Baroque germanique

Superbe album

Johann Adam Reincken* (1640 ou 1630 ou 1623 ou 1643 **-1722)
Toccatas, Partitas & Suites

Clément Geoffroy, clavecin 2005 Emile Jobin d’après Ruckers

* Avec les contributions de Johann Pachelbel pour la suite en la mineur; transcription du Praeludium par JS. Bach (dont on sait par ailleurs que les œuvres de Reincken figurent en bonne place dans l’Andreas Bach Buch) ; Toccata un temps attribuée à Purcell
« Mais qu’importe, la musique n’a pas besoin de nom pour être jouée ! »
** « Il semblerait, …, que Jonathan Mattheson ait avancé sa date de naissance d’une quinzaine d’années, peut-être dans le sombre espoir de décrédibiliser un vieillard ou d’accélérer son trépas (qui sait !) »
Les vieux barbons, et les jeunes et talentueux clavecinistes, ont tout le temps devant eux, pour nous rappeler à quel point le « Stylus Fantasticus » est, somptueux,  étincelant,  sensible *** surtout: la virtuosité mais aussi la retenue servant des paysages émotionnels, que sauront si bien retrouver quelques années plus tard les représentants de l’Empfindsamkeit, dont un certain CPE Bach (qui devait avoir l’Andreas Bach Buch sous son oreiller)

 
Toutes citations Clément Geoffroy dans la pochette &
***  
https://www.resmusica.com/2018/11/04/clement_geoffroy-johann_adam_reincken-encelade/
http://wunderkammern.fr/2018/10/28/la-part-des-anges-johann-adam-reincken-par-clement-geoffroy/

Pour en rester à Reincken : ce SACD patiente depuis quelques temps dans mon panier, j'hésite à l'acheter.
Quelqu'un a entendu cette anthologie par Sonja Kemnitzer ?

Depuis quelques semaines, je réécoute le dernier disque de l'ensemble Vox Luminis mené par Lionel Meunier : Andreas Hammerschmidt - Ach Jesus stirbt, enregistré en septembre 2019 et paru chez Ricercar.



Il s'agit donc de musiques d'Andreas Hammerschmidt (1611-1675), tirées de ses nombreux recueils de chants luthériens, écrits dans un style encore proche de celui de Schütz, avec une émancipation cependant plus grande de la forme polyphonique, déjà amorcée en partie par le grand Sagittarius. Hammerschmidt rentre parfaitement dans la famille des compositeurs allemands de la Guerre de Trente Ans - elle éclate lorsqu'il est enfant et se termine officiellement lorsqu'il approche la quarantaine. D'un côté, le climat de souffrance de la guerre, qui commande d'exalter  les souffrances du Christ et d'implorer la miséricorde de Dieu, d'autre part, l'extrême réduction des moyens musicaux, pour des raisons humaines et matérielles.

Et de fait, la grande qualité des œuvres produites ici est sans doute leur grande simplicité, qui a apparemment été parfois qualifiée de superficialité. La grande clarté des lignes vocale, pourtant, restitue avec une clarté très touchante ces textes du temps de la Passion. Les qualités superlatives de Vox Luminis sont mise au service d'une musique terriblement émouvante. Tout est d'un goût parfait, d'une sensibilité confondante. Une des très grandes pages de cette musique spirituelle allemande du XVIIe siècle, qui est allé se ressourcer auprès du renouveau italien.

A mon goût, il s'agit certainement d'une des plus belles parutions de l'année. Je ne m'en lasse tout simplement pas.

De Playlist

Le jardin aux citrouilles d'Heinrich Albert
Avec amitié, musique et poésie contre les atrocités de la guerre de Trente Ans
Heinrich Albert, Heinrich Schütz, Johann Hermann Schein, Samuel Scheidt, Johann Bach, Andreas Hammerschmidt, Johann Hildebrandt, Johann Nauwach et Michael Jakobi
(1585… - …1684)

Autour d'un havre de paix à Koenigsberg (épargnée par la guerre), un jardin potager aux citrouilles bien réel (et représenté en frontispice de l'œuvre d'Albert - Musicalische Kürbs-Hütte) où se rencontrent autour d'Heinrich Albert quelques musiciens et poètes, le disque trace une histoire musicale de cette guerre.
Le livret très fouillé, raconte en détail l'histoire de ce jardin, en dévoile la dimension allégorique, et argumente la construction en "tableaux" du disque.

Dorothee Mields, soprano
Hathor Consort / Romina Lischka, viole de gambe et direction
Je vois mentionné Lambert Colson (cornet) dans le Hathor Consort : ça donne le niveau !

Très belle surprise, construction du disque passionnante, interprètes de premier plan, et très très belle musique.

jardin aux citrouilles:

Affaire à suivre!

Réécoute du magnifique disque (j'en rends compte en musique de chambre sur ma lancée Buxtehude Reincken), mais tout·e·s les amoureux·ses de cantates ou Lied peuvent y trouver leur compte :

Philipp Heinrich Erlebach (1657-1714)
Zeichen im Himmel

Víctor Torres, Baryton

Stylus Phantasticus
Pablo Valetti, violon, violino piccolo
Friederike Heumann, viole de gambe
Eduardo Egüez, Théorbe, guitare baroque
Siobhán Armstrong, double harpe
Dirk Börner, clavecin, orgue
David Plantier, Violon
Sophie Watillon, viole de gambe
Brian Franklin, viole de gambe

https://classik.forumactif.com/t9472-buxtehude-reincken-erlebach-musique-de-chambre#1218540