Rued Langgaard (1893-1952)

Benedictus a écrit:

Nettement! D'une manière générale, l'intégrale Dausgaard manque vraiment de couleur, de transparence, de nerf et de relief - et dans cette symphonie-là, c'est assez rédhibitoire. (Segerstam est déjà nettement mieux, quoique dans un genre assez «global», mais Oramo / Berlin, c'est vraiment LA version!)

J'abonde : déjà une très belle œuvre, et Dausgaard fait très bien le job (surtout face aux versions un peu « artisanales » de Stupel et quelques autres), mais Oramo ravive tout ça avec une urgence, une présence et des couleurs qui changent tout.

Disque très marquant de l'année écoulée, oui !

Xavier a écrit:

Bruckner, c'est pour le côté trop long?

Bon, cette symphonie ne m'avait pas du tout marqué, je crois que là j'ai davantage aimé (j'ai aussi pensé à Franck assez souvent, parfois un peu aussi au premier Scriabine), mais mon intérêt n'a pas été homogène du début à la fin.

Gnégnégné.
Je disais surtout Bruckner pour le côté vertical et certains autres aspects organistiques de l'écriture (mais oui, tu as raison: on pourrait aussi bien citer Franck de ce point de vue.)

Golisande a écrit:

Je ne sais pas si je l'ai déjà écoutée (à part la Musique des sphères je ne me souviens d'absolument rien de Langgaard), mais vu la description que fait Benedictus de ces enregistrement et comme j'ai adoré les Sibelius d'Oramo, je pense que je vais me laisser tenter... D'autant que j'aime beaucoup Bruckner (pas Strauss en revanche, mais j'ai compris que par ici straussien signifie à peu près opulent/chatoyant – du coup, même si point trop n'en faut, je prends quand même. ).

Oui, «straussien» signifie ici à peu près «opulent/chatoyant» - et désigne aussi une parenté dans certaines coupes mélodiques longues et élancées qui rappellent certains poèmes symphoniques (mais, en dépit du sujet, plutôt les poèmes symphoniques de jeunesse comme Macbeth ou Don Juan que Alpensinfonie.) Mais rassure-toi: ce n'est pas l'espèce de profusion étale et un peu écœurante de la Herbstsymphonie de Marx.

DavidLeMarrec a écrit:

J'abonde : déjà une très belle œuvre, et Dausgaard fait très bien le job (surtout face aux versions un peu « artisanales » de Stupel et quelques autres), mais Oramo ravive tout ça avec une urgence, une présence et des couleurs qui changent tout.

Disque très marquant de l'année écoulée, oui !

Benedictus a écrit:

Mais rassure-toi: ce n'est pas l'espèce de profusion étale et un peu écœurante de la Herbstsymphonie de Marx.

... que j'ai d'ailleurs failli citer expressément comme exemple type d'opulence/chatoyance pléthorique...

Non, c'est formellement beaucoup plus lisible, et l'esprit reste celui d'une symphonie germanique à développement.

Melody Nelson a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Melody Nelson a écrit:

Langgaard - Symphonie No. 1
The Danish National Radio Symphony Orchestra & Segerstam

Merci David

Curieux de ton retour !

Je suis en train de la réécouter, c'est vraiment superbe, épique même. S'agit-il de musique à programme? On dirait que ça raconte un voyage, une aventure, quelque chose comme ça. Certains passages font penser à du Bruckner, effectivement, on entend du Wagner aussi. Enfin j'espère que je ne suis pas en train de dire des bêtises. En tout cas, j'adore

Pour ce qui est de la version, c'est la seule que j'ai trouvée. Si quelqu'un a d'autres recommandations je suis preneuse, j'aime bien comparer.

Oui, musique à programme, ce sont des évocations des falaises au-dessus de la mer, chaque mouvement évoque un aspect différent (lever de soleil, ascension de la montagne, etc.). Et en effet, une aventure !

Pour la version, Segerstam est bien, mais un peu massif, tu entendras vraiment une dimension supplémentaire chez Oramo avec Berlin, c'est extraordinairement organique et révèle beaucoup de choses que nous n'avions pas perçues auparavant, tu pourras lire nos avis enthousiastes en remontant le fil ! Ici la version produit vraiment une différence fondamentale.

Rubato a écrit:

...et après les 16 symphonies, ses quatuors!

J'ai trouvé l'intégralité des quatuors par le Nightingale. Est-ce que c'est bien?

Beaucoup moins singulier, c'est le Langgaard grognon conservateur néoromantique… avec les symphonies 1,4,5,6 et son opéra Antikrist, tu auras un peu fait le tour d'un certain Langgaard d'avant-garde, le reste est en général beaucoup plus postromantique (avec des incursions bizarres).

Melody Nelson a écrit:

Rubato a écrit:

...et après les 16 symphonies, ses quatuors!

J'ai trouvé l'intégralité des quatuors par le Nightingale. Est-ce que c'est bien?

Moi ça me plait beaucoup, et c'est cette version que j'ai.

Dans la catégorie avant-garde, il ne faut pas oublier non plus la Musique des sphères !

Roupoil a écrit:

Dans la catégorie avant-garde, il ne faut pas oublier non plus la Musique des sphères !

En effet !

Roupoil a écrit:

Dans la catégorie avant-garde, il ne faut pas oublier non plus la Musique des sphères !

Qui personnellement ne m'a pas fait une grande impression...il faudrait que je réécoute.

Je ne dis pas que j'adore, mais c'est puissamment original !

Moi j'aime vraiment beaucoup la musique des sphères. Il faudra que je retente les quatuors par contre, je n'en ai pas gardé un souvenir impérissable (pour les symphonies, c'est aussi très variable, la première reste ma préférée).

Oui, les symphonies, c'est en effet très variable… Les 4,5,6 sont riches et très singulières, il y a les 2 et 3 (dans le genre très romantique premier degré), « concertantes », qui sortent de l'ordinaire (sans être supérieurement inspirées), la 9 et la 11 qui présentent un visage d'épure intéressant, mais tout le corpus ne mérite pas forcément d'être éclusé systématiquement, c'est vrai.

DavidLeMarrec a écrit:

Melody Nelson a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Melody Nelson a écrit:

Langgaard - Symphonie No. 1
The Danish National Radio Symphony Orchestra & Segerstam

Merci David

Curieux de ton retour !

Je suis en train de la réécouter, c'est vraiment superbe, épique même. S'agit-il de musique à programme? On dirait que ça raconte un voyage, une aventure, quelque chose comme ça. Certains passages font penser à du Bruckner, effectivement, on entend du Wagner aussi. Enfin j'espère que je ne suis pas en train de dire des bêtises. En tout cas, j'adore

Pour ce qui est de la version, c'est la seule que j'ai trouvée. Si quelqu'un a d'autres recommandations je suis preneuse, j'aime bien comparer.

Oui, musique à programme, ce sont des évocations des falaises au-dessus de la mer, chaque mouvement évoque un aspect différent (lever de soleil, ascension de la montagne, etc.). Et en effet, une aventure !

Pour la version, Segerstam est bien, mais un peu massif, tu entendras vraiment une dimension supplémentaire chez Oramo avec Berlin, c'est extraordinairement organique et révèle beaucoup de choses que nous n'avions pas perçues auparavant, tu pourras lire nos avis enthousiastes en remontant le fil !  Ici la version produit vraiment une différence fondamentale.

Œuvre extrêmement attachante, décidément, même si ce n’est pas ma came a priori : non seulement un exploit hallucinant pour quelqu’un âgé d’à peine dix-huit ans, mais presque une sorte de prototype idéal de symphonie postromantique (super-brahmsienne en quelque sorte, avec inévitablement un peu de Wagner, mais sans grand rapport ni avec Bruckner ni avec Mahler, et beaucoup moins original que ces deux-là… et bien moins puissant à mon sens que la Natursinfonie de Hausegger)…
… et la fin est (un peu) bourrine (quand même)….

Langgaard - Antikrist (DVD)


 
Certainement ce que j'ai préféré pour l'instant chez Langaard (j'ai toutes les symphonies, que j'écoute au compte goutte sans réellement accrocher, et cet opéra). C'est musicalement très beau, très dense, varié et parfois étonnamment fin. Le livret par contre est pour le moins abscons, on comprend les grandes lignes mais même avec les sous-titres français ça reste obscur. Le type devait quand même être bien perché

L'ensemble peut sembler parfois un peu boursouflé/indigeste tant c'est riche. On est quand même à la limite de l'opéra, à mon avis c'est d'ailleurs tout aussi appréciable avec la musique uniquement sans chercher à comprendre quoi que ce soit au texte.

Interprétation de très haut niveau, les voix sont magnifiques, l'orchestre plein de vie et d'allant. Prise de son impressionnante de précision, on s'y croirait, un régal (dommage d'ailleurs que les symphonies ne soient pas aussi bien captées). Mise en scène "budget réduit" mais plutôt sympa et inventive, c'est très bien filmé avec cette alternance de plans d'ensemble et de caméras au cœur de l'action.

Un bon moment, à réécouter tranquillement au disque sans se soucier du sens pour voir si c'est toujours aussi (voir plus) plaisant.

Oui, très bel opéra...j'aime beaucoup.
...et ne pas oublier ses quatuors à cordes!

Thomasl47 a écrit:

Certainement ce que j'ai préféré pour l'instant chez Langaard (j'ai toutes les symphonies, que j'écoute au compte goutte sans réellement accrocher, et cet opéra).

Pour les symphonies, il y a quand même la Première (en particulier par Oramo), d'un romantisme extrêmement généreux, et les deux versions de la Cinquième (pas du tout l'impression d'entendre la même œuvre), complexe mais qui apporte beaucoup de satisfactions plus ou moins immédiates. Les autres, entr les 2 & 3 concertantes et les néoclassiques de la fin, sont sans doute moins marquantes.

Citation :

C'est musicalement très beau, très dense, varié et parfois étonnamment fin. Le livret par contre est pour le moins abscons, on comprend les grandes lignes mais même avec les sous-titres français ça reste obscur. Le type devait quand même être bien perché

Oui, il voulait un poste d'organiste à København et s'est retrouvé bloqué dans un lieu secondaire de province… il en a conçu une amertume contre le monde. Ça lui a peut-être permis de développer d'autant plus son langage personnel. Le livret est en partie le reflet de ses ressentiments (et de son mauvais caractère), effectivement une action fragmentée et symbolique, il ne faut pas nécessairement y chercher un récit structuré.

La distribution réunit quelques-unes des superstars du chant danois : Elming le danois wagnérien, Dahl (pas très connue hors du Danemark, mais beaucoup de disques !)… il ne manquait que Skovhus, et on avait la carte de visite parfaite. (Nylund est une vedette aussi, mais finlandaise.)


Pour le reste de Laanggaard, de belles mélodies romantiques (surtout en allemand), la fameuse Musique des Sphères (dont Ligeti disait que c'était sa musique avant l'heure, quelque chose d'organique et nuageux dans le genre d'Atmosphères, c'est vrai), des quatuors assez tradis mais avec quelques étrangetés marginales. Clairement avec Antikrist (et les symphonies) tu as entendu le meilleur.