Henry DESMAREST (1661-1741)

Rousset est vraiment dans ses bonnes années, même si c'est un peu mou dans les danses.

Quelle parenté des danses du I avec celles du I de Cadmus. Harmoniquement c'est exactement pareil. Comme elles sont manigifiques, je ne me plains aucunement de la prolongation.

Suite des impressions.

C'est conforme à mon souvenir, Corréas chante énormément, autant que dans Castor !

On reste dans de l'opéra postlullyste, comparable à Rebel père, mais on ne sent pas vraiment le tournant ici. Pas de double-choeur par exemple.

Ce qui est très intéressant, c'est que les personnages terminent les actes en reprenant le propos des divertissements, au lieu de les laisser comme tels. Je n'ai jamais vu de lien aussi fort (ni aussi explicite) entre le divertissement et l'action.

J'écoute en ce moment la (longue !) chaconne de Didon, sur le modèle de celle d'Armide, avec haute-contre soliste et choeurs.

Comme je l'avais déjà signalé, la parenté mélodique avec le divertissement (également à l'acte I) de Cadmus est patente. Mais entendre cette tournure très heureuse sur près d'un quart d'heure, quel délice !

Une particularité de cet opéra : les divertissements de fin d'acte sont toujours suivis d'une reprise de l'action qui les prolonge et qui annonce l'acte suivant. (C'est comparable dans Pyrame & Thisbé de Francoeur & Rebel.)

A propos de Didon :

WoO a écrit:

L'Acte I de cette même tragédie a été représentée fin 2007 (avec des reprises en mai-juin 2008) au Festspiehlhaus de Kiel par... Reinhardt Goebel !
Je ne vois pas bien l'intérêt de ne représenter qu'un seul acte sur cinq, mais les allemands doivent le voir eux.

Le premier acte se termine par une chaconne de folie, du niveau de celles d'Armide et d'Amadis (elle ressemble beaucoup beaucoup, musicalement, à Armide), ce qui explique sans doute le choix. Mais tous les actes sont fulgurants.

Edit : Mince, je croyais répondre à une antique question de façon pertinente, mais j'avais déjà mis les infos au-dessus.

Vénus & Adonis

Je retente la version Rousset (la version sur le vif radiodiffusée en Allemagne, pas le disque). C'est désespérément ennuyeux. Une seule couleur, une seule indolence.

Dommage, la musique, quoique très (trop) LULLYste et peu modulante, est quand même belle. Et il y a Droy, quoique pas à son meilleur ici. Du gâchis.

Rien à faire, autant Didon est peut-être la plus belle de toutes les tragédies lyriques, autant ici...

Ah, je ne suis pas le seul à ne pas avoir été convaincu par ce disque !

Ça m'étonnais tout de même, parce que pour l'instant tout ce que j'ai entendu de Desmarest m'a franchement barbé (oui, il faut que je retente Didon)...

Usquequo Domine aussi ?

Ah, non, je connais pas les Motets Lorrains. Je mets sur ma liste alors.

Par contre, que ce soit le Te Deum de paris, la Messe à deux choeurs et orchestres ou autres Grand Motets...

DavidLeMarrec a écrit:

Vénus & Adonis

Je retente la version Rousset (la version sur le vif radiodiffusée en Allemagne, pas le disque). C'est désespérément ennuyeux. Une seule couleur, une seule indolence.

Ecoute le disque alors, ce n'est pas du tout le cas

Wolferl a écrit:

Ah, non, je connais pas les Motets Lorrains. Je mets sur ma liste alors.

Effectivement, ça, c'est vraiment bien par Christie!!

N.B. Je conseille aussi ceux de Pierre Robert qui sont sortis cette année!!

Dominus Regnavit & Te Deum :
J'ai adoré ces deux œuvres (je suis globalement très bon client pour le motet français).
Elles sont très majeures, avec une belle expressivité. Rythmiquement ça bouge pas mal, j'adore les ruptures du début du Dominus Regnavit.
Le chœur final du Dominus Regnavit est enivrant, avec un contrepoint très facile à suivre, et une majesté typique de la musique de cette époque.

Le Te Deum m'a aussi beaucoup enthousiasmé, Niquet étant extrêmement actif et contrasté. Je n'y entends pas de mélodie sublime, mais c'est tellement entraînant que je succombe. Une telle allégresse, ça me touche.

Première écoute de Vénus et Adonis, j'aime énormément l'oeuvre et quel livret ! C'est en tous points superbe !!!
Au niveau interprétation quelques critiques sans doute mais j'avais lu dans ce fil que c'était comparable au Persée et bien pour moi on en est quand même très loin et heureusement.
Je crois que j'adore Desmarest

Je n'ai pas adoré, moi (alors que j'adore tout Desmerest). Et au niveau de l'interprétation, je crois que c'est ce que Rousset a fait de pire dans ce répertoire. On roupille sévère.

Je te trouve bien sévère, je trouve ça mieux réussi que Persée ou même Roland.

Non, Roland est pas mal, et Persée mou mais écoutable. Là, je ne peux pas.

Je précise tout de même que je n'ai écouté que la prise sur le vif, avant la parution CD, peut-être que le confort sonore change tout.

(Mouais. )

Grands Motets, vol. II

1-10 De Profundis (psaume 129)
11-17 Veni Creator (hymne pour la fête de la Pentecôte)
18-26 Cum Invocarem (psaume 4)

Hervé Niquet / Le Concert Spirituel

Hanna Bayodi, soprano
Stéphanie Révidat, soprano
François-Nicolas Geslot, tenor
Sébastien Droy, taille, tenor
Benoît Arnould, bariton
Alice Piérot, premier violon


De majestueuses œuvres de jeunesse. Niquet et le Concert Spirituel, sans doute dans leur meilleure forme, en rendent toutes les couleurs, l'élégance et ... la spiritualité.

Bienvenue Läbipaistev !

En effet, grand disque à tout point de vue — mais j'aime encore davantage l'autre, avec le Te Deum de Paris. Desmarest est clairement le compositeur de grands motets le plus intéressant, de mon point de vue, depuis Charpentier jusqu'à Mondonville…

Merci David, entre temps j'ai pu me procurer l'autre C.D, une merveille effectivement. A recommander à toutes les oreilles.

Didon est écoutable dans son intégralité sur YouTube depuis quelques années maintenant. C'est quand même dommage de ne pas avoir commercialisé ce concert alors qu'on doit avoir plus de 200 versions Dido & Aenas de Purcell dans les bacs... Certes l'oeuvre est moins fulgurante et souffre de quelques longueurs (dans le IV voire le monologue final). La direction de Rousset est assez raide mais les divertissement, bien intégrés à l'action, sont joués avec la fougue qui convient. Balleys chante avec beaucoup de conviction mais on ne comprend malheureusement pas toujours ce qu'elle raconte. Globalement les chanteurs sont tous bons mais seul Corréas est parfaitement intelligible.

Tristesse

Que le concert soit annulé c’est une chose, mais j’espérais que l’enregistrement serait maintenu Cette Didon est maudite

Une des plus belles tragédies en musique en plus. Heureusement qu'il y a la bande de Rousset à Beaune (captée par France Mu et même France 3, mais jamais commercialisée…), parce qu'on est un peu à la rue sinon.

DavidLeMarrec a écrit:

Une des plus belles tragédies en musique en plus. Heureusement qu'il y a la bande de Rousset à Beaune (captée par France Mu et même France 3, mais jamais commercialisée…), parce qu'on est un peu à la rue sinon.

J'espère quand même qu'ils l'enregistreront un jour... Avec le Marais et le Campra qui faisaient parti de leur feuille de route 2021-2023

Je viens de relire la distribution et je suis un peu consolé.

J'espère qu'ils le referont avec Gens et d'autres gens.

A part van W. dans les petits rôles à ariettes que j’aime tant et un peu von M. cette distribution m’allait plutôt très bien... Et oui espérons que Gens soit à nouveau de la partie

Je vois au moins trois spécialistes de la couverture excessive et de l'émission en arrière, et pas dans les petits rôles…

Idéalement, Staskiewicz / Auvity / Mauillon, je prends. Lombard en Mercure, Lefebvre dans les ariettes.

le CMBV.

Mais moi j’aime bien Dolié

Je vais à nouveau sortir ma rengaine : j'ai rien contre Dolié, qui est un chanteur doté d'une véritable conscience de ce qu'il chante… mais pourquoi, bon sang, s'embarrasser à commander des copies d'instruments anciens, jouer sur boyaux, si c'est pour tout faire chanter à des voix conçues avec des techniques pensées pour chanter Wagner ? (de surcroît des techniques très peu efficaces, car côté projection, ces voix c'est vraiment pas comparable à ce que font Mauillon ou Lombard…)

On a des rôles écrits dans une tessiture basse, sans enjeu de puissance : pourquoi embaucher des chanteurs avec des techniques servant à chanter aigu par-dessus un orchestre romantique ?