PP - Mahler n° 9 - K. Mäkelä, Orch. de Paris - 3/10/24

Sublime concert... mais je dois dire que c'était ma première 9eme de Mahler en concert - alors bien sûr, ça fait de l'effet...
En très court : l'orchestre de Paris dans ses grands jours, tous les pupitres étant parfaitement mis en valeur, par ce chef...
et de fait, ce fut une lecture plus hédoniste que tragique ou mystique. Tout sonnait magnifiquement (même si certaines nuances étaient absentes, surtout dans le 1er mvt), mais au final, avec plus d'effets que l'émotion d'un chant d'adieu...
Malgré tout, entendre cette oeuvre en concert, ça "fait quelque chose"... et l'Adagio final était quand même à la fois très bien construit, mené, léché ET émouvant.

J’y étais ce soir.
À part le premier mouvement plutôt bien maîtrisé dans la forme, un poil déçu quand même.
Le deuxième mouvement était le moins réussi, le tempo I est trop rapide, c’est vite confus dans l’orchestre, du coup le tempo II n’arrive plus à tenir…c’est quand même une partition de Mahler avec un contrepoint précis et complexe, alors de voir Mäkelä s’exciter et danser sur scène ça impressionne, mais en fermant les yeux on constate un peu l’esbroufe…
Un peu mieux sur le Rondo-Burleske, mais il manque quand même de la nuance.
Dernier mouvement trop étale, trop lent…de l’effet et encore de l’effet…C’est un Adagio, « lent et sur la réserve » mais un adagio quand même.
Bref, une 9eme un peu patachonne qui manque d’épaisseur

Spéciale dédicace au public parisien de plus en plus c……. à tousser comme des malades sur les dernières longues notes de la partition…
Ou quand cela est joué en Autriche ou en Allemagne, le silence règne…

Oui, je suis d'accord que "ça manquait d'épaisseur"...

Et les toussements, surtout à l'Adagio final, atroce !

Je n'y étais pas (je limite ma consommation de concerts pour laisser la place à d'autres projets musicaux), mais ça faisait envie sur le principe : j'avais été très impressionné par son adagio de la 10 (en complément de la très chouette symphonie de Larcher, je crois), avec la beauté plastique que vous décrivez, et une réelle qualité dans les gradations.

Ensuite, que ce ne soit pas la version la plus vertigineusement métaphysique, je vous crois très volontiers, ce n'est pas le genre de la maison.

D'accord avec Vinteix, l'OP est en général très bien mis en valeur dans Mahler, on sent qu'ils connaissent et aiment cette musique, souvent des soirées où ils sont à leur plus généreux.

DavidLeMarrec a écrit:

Ensuite, que ce ne soit pas la version la plus vertigineusement métaphysique, je vous crois très volontiers, ce n'est pas le genre de la maison.

D'un autre côté c'est la Neuvième de Mahler, alors si ce n'était pas au minimum un peu vertigineux ça devait forcément ressembler à du gâchis (quant aux toux dans la coda de l'Adagio, non seulement l'idée même m'est insupportable, mais c'est la preuve que le chef n'a pas bien réussi à captiver son auditoire)...

Spoiler:

J'y étais mercredi, c'était superbe, ce qui a été comique au niveau des toux c'est après le I, je crois que je n'ai jamais assisté à un tel concert de toux, pendant presque une minute, des centaines de personnes qui toussent en même temps, Mäkelä et les musiciens en riaient...

Dans le final, des moments de silence vraiment respectés, et quelques toux, oui, quand même.

Dans le I, je me suis dit qu'il n'y avait qu'en salle (et surtout dans cette salle, au 1er rang du balcon de côté) que je pouvais entendre cette musique de si belle façon.
Dans le IV, à cause des toux, je me suis dit le contraire.

De toute façon ça fait forcément de l'effet en salle, et ce n'était certainement pas mal joué (je suppute à partir de ce que j'ai entendu de Mäkelä et des commentaires de Vinteix et Charlym, notamment sur les choix de tempo)...

Et les toux, bon (pour moi c'est encore pire à la fin du I, d'ailleurs...)

Pour ma part j'ai trouvé les tempi tout à fait équilibrés et sans parti-pris particulièrement surprenants, j'ai chronométré le tout en 1h24 (moins des petites pauses entre les mouvements ça devait faire 1h22 ou 1h23), ce qui est tout à fait standard, bon évidemment ça ne dit rien de chaque mouvement, mais je n'ai ni trouvé le II trop rapide (au contraire, sinon il a tendance à m'ennuyer encore plus), ni le final trop lent.

Ah oui j'avais mal lu, je croyais que le I était trop rapide...

(Mon grand regret, c'est d'avoir loupé Chung dans cette œuvre l'année dernière il y a deux ans (déjà)...)

Golisande a écrit:

Ah oui j'avais mal lu, je croyais que le I était trop rapide...

(Mon grand regret, c'est d'avoir loupé Chung dans cette œuvre l'année dernière il y a deux ans (déjà)...)

C'était vraiment très bien, mais pas ultime pour autant, quelque chose restait d'un peu formel, d'un peu attaché au son et à la manière avant même le discours ; il est meilleur dans Bruckner, je trouve (où, là, il n'a pas son pareil pour conduire le discours).

Un grand souvenir de Chung mais c'était il y a 10-12 ans à Pleyel.

Je l'ai aussi entendu à Pleyel dans Mahler, et il est bien possible que ce soit dans la 9; en tout cas j'avais adoré sa 6e à Radio France...

Xavier a écrit:

mais je n'ai ni trouvé le II trop rapide (au contraire, sinon il a tendance à m'ennuyer encore plus), ni le final trop lent.

Disons que l'Adagio est devenu un Largo, mais c'est vrai que beaucoup de chefs le jouent ainsi.
J'avais découvert cette symphonie à l'écoute plus ou moins en même temps que j'en avais étudié la partition, et je n'avais jamais compris pourquoi je l'entendais souvent joué trop lentement.
Jusqu'à ce que j'entende la version de Boulez qui me semble beaucoup plus appropriée pour ce dernier mouvement, suffisamment solennel dans l'écriture pour ne pas y ajouter cette lenteur extrême, et à vouloir en faire des caisses comme de nombreux chefs. Molto adagio, c'est très bien.

Charlym a écrit:

Disons que l'Adagio est devenu un Largo, mais c'est vrai que beaucoup de chefs le jouent ainsi.
J'avais découvert cette symphonie à l'écoute plus ou moins en même temps que j'en avais étudié la partition, et je n'avais jamais compris pourquoi je l'entendais souvent joué trop lentement.
Jusqu'à ce que j'entende la version de Boulez qui me semble beaucoup plus appropriée pour ce dernier mouvement, suffisamment solennel dans l'écriture pour ne pas y ajouter cette lenteur extrême, et à vouloir en faire des caisses comme de nombreux chefs. Molto adagio, c'est très bien.

Tous les chefs spécialisés dans la musique du 20 siècle tels que Boulez, Rosbaud, Maderna, Zender, Gielen I (mais pas II) ont pris l'Adagio assez allant.

Cela étant dit, pris plus lentement je pense ca s'éqiilibre aussi dans le sens où le dernier moument fait plus le contrepoids avec I.

9eme de Mahler philharmonie de Paris octobre 2024
Grand concert mal compris par quelques critiques rendus sourds par leurs prejugés et prenant la netteté de l'acoustique de la salle pour des caprices du chef. Evidemment pendant une centaine de mesures l'orchestre un peu froid n'a pas répondu avec la précision, l'enthousiasme,la maîtrise instrumentale, la beauté de son qui le rendent aujourd'hui incomparable en Europe et dont il a fait preuve pendant tout le reste du concert
Merci donc a Makela de le porter a un tel niveau. Merci aussi de donner à l'orchestre mahlèrien tout son relief instrumental souvent simplifié par une mauvaise compréhension du rapport entre l'écriture du compositeur et le son grandeur nature des instruments qui la prennent en charge, soit collectivement par groupe ( percussions, cuivres, vents, cordes) soit individuellement selon la créativitè de l'orchestration. Merci à tous ces solistes formidables dont les merveilleux violon, alto, violoncelle soli, et les sublimes cors. Tout au long du concert ( et j'ai encore le son en mémoire obtenu dans ma lointaine adolescence par le philharmonia de Londres réglé par Klemperer) j'ai été stupéfait par l'intelligence de ce jeune chef, de l'énergie de sa battue et de sa capacité à galvaniser ses troupes! Un remarquable compte rendu du concert évoquait le souvenir de Bernstein. J'ai plutôt pensé à l'admirable mahlérien trop peu connu en France parce qu'il n'a jamais sauf erreur dirigé ici Klaus Tennstedt avec en plus la fougue de la jeunesse.

Bienvenue à toi.

C'est pas la bonne rubrique, je vais déplacer. (et puis le titre est un peu vague! Il y a un sujet existant pour ce concert je crois.)

Michel Bettane a écrit:

Grand concert mal compris par quelques critiques rendus sourds par leurs prejugés et prenant la netteté de l'acoustique de la salle pour des caprices du chef.

Pas bien compris le lien entre l'acoustique et les caprices du chef...

Quant aux critiques, c'est comme pour le vin : voir Mäkelä diriger, c'est un peu comme boire l'étiquette