Je viens d'écouter trois oeuvres de ce compositeur français contemporain, élève de Boulez et de Xénakis : Isis II, Hommage à Kurtag, Lamento (en écoute sur MusicMe ou Deezer).
J'aurais peut-être du commencer par la musique de son Maître (avec ou sans marteau) que je ne connais pas encore.
L'ensemble m'a paru profondément ennuyeux. Le début de Isis II était prometteur mais la grisaille s'installe rapidement et les non évènements musicaux se succèdent de manière prévisible (c'est le prévisible de l'inattendu et de l'imprévisible). On arrive avec soulagement à la fin de la troisième pièce, le mystérieux et tout en frémissements Lamento, qui baigne dans les mêmes eaux que les précédentes. Emotionnellement ça ne me touche pas du tout. Peut-être que les amateurs de Webern et du minimalisme seront plus sensibles que moi à cette esthétique atonale épurée.
Le verbiage et l'imagination sans limite des critiques spécialisés est réjouissant :
"L'art de Philippe Schoeller pourrait se nommer "art musical psychotrope"
C'est que depuis son halluciné S, pour ensemble orchestral, oeuvre datant de 1989, jusqu'à son dernier Flügel, concerto pour piano et orchestre, ce compositeur ne cesse de proposer, à l'auditeur que nous sommes tous, une forme permanente de l'expérience d'écoute comme expérience psychique.
Pourtant nul fantasme de puissance dans cette proposition d'oeuvre à vivre, obédience de l'écoute, mais toujours une forme singulière de tension, de densité et surtout de couleur de la matière musicale. Comme une tension qui relie l'auditeur à sa propre écoute. Telle une aventure de l'écoute en formation. Sculpture de l'écoute traversant une forme ; l'oeuvre à entendre.
Car cette présence qui parcourt, de manière très vive, l'oeuvre à vivre, s'attache à toujours décrire le nuancier infini compris entre l'écoute comme stimulant ou l'écoute comme calmant. Et ce, la plupart du temps au sein d'une même oeuvre, même brève, comme son dernier Ö pour piano solo. Cest en ce sens que la musique de Philippe Schoeller vise cet «effet psychotrope» comme un pari sur l'oeuvre d'art dépassant la crise paralysante du moderne. «Ouvrir les corps», aime-t'il à dire."
Alexandra Steinberg, musicologue.
"(...) Schoeller est un vrai musicien, qui orchestre d'une main légère et fait sonner une grande formation comme Debussy en personne."
Anne Rey, Le Monde, juillet 93
Vous connaissez ?