Donizetti - La fille du régiment

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Je ne sais pas si c'est la peine d'ouvrir un autre sujet discographie Donizetti, il y a déjà un Lucia di Lammermoor

Victime martyrisée et consentante de têtes de gondoles, j'ai donc testé cette " Fille du Régiment", opéra comique en français de Donizetti.

Coproduction de Covent Garden, du Met et du Wiener Staatsoper (il a donc fallu 3 grands opéras pour produire ce machin ?), spectacle bénéficiant de critiques dithyrambiques et d'une forte campagne marketing - le DVD d'une représentation de Covent Garden est commercialisé, une représentation du Met vient d'être diffusée en direct dans des cinémas du monde entier (en France, le billet de Ciné à 18 euros pour l'occasion ).

L'opéra en lui-même est assez sympa. Mélange de théâtre de boulevard et de comique troupier, le tout assez franchouillard, le sujet a bien inspiré le metteur en scène Laurent Pelly qui se pose bien en grand maître du boulevard haut-de-gamme et donne de l'impact comique à certaines scènes - la fille du régiment qui repasse une montagne de linge avant d'éplucher une montagne de patates en phase avec les vocalises du rôle, le notaire qui sort de la cheminée etc... Pour rameuter le public britannique visiblement ravi, il a même été fait appel à Dawn French, comique connue du duo télévisé " French & Saunders" qui triomphe dans un court rôle parlé. C'est à mon avis du pur effet "vu à la télé", parce que ni le rôle, ni la prestation de French ne sont si extraordinaires en soi.

La musique est heu... plus inégale. Il y a des airs et des duos qui fonctionnent bien, c'est très enlevé, pour les amateurs il y a des passages d'héroïsme vocal, mais domine à l'orchestre le "dzing boum boum, dzing boum boum... " infini, avec des chœurs d'une subtilité de tractopelle. Le meilleur de la musique est donc dans les airs ultra-vocalisés de la fille du régiment et les ceux du jeune premier-ténor bavarois enamouré.

C'est la distribution qui est la grande force de ce spectacle. Natalie Dessay en pleine confiance avec la mise en scène de Pelly se lâche complètement et réussit à combiner présence scénique hallucinante et agilité vocale, c'est proche de la perfection , très musical, super impressionnant et vraiment drôle.

Elle en contamine Juan Diego Florez qui devient bon acteur le temps d'un spectacle. Il lance ses grands airs avec beaucoup de conviction, il a une belle voix et fait même quelques nuances dans son chant tout en s'appliquant à réussir toutes les notes aigües possibles et imaginables du rôle. En gros, il joue bien le benêt en grand ténor qui se respecte, et " militèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèè
èèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèè
èèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèreux ". Les deux chanteurs principaux ont une diction parfaite et rendent les sous titres inutiles.

Le reste de la distribution est très bien adapté à son rôle, avec un Sulpice Pingot parfait d'Alessandro Corbelli - allure bonhomme, physique de sous-officier de comique troupier, bon acteur.

En résumé un spectacle sympathique qui ravira les amateurs de vocal et aussi ceux de théâtre, par contre j'ai un peu peur pour le public "musical". Le public d'apparat semble aussi comblé. Tout cela est délicieusement suranné et se laisse écouter avec un sourire constant sur le visage.

J'ai du mal à comprendre le triomphe mondial de ce spectacle assez inoffensif qui se conclut par un chœur bonasse à la gloire de l'armée française, écho de l'éventuel sujet politique de cet opéra qu'on peut trouver si on cherche bien, mais vraiment bien, hein, qui serait l'action civilisatrice de l'armée napoléonienne en Europe. Laurent Pelly met une petite distance de mise en scène, mais j'ai bien peur que la pièce originale soit désespérément premier degré, il ne s'agissait pas pour Donizetti de contrarier son public.

" Ran-plan-plan-plan ran-plan-plan-plan c'est le chant du régiment ! "

Il me semble au contraire que La fille du régiment mériterait un sujet Morloch.
J'ai vu la rediffusion de cette production le 21 Juin dernier. Si la distribution a le mérite d'être cohérente, j'ai trouvé la mise en scène peu convaincante. cette mnie de moderniser à tout va commence à m'agacer sérieusement. L'action censée se dérouler sous le 1er empire français est bruatelement transposée à la fin de l'empire austro hongrois. Et Tonio et le régiment se trouvent à diriger des chars d'assaut dont je ne suis même pas certaine qu'ils éxistaient bien en 1914.

Arf, oui j'aurais peut-être dû créer un sujet, c'est vrai.

Sisi, les chars d'assaut sont apparus pendant le première guerre mondiale. Franchement, l'arrivée du char d'assaut dans le salon de la comtesse m'a bien fait rire.

Pour la transposition, elle atténue le côté "politique" (c'est donc une transposition antipolitique, c'est déjà original en soi Mortier et ses sbires ne passeront pas ) de la pièce et accentue le côté boulevard, pour le reste je ne l'ai pas trouvée très gênante. C'est bien fait quand même. Et il y a beaucoup de jeu d'acteur.

bah, xavier divisera s'il le juge nécéssaire. Si l'arrivée du char d'assaut est en effet rigolote, Natalie Dessay en train de repasser les uniformes de ses "papas" me fait un effet douche froide. Si elle repasse comme ca chez elle ca promet. Perso cette mise en scène n'est vraiment pas terrible, mais ce n'est qu'un avis.

J'aime cette mise en scène, mais ce qui me surprend ce sont certaines critiques qui en font "le spectacle lyrique de la décennie" alors que c'est quand même très tranquilou tout cela.

Et j'ai aussi trouvé que Natalie Dessay repasse n'importe comment, c'est pas sérieux

Je divise.

Par contre, faudra me remplir ce sujet Lucrezia Borgia!

Xavier a écrit:

Par contre, faudra me remplir ce sujet Lucrezia Borgia!

C'est un sujet empoisonné

C'est bien la raison pour laquelle j'ai refusé de regarder ce spectacle. Depuis que j'ai quitté l'Amicale Laïque du Point de Croix de La Réole pour l'Association des Lavandières Bretonnes Expatriées, je ne peux pas supporter ce genre d'invraisemblances.

Xavier a écrit:

Je divise.

Par contre, faudra me remplir ce sujet Lucrezia Borgia!

On va lui faire un sort.

DavidLeMarrec a écrit:

C'est bien la raison pour laquelle j'ai refusé de regarder ce spectacle.

Et voilà, un renégat à la catégorie 6

Vais-je me faire taper si je trouve cet opéra ennuyeux et insipide ?

Elvira a écrit:

Vais-je me faire taper si je trouve cet opéra ennuyeux et insipide ?

Pas par moi en tout cas, puisque sans aller jusque là je le trouve passablement faiblard.

Et sans le placement par Donizetti de sept contre-ut dans l'air que vous savez, il ne se serait jamais maintenu au répertoire.

Comme le dit Morloch, c'est un opéra sympathique, et je ne comprends pas cet engouement. Rien d'exceptionnel. Quelques passages plutôt bien, mais ça m'ennuie globalement. Peut-être que sur scène, l'oeuvre fonctionne mieux.

Elvira a écrit:

Comme le dit Morloch, c'est un opéra sympathique, et je ne comprends pas cet engouement. Rien d'exceptionnel. Quelques passages plutôt bien, mais ça m'ennuie globalement. Peut-être que sur scène, l'oeuvre fonctionne mieux.

Bof, franchement, c'est plutôt pareil qu'au disque. Sympa.

Je dis ça parce que j'ai aimé l'elisir d'amore après l'avoir vu sur scène.

Elvira a écrit:

Je dis ça parce que j'ai aimé l'elisir d'amore après l'avoir vu sur scène.

L'Elisir est un chef-d'oeuvre, mais il y a de la musique dedans.

DavidLeMarrec a écrit:

Elvira a écrit:

Je dis ça parce que j'ai aimé l'elisir d'amore après l'avoir vu sur scène.

L'Elisir est un chef-d'oeuvre, mais il y a de la musique dedans.

Oui, je trouve aussi. Ce n'est pas de la musique zim boum boum, il n'y en a quasiment pas d'ailleurs ! La Furtiva Lagrima est si belle... Alors que dans la Fille du Régiment, il n'y a aucun air qui m'émeuve autant.

Très franchement c'est vrai qu'à part l'aria de Tonio "Ah mes amis...", la musique de La fille du régiment ne retient pas l'attention plus que cela. Et il faut bien reconnaitre que la mise en scène du DVD proposé par Morloch n'aide pas

calbo a écrit:

Très franchement c'est vrai qu'à part l'aria de Tonio "Ah mes amis...", la musique de La fille du régiment ne retient pas l'attention plus que cela. Et il faut bien reconnaitre que la mise en scène du DVD proposé par Morloch n'aide pas

Laurent Pelly ? Je ne connais pas ce qu'il a fait dans la Fille du Régiment, mais c'est lui qui a mis en scène l'Elisir d'amore. Loin d'être inintéressant son travail, très vivant ! Je pense qu'il a du réaliser la même performance pour cet opéra.

L'action a tout bonnement été transposée pendant la 1ère guerre mondiale ce qui implique quelques incohérences dont j'ai déjà parlé plus haut comme notament les chars d'assaut. Bien sur lorsqu'ils arrivent dans le salon de la comtesse c'est assez cocasse mais cela s'arrête ici. Bref ca ne m'a pas emballée plus que cela même si le cast est somme toute cohérent et dominé par le couple Dessay/Florez.

Mais si, les blindés apparaissent lors de la Première Guerre Mondiale. Certes, pas au début.

Les CDs

avec Sutherland/Pavarotti



avec Anderson/Kraus



Avec Freni/Pavarotti

Elvira a écrit:

Mais si, les blindés apparaissent lors de la Première Guerre Mondiale. Certes, pas au début.

Je sais bien mais quand l'action est censée se dérouler sous le 1er empire, cherchez l'erreur.

calbo a écrit:

Elvira a écrit:

Mais si, les blindés apparaissent lors de la Première Guerre Mondiale. Certes, pas au début.

Je sais bien mais quand l'action est censée se dérouler sous le 1er empire, cherchez l'erreur.

Et alors, pourquoi pas ?

Je ne sais plus si il y a des indications claires à l'époque ? (pas comme dans Tosca où on parle de la victoire de Napoléon à Marrengo, donc quelque chose de daté).

Les DVDs

calbo a écrit:

Les CDs

avec Sutherland/Pavarotti



avec Anderson/Kraus



Avec Freni/Pavarotti

Il n'y a pas un petit problème avec les deux dernières images ?

Elvira a écrit:

Et alors, pourquoi pas ?

Je ne sais plus si il y a des indications claires à l'époque ? (pas comme dans Tosca où on parle de la victoire de Napoléon à Marrengo, donc quelque chose de daté).

C'est daté (citation wikipédia)

Citation :

En principe, selon le livret original, l'action devrait se situer près de Bologne et les soldats être autrichiens, mais dans toutes les représentations de l'œuvre, l'action se situe en 1805 dans le Tyrol, occupé par les troupes de Napoléon Ⅰer, et les soldats sont français.

J'édite

calbo a écrit:

Elvira a écrit:

Et alors, pourquoi pas ?

Je ne sais plus si il y a des indications claires à l'époque ? (pas comme dans Tosca où on parle de la victoire de Napoléon à Marrengo, donc quelque chose de daté).

C'est daté (citation wikipédia)

Citation :

En principe, selon le livret original, l'action devrait se situer près de Bologne et les soldats être autrichiens, mais dans toutes les représentations de l'œuvre, l'action se situe en 1805 dans le Tyrol, occupé par les troupes de Napoléon Ⅰer, et les soldats sont français.

Je ne parlais pas des didascalies ou je ne sais quoi, mais des paroles qui permettent de dater précisement l'oeuvre. Et donc je citais l'exemple de Tosca où l'un des sbires de Scarpia vient annoncer à celui-ci que Mélas a perdu.

Je ne connais pas le livret par coeur mais il me semble qu'il y a des références à l'époque ou est censée se dérouler l'oeuvre. Va falloir que j'aille voir ce de plus prêt

De toute façon, il y a souvent des allusions plus ou moins explicites dans les opéras. Je n'ai pas souvenance de quelque chose de précis pour cet opéra. Donc franchement, je ne vois pas le problème de transposer cette oeuvre durant la première guerre mondiale. Il y a peut-être plus pertinent, je ne sais pas mais ça ne me choque pas.

Certes il y a eu pire mais, et c'est un avis purement personnel, sans avoir été choquée, ca m'a gêné sans que je puisse clairement savoir pourquoi.

J'ai cru comprendre que tu n'appréciais pas la transposition... Au départ, j'avais du mal moi aussi, mais après quand c'est fait intelligemment et que l'oeuvre en est pas dénaturé, ça me convient.

Je vais nuancer mon propos : je ne suis a priori pas opposée à une transposition, encore faut il que l'oeuvre s'y prête (La traviata dans les années 20 par exemple avec des décors et des costumes adéquates bien sur n'a rien de choquant).

Il y a des obstacles aux transpositions dans les deux cas, dans la fille du régiment, on peut se demander ce que des soldats français glandouillent au Tyrol ou à Bologne en 1914, et l'esprit de l'oeuvre n'est pas du tout l'esprit bien plus nationaliste de la première guerre mondiale, on est bien dans les guerres napoléoniennes où tout le monde parle avec tout le monde dans une certaine mesure.

Dans la Traviata, le problème de la transposition est toujours de faire bien apparaître le caractère scandaleux de la liaison Alfredo-Violetta. Dans beaucoup de mises en scène transposées, c'est très poussif et on se demande bien pourquoi il y a un problème.

Mais bon, on fait comme tout bon spectateur qui se respecte, on fait comme si on n'avait pas entendu les répliques qui ne collent pas avec la transposition, c'est pourtant simple

Je ne connais pas les DVD présentés mais je vois que Florez est omniprésent... Et j'ai quelque réserve quant à sa diction du français (car j'imagine que c'est la version en fançais qui est présentée). Qu'est-ce que cela donne?

non non, dans la version Pelly en tout cas il est vraiment très bien, il contrutise parfaitement dans un français compréhensible.

Morloch a écrit:

non non, dans la version Pelly en tout cas il est vraiment très bien, il contrutise parfaitement dans un français compréhensible.

Je suis sans doute très bête mais que veut dire le verbe contrutiser?

c'est synonyme de " chanter la fille du régiment " pour un ténor

La diction de Flórez est toujours bonne, c'est la nuanciation du texte qui n'est pas fameuse. Et là, en français comme en italien...

Jaky a écrit:

Morloch a écrit:

non non, dans la version Pelly en tout cas il est vraiment très bien, il contrutise parfaitement dans un français compréhensible.

Je suis sans doute très bête mais que veut dire le verbe contrutiser?

contre-ut(iser)

J'ai vu ce fameux DVD, et j'ai enfin pu accrocher réellement à cet opéra. Dessay est vraiment formidable, des vocalises superbes, nettes et impressionantes, dommage qu'elle s'agite de manière trop nerveuse (non, je n'irais pas jusqu'à dire hystérique, c'est un mot trop fort) ce qui fatigue un peu à force, mais parfois ce jeu, évidemment à la garçonne, marche.
Florez est assez compréhensible en Tonio. Une belle voix.
La mise en scène vraiment agréable et amusante. Pas d'effet facile, et l'arrivée du char dans le salon est effectivement amusant. C'est très vif et enlevé, l'ennui est vite enlevé.
Mais bon, c'est dommage que la musique en elle-même soit franchement ras les pâquerettes.

J'ai regardé la télédiffusion l'an dernier pour la fête de la musique. C'est peut-être pas la meilleure mise en scène mais elle reste regardable (pour une fois je n'ai pas pris la fuite en la voyant). Vocalement, en effet, ca tient la route. Dessay excellente et Florez en grande forme également et les autres artistes n'ont rien à leur envier. Au niveau scénique Dessay a tendance à surjouer mais je me demande si le metteur en scène ne lui a pas demander d'en rajouter un peu pour souligner le contraste entre la vie au camp et la vie chez sa mère naturelle

Il me semblait que tu ne la supportais pas ???

La transposition pendant la guerre de 14 n'est pas une idée génialissime en soi. Est il permis, même à calbo de mettre de l'eau dans son vin?

La pièce implique un contexte de campagnes militaires XIXème, avec déplacements de régiments sur des milliers de kilomètres et son intendance, ses cantinières, ses mercantis, et ça ne colle qu'à moitié avec l'ambiance première guerre mondiale.

Mais faut quand même pas exagérer, c'est une transposition assez inoffensive et qui fonctionne bien. Je ne sais pas si on peut faire une meilleure mise en scène de ce truc qui n'est pas non plus le plus grand opéra comique jamais écrit et qui n'est pas d'une ambition littéraire démesurée.

calbo a écrit:

La transposition pendant la guerre de 14 n'est pas une idée génialissime en soi. Est il permis, même à calbo de mettre de l'eau dans son vin?

Ai-je dit le contraire ? Au contraire, tant mieux. Mais comprends ma suprise.

DavidLeMarrec a écrit:

Elvira a écrit:

Vais-je me faire taper si je trouve cet opéra ennuyeux et insipide ?

Pas par moi en tout cas, puisque sans aller jusque là je le trouve passablement faiblard.

Et sans le placement par Donizetti de sept contre-ut dans l'air que vous savez, il ne se serait jamais maintenu au répertoire.

Ah non , David , pas toi... Cet opera s'est maintenu au répertoire POUR et à CAUSE des sopranos , pas à cause des 8 ou 9 contre ut. La preuve : au Met en 40 on le reprenais pour lily Pons , (aussi pour la " gloire " de l'armée française ) , et ce , malgré que Raoul Jobin coupait les contre ut.( Quelle idée d'ailleurs d'avoir été chercher Jobin pour ce role !!!)

Je recherche la fille du régiment par Pavarotti et Sutherland, pourriez vous me dire si une version DVD existe également?, je n'ai pas trouvé, mais peut être mal cherché.
Merci à vous

ça existe chez Decca en Cds et tu peux l'écouter gratuitement ici : http://www.musicme.com/#/Dame-Joan-Sutherland/albums/Donizetti:-La-Fille-Du-Regiment-0028947813668.html