Citations

Bonjour,
Je me souviens d'une citation, d'un écrivain connu je crois, qui croyait se moquer de l'opera, c'était quelque chose comme: " ... il est blessé, il est abandonné, plus personne ne peut le secourir, il va mourir ..., mais d'abord il va chanter!" Je trouve que en fait, même si c'est moqueur et méprisant, il y a quelque chose de très juste. Mais qui peut me rappeler l'auteur de cette phrase?

je n'en sais rien je boycotte toutes les citations qui parlent de la mort

« Cinq mystères tiennent les clefs de l'invisible : l'acte amoureux, la naissance d'un enfant, la contemplation des grandes œuvres d'art, la présence de la mort et du désastre, et l'écoute de la voix humaine qui chante. C'est à ces moments-là que les serrures de l'univers s'ouvrent et que nous avons un aperçu de ce qui nous est caché ; la nef de l'ineffable. »

Salman Rushdie, La terre sous ses pieds (The Ground beneath her Feet, trad. Danielle Marais).

Tchaikovsky. A propos d'une représentation de Russlan et Ludmila.

"Autre exemple : le chant des fleurs. Pour rendre de façon à peu près satisfaisante cette musique limpide et éthérée, divinement poétique, il faudrait disposer d'un chœur d'êtres idéaux et gracieux aux voix d'élite ! Le chant des fleurs n'est-il pas la transcription musicale de leur parfum ? Un si beau parfum incarné par nos choristes bien en chair ! Passe encore s'il s'était agi, par exemple, d'un chœur de courges, de carottes ou de raves, composé par un Offenbach ! Sans doute ces produits de l'industrie maraîchère eussent-ils trouvé parmi nos choristes de dignes interprètes. etc"

nugava a écrit:

Tchaikovsky. A propos d'une représentation de Russlan et Ludmila.

"Autre exemple : le chant des fleurs. Pour rendre de façon à peu près satisfaisante cette musique limpide et éthérée, divinement poétique, il faudrait disposer d'un chœur d'êtres idéaux et gracieux aux voix d'élite ! Le chant des fleurs n'est-il pas la transcription musicale de leur parfum ? Un si beau parfum incarné par nos choristes bien en chair ! Passe encore s'il s'était agi, par exemple, d'un chœur de courges, de carottes ou de raves, composé par un Offenbach ! Sans doute ces produits de l'industrie maraîchère eussent-ils trouvé parmi nos choristes de dignes interprètes. etc"

Excellent!

Je voulais juste vous faire partager cette citation d'Alfred Brendel sur laquelle je viens de tomber, au sujet de la longue incompréhension des sonates de Schubert : "pour la plupart des gens, l'ambiguïté a peu de charmes ; ils cherchent rarement ce qui va les déranger en élargissant leur vision de la vie, mais quelque chose qui les rassure en la simplifiant".
J'ai trouvé ça assez bien formulé, et de manière inattendue terriblement d'actualité dans un domaine dont bien sûr je ne parlerai pas plus ici.

Tchaikovsky:
"Richard Strauss, ce nouveau génie que Bulöw vient de découvrir et dont il est fou. Je trouve que la dernière saloperie du plus mauvais de nos compositeurs est bien supérieure à cette incroyable nullité..." (à propos d'Aus Italien)

J'ouvre ici un petit concours qui n'a que pour vocation d'être ludique !

C'est un petit concours de phrases assassines, piques et autres billevesées qui ont été écrites, pensées ou dites (voire même parfois prêtées à tort ou à raison) par les compositeurs envers d'autres compositeurs contemporains ou pas !

Pour une relative objectivité artistique, les phrases devront avoir pour auteur un musicien envers un autre musicien...mais les commentaires acerbes de peintres, littérateurs ou personnes issues d'autres horizons culturels sont également les bienvenus !

Un prix imaginaire nommé le "Monsieur Croche de la vanne" sera décerné à celui ou ceux qui poste(nt) le plus de diatribes (sources et références appréciées)

J'égrenerai ici les diverses moqueries que je détiens dans mon répertoire et pour ouvrir le bal, voici la première issue de l'oeuvre de critique musicale de Debussy :

Debussy VS Berlioz : " C'est inoffensif ces lieder...ça sent le fond de tiroir des douces vielles filles de province (...)"

À vos claviers...

Schumann, à propos de Wagner, en 1846: "Wagner est impossible, c’est certainement un homme spirituel, mais il ne cesse de parler. On ne peut tout de même pas parler sans arrêt."

Bartok à propos de Liszt: "Il se laissa influencer par le style mélodique très ordinaire de Berlioz, par le sentimentalisme de Chopin et, plus encore, par la routine et le conformisme italien : leurs traces affleurent partout dans son œuvre; et ce sont eux qui lui donnent l'apparence du trivial."
Je ne sais pas si c'est méchant pour Liszt, mais ça l'est assurément pour Berlioz.

Schumann sur Alkan: "Les études portent des titres: «Aime-moi», «Le Vent» et «Morte», et se signalent tout au long de leurs cinquante pages par un déluge de notes dépourvu de la moindre indication d’exécution; le seul caprice ne saurait en être rendu responsable, d’autant qu’on sait de toute façon comment exécuter au mieux une telle musique; mais cette fois, l’inanité intérieure brillant de concert avec la vacuité apparente, que peut-il rester? (...)Nous protégeons le talent qui s’égare, mais encore faut-il qu’il manifeste quelque sentiment musical; quand cela-même est douteux et que l’on ne distingue rien que du noir sous du noir, nous devons nous détourner sans indulgence."

Antidilettante a écrit:

J'égrenerai ici les diverses moqueries que je détiens dans mon répertoire et pour ouvrir le bal, voici la première issue de l'oeuvre de critique musicale de Debussy :

Debussy VS Berlioz : " C'est inoffensif ces lieder...ça sent le fond de tiroir des douces vielles filles de province (...)"

Curieux, il me semble qu'il parlait non pas de Berlioz (qu'il n'aimait pas, mais à part lui, qui aimait-il ?) mais des lieder de Schubert... A vérifier.

C'est bien de Schubert dont Debussy parlait : « C'est inoffensif, ces lieder... ça sent le fond de tiroir des douces vieilles filles de province... bouts de rubans fanés... fleurs à jamais desséchées... photographies décidément trépassées !... -- seulement ça répète le même effet pendant d'interminables couplets... » (Debussy, La Revue blanche, 1er mai 1901, dans Monsieur Croche, Paris, Gallimard, 1971, p. 35.) J'ai trouvé la citation et la référence dans le livre de Rémy Stricker sur Schubert (je voudrais pas qu'on pense que j'ai du temps à passer sur Monsieur Croche, hein... ).

Sinon, les articles de Schumann (dans la NZfM, etc.) sont une mine d'or, aussi...

Lu dans le dictionnaire encyclopédique Wagner : "La musique de Wagner est un art consolateur pour les coeurs navrés". Van Gogh dans une lettre à Gauguin.

Je trouve ça joli. Il disait la même chose pour Berlioz.

Belle lucidité...
"Je ne connais absolument rien à la musique. Pour ce que je fais, je n’en ai pas besoin !" — Elvis Presley

"Ce qui m’intéresse surtout dans le jazz, c’est que c’est un bon mot pour le scrabble." (Philippe Geluck).

Antidilettante a écrit:

J'ouvre ici un petit concours qui n'a que pour vocation d'être ludique !

C'est un petit concours de phrases assassines, piques et autres billevesées qui ont été écrites, pensées ou dites (voire même parfois prêtées à tort ou à raison)

Bon, on peut relancer le concours de vacheries ?

Quelle est la différence entre l'inhumain virtuose du clavier Leopold Godowsky (1870-1938) et un pianola ?

=> Le compositeur italien Ferruccio Busoni répondait : "Godowsky peut jouer dix fois plus vite, mais le pianola exprime dix fois plus de sentiment"...

On a le droit de mettre des citations de Zappa ?

Florent Schmitt à Darius Milhaud à l'entracte, le jour de la création du Christophe Colomb de ce dernier : "vous restez ? "

Zeno a écrit:

Florent Schmitt à Darius Milhaud à l'entracte, le jour de la création du Christophe Colomb de ce dernier : "vous restez ? "

On doit pouvoir tout faire (Bach)
Tous les violonistes jouent faux, mais certains exagèrent (attribué à Saint-Saëns)
Penser et chier sont deux choses différentes (Mozart)

PS: je n'arrive pas à trouver la source de ce propos de Boulez: "Si Schubert est un compositeur, je n'en suis pas un."

La pure phrase à la con.

Mais j'aimerais qu'on m'apprenne d'où ça sort?

Tu es sûr de l'exactitude de la phrase?

Non, mais je l'ai toujours entendue citée ainsi, à la radio et ailleurs. google par ex.:
"Il est piquant que plus récemment encore, alors que Schubert commençait enfin à être apprécié, Pierre Boulez ait avancé que si Schubert était compositeur, alors c'était lui, Boulez, qui n'en était pas un !"

Cependant je trouve encore ceci sur Google:

"Il semblerait (lu dans le dernier livre de Pierre Bergé) que Pierre Boulez estime que Schubert ne représenterait aucune perte pour ce monde s’il n’avait pas existé."

C'est pourquoi j'aimerais qu'on éclaire ma lanterne.

@xavier : grâce à cette citation, je suis tombé sur ton double qui dit du bien de boulez :

http://fr.rec.arts.musique.classique.narkive.com/viFw1T3R/devinez-qui

(ps: xavier si tu préfères virer le lien, fais-le ou dis moi de l'enlever)

Ca nous éclaire plus sur la mégalomanie d'un pseudo-compositeur du 20° siècle qu'autre chose

supernova a écrit:

PS: je n'arrive pas à trouver la source de ce propos de Boulez: "Si Schubert est un compositeur, je n'en suis pas un."

Sans oublier le désormais fameux :

Spoiler:

Xavier a écrit:

La pure phrase à la con.

Normal, de la part d'un intellectuel qui fait sa musique comme on va chez le psychanalyste.

Je te cite donc à nouveau : la pure phrase à Lacan.

supernova a écrit:

Tous les violonistes jouent faux, mais certains exagèrent (attribué à Saint-Saëns)

Je crois que c'est de Stravinski.

Que visait Eduard Hanslick en écrivant : "Il appartient à la catégorie des oeuvres suicidaires, qui se tuent elles-mêmes par leur impitoyable longueur" ?

Indice 1 : ce n'est ni de Mahler ni de Bruckner...

Indice 2 : cherchez dans la catégorie musique de chambre russe...

Spoiler:

Quelle sottise de s'en prendre à une des rares oeuvres de Tchaikovski de qualité...

Zeno a écrit:

supernova a écrit:

Tous les violonistes jouent faux, mais certains exagèrent (attribué à Saint-Saëns)

Je crois que c'est de Stravinski.

on l'a attribué à tant de monde; mais j'aimerais trouver une source, comme pour Boulez.

je ne sais plus quel grand pianiste (début XXe) a dit de je ne sais plus quel grand pianiste qui s'était fait réformer au temps de la grande guégurre: "Normal, il n'a pas de doigts".

De qui parlait Stravinsky en écrivant :

« je me souviens l'avoir rencontré à ce moment-là, à une répétition je crois. Je le trouvai aussi repoussant que sa musique. »

Spoiler:

"Les jeunes adorent jouer ma musique. Boulez et Stockhausen sont des mégalos. Tout dans la tête, rien dans le coeur. Le minimalisme américain répétitif est aussi ridicule. Moi, je préfère le traité d'orchestration de Berlioz." - Berthold Goldschmidt

J'avoue que j'ai du mal à comprendre le rapport entre les 3 premières phrases et la 4è; ça vient peut-être de la traduction...

A l'époque de cette déclaration il a autour de 90 ans, il veut juste dire (de manière un peu provocatrice peut-être) qu'il n'est pas touché ni intéressé par les grandes orientations de la musique contemporaine et qu'il préfère se référer à un bon vieux classique (quitte à passer pour un ringard ou un réac)
Son "Cocu magnifique" (der gewaltige Hahnrei) de 1932 est un de mes "Entartete" préférés (similitudes avec Chosta et Prokofiev pour la musique, livret glauquissime et hilarant à la fois)

C'est plus ou moins ce que j'avais compris...
Mais c'est tellement simpliste, voire démago...

C'est un point de vue. Après, si on commence à questionner la véracité ou le degré de pertinence des déclarations "chocs" des uns et des autres, on est loin d'avoir fini...

Qui a dit ça ?

"Bien étrange, ce Quatuor de Debussy ! C'est barbare, informe, mais d'une sauvagerie de rythmes, d'une truculence d'harmonies admirable. Je suis guéri de faire des théories en art. Au fond, il n'y a guère que la personnalité, le reste n'existe guère".

Deuxième citation de ce compositeur bien connu:

"Malgré le milieu et les préjugés vous serez amené, petit à petit, à envisager cette question des droits de la femme qui, à mon sens, prime tout actuellement dans l'évolution sociale. La Révolution française s'est arrêtée en route pour l'avoir oubliée et le socialisme d'aujourd'hui mourra s'il la néglige. Les plaies immondes de notre société, le militarisme, l'alcoolisme, la prostitution, ne peuvent s'atténuer et disparaître que par la volonté des femmes (...)".

stiopka a écrit:

Bonjour,
Je me souviens d'une citation, d'un écrivain connu je crois, qui croyait se moquer de l'opera, c'était quelque chose comme: " ... il est blessé, il est abandonné, plus personne ne peut le secourir, il va mourir ..., mais d'abord il va chanter!" Je trouve que en fait, même si c'est moqueur et méprisant, il y a quelque chose de très juste. Mais qui peut me rappeler l'auteur de cette phrase?

J'ai ça en magasin :  "Un chanteur d'opéra, c'est un type qui reçoit un coup de couteau dans le dos et qui, au lieu de saigner se met à chanter" Henri Jeanson.

Pour Bernard Shaw le Requiem de Brahms n'est supportable que pour le cadavre (patiently borne only by the corpse).

Troisième citation du compositeur mystère.

Attention, ça se corse: notre homme fait étalage d'opinions politiques /sociales qui sont encore d'actualité, plusieurs générations plus tard.

Le syndicalisme ne peut que croître et embellir. Le suffrage universel, conscient de sa force, va devenir insupportable, et nous ferons l'expérience de la tyrannie ouvrière comme nous avons fait celle de la grande tyrannie monarchique. La vie va devenir de plus en plus désagréable pour ceux qui possèdent et de moins en moins pénible pour ceux qui n'ont rien.
Tout l'embêtement retombera sur ceux qui, comme vous, ne disposent que d'un capital intellectuel.

Quatrième citation:

Je m'emmerde sur mon quatuor, je m'emmerde! Je ne sais pas assez pour écrire une oeuvre de ce genre..

Il m'en reste trois, non pas sulfureuses, mais reflétant bien les préjugés de l'époque et le caractère frondeur de notre compositeur.

Ruthland Boughton?

Euh, non. Il ne faut pas chercher si loin. Une autre citation suivra ce soir. Cet homme avait des opinions très tranchées...

J'aurais pensé à Saint-Saëns ou D'Indy...

Massenet?

Vous brûlez...

Les citations sont toutes extraites de sa correspondance, la plupart du temps avec un autre compositeur assez connu.

En voici une autre, adressée cette fois à un écrivain célèbre:

Bravo, monsieur, vous êtes un crâne! En vous l'homme vaut l'artiste. Votre courage est une consolation pour les esprits indépendants. Il y a donc encore des Français qui préfèrent la justice à leur tranquillité, qui ne tremblent pas à l'idée d'une guerre étrangère, qui ne sont pas aplatis devant ce sinistre hibou de (...) et ce vieux polichinelle de (...)

Marchez! Vous n'êtes pas seul. On se fera tuer au besoin.

André a écrit:

Je m'emmerde sur mon quatuor, je m'emmerde! Je ne sais pas assez pour écrire une oeuvre de ce genre..

Fauré, qui a attendu la fin de sa vie pour en composer un ?