas parce que certains sont encore meilleurs que les autres sont moyens…    J'ai même souligné les singularités de Berlin. (Et avec eux, on ne s'ennuie pas comme avec certains orchestres bataves qui ne savent que faire du joli.)

C'est avec les Variations de Reger que je vous trouve durs ! Il est vrai que je rêve depuis des années d'entendre cette oeuvre en concert, et je n'ai pas été déçu.
Oeuvre très séduisante pour une oeuvre de Reger, au contrepoint triomphant, mais moins chromatique que d'habitude, avec une orchestration plus claire, comme dans ses dernières oeuvres orchestrales.
Et la fugue, monumentale, m'a fait frissonner ! Mais pourquoi, Mickt, est-ce un choix curieux de commencer par cette oeuvre ??
Très belle interprétation, transparente, presque doucereuse parfois. J'ai adoré à la fin de certaines variations les fins de phrase pianissimo particulièrement travaillées.
Suis moins sensible aux grosses machines straussiennes. J'ai donc apprécié la clarté de l'orchestre. La bataille était moins assourdissante que d'habitude, et c'est tant mieux ! Formidable violoniste.
La seule chose que je reprocherai à cet orchestre, c'est, quel que soit le chef, une certaine froideur, un manque de tension.
C'est parfait, mais ça n'est pas inoubliable (sauf la fugue !).

Fritelli a écrit:

Mais pourquoi, Mickt, est-ce un choix curieux de commencer par cette oeuvre ??

Curieux simplement au sens de surprenant, parce que l'œuvre et le compositeur sont peu joués, a fortiori par des orchestres en tournée, et parce qu'on ne saisissait pas forcément la cohérence du programme. Mais je ne me plains pas du tout, je préfère ça à un concerto rebattu. Et c'est vrai que la fugue finale fait son effet !

Très agréable concert de rentrée ! L'occasion de retrouver Mickt et de croiser plusieurs têtes connues. Quelques trous dans les rangs nous ont permis de nous replacer ensemble plutôt avantageusement.

Sur l'orchestre, effectivement, c'était parfait, absolument aucun défaut (à supposer que ce point ne soit pas intrinsèquement un défaut justement). Rien noté de singulier ou d'exceptionnel, peut-être une austérité de visages... Ce que Mickt n'a pas osé vous dire, c'est que le timbalier nous regardait lorsqu'il a quitté le regard du chef : nous avons donc dirigé conjointement pendant quelques mesures, d'où le moment exceptionnel...


Sur le programme : il prend sens avec les explications de Mickt sur la tournée de l'orchestre. Sinon, on aurait pu penser à quelque chose d'original, à domicile, mais pas un programme pour briller en tournée.
Reger : pas nécessairement une pièce mémorable. Le thème de Mozart est plaisant, agréable ; les variations très bien menées. Il ne m'en restera sûrement pas un grand souvenir, mais ravi de l'avoir entendu une fois en concert.

Strauss : pas une version mémorable non plus. C'était très bien, mais pas inoubliable. Je n'ai pas senti la baisse de tension après le combat. Violon solo mémorable.

Chef globalement dans l'économie de mouvement, avec un petit sourire permanent au coin des lèvres. Très différent d'un Mäkelä très expressif, par exemple.

Comme tous les ans, j'ai du mal à me remettre aux concerts, au moment de la rentrée. La longue pause estivale casse l'élan, et je n'ai pas particulièrement envie d'aller m'enfermer dans des métros, puis dans une salle et de ressortir à la nuit. L'appétit revient toujours en mangeant, espérons-le !