Vivaldi - Gloria

Non mais je rêve! Tandis que tout le monde s'absorbe sur la musique de chambre de Chausson, ou déterre d'obscurs compositeurs croates (hum...), il n'y a pas le moindre fil sur ce forum consacré au Gloria (en ré mineur, RV589, c.1715) de Vivaldi!

Allez, hop hop hop, on se réveille et on me donne ses versions de chevet de ce chef-d'œuvre, les références à connaître et les mauvais plans à éviter! Non mais!


PS: vu la popularité des topics vivaldiens, on peut aussi consacrer ce sujet au Magnificat du même, qui est souvent couplé au disque avec le Gloria me semble-t-il. Le Stabat Mater a déjà son fil dédié par là. Dites-moi ce que vous en pensez et au besoin je renomme.

Deux versions que j'aime bien. Il faudrait que je réécoute ça ce soir pour t'en dire plus.

Oeuvre que j'adore. Mais je n'ai pas trouvé "ma" référence. Comme souvent pour ce que j'aime vraiment !


Tiens, Robert King, il est toujours en prison à cause des petits garçons ?

Robert, si tu nous lis !

[Concernant King, la peine était assez courte (trois ans, il me semble), donc elle doit être purgée ou pas bien loin.]


Je n'ai dû vraiment écouter que Corboz, peut-être une fois autre chose de plus récent à la radio (King probablement, et que j'aurai adoré comme d'habitude).

Après un rapide survol, quelques pistes, mais comme je viens de l'expliquer, ce ne sont pas des versions que j'ai pratiquées, et ça change tout :

- Muti est sympa, mais le choeur est lourd dans une atmosphère réverbérée ;
- Harnoncourt, avec orgue, sonne remarquablement, mais le choeur, malheureusement, pense tout à fait à autre chose ;
- Alessandrini fait la course, c'est assez à la mode ces temps-ci et c'est pas forcément un mal, mais c'est étrange pour un Gloria ;
- Parrott comme d'habitude propose le "un par partie", ça sonne pas mal ;
- Gardiner est encore le plus convaincant, avec un bon rebond et des parties instrumentales très maîtrisées (la plus belle technique avec Alessandrini).

Il m'en manque peut-être d'écoutés et non commentés, mais je m'ennuie au bout d'un moment, donc je donne juste quelques pistes.

Merci à tous les trois pour ces premiers avis.

J'adore la version Harnoncourt, que j'avais citée sur le fil qui lui est consacré. Pourtant je n'aime pas trop Harnoncourt en général, sauf dans Haydn. Mais là-dedans c'est superbe. C'est étonnant, pour du Harnoncourt je trouve que ça sonne assez "latin".

DavidLeMarrec a écrit:

- Harnoncourt, avec orgue, sonne remarquablement, mais le choeur, malheureusement, pense tout à fait à autre chose ;

Ah bon Moi le sublime "et in terra pax" par exemple, me touche beaucoup dans cette version.

Mais je ne connais pas Gardiner, que j'aime dans tout; lacune à combler.

Alessandrini et Harnoncourt me comblent de joie.
Avantage au choeur pour le premier, et à l'orchestre pour le second.

Et il va falloir que j'essaie moi aussi Gardiner. Quand on réussit le plus beau Dixit Dominus de tous les temps (celui d'Haendel), on ne doit pas être trop mauvais dans le Gloria de Vivaldi.

C'est dans le même goût effectivement, ce qu'il y fait.

Bon, je suis donc allé muser sur MusicMe, voici quelques impressions d'écoute.



Au risque de me faire crier dessus, celle qui m'a fait la plus forte impression est pour l'instant la version Muti (1987), à la tête des New Philharmonia Chorus & Orchestra, avec Berganza et Terrani en solistes. Certes on a là affaire à une conception un peu grandiloquente voire "romantisante" de la chose, que les puristes attaqueront sans doute comme datée. Et puis c'est vrai que ça réverbère un max. Mais on aurait pourtant tort de craindre quelque chose de par trop pesant, au contraire je trouve que dans les passages choraux rapides (Gloria in excelsis Deo, Domine Fili unigenite, Quoniam Tu solus sanctus - Cum Sancto Spiritu), Muti adopte un tempo extrêmement allant, avec un résultat assez vertigineux, qui compense tout risque de lourdeur de ce côté-là – au risque peut-être, en revanche, de donner une impression de "décousu" avec certains passages solistes (mais quels solistes, soit dit en passant). À côté de ça, d'autres passages comme par exemple l'Et in terra pax sont remarquables par leur caractère magnifiquement recueilli, le parti-pris de Muti leur conférant pompe et solennité sans pour autant (me) donner, là encore, une sensation de "lourdeur". Bref, ce n'est peut-être pas (ou plus?) LA version de référence, mais dans l'ensemble, moi j'adhère (après Karajan dans Haydn et Klemperer dans Bach, je suis plus à ça près de toute façon ).



Du côté des versions plus "en style", ma préférence va à la toute récente version Alessandrini II (2009). Même si elle ne m'enthousiasme pas toujours totalement, du fait notamment de certains passages qui me semblent parfois un peu secs (parti-pris qui se défend, dans l'absolu), cette version me semble tout de même assez irréprochable dans l'ensemble, et la voix de Sara Mingardo est un enchantement qui donne à certains passages un caractère véritablement céleste.



Non loin derrière, Alessandrini I (1999) a un peu trop tendance à donner dans la virtuosité-TGV. Ce n'est pas totalement déplaisant, une fois qu'on entre dans cette conception, mais cela reste une vue un peu particulière. Belle articulation, cela dit, de la tonalité allègre de l'ensemble avec les moments où la partition se "fige" soudain, pour quelques instants, dans une plus grande solennité. Au final, un enregistrement un peu bizarre, mais qui s'avère tout de même fortement séduisant.



Gardiner (2001), peut-être pour la première fois, ne m'a pas pleinement convaincu. Attention je ne dis pas que c'est un complet ratage, mais je trouve qu'il manque un petit quelque chose, ou quelquefois au contraire il en fait un petit peu trop, bref – à mes oreilles en tout cas – ce n’est jamais exactement ça. Cette version se situe néanmoins pour moi à un niveau assez nettement supérieur par rapport à celle d'Harnoncourt (1994), qui.ne m'a pas convaincu (je sens que je vais encore provoquer des fâcheries).Cette version, assez dépouillée, avait pourtant commencé par me donner bonne impression dans les premières mesures mais ensuite, hélas... Tout cela, à mon goût, manque assez dramatiquement de vie, de dynamisme, d'enjeu. Les interprètes et donc l'auditeur que je suis ne sortent que très-épisodiquement de leur torpeur (pour le Qui sedes ad dexteram Patris, plus exactement, en ce qui me concerne). Je comprends ce que voulait dire David à propos du chœur, et je ne suis pas convaincu par ce qui se passe côté instruments. Désolé (une fois de plus) pour les fans d'Harnoncourt (et pourtant je commence à l'apprécier ailleurs plus qu'avant!).



Pour en finir avec les baroqueux et remonter un peu la cote d'Harnoncourt au classement relatif, signalons tout de même que la palme de l'ennui (du début à la fin) revient sans contestation possible, dans ce que j'ai écouté, à la version Pinnock (1988) à la tête de son English Concert. Ou comment donner, avec un ensemble restreint et sur instruments anciens, cet impression de poussière pesante (et jamais impressionnante) que Muti évite avec son grand orchestre et ses conceptions "anachroniques". Hop, on zappe et on oublie.



Un mot, pour finir, sur quelques versions plus anciennes mais toujours présentes dans les bacs par la grâce des rééditions. Pour ceux qui aiment leur Vivaldi trempé dans un peu de thé, la version Willcocks (1962) avec le King's College Choir est une curiosité pas désagréable. Quoique moins convaincante que l'enregistrement de la Nelsonmesse de Haydn avec laquelle elle est couplée, elle distille encore un certain charme. Force est de constater que Corboz (1985), que je goûte sans complexe ailleurs, a, quant à lui, pris un sérieux coup de vieux avec son enregistrement de cette œuvre. Je ne saurais dire à quoi ça tient, mais en dépit des qualités de la chose, on écoute vraiment cela comme les échos d'un passé discographique assez lointain... C'est assez beau, mais un peu placide tout de même. Un cran en-dessous enfin, Scimone (1986) signe une version pas mauvaise, mais pas enthousiasmante non plus. Pas de grosse "erreur" notable, mais après un début assez satisfaisant, sur la longueur, l'ennui s'installe.

Octavian a écrit:

Bon, je suis donc allé muser sur MusicMe, voici quelques impressions d'écoute.

Rassure-moi, tu n'as pas écouté TOUTES ces versions en ENTIER dans l'APRES-MIDI ?

Ou alors tu passes toutes les caricatures de thésards obsessionnels.

DavidLeMarrec a écrit:

Ou alors tu passes toutes les caricatures de thésards obsessionnels.

Je précise que je n'ai écouté que les Gloria, pas les œuvres avec lesquelles il pouvait être couplé dans certains enregistrements. J'ai un peu "zappé" en cours de route dans Scimone, Pinnock et Willcocks. Et Corboz est en train de se terminer.

Octavian a écrit:

(après Karajan dans Haydn et Klemperer dans Bach, je suis plus à ça près de toute façon ).

Ma version préférée de la passion de bach est celle de Klemperer
On est pas Hs quand on écrit tout petit

Moi, je continue donc mes survols (et moi je ne mens pas en disant que je n'ai pas tout écouté ), avec quelques pistes supplémentaires.

- Très belle version équilibrée, un peu sage diront certains, du Boston Baroque, avec un très bon choeur.
- Marriner est plan-plan, mais le choeur est excellent.
- Il existe une version Malgoire... sec, casserole, et le choeur atroce. Mais j'aime Malgoire, alors qu'il massacre des oeuvres secondaires m'est furieusement égal.

DavidLeMarrec a écrit:

Marriner est plan-plan, mais le choeur est excellent.

Celle-là j'ai failli l'écouter, et puis j'ai renoncé.

J'ai la version de Gardiner qui me convient et je ne saurais en conseiller d'autre par défaut.
Par contre j'avais acheté cette version et j'avais même pas osé en parler, aujourd'hui j'ai moins peur.C'est divinement inaudible, sirupeux, mielleux, affable. Bref indescriptible. Si cela peut sauver quelqu'un de le savoir.

C'est ma version. Oui, affable est le mot juste.

J'aime beaucoup quand même.

DavidLeMarrec a écrit:

J'aime beaucoup quand même.

Aïe, désolé

Non, mais c'est parce que j'y suis habitué et que ça me suffit pour cette oeuvre. Après ça, c'est sûr que ce n'est pas ton genre.

Corboz, c'est toujours comme ça : réussi, agréable, mais un peu lisse.

Tu devrais essayer Malgoire (enfin, sur MusicMe), avec les trompettes qui canardent, tu vas être heu-reux.

DavidLeMarrec a écrit:

Non, mais c'est parce que j'y suis habitué et que ça me suffit pour cette oeuvre. Après ça, c'est sûr que ce n'est pas ton genre.

Corboz, c'est toujours comme ça : réussi, agréable, mais un peu SUPER lisse.

Ouep

DavidLeMarrec a écrit:

Tu devrais essayer Malgoire (enfin, sur MusicMe), avec les trompettes qui canardent, tu vas être heu-reux.

Je laisse tomber mon tristan de suite et me jette dessus.

atomlegend a écrit:

Je laisse tomber mon tristan de suite et me jette dessus.

Tu vas me maudire, parce que déjà que les trompettes et toi.

J'écoute le Gloria de Marriner en entier et je m'aperçois qu'il s'agit... de l'édition Malipiero.

Vous avez dit bon goût ?

Oui la version de Malgoire ( musicMe ) est en effet encore plus insupportable.

Pour Corboz, je crois que tu as bien décrit les choses Atom, en parlant d'enregistrement "mielleux, affable"; "inaudible", c'est peut-être un peu exagéré par contre, ça reste quand même (relativement) écoutable (à mon sens), plus que d'autres...

Bon après, c'est sûr que pour une version de référence, on repassera.

Pour Gardiner, que j'ai mis en entier... les solistes...

J'aime énormément Fuge, non sans une nuance un peu perverse, j'en conviens, mais là, lorsqu'elle se met à chanter comme Kirkby, je dis STOP.

Edit : En fait, c'est apparemment sa partenaire qui est horrible, seule c'est très bien.

OOOOOOOOOO la vache

Et personne ne connait Vittorio Negri dans ce répertoire?

Je me suis permis d' écouter quelques extraits sur MusiMe, c'est vraiment dans la même veine que Malgoire et corboz, c'est pas pire. En ce qui me concerne des versions à fuir de toutes urgences.

En amateur de grandes voix et d'instruments modernes je ne dirais pas la méme chose

Oui, je comprends, mais pour ma part impossible de dissocier chants et voix,si belles fussent eles, du coup les instruments modernes ici, gâche mon plaisir.

Je dirais la méme chose des instruments anciens Encore que certaines oeuvres sur instruments anciens comme le requiem de Campra ne me laissent pas insensible non plus

Sans vouloir rouvrir un débat récurrent et interminable, pour moi le problème ne se réduit pas à instruments anciens ou modernes, en soi. C'est avant tout une question de style et d'articulation, et en effet beaucoup de choses ont été proposées par les orchestres sur instruments anciens, qui facilitent cette approche, ça c'est mon avis, mais encore une fois ça ne réduit pas la question à la simple question des instruments.
Du coup on ramène ça au débat sur les instruments. Il y a de très bonnes choses en baroque sur instruments modernes, c'est indéniable. Mais plus que sur les instruments justement, c'est bien sur ces questions de style que je rejoins l'avis d'atomlegend

J'écoute la version Muti, c'est très beau ! décidément, aujourd'hui, je ne suis capable que de dire c'est "très beau".

Belles voix, belle direction, qui donne une excellent pâte musicale. Et pour une fois, Vivaldi ne m'ennuie pas !

Entièrement d'accord, ça faisait longtemps que je n'avais pas écouté du Vivaldi avec autant de plaisir

Et Berganza et Valentini-Terrani sont extra.

Ce qui m'a le plus emballé, ce sont plutôt les choeurs, absolument magnifiques !

Forcément, c'est Norbert Balatsch qui les a préparés ! (chef des choeurs de Bayreuth aprés Wilhelm Pitz)

Pour moi l'intégrale Robert King a résolu depuis longtemps la question de la musique sacrée du vénitien. Les enregistrements Vittorio Negri sont tous décevants et accusent leur âge, ils ont bien vieillis (grosse réverb' dans les églises où les oeuvres ont été enregistrées).

Quant à Corboz il est absolument inécoutable dans Delalande, et encore je pèse mes mots

WoO a écrit:

Pour moi l'intégrale Robert King a résolu depuis longtemps la question de la musique sacrée du vénitien. Les enregistrements Vittorio Negri sont tous décevants et accusent leur âge, ils ont bien vieillis (grosse réverb' dans les églises où les oeuvres ont été enregistrées).

Quant à Corboz il est absolument inécoutable dans Delalande, et encore je pèse mes mots

J'ai bien peur que l'éternel débat dont fais allusion Iskender soit relancé.

Iskender a écrit:

Sans vouloir rouvrir un débat récurrent et interminable, pour moi le problème ne se réduit pas à instruments anciens ou modernes, en soi. C'est avant tout une question de style et d'articulation, et en effet beaucoup de choses ont été proposées par les orchestres sur instruments anciens, qui facilitent cette approche, ça c'est mon avis, mais encore une fois ça ne réduit pas la question à la simple question des instruments.
Du coup on ramène ça au débat sur les instruments. Il y a de très bonnes choses en baroque sur instruments modernes, c'est indéniable. Mais plus que sur les instruments justement, c'est bien sur ces questions de style que je rejoins l'avis d'atomlegend

Oui, c'est surtout une question de modes de jeu et d'articulation. D'ailleurs, beaucoup de violonistes solistes jouent Berg sur des violons XVIIIe...

+1 sur la remarque d'Iskender. Par ailleurs, je suis content de voir que je ne suis pas le seul à m'enthousiasmer pour le disque de Muti.

En même temps, je n'ai aucun point de comparaison possible, mais à vrai dire, je n'ai pas envie d'écouter une autre version. Celle-ci me satisfait pleinement.
D'ailleurs, je réécoute ce disque. Et plus je l'écoute, plus je l'aime.

WoO a écrit:

Pour moi l'intégrale Robert King a résolu depuis longtemps la question de la musique sacrée du vénitien. Les enregistrements Vittorio Negri sont tous décevants et accusent leur âge, ils ont bien vieillis (grosse réverb' dans les églises où les oeuvres ont été enregistrées).

Quant à Corboz il est absolument inécoutable dans Delalande, et encore je pèse mes mots

Quad je lis de tels propos j'ai l'impression que l'on compare les interprétations de Vivaldi par Negri à des oeuvres de Boulez !

C'est vrai que ce n'est pas la même chose, Boulez, c'est sublime.

presque autant que Varése

Ah, je suis content que tu aimes ça, on est quelques-uns à aimer beaucoup Varèse ici.

et je ne parle pas de Stockausen

Comment ça Flood, olalalalala