Wagner - Ring - CD (2)

Je ne sais pas, au tout début ça m'a fait bonne impression pourtant...
Mais on a l'impression que c'est tout le temps sombre, tout le temps pâteux, ou glaireux, pas beaucoup de variations dans les intentions.
Il a un certain charisme pourtant.

Ce n'est pas la même distribution que pour le Ring intégral de Kempe, mais je trouve dans ce Ring une finesse de direction que je n'ai pas retrouvée avant des choses très récentes.

Du coup, j'ai du mal à croire à une soirée terne, mais qui sait ?

Uhl, en quoi est-ce aussi effroyable ?

Citation :

DavidLeMarrec a écrit:

Ce n'est pas la même distribution que pour le Ring intégral de Kempe, mais je trouve dans ce Ring une finesse de direction que je n'ai pas retrouvée avant des choses très récentes.

Du coup, j'ai du mal à croire à une soirée terne, mais qui sait ?

Uhl, en quoi est-ce aussi effroyable ?

Côté direction c'est très bon, mais ca ne suffit, ce soir là à électriser les chanteurs... A mon humble avis. C'est parfois le risque de ce genre de direction très fine. Uhl, je trouve tout simplement sa voix d'une grande laideur et assez inexpressive... question de goût.
Honnetement c'est une version solide comme tu disais, mais on peut aussi aller chercher tellement plus ailleurs!

Ah oui, effectivement, si les chanteurs ne sont pas électrisés, Kempe n'apporte pas spécialement de ce côté (il faut dire qu'avec Nilsson dans les deux dernières journées ). Hines, de toute façon, c'est une belle voix douce et homogène, mais côté expression, ça reste un peu paresseux.

Citation :

Xavier a écrit:

Je ne sais pas, au tout début ça m'a fait bonne impression pourtant...
Mais on a l'impression que c'est tout le temps sombre, tout le temps pâteux, ou glaireux, pas beaucoup de variations dans les intentions.
Il a un certain charisme pourtant.

N'est-ce pas plutôt l'effet sonnore hyper ampoulé de cet enregistrement? Ainsi je crois ne jamais avoir entendu Nilsson aussi ennuyeuse que dans cet enregistrement... On dirait qu'elle chante une "mélodie périeuse" si tu me passes l'expression.
Sans être mon wotan préféré, London est tout de même assez génial dans ce rôle! essaie un live... en 65 je crois au met.

Tu en penses quoi toi David de London dans la Walkyrie?

calixte1978 a écrit:

N'est-ce pas plutôt l'effet sonnore hyper ampoulé de cet enregistrement? Ainsi je crois ne jamais avoir entendu Nilsson aussi ennuyeuse que dans cet enregistrement...

Ah, pour moi c'est toujours comme ça, je ne sens pas de différence.

j'étais sûr que tu ferais une petite remarque!

DavidLeMarrec a écrit:

Ah oui, effectivement, si les chanteurs ne sont pas électrisés, Kempe n'apporte pas spécialement de ce côté (il faut dire qu'avec Nilsson dans les deux dernières journées ). Hines, de toute façon, c'est une belle voix douce et homogène, mais côté expression, ça reste un peu paresseux.

Ben c'est un peu ce que je reproche a cet enregistrement... En plus ce ca, la distribution n'est pas très réfléchie les couples ne vont pas ensembles(crespin / Varnay/; Varnay/ hines; Crespin/ Uhl). A chanque fois on a un chanteur élégant accompagné d'un chanteur moins... sensible à la jolie musique. Et ce n'est pas très réussi à mon avis!

calixte1978 a écrit:

On dirait qu'elle chante une "mélodie périeuse" si tu me passes l'expression.

C'est un mal ?


Sinon, Xavier, si vous parlez de Leinsdorf, je ne crois pas connaître (en tout cas, jamais écouté de bout en bout, c'est certain). Mais London, en règle générale, et particulièrement en Wotan (d'après le Prologue...), c'est glorieux vocalement, émission idéalement saine, et comme tu le dis : toujours pareil.

Moi, ça m'enthousiasme cinq minutes, et ça m'ennuie quatre heures. Une seule couleur, une seule expression, une seule posture psychologique (vigoureuse)...

calixte1978 a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Ah oui, effectivement, si les chanteurs ne sont pas électrisés, Kempe n'apporte pas spécialement de ce côté (il faut dire qu'avec Nilsson dans les deux dernières journées ). Hines, de toute façon, c'est une belle voix douce et homogène, mais côté expression, ça reste un peu paresseux.

Ben c'est un peu ce que je reproche a cet enregistrement... En plus ce ca, la distribution n'est pas très réfléchie les couples ne vont pas ensembles(crespin / Varnay/; Varnay/ hines; Crespin/ Uhl). A chanque fois on a un chanteur élégant accompagné d'un chanteur moins... sensible à la jolie musique. Et ce n'est pas très réussi à mon avis!

Ah oui, je n'avais pas pensé à cette affaire de couples !

DavidLeMarrec a écrit:

Sinon, Xavier, si vous parlez de Leinsdorf, je ne crois pas connaître (en tout cas, jamais écouté de bout en bout, c'est certain). Mais London, en règle générale, et particulièrement en Wotan (d'après le Prologue...), c'est glorieux vocalement, émission idéalement saine, et comme tu le dis : toujours pareil.

Moi, ça m'enthousiasme cinq minutes, et ça m'ennuie quatre heures. Une seule couleur, une seule expression, une seule posture psychologique (vigoureuse)...

Ben voilà, pareil, ça m'a enthousiasmé au commencement...
Et oui c'est bien chanté, on ne peut pas dire le contraire.
Mais je n'ai pas trouvé d'intérêt sur la longueur.
On peut presque dire que c'est le pendant idéal de Nilsson en fait...

Citation :

Ah oui, je n'avais pas pensé à cette affaire de couples !

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C'est souvent ce qui fait une grande différence! Avoir des couples homogènes! Songe à ce qu'a fait karajan dans la walkyrie: il n' a pas mis vinay (je sais il ne chantait plus mais c'est pour servir mon propos) face a janowitz mais bien le sensible vickers, qui d'ailleurs allège bcp son chant pour l'occasion.
Crespin- stewart ca fonctionne aussi très bien: deux voix clairs et assez légères pour le rôle. Idem pour le couple Janowitz-Crespin!

calixte1978 a écrit:

C'est souvent ce qui fait une grande différence! Avoir des couples homogènes! Songe à ce qu'a fait karajan dans la walkyrie: il n' a pas mis vinay (je sais il ne chantait plus mais c'est pour servir mon propos) face a janowitz mais bien le sensible vickers, qui d'ailleurs allège bcp son chant pour l'occasion.
Crespin- stewart ca fonctionne aussi très bien: deux voix clairs et assez légères pour le rôle. Idem pour le couple Janowitz-Crespin!

(attention, humour gros sabots)

Exact, et il a poursuivi en distribuant ensemble Thomas et Stolze. Adéquation parfaite.

(

Citation :

attention, humour gros sabots)

Exact, et il a poursuivi en distribuant ensemble Thomas et Stolze. Adéquation parfaite.

Où est l'humour là dedans?

DavidLeMarrec a écrit:

Ce n'est pas la même distribution que pour le Ring intégral de Kempe, mais je trouve dans ce Ring une finesse de direction que je n'ai pas retrouvée avant des choses très récentes.

Ce qui me décourage le plus dans le Ring de Kempe c'est Hans Hopf (Siegfried) Tu aimes bien toi ?

Zoilreb a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Ce n'est pas la même distribution que pour le Ring intégral de Kempe, mais je trouve dans ce Ring une finesse de direction que je n'ai pas retrouvée avant des choses très récentes.

Ce qui me décourage le plus dans le Ring de Kempe c'est Hans Hopf (Siegfried) Tu aimes bien toi ?

Oui, pour moi c'est plutôt un point fort (du moins par rapport aux habituels tenants du rôle de l'époque). Ce n'est pas follement exaltant non plus, mais le timbre est sympathique.

Dans ces années-là, une fois Lorenz à la retraite, c'est Aldenhoff qui a ma préférence, je crois.

J'aime beaucoup Aldenhoff et Lorenz aussi, mais Hopf là non. Où alors je l'ai entendu dans un de ses mauvais soirs (Siegfried de 1962). C'est une voix trop épaisse pour moi et qui me donne l'impression d'un personnage de 60 ans… pour Siegfried, ça la fait pas

Zoilreb a écrit:

J'aime beaucoup Aldenhoff et Lorenz aussi, mais Hopf là non. Où alors je l'ai entendu dans un de ses mauvais soirs (Siegfried de 1962). C'est une voix trop épaisse pour moi et qui me donne l'impression d'un personnage de 60 ans… pour Siegfried, ça la fait pas

Ah oui, ça, il fait très adulte. Mais je ne suis pas sensible à ça.

Et puis comme j'aime bien Jung dans le rôle, je ne sais pas si je suis habilité à émettre des avis sérieux.

Citation :

Zoilreb a écrit:

J'aime beaucoup Aldenhoff et Lorenz aussi, mais Hopf là non. Où alors je l'ai entendu dans un de ses mauvais soirs (Siegfried de 1962). C'est une voix trop épaisse pour moi et qui me donne l'impression d'un personnage de 60 ans… pour Siegfried, ça la fait pas

J'avoue nettement préférer windgassen ou mon cher thomas (d'où mon avatar), mais qd même, hopf, tant décrié par la critique s'en sort avec les honneurs! certes, je te rejoins sur l'idée qu'il lui manque ce ton juvénile, mais quelle aisance vocale dans le duo avec wotan au III de Siegfried ic'est fantastique!

Citation :

Et puis comme j'aime bien Jung dans le rôle, je ne sais pas si je suis habilité à émettre des avis sérieux.

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Ecoute jung en 77 dans le Crépuscule à Bayreuth! Tu devrais être aux anges. Il patauge encore un peu avec le rôle mais sa voix est encore intacte et ce n'est pas si mal de mon point de vue, alors que dans le produit cd chez Philipps, je le trouve excécrable au possible.

Ah non, c'est dans le Siegfried de 1964 que je l'ai entendu

calixte1978 a écrit:

Ecoute jung en 77 dans le Crépuscule à Bayreuth! Tu devrais être aux anges. Il patauge encore un peu avec le rôle mais sa voix est encore intacte et ce n'est pas si mal de mon point de vue, alors que dans le produit cd chez Philipps, je le trouve excécrable au possible.

Je crois que David préfère le contraire, que le rôle soit incarné même si la voix n'est pas parfaite.

Xavier a écrit:

calixte1978 a écrit:

Ecoute jung en 77 dans le Crépuscule à Bayreuth! Tu devrais être aux anges. Il patauge encore un peu avec le rôle mais sa voix est encore intacte et ce n'est pas si mal de mon point de vue, alors que dans le produit cd chez Philipps, je le trouve excécrable au possible.

Je crois que David préfère le contraire, que le rôle soit incarné même si la voix n'est pas parfaite.

Il patauge avec la partition par moment, mais l'interprétation change guère en fait!

Xavier a écrit:

calixte1978 a écrit:

Ecoute jung en 77 dans le Crépuscule à Bayreuth! Tu devrais être aux anges. Il patauge encore un peu avec le rôle mais sa voix est encore intacte et ce n'est pas si mal de mon point de vue, alors que dans le produit cd chez Philipps, je le trouve excécrable au possible.

Je crois que David préfère le contraire, que le rôle soit incarné même si la voix n'est pas parfaite.

Oui, je suis un dangereux pervers, j'aime bien lorsque les interprètes sont dépassés par la partition, mais avec panache. C'est même souvent la source de grandes émotions musicales, bien plus que la maîtrise parfaite (à moins qu'il n'y ait le même feu, comme Mödl ou Meier en Isolde par exemple).

calixte1978 a écrit:

Citation :

Zoilreb a écrit:

J'aime beaucoup Aldenhoff et Lorenz aussi, mais Hopf là non. Où alors je l'ai entendu dans un de ses mauvais soirs (Siegfried de 1962). C'est une voix trop épaisse pour moi et qui me donne l'impression d'un personnage de 60 ans… pour Siegfried, ça la fait pas

J'avoue nettement préférer windgassen ou mon cher thomas (d'où mon avatar), mais qd même, hopf, tant décrié par la critique s'en sort avec les honneurs! certes, je te rejoins sur l'idée qu'il lui manque ce ton juvénile, mais quelle aisance vocale dans le duo avec wotan au III de Siegfried ic'est fantastique!

Très décrié, Hopf a toujours été un chanteur impeccable, ce qui mérite d'autant plus d'être souligné que ses concurrents directs des années 50-60 (hors le "cas" Windgassen), étaient principalement Aldenhoff (génial Siegfried, mais avec des carences techniques effrayantes) et Beirer (splendide vocalement, impressionnant même dans quelques enregistrements, mais honteusement débraillé presque partout).

Un autre concurrent très méconnu, parmi les ténors injustements négligés : l'excellent Karl Liebl, remarquable Lohengrin, Tannhäuser, Stolzing et Parsifal, Tristan honnête (avec Nilsson au Met en 1963), que l'on connaît surtout pour son Erik très réussi dans l'enregistrement de Dorati.

Citation :

Très décrié, Hopf a toujours été un chanteur impeccable, ce qui mérite d'autant plus d'être souligné que ses concurrents directs des années 50-60 (hors le "cas" Windgassen), étaient principalement Aldenhoff (génial Siegfried, mais avec des carences techniques effrayantes) et Beirer (splendide vocalement, impressionnant même dans quelques enregistrements, mais honteusement débraillé presque partout).

Un autre concurrent très méconnu, parmi les ténors injustements négligés : l'excellent Karl Liebl, remarquable Lohengrin, Tannhäuser, Stolzing et Parsifal, Tristan honnête (avec Nilsson au Met en 1963), que l'on connaît surtout pour son Erik très réussi dans l'enregistrement de Dorati.[/quote]

Tu fais bien, cher Aymeric, de nous faire un petit topo sur les tenors wagnériens de années 50-60. Pour Hopf, son Tannhauser, enregistré tardivement, a grandement désservi sa cause. Et c'et injuste! Cela dit je suis bcp plu réservé que toi sur Beier qui n'a encore jamais vraiment trouvé grâce à mes oreilles.

Moi j'aime bien. C'est tout foufou, mais c'est électrisant, et même ses partenaires les plus coincés sages se ressentent de son voisinage, genre Seefried en Eva ou Brouwentijn en Sieglinde.

En Walther, avec son côté complètement déphasé, il est même carrément en adéquation avec le personnage lorsqu'il provoque l'incompréhension des maîtres !

Cthulhu SP a écrit:

Moi j'aime bien. C'est tout foufou, mais c'est électrisant, et même ses partenaires les plus coincés sages se ressentent de son voisinage, genre Seefried en Eva ou Brouwentijn en Sieglinde.

En Walther, avec son côté complètement déphasé, il est même carrément en adéquation avec le personnage lorsqu'il provoque l'incompréhension des maîtres !

Tu parles de Beier?

Non, il parle de Beirer

Das Rheingold, Direction Antonio Pappano, Covent Garden 2005

Chorus of the Royal Opera House, Covent Garden
Orchestra of the Royal Opera House, Covent Garden

Distribution:

Woglinde: Sarah Fox
Wellgunde: Heather Shipp
Flosshilde: Liora Grodnikaite
Alberich: Günter von Kannen
Wotan: Bryn Terfel
Fricka: Rosalind Plowright
Freia: Emily Magee
Fasolt: Franz-Josef Selig
Fafner: Phillip Ens
Froh: Will Hartmann
Donner: James Rutherford
Loge: Philip Langridge
Mime: Gerhard Siegel
Erda: Jane Henschel

On m'avait mis en garde sur le manque de souffle dans la direction de Pappano mais ça n'en manque pas. En réalité sa direction est souple, fuyant les lourdeurs, attentive aux chanteurs, suffisamment légère pour les mettre à l'aise tout en restant présente mais surtout très subtile et colorée.
Dans la distribution, la palme revient à Bryn Terfel, dont il faudra reparler plus longuement en évoquant sa Walkyrie, géniale! Première qualité énorme, on entend tout, une diction impeccable, et qui plus est une implication extraordinaire (bien que le prologue du Ring lui offre moins l'occasion d'émouvoir que par la suite).
D'habitude je ne supporte pas les chanteurs surexpressifs, ceux qui essaient de vous toucher en outrant le caractère sentimental. Eh bien Terfel n'en fait pas partie à mon avis, il est beaucoup plus nuancé que cela. Quant à la qualité de sa voix, je la trouve parfaite, et je crois que l'on va bientôt en reparler.
Je n'ai pas vraiment fait attention à la Fricka très angoissée de Plowright. Ca ne m'a pas tellement marqué.
L'Alberich de Von Kannen ne m'a pas franchement convaincu: parfois trop démesurément sombre pour ce personnage qui me paraît grotesque, loin d'être un malin. Il devrait selon moi être bêtement cruel plutôt qu'un tyran du côté obscur.
Fasolt de Selig impressionnant et imposant: ça en jette! Un excellent chanteur.
Le Mime fragile, lâche, faible, anxieux de Siegel m'a beaucoup plu. Lui en revanche, difficile de lui donner vie sans en rajouter des tonnes!
L'Erda de Henschel (je ne parle pas des personnages que l'on voit peu sauf que là elle le mérite) sublime, pour deux répliques on va pas pinailler sur la diction, mais la voix a son charme!
Je finis sur le Loge (principal protagoniste du Ring comme chacun sait) de Landgridge très amusant (et après on dit que Wagner n'a pas d'humour) malgré un accent un peu ridicule: je me souviens bien de ce "Wucken" qui m'a fait éclaté de rire, "Rücken" sonne plus teuton.

Voilà pour moi.

MickeyZeVrai a écrit:

L'Alberich de Von Kannen ne m'a pas franchement convaincu: parfois trop démesurément sombre pour ce personnage qui me paraît grotesque, loin d'être un malin. Il devrait selon moi être bêtement cruel plutôt qu'un tyran du côté obscur.

Pas tout à fait d'accord.
Alberich a un côté grotesque oui, mais aussi un côté sombre et également un côté tragique, pathétique.
Ce n'est pas juste un bête méchant.
L'interprète doit pouvoir en faire ressortir un côté obsessionnel, un côté sadique et aussi un côté victime.

Citation :

Fasolt de Selig impressionnant et imposant: ça en jette! Un excellent chanteur.

Tu m'étonnes!

Xavier a écrit:

MickeyZeVrai a écrit:

L'Alberich de Von Kannen ne m'a pas franchement convaincu: parfois trop démesurément sombre pour ce personnage qui me paraît grotesque, loin d'être un malin. Il devrait selon moi être bêtement cruel plutôt qu'un tyran du côté obscur.

Pas tout à fait d'accord.
Alberich a un côté grotesque oui, mais aussi un côté sombre et également un côté tragique, pathétique.
Ce n'est pas juste un bête méchant.
L'interprète doit pouvoir en faire ressortir un côté obsessionnel, un côté sadique et aussi un côté victime.

Je crois qu'en fait on est d'accord: J'ai pas dit que c'était un bête méchant mais là où ça me paraît incohérent avec le personnage, c'est la noirceur avec laquelle Von Kannen domine tout le monde, et même simplement dans la première scène, il n'a pas ce côté pathétique. Il ressemble justement plus à un méchant bébête qu'à autre chose.
Et donc je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis.

Je trouve von Kannen formidable chez Barenboïm, mais il y a l'image et c'est 15 ans auparavant, c'est autre chose certainement.

Je ne peux pas comparer je ne l'ai pas vu.

J'ai peut-être été un peu sévère avec Von Kannen, en tout cas pour la première scène.

Ai-je dit que Terfel est génial?

Je trouve Henschel irrésistible en Erda, des graves très très beaux, un vibrato très resserré, de superbes nuances, une diction excellente (contrairement à ce que j'ai dit hier). Il y a juste un je-ne-sais-quoi de gênant par moment dans ses aigus piani...
Quelqu'un en sait un peu plus sur la dame? Dans quels rôles peut-on l'entendre?

Bon et puis, loin de dire du mal de Von Kannen, je ne suis tout de même pas séduit.

MickeyZeVrai a écrit:

Bon et puis, loin de dire du mal de Von Kannen, je ne suis tout de même pas séduit.

Il est s'améliore je trouve en cours de représentation. Mais il hésite entre le fourbe bête et cruel et le noble seigneur du Nibelung.

MickeyZeVrai a écrit:

Je trouve Henschel irrésistible en Erda, des graves très très beaux, un vibrato très resserré, de superbes nuances, une diction excellente (contrairement à ce que j'ai dit hier). Il y a juste un je-ne-sais-quoi de gênant par moment dans ses aigus piani...
Quelqu'un en sait un peu plus sur la dame? Dans quels rôles peut-on l'entendre?

Elle était une superbe Nourrice l'an dernier à Bastille dans la Femme sans ombre.
On l'a aussi entendue en Hérodias dans Salomé.
Interview ici

vartan a écrit:

MickeyZeVrai a écrit:

Bon et puis, loin de dire du mal de Von Kannen, je ne suis tout de même pas séduit.

Il est s'améliore je trouve en cours de représentation. Mais il hésite entre le fourbe bête et cruel et le noble seigneur du Nibelung.

C'est ce qui m'ennuie, il ne donne pas à mon avis un caractère cohérent à son Alberich. Il exagère suivant les situations mais en oubliant qui il est dans le fond. Bref, pas convaincu moi.

Xavier a écrit:

Elle était une superbe Nourrice l'an dernier à Bastille dans la Femme sans ombre.
On l'a aussi entendue en Hérodias dans Salomé.
Interview ici

Merci pour le lien. Je vais écouter les Troyens de Davis maintenant pour voir. Je vais jeter un oeil sur sa discographie.

Je te suis sur Von Kannen. C'est que je l'ai trouvé limite vulgaire avec les filles du Rhin. Pas tout à fait convaincant mais juste, compréhensible, engagé et un beau timbre, c'est déjà pas mal.

Tu avais pensé la même chose de sa prestation chez Barenboïm?

Comme toi, plus intéressant avec Barenboim, plus sûr de son interprétation, mais c'est tellement subjectif en étant visionné, une "gueule" et un bon jeu ça renforce l'impression favorable sans doute.

vartan a écrit:

Comme toi, plus intéressant avec Barenboim, plus sûr de son interprétation, mais c'est tellement subjectif en étant visionné, une "gueule" et un bon jeu ça renforce l'impression favorable sans doute.

C'est certain, c'est ce que je me disais sur certains interprètes du Ring de Copenhague, qui sont sans doute tout juste bons à l'écoute seule.

MickeyZeVrai a écrit:

Das Rheingold, Direction Antonio Pappano, Covent Garden 2005

Chorus of the Royal Opera House, Covent Garden
Orchestra of the Royal Opera House, Covent Garden

Distribution:

Woglinde: Sarah Fox
Wellgunde: Heather Shipp
Flosshilde: Liora Grodnikaite
Alberich: Günter von Kannen
Wotan: Bryn Terfel
Fricka: Rosalind Plowright
Freia: Emily Magee
Fasolt: Franz-Josef Selig
Fafner: Phillip Ens
Froh: Will Hartmann
Donner: James Rutherford
Loge: Philip Langridge
Mime: Gerhard Siegel
Erda: Jane Henschel

Voilà, je suis les traces de Mickey. Pas grand chose à dire de bien différent. J'avais écouté hier soir cette version qui ne m'avait laissé un peu dubitatif. Je suis beaucoup plus convaincu ce soir.

Pour revenir sur l'Alberich de Von Kannen, la voix est toujours aussi belle qu'en 91 avec Barenboïm, un manque sans doute d'ins piration pour trouver le bon costume, hésitant entre trivialité et noblesse on a du mal à le suivre parfois, mais du punch, on y croit.
Les filles du Rhin sont terriblement charnelles et érotisent en diable toute la première scène qui s'achève dans une débauche sensuelle rarement entendue pour moi.
Terfel est en effet très beau, peu fragile mais sensible et lucide, un soupçon d'angoisse... Il compose vraiment un très beau rôle. Mais son vibrato ne me plaît pas beaucoup, un peu lent, ça casse la force du personnage malgré une impression de profondeur et de virilité rassurantes. Superbe.
Freia est très touchante, quel dommage que ce rôle ne soit pas plus développé. C'est toujours mon regret.
Le Fasolt de Selig est immense, il est né pour ce rôle. On tremble vraiment devant cette voix tellement caverneuse qu'on s'y perd.
J'ai beaucoup aimé le Loge de Langridge vraiment classe et méprisant juste ce qu'il faut pour bien montrer qu'il est au-dessus de la mêlée de ces has-been.
Comme Mickey je frémis en écoutant l'Erda de Henschel, magique et bien vue cette discrète fêlure des aigus, mais elle est tellement ancienne cette déesse c'est négligeable.

Pour tous une clarté et une diction parfaite malgré quelque accent britannique de Langridge amusant.

Sinon sur la direction de Pappano... J'ai apprécié le choix résolument chambriste, on a presque l'impression d'avoir du un par partie, des bois mozartiens, des violons aérés, des cuivres presque baroques, étonnant.
L'orchestre n'écrase personne et le théâtre est au premier plan. C'est un choix très efficace pour la scène certainement. Parfois une mise en place incertaine, un manque de répétitions sans doute. Mais une urgence de tous les instants, un dynamisme incroyable.
Un regret, c'est le caractère un peu outré des ambiances hyperexpressionnistes de certains passages avec abus tonitruant de l'orchestre dans la scène "aux Enfers" du Nibelung. Une forge qui fonctionne du feu de dieu ceci dit.

La marche d'entrée des géants la plus belle de celles que j'ai entendues, lourde mais pas titubante, pas grossièrement scandée comme la plupart du temps. Des petits détails comme ça qui surprennent agréablement.

Finalement c'est une très très belle version avec une distribution excellente. Parfois on aimerait sans doute moins de neutralité de la part du chef qui semble vouloir laisser toute liberté à l'auditeur de donner du sens à ce qu'on entend. Mais c'est une version scénique, le sens est peut-être apporté par le metteur en scène ? (on peut toujours rêver)

vartan a écrit:

Finalement c'est une très très belle version avec une distribution excellente. Parfois on aimerait sans doute moins de neutralité de la part du chef qui semble vouloir laisser toute liberté à l'auditeur de donner du sens à ce qu'on entend. Mais c'est une version scénique, le sens est peut-être apporté par le metteur en scène ? (on peut toujours rêver)

Justement on peut voir des extraits vidéos de cette version sur un certain site, ça a l'air assez beau, dommage que ça ne soit pas sorti en DVD.

Citation :

Le Fasolt de Selig est immense, il est né pour ce rôle. On tremble vraiment devant cette voix tellement caverneuse qu'on s'y perd.

Je n'aurais pas dit voix "caverneuse" à son sujet, au contraire il est bien plus fait pour Fasolt que pour Fafner.
Et il était surtout né pour le sublime Gurnemanz qu'on a pu entendre à Bastille.

Xavier a écrit:

vartan a écrit:

Le Fasolt de Selig est immense, il est né pour ce rôle. On tremble vraiment devant cette voix tellement caverneuse qu'on s'y perd.

Je n'aurais pas dit voix "caverneuse" à son sujet, au contraire il est bien plus fait pour Fasolt que pour Fafner.

Ce n'est pas ce que j'ai dit ?

Citation :

Et il était surtout né pour le sublime Gurnemanz qu'on a pu entendre à Bastille.

Oui, mais ça ce sont des plaisirs de bobos, d'ici on n'a rien entendu.

vartan a écrit:

Xavier a écrit:

vartan a écrit:

Le Fasolt de Selig est immense, il est né pour ce rôle. On tremble vraiment devant cette voix tellement caverneuse qu'on s'y perd.

Je n'aurais pas dit voix "caverneuse" à son sujet, au contraire il est bien plus fait pour Fasolt que pour Fafner.

Ce n'est pas ce que j'ai dit ?

Oui mais justement une voix caverneuse ça serait pour Fafner.

Ah oui !

Non, je n'avais pas pensé à ça mais au rôle prépondérant qu'il a ici, à sa stature de géant. Mais en effet il doit faire une grand Fafner sans doute.