PP_19OCT_Bruckner_S8_Jordan+Orch.Opéra.Paris

L'an dernier, Barenboïm et sa Staatskapelle Berlin m'avaient un peu laissé sur ma faim.

Voici venir Philippe Jordan et ses troupes de l'opéra de Paris dans la 8ème de Bruckner.
Je suis assez curieux d'entendre comment sonne l'orchestre dans la réverbération très généreuse de la Philharmonie.
N'ayant jamais vu Jordan diriger, ce sera pour moi une source d'intérêt supplémentaire.

Salle quasi comble a priori.

Vendredi 19 octobre 2018 — 20h30


Programme
Anton Bruckner
Symphonie n° 8


Distribution
Orchestre de l'Opéra national de Paris
Philippe Jordan, direction

J'y vais en espérant que Jordan ne va pas nous lisser et arrondir Bruckner plus que de raison.

arnaud bellemontagne a écrit:

J'y vais en espérant que Jordan ne va pas nous lisser et arrondir Bruckner plus que de raison.

Je lui en voudrais mortellement s'il décidait de faire ça !

Jordan et l'ONP en concert, c'est certes rond, mais en général très animé, ils se donnent vraiment pour ces concerts – leur Mahler 2, leur intégrale Tchaïkovski étaient vraiment ébouriffants. Ce sera du Bruckner tradi et confortable, mais certainement pas mou ni impavide.

Si ce n'était la symphonie de Bruckner qui ne me touche pas du tout, j'y serais allé !

J'espère que le dernier mouvement sera bien ronflant et que le timbalier sera dans un grand jour (genre Harnoncourt + Berlin chez Teldec pour les amateurs).

En général, ils ne sont pas à l'économie pour le symphonique ; et puis après Barenboim, ça ne peut que paraître élancé et rutilant.

DavidLeMarrec a écrit:

Jordan et l'ONP en concert, c'est certes rond, mais en général très animé, ils se donnent vraiment pour ces concerts – leur Mahler 2, leur intégrale Tchaïkovski étaient vraiment ébouriffants. Ce sera du Bruckner tradi et confortable, mais certainement pas mou ni impavide.

A la bonne heure.

Nous y serons également, ainsi que le lendemain après-midi pour la n° 8 de Bruckner.

Je ne comprends pas bien : il est précisément question de la Huitième de Bruckner dans ce fil.

Le concert m'a plu dans l'ensemble mais quelques aspects m'ont dérangé.

D'abord les équilibres sonores entre les cuivres et les cordes. Dans les tutti, les premiers violons m'ont semblé bien aigrelets, belle sonorité mais manque de puissance. Beau pupitre de violoncelle. Les cuivres étaient très très sonores, les trombones trop à mon goût. Belle trompette solo et magnifiques tubens wagner.

Dans le premier mouvement, j'ai senti de la fébrilité au niveau rythmique. il faut dire que Philippe Jordan n'était pas spécialement simple à suivre avec des ralentis et des accélérations, des points d'orgue un peu intempestifs ...
Le tout s'est mis en place à la fin du second mouvement mais les tempi choisis m'ont semblé peu naturels tout le long de l'oeuvre, en particulier dans le finale où certains traits de cuivres étaient vraiment difficiles à réussir sur un rythme aussi élevé.

Belles harpes, belles timbales, pupitre de cors qui a tenu la route malgré quelques petits défauts dans les attaques.

La direction m'a posé problème. En fait, j'ai senti mille petites intentions louables et de très belles choses dans le soin apporté aux détails mais le tout m'a semblé manquer de cette vision d'ensemble inéluctable que l'on trouve dans les plus grandes interprétations.
Petite tendance aussi à couper les fins de phrases, un peu dommageable dans ce répertoire à mon sens.

La sonorité d'orchestre de la Staatskapelle de Berlin m'avait semblé plus brucknérienne mais la prestation de l'orchestre de l'opéra m'a paru satisfaisante malgré les quelques réserves évoquées.

Kir75 a écrit:

les trombones trop à mon goût.

Ah, tu as eu les jaunes ! Oui, dans cet orchestre, les trombones sont vraiment gras…

Citation :

Petite tendance aussi à couper les fins de phrases, un peu dommageable dans ce répertoire à mon sens.

C'est-à-dire ? Faire retomber progressivement le son ou au contraire interrompre brutalement ? Dans les deux cas, c'est un peu écrit comme ça. Tu aurais voulu quoi, je ne suis pas trop sûr de ce que tu veux dire.

Citation :

La sonorité d'orchestre de la Staatskapelle de Berlin m'avait semblé plus brucknérienne

Si par brucknérien tu veux dire épaisse et opaque, alors oui, sans doute, mais la Sk Berlin ne m'a pas paru particulièrement à l'aise avec ce répertoire (même indépendamment de la direction de Barenboim que j'ai trouvée, toute impudence bue, à contresens).

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

[...] manquer de cette vision d'ensemble inéluctable que l'on trouve dans les plus grandes interprétations. Petite tendance aussi à couper les fins de phrases, un peu dommageable dans ce répertoire à mon sens.

Citation :

La sonorité d'orchestre de la Staatskapelle de Berlin m'avait semblé plus brucknérienne

Tu aurais voulu quoi, je ne suis pas trop sûr de ce que tu veux dire.

Ben si, je crois que je vois: Bruckner tel qu'on l'a joué et surtout enregistré depuis la fin des années 60, genre Giulini-Celibidache, «mystique et grandiose», quoi.

Pas évident pour moi dans ce qu'a écrit Florian.

Kir75 a écrit:

Le concert m'a plu dans l'ensemble mais quelques aspects m'ont dérangé.

Pareil !
Une belle soirée globalement grâce à un orchestre somptueux, très fin, un pupitres de cuivres d'une impressionnante solidité, parfaitement à l'unisson, avec sonorité glorieuse tout le long du concert.
Seulement, Jordan ne prend pas l'oeuvre à bras le corps (contrairement à l'impressionnante 5e par Harding en début de saison), c'est très joli, mais on reste un peu à la surface, comme si l'orchestre en gardait sous le coude, notamment chez les cordes ! Il a fallu attendre le début du Finale (qu'est-ce qu'il sonne bien dans cette salle !) pour entendre un orchestre vraiment engagé.

Très beau succès dans la salle, on verra ce que donne la 3e de Mahler en janvier à Bastille.

Surtout emballée à partir du deuxième mouvement avec ce thème lancinant très bien valorisé par un orchestre que j'ai trouvé très brouillon (limite...) lors du premier mouvement. Quelques "tunnels" quand même ensuite (mais j'étais fatiguée je l'avoue...) mais globalement du beau son.
Troisième mouvement pas mal, quatrième grandiose.
Pas tout à fait "fini" quand même. Je trouve Jordan plus inspiré dans le désordre organisé de Strauss. Faut dire que Bruckner c'est pas facile à interpréter.

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Petite tendance aussi à couper les fins de phrases, un peu dommageable dans ce répertoire à mon sens.

C'est-à-dire ?  Faire retomber progressivement le son ou au contraire interrompre brutalement ? Dans les deux cas, c'est un peu écrit comme ça. Tu aurais voulu quoi, je ne suis pas trop sûr de ce que tu veux dire.

Citation :

La sonorité d'orchestre de la Staatskapelle de Berlin m'avait semblé plus brucknérienne

Si par brucknérien tu veux dire épaisse et opaque, alors oui, sans doute, mais la Sk Berlin ne m'a pas paru particulièrement à l'aise avec ce répertoire (même indépendamment de la direction de Barenboim que j'ai trouvée, toute impudence bue, à contresens).

Je trouve que Jordan avait tendance à demander des coupes très nettes, sans permettre aux dernières notes de sonner. Coupures suivies de silences trop fréquents dans le premier mouvement. Dommageable par rapport à l'idée d'un flux musical ininterrompu et  cyclique, idée qui me plaît assez dans Bruckner, en particulier dans la 8è. ça s'est amélioré à partir du deuxième mouvement.

Sur le son d'orchestre, en effet, brucknérien ne veut rien dire. J'entends par là un excellent équilibre entre les pupitres, de la puissance sans dureté, une grande cohésion, un fondu sonore, un côté grandes orgues. Sur ce plan là, la SKB m'avait semblé nettement supérieure même si la direction de Barenboïm avait tendance à souligner cela à outrance.

Dans le style, il y a évidemment Celi et Munich mais aussi Blomstedt avec le Gewandhaus et, même si ce n'est pas la même chose, Rattle avec Berlin dans la 9è.

Kir75 a écrit:

Je trouve que Jordan avait tendance à demander des coupes très nettes, sans permettre aux dernières notes de sonner. Coupures suivies de silences trop fréquents dans le premier mouvement.

Ah, mais c'est écrit comme ça, les interruptions des grands crescendos suivies de silences ! Certains le lissent effectivement, mais Bruckner écrit de façon très discontinue : idée A, crescendo, silence, idée B, développement, silence, reprise et enflement de l'idée A, etc. Comme un dialogue sur des jeux d'orgue. Les deux options fonctionnent, mais ce n'est pas le fruit d'un manque de maîtrise en tout cas, c'est vraiment conçu hoquetant comme ça. Mais je comprends ce que ça a de frustrant, surtout quand on est habitué à Mahler (qui juxtapose mais n'interrompt guère).

Citation :

Dans le style, il y a évidemment Celi et Munich mais aussi Blomstedt avec le Gewandhaus et, même si ce n'est pas la même chose, Rattle avec Berlin dans la 9è.

En effet, lissé est alors le mot.

Je n'étais pas dans les dispositions requises pour avoir envie d'entendre du Bruckner* ce soir là, ce qui fait que j'ai passé l'heure et demie du concert à penser à ma liste de courses...





* pourtant une de mes symphonies préférées.

ça m'est arrivé pendant d'autres concerts.
D'ailleurs, il serait probablement intéressant de faire une analyse sur le contenu des listes de courses en fonction des répertoires )
Mozart : tablettes de chocolat, mascarpone ...
Beethoven : produits d'entretien
Bruckner : pomme de terre, fromage à raclette
Comme ça Google et Amazon pourraient nous envoyer des publicités ciblées pendant les concerts.

arnaud bellemontagne a écrit:

Je n'étais pas dans les dispositions requises pour avoir envie d'entendre du Bruckner* ce soir là, ce qui fait que je passé l'heure et demi du concert à penser à ma liste de courses...




* pourtant une de mes symphonies préférées.

Ouche, en effet. Ca m'est arrivé une fois à Saintes (programme radicalement opposé mais tout aussi casse-pieds); sauf que moi, j'ai passé tout le concert à feuilleter le programme général du festival pendant que ma voisine surfait sur internet via son smartphone

Kir75 a écrit:

Comme ça Google et Amazon pourraient nous envoyer des publicités ciblées pendant les concerts.