Saint-Saëns - Concertos pour piano

Après emploi de l'outil de recherche (et sauf mégarde de ma part), j'ai constaté qu'il n'y avait pas encore de posts sur ce sujet.

Quelles bonnes intégrales connaissez-vous ?
Quelles versions de référence pour le 2ème et le 5ème (Egyptien) ?

Merci d'avance.

Une version des 2e et 5e par thibaudet et Dutoit vient de sortir chez Decca, avec l'orchestre de la Suisse romande. Très bien accueillie.
pour le 5e, que j'aime beaucoup, Ciccolini et Serge Baudo, chez EMI, me satisfont. C'est net, très classique, un brin froid mais dans cette musique, j'aime bien. J'aimerai découvrir d'autres tempéraments : Jean Philippe Collard peut être, qui l' a enregistré avec André Prévin mais surtout richter, qui avant d'y revenir au crépuscule de sa vie, l'avait enregistré je crois en Union Soviétique. Ce concerto, absolument magnifique n'est pas assez célébré chez nous...
quant au 2e, celui qui m'emporte (un peu) et m'importe, c'est Gilels avec Cluytens. Ciccolini n'avait alors pas la patte de lion du grand maitre russe. J'aimerai découvrir Rubinstein, dont c'était un cheval de bataille ou la version de Duchable (Erato) autrefois célébrée. Mais ce concerto n'a pas je trouve l'invention mélodique du 5e et j'avoue que, y compris avec Gilels, je reste un peu en surface.
Quelqu'un connait l'intégrale de pascal Rogé ?

milia a écrit:

Quelqu'un connait l'intégrale de pascal Rogé ?

Oui, je n'ai que cette version et je n'ai pas été voir ailleur. Mon préféré (le 5ème) est joué avec brio et poésie, enfin exactement comme j'aime…

Jeanne Marie Darré a enregistré les 5 concertos pour EMI.
J'en ai entendu dire bcp bcp de bien mais je ne les jamais trouvé quand j'ai voulu les acheter.
Du coup je n'ai jamais entendu Darré là dedans... en revanche je sais que ses études Paganini de Liszt m'ont soufflé... donc je serais assez tenté par Darré...

Deux références historiques:

Cortot dans le 4ème de Saint Saens est une chose pianistiquement fabuleuse et résume tout l'art du pianiste, aussi efficacement que les préludes ou les études de Chopin. Par chance, il était bien en doigts au moment de l'enregistrement, ce qui n'est malheureusement pas le cas du concerto de Ravel (la fin surtout où les notes n'y sont plus)...
Un des plus grands enregistrements de piano...




Gilels a parfaitement compris l'esprit de cette musique, pas de sentimentalisme et de concession, les notes s'égrènent avec une technique implacable, avec ce qui faut de froideur, de détermination et de précision pour que ça ressemble à du Saint Saens :
(excellent couplage)

L'émission de France Musiques "Les Rois de la Galette", anciennement "Le Pavé dans la Marre", émission de comparaison à l'aveugle, était consacrée au deuxième concerto pour piano de Saint-Saëns.

La version de Thibaudet et Dutoit avec l'Orchestre de la Suisse Romande était la meilleure qui ressortait de ce comparatif. Elle ressortait même nettement, pour moi, et pour les critiques invités aussi d'ailleurs.
Une poésie, un esprit, une cohésion d'ensemble impressionnants. Et un premier mouvement, surtout, magnifique.

Vraiment une surprise, ce Thibaudet.


Ce qui m'a surpris aussi dans ce comparatif, c'est que Rubinstein, qui a joué ça souvent pourtant, soit vraiment pas très bon dans son enregistrement.

je ne suis surpris ni par Rubinstein (l'un des pianistes les plus surfaits et les plus lamentables qui soit) ni par Thibaudet: Jean-Yves était un remarquable musicien à l'âge de 12 ans déjà. Dutoit en revanche... que les critiques décernent la palme à ce Plasson canadien me sidère.
Il y a beaucoup de bonnes versions de ce deuxième concerto de Saint-Saëns -(dédié à Liszt si je me souviens bien:je recommanderais Entremont/ormandy)-, le plus beau des cinq, avec sa structure curieuse et son étrange introduction rhapsodique.

Je viens d'aller voir le site... purée ! Ca a drôlement changé depuis que Lodéon a quitté la plage horaire !

Liste des émissions : on ne peut pas dire que ce soient invariablement des piliers de répertoire !

Bien sûr, pas des trucs que seul CPO enregistre, et les Gezeichneten ne sont vraisemblablement pas pour demain, mais tout de même !

Des choses récentes (Berio, même si l'oeuvre est très secondaire), des choses souvent jouées mais peu fêtées (les Membra), des choses relativement connues mais dans leur niche (les Leçons), voire de franches raretés données de façon très épisodique (les Böcklin, les Blok et le Walton). Même si, concernant Walton, ce n'est pas le chef-d'oeuvre absolu.

Je regrette beaucoup d'avoir manqué Couperin et Reger...

*
30/12/2007
Saint-Saens: Concerto pour piano n°2 en sol mineur op 22
*
23/12/2007
Mozart: Sonate n°10 en ut majeur K 330
*
16/12/2007
Buxtehude: Cantates Jesus Membra Nostri
*
09/12/2007
Brahms: Sextuor à Cordes n°2 en Sol Majeur op 36
*
02/12/2007
Max Reger: Quatre Poèmes Symphoniques d'après Böcklin op128
*
25/11/2007
Haydn: Symphonie n°92 en sol maj "Oxford"
*
18/11/2007
Ravel: Le Tombeau de Couperin (version piano)
*
11/11/2007
Chostakovitch: Romances Alexander Blok op 127
*
04/11/2007
Beethoven: Symphonie n°7 en La Majeur op 92
*
28/10/2007
Luciano Berio: Folk Songs
*
21/10/2007
Jean-Sébastien Bach: 5° Suite pour violoncelle seul en ut mineur
*
14/10/2007
Claudio Monteverdi: L'Orféo
*
07/10/2007
William Walton: concerto pour alto
*
30/09/2007
Debussy: Préludes, livre II
*
23/09/2007
Couperin: Les Leçons de Ténèbres
*
16/09/2007
Maria Callas dans Tosca
*
09/09/2007
Beethoven: Concerto pour piano n°1 en ut majeur op15

Et que valent les commentaires de Marie-Aude ?

sud273 a écrit:

je ne suis surpris ni par Rubinstein (l'un des pianistes les plus surfaits et les plus lamentables qui soit) ni par Thibaudet: Jean-Yves était un remarquable musicien à l'âge de 12 ans déjà. Dutoit en revanche... que les critiques décernent la palme à ce Plasson canadien me sidère.
Il y a beaucoup de bonnes versions de ce deuxième concerto de Saint-Saëns -(dédié à Liszt si je me souviens bien:je recommanderais Entremont/ormandy)-, le plus beau des cinq, avec sa structure curieuse et son étrange introduction rhapsodique.

Justement, l'orchestre est très bon, et le dialogue entre l'orchestre et le pianiste est formidablement établi.


@David : Je vais recommencer à écouter l'émission.. c'est bête à dire mais Lodéon m'énervait alors j'écoutais plus

Eragny a écrit:

sud273 a écrit:

je ne suis surpris ni par Rubinstein (l'un des pianistes les plus surfaits et les plus lamentables qui soit) ni par Thibaudet: Jean-Yves était un remarquable musicien à l'âge de 12 ans déjà. Dutoit en revanche... que les critiques décernent la palme à ce Plasson canadien me sidère.
Il y a beaucoup de bonnes versions de ce deuxième concerto de Saint-Saëns -(dédié à Liszt si je me souviens bien:je recommanderais Entremont/ormandy)-, le plus beau des cinq, avec sa structure curieuse et son étrange introduction rhapsodique.

Justement, l'orchestre est très bon, et le dialogue entre l'orchestre et le pianiste est formidablement établi.


@David : Je vais recommencer à écouter l'émission.. c'est bête à dire mais Lodéon m'énervait alors j'écoutais plus

C'est-à-dire que c'était très stérile (c'est aussi la loi de l'exercice) : de la subjectivité assénée en vérité universelle, sans beaucoup d'arguments, pour démonter le plus possible les versions présentes.

De toute façon, ça n'apporte pas grand chose de comparer des interprétations en tranches... C'est à l'usage qu'on est captivé ou pas.

Mais si c'est sur des oeuvres un peu originales, ça donne envie.


Le pire que j'aie entendu était dans l'émission suisse disques en lice, où Gilles Cachemaille et Philippe Huttenlocher, deux très grands interprètes encore en activité (baryton pour l'un, baryton-basse pour l'autre) avaient laminé sans aucune précaution l'Enlèvement au Sérail de Solti, peuplé de tocards (Gruberová, Battle, Winbergh, Talvela) et par-dessus tout cet orchestre infâme (Philharmonique de Vienne), où ils arrivaient à trouver que ce n'était pas en place (!!).
Etant eux-mêmes dans le circuit, et du moins en ce qui concerne Cachemaille, pas irréprochables non plus sur le plan technique, ils n'avaient pas l'excuse de l'ingénuité, c'était assez... surprenant le plaisir qu'ils avaient à cogner.

Eragny a écrit:

L'émission de France Musiques "Les Rois de la Galette", anciennement "Le Pavé dans la Marre", émission de comparaison à l'aveugle, était consacrée au deuxième concerto pour piano de Saint-Saëns.

La version de Thibaudet et Dutoit avec l'Orchestre de la Suisse Romande était la meilleure qui ressortait de ce comparatif. Elle ressortait même nettement, pour moi, et pour les critiques invités aussi d'ailleurs.
Une poésie, un esprit, une cohésion d'ensemble impressionnants. Et un premier mouvement, surtout, magnifique.

Il me semble que c'était plutôt la version de la jeune pianiste de l'est qui avait emporté les suffrages, grâce à un final tonitruant, mais peut-être que ma mémoire me fait défaut.

Ce dont je suis sûr c'est que j'ai été bluffé par le jeu aérien de Jeanne-Marie Darré, qu'un des critiques a vite reconnu d'ailleurs, et dont la version a beaucoup plu aussi.
Pas emballé par ce concerto, cependant.

Tiens, ça faisait une paie de chez une paie!

@Vazymollo : Oui, leurs suffrages, mais pas les miens

Jaky a écrit:

milia a écrit:

Quelqu'un connait l'intégrale de pascal Rogé ?

Oui, je n'ai que cette version et je n'ai pas été voir ailleur. Mon préféré (le 5ème) est joué avec brio et poésie, enfin exactement comme j'aime…

Moi aussi, je n'ai que cette version, qui a le mérite – me semble-t-il – de ne pas verser dans les excès que cette musique pourrait éventuellement susciter.

Moi aussi (pardon, je ne sais plus à qui je fais écho), Lodéon finit par me taper sur le système. Pourquoi ne joue-t-il plus du violoncelle?

pour revenir au sujet, même si Lodéon passionne les foules (quand je le croise, je lui demande pourquoi il a arrêté le violoncelle ),
j'ai trouvé
- une intégrale par Angela Brownridge (Orch Halle et Paul Murphy, direction, qui n'était pas terrible du tout
- une intégrale par Stephen Hough (orch de Birmingham et Oramo Sakari)
- Gabriel Tacchino (orch du Luxembourg et Louis de Froment)
- Philippe Entremont (orch du Capitole et Michel Plasson)
- Aldo Ciccolini (orch de Paris et Serge Baudo)
- Pascal Rogé (Charles Dutoit et orchestres anglais)
- bien sûr Jeanne Marie Darre (orch de la RTF et Louis Fourestier) dont vous avez parlé et qui pour moi est très très bonne.

Anne a écrit:

- Philippe Entremont (orch du Capitole et Michel Plasson)

J'ai vu hier un coffret de 5 CD regroupant les 5 concertos pour piano de Saint-Saëns dans cette version (ainsi que bien d'autres choses...) et je voulais savoir si quelqu'un connait ces concertos dans cette version. Est-ce écoutable seulement, recommandable, un bon début?

Merci!

Polyeucte a écrit:

Anne a écrit:

- Philippe Entremont (orch du Capitole et Michel Plasson)

J'ai vu hier un coffret de 5 CD regroupant les 5 concertos pour piano de Saint-Saëns dans cette version (ainsi que bien d'autres choses...) et je voulais savoir si quelqu'un connait ces concertos dans cette version. Est-ce écoutable seulement, recommandable, un bon début?

Merci!

Entremont je l'ai dans le 2e avec Ormandy et c'est pas mal !
Par contre j'ai une mauvaise opinion de Plasson, m'enfin je ne connais pas.
Darré c'est pour moi ce qu'il y a de mieux ! Sinon, Rogé c'est pas mal..
....si on aime Dutoit !
Pour le 4e Cortot est en effet très grand, à connaitre absolument.
Jean Philippe Collard est une bonne version sinon.
Pour les 2e et 4e j'aime beaucoup Duchable.
Hough a le mérite d'offrir l'intégrale pour piano et orchestre, mais c'est inégal !

Rien à voir avec le Schmilblick, mais bienvenue à toi [imprononçable] !

C'est quoi exactement ton avatar ? De l'écriture cunéiforme sans doute ? Mais sur une pierre de cette forme je n'avais jamais vu...

Edit: c'est peut-être une pierre égyptienne de la période archaïque vers - 3000 ?

natrav a écrit:

Rien à voir avec le Schmilblick, mais bienvenue à toi [imprononçable] !

C'est quoi exactement ton avatar ? De l'écriture cunéiforme sans doute ? Mais sur une pierre de cette forme je n'avais jamais vu...

Edit: c'est peut-être une pierre égyptienne de la période archaïque vers - 3000 ?

Merci !
C'est bien du cunéiforme. Utnapishtim, mon pseudo, comme l'a fait remarquer DavidLeMarrec sur un autre fil c'est le Noé sumérien, dont l'histoire a été plagiée dans un certain livre...
La pierre en question je l'ai mise pour illustrer, mais je ne crois pas qu'elle raconte l'histoire du déluge. Elle se trouve au Louvre il me semble.

Edit : mon avatar est un titre de propriété !

Utnapishtim a écrit:

Entremont je l'ai dans le 2e avec Ormandy et c'est pas mal !
Par contre j'ai une mauvaise opinion de Plasson, m'enfin je ne connais pas.
Darré c'est pour moi ce qu'il y a de mieux ! Sinon, Rogé c'est pas mal..
....si on aime Dutoit !
Pour le 4e Cortot est en effet très grand, à connaitre absolument.
Jean Philippe Collard est une bonne version sinon.
Pour les 2e et 4e j'aime beaucoup Duchable.
Hough a le mérite d'offrir l'intégrale pour piano et orchestre, mais c'est inégal !

Merci! ça donne à réfléchir tout ça!

Moi, j'ai cette version :



Tacchino s'en sort plus qu'honnêtement, mais avec peut-être une certaine froideur, un manque de projet d'interprétation. En fait il faudrait détailler , car c'est vraiment très bien dans certains mouvements, quand il se lâche un peu.

Concerto pour piano n°5 en fa majeur Op. 103

= Magda Tagliaferro ; Jean Fournet, Orchestre des Concerts Lamoureux

(Philips, 23 avril 1954)

Mohirei, in Playlist, a écrit:

Tagliaferro Elle est bien cette interprétation avec Fournet ?

Oui, même dans l'erratique Allegro initial, la poésie, l'élégance sont rendues palpables. Quel vent de passion !
Fournet contient ensuite les élans bollywoodiens de l'Andante, et Magda parsème cette chaude nuit étoilée de poudroiements vraiment magiques. Le Finale est un régal : pétulant, mais sans esclandre. Les timbres agrestes et tellement idiomatiques des Lamoureux (le hautboïste !) font le reste, le Nil en liesse rejoint la Seine...

Merci Mélomaniac

En CD, elle est disponible dans le coffret Philips de trois CD consacré à Tagliaferro (tarif actuel particulièrement prohibitif).
Par contre, je viens de remarquer que Forgotten Records la proposait aussi avec le Concerto No.2 (Doyen/Fournet) et la Suite Algérienne (Fournet)

La Suite algérienne par Fournet ne vaut pas les capiteux effluves déployés par Fourestier, et le 2° Concerto par Doyen fait un peu pâle figure, mais livre plutôt une leçon de subtilité.

Un programme globalement très recommandable en tout cas

Moi j'ai le 4e concerto par Heisser/Roth et l'orchestre "Les siècles" (couplage avec la 3e symphonie).
http://www.amazon.fr/Saint-Sa%C3%ABns-Symphonie-Concerto-pour-piano/dp/B003Z420JC/ref=sr_1_3?s=music&ie=UTF8&qid=1368516095&sr=1-3&keywords=roth+siecles
Une interprétation (à mon goût), d'une remarquable lisibilité qui vaut brevet de musicalité.
Romantisme (post-romantisme ?) bon teint, timbres assez succulents, piano discursif sans épanchements, équilibre des deux mains (graves bien creusés), etc.
Mais je n'ai pas vraiment d'éléments de comparaison, alors...

J'ai une question technique à propos du 5ème concerto de Saint-Saëns. Dans le 2ème mouvement, le pianiste donne une sonorité étrange à ses notes, un peu comme s'il jouait d'un autre instrument. Dans la version de Thibaudet, https://www.youtube.com/watch?v=1IEYtta_ZsI c'est surtout à 17:40, et avant (mais moins flagrant) à 16:35 et 17:24.
Comment fait-il ????

Tiens tiens, ça me dit quelque chose...

Tu n'aurais pas déjà posé la même question, et on n'y aurait pas répondu ici?
https://classik.forumactif.com/t4628-piano-effets-de-resonance-cloches-et-autres-doublures

Par ailleurs, les liens non libres de droits ne sont toujours pas autorisés.

superbes versions:

Je retiens
- Duchâble/Lombard : le deuxième est passionnant et quel brio dans le final !
- Gilels comme précisé plus haut : une version historique à connaître aussi absolument.
- l'intégrale par JP. Collard et A. Prévin : plus inégale mais avec une belle version du 3ème
- pour le 5ème : j'apprécie Ciccolini.

Xavier a écrit:

Tiens tiens, ça me dit quelque chose...

Tu n'aurais pas déjà posé la même question, et on n'y aurait pas répondu ici?
https://classik.forumactif.com/t4628-piano-effets-de-resonance-cloches-et-autres-doublures

Par ailleurs, les liens non libres de droits ne sont toujours pas autorisés.

Hum .... non ce n'est pas (encore) Alzheimer  . C'est plutôt que je ne retrouvais plus le post qui en parlait!  
Merci Xavier.

La pochette indique Symphony of the air pour l'orchestre, il s'agit en fait de celui que la National Broadcoasting Corporation assembla en 1937 pour Toscanini et qui lui survecut une dizaine d'années sous cette appellation, jusqu'au milieu des 1960's.
Rubintein avait déjà gravé cette oeuvre avec Mitropoulos en avril 1953 (aucune édition en LP avant l'édition en CD de cette bande, chez le label Music & Arts), et le réenregistrera en janvier 1969 à Philadelphie sous Ormandy (RCA), puis une dernière fois en avril 1975 avec le LSO sous Previn (vidéo Decca).
On souhaiterait le pianiste plus agile et plus dramatique dans le premier mouvement, mais en tout cas quel tact ! Et quel chic, idéal pour le scherzando, puis son instinct pour la stylisation comble d'élégance (voire un peu de préciosité) le Finale.
Wallenstein dirige un accompagnement flamboyant, haut en couleur, qui chamarre le decorum de cette lecture qui sinon aurait versé dans un académisme un peu timoré.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Camille Saint-Saëns (1835-1921) :

Concerto pour piano n°2 en sol mineur, Op. 22

= Arthur Rubinstein, piano ; Alfred Wallenstein, Orchestre symphonique de la NBC

(RCA, janvier 1958)

Extrait de ma playlist du soir, quelques interprétations historiques :

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Concerto pour piano n°2 en sol mineur, Op. 22

= Jean Doyen, piano ; Jean Fournet, Orchestre des Concerts Lamoureux

(Philips, juin 1954)

 Une des interprétations les plus graves et nobles que je connaisse.




Concerto pour piano n°4 en ut mineur, Op. 44

= Philippe Entremont, piano ; Eugene Ormandy, Orchestre de Philadelphie

(Columbia, février 1961)

Bien plus audacieux, le jeune Entremont, que dans son intégrale ultérieure avec Plasson à Toulouse.
Et Ormandy brosse un accompagnement panoramique qui remplume les couleurs chatoyantes de ces opus taxés d'académisme.

plenum a écrit:

C'est un de mes vinyles préférés d'Entremont.

Concerto pour piano n°5 en fa majeur, Op. 103

= Magda Tagliaferro, piano ; Jean Fournet, Orchestre des Concerts Lamoureux

(Philips, avril 1954)

L'interprétation de l'Andante, infusé d'épices orientales, atteint ici une magie absolue.
Et Tagliaferro déchaîne des accents diaboliques dans la tarentelle finale, où Fournet ose une terrifiante noirceur.

Pour une intégrale, laquelle des ces trois-là me recommanderiez-vous: Collard / Prévin, Rogé / Dutoit, Ciccolini / Baudo?

Benedictus a écrit:

Collard / Prévin

Très bien !

Citation :

Rogé / Dutoit

Très bien !

Citation :

Ciccolini / Baudo

Très bien !


Collard a l'avantage du piano extraordinaire, Dutoit des couleurs orchestrales de premier plan ; et il y a très longtemps que je n'ai pas écouté Ciccolini, mais c'est très bien aussi (peut-être un peu moins allant et coloré que les autres, à l'orchestre ?) – de toute façon, je ne suis pas sûr que ça se trouve facilement, il me semble que je ne l'avais pas trouvée en flux, lors de mon cycle intégral Saint-Saëns, le mois dernier.

Parfait, merci, je vais donc écouter les trois! (Compte-rendu suit...)

Peut-être pour compléter un peu deux intégrales desquelles nous n'avons pas parlé :
Stephen Hough au Piano et Le "City of Bimingham Symphony Orchestra" dirigé par Sakari Oramo. En tous points remarquable aussi bien du point de vue de l'orchestre que du pianiste, très bien capté, en plus. Ce coffret est complété par diverses oeuvres pour piano et orchestre de moindre envergure : Wedding Cake, Rhapsodie d'Auvergne.... (Hyperion)
Et une autre version à prendre en compte, quoique moins aboutie que la précédente :
Anna Malikova : Piano. WDR Sinfonieorchester Köln dirigé par l'excellent Thomas Sanderling. Chez Audite
Pour moi ces interprétations, surtout la première sont absolument sur le dessus du pannier et luttent très bien contre Ciccollini, Rogé ou encore Collard...

Ah oui, Hough-Oramo, ça fait très, très envie…

● Concertos pour piano nº1 en ré majeur op. 17 , nº2 en sol mineur op. 22, nº3 en mi bémol majeur op. 29, nº4 en ut mineur op. 44 et nº5 «L’Égyptien» en fa majeur, op. 103
Jean-Philippe Collard (piano), André Prévin / Royal Philharmonic Orchestra
Londres, XI.1985 et IX.1986
EMI

Aucun de ces cinq concertos ne m’a totalement exalté: défaut de concentration de ma part, probablement. Mais d’un autre côté, il m’est arrivé ce qui m’arrive souvent avec Saint-Saëns: j’entends beaucoup de chose qui me font dresser l’oreille - et surtout dans les premiers mouvements: des effets harmoniques ou des jeux de timbres (en particulier dans le 1 et le 3) - mais sans que cela débouche sur de l’enthousiasme: j’ai toujours l’impression que ces moments-là sont sertis (avec un métier remarquable) dans des constructions assez rhétoriques dans lesquelles je peine à entrer.

Globalement, j’ai été surtout sensible au côté à la fois mendelssohnien et très «français» du 1 et du 3; le 2 m’a un peu ennuyé, le 5 m’a un peu agacé (disons que quand on sait aussi intelligemment démarquer Chopin, c’est un peu dommage d’y insérer du Ketèlbey-de-bon-goût).

Sinon, le piano est magnifique, avec en particulier une variété de coloris, de touchers et d’attaques qui permet de dépasser la dimension virtuose de l’écriture en créant  de vrais climats; orchestre un peu épais mais rien de rédhibitoire.

Il faut probablement que je réécoute tout ça (je vais essayer Rogé / Dutoit et Ciccolini / Baudo, donc) d’une oreille plus attentive. (En revanche, pas sûr que les autres œuvres pour piano et orchestre en complément du 1 soient ma tasse de thé.)

À la réécoute, le 1ᵉ m’a vraiment beaucoup plu. Le I et le II sont vraiment très remarquables, et même enthousiasmants. C’est extrêmement inventif et subtil, les couleurs sont magnifiques, et les atmosphères sont très prenantes: le panache un peu pince-sans-rire du I comme le beau lyrisme du II sont vraiment irrésistibles. Reste le III - bon, c’est un final de concerto pour piano, quoi...

Je préfère recommander des disques, mais là je suis contraint d'acter ma déception.

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Camille Saint-Saëns (1835-1921) :

Concerto n°2 en sol mineur, Op. 22

= Bella Davidovich, piano ; Neeme Järvi, Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam

(Philips, juin 1981)

 Le Concergtebouw dans les concertos de Saint-Saëns, y a de quoi s'allécher.
Hélas. Interprétation diffluente, extasiée, effusive...
Aussi bien au clavier (déjà le solo introductif me semble bien tarabiscoté) qu'à l'orchestre, déception : vraiment pas ma came.
Je préfère soit un galbe néoclassique, au pire une approche monumentale,
mais là on se croirait dans du Medtner...

Cela correspond plutôt au souvenir que j'ai de cette interprétation par Tacchino.
Celle-ci a plutôt ma préférence pour sa lecture d'ensemble du concerto, là où d'autres me paraissaient plus fragmentaires et trop clinquantes (Entremont/Plasson) ... ou bien au contraire trop policées (Chamayou).
Mais ce n'est pas la panacée non plus, loin de là.

Citation :

Parmi les grandes versions anciennes, Magda Tagliaferro et Jeanne-Marie Darré restent indétrônées.

Et parmi les versions plus récentes, quelles sont tes chouchoutes ?

docteur mabuse a écrit:

Et parmi les versions plus récentes, quelles sont tes chouchoutes ?

Le récent n'est pas mon cœur de cible
De toute façon, ces concertos restent le parent pauvre du grand répertoire, alors qu'ils sont quand même d'excellente facture (mélodie, orchestration, structure...)
La discographie est fort maigre au regard du potentiel. En stock, je dois n'avoir qu'une petite dizaine de versions de L'Égyptien.
Collard, Ciccolini (avec Baudo), Rogé... j'attends justement que vous m'indiquiez quelles versions sont dignes de prendre la relève.

Personnellement, le 5ᵉ est celui que j'aime le moins, mais dans mes préférés (le 1 et le 3), Collard / Prévin, Rogé / Dutoit et Ciccolini / Baudo m'ont en effet donné toute satisfaction - mais sans qu'une version se détache réellement des autres. Collard et Rogé ont des couleurs magnifiques (mais leurs orchestres rosbifs sont un peu trop épais pour mon goût); Ciccolini et Baudo sont beaucoup moins hédonistes, mais leur discours est plus articulé.

Mélo a écrit:

J'attends justement que vous m'indiquiez quelles versions sont dignes de prendre la relève.

_

C'est pas un fake
C'est le Richter de la fin... J'en ai pas un mauvais souvenir !
Mais j'avoue que je n'ai pas osé acheter le disque.

A propos de Richter, il a interprété le 22 juin 1993 au Théâtre de Tours les 2ème et 5ème concertos, accompagné par l'Orchestre Symphonique de Lettonie sous la direction de Paul Magi (Le concert fut retransmis par France Musique).
Certes, c'était au siècle dernier mais ce fut un sacré moment !
Et, pourtant, je ne suis pas un "Fan" de Richter mais je garde un souvenir vibrant de ce concert qui sortait de l'ordinaire.

fomalhaut

docteur mabuse a écrit:

Mélo a écrit:

J'attends justement que vous m'indiquiez quelles versions sont dignes de prendre la relève.

_

C'est pas un fake
C'est le Richter de la fin... J'en ai pas un mauvais souvenir !
Mais j'avoue que je n'ai pas osé acheter le disque.

C'est plutôt un très bon disque, pourtant.
Et pourtant je déteste Eschenbach.

Maintenant, ça reste beaucoup moins bon que l'enregistrement de 1952 avec Kondrashin et Moscou.