Compositeur allemand, il a étudié la composition au Conservatoire de Paris avec comme professeur principal Antoine Reicha (et ça s’entend, pour le meilleur et pour le pire !!).
Auteur de plusieurs ouvrages lyriques, quelques ballets et plusieurs ouvertures, ses principales œuvres semblent être :
- Le Naufrage de la Méduse (1839), Opéra en 2 actes.
- Alessandro Stradella (1844), romantische Oper en 3 actes.
-
Martha oder Der Markt zu Richmond (1847), un romantisch-komische Oper (Opéra-comique de tradition française en langue allemande).
Je vous propose un extrait de ce dernier ouvrage.
Ne vous attendez donc pas à la révolution musicale du siècle mais dans le genre, c’est réussi et puis les glottophiles vont retrouver Gedda, Fassbänder…
Le livret est une adaptation d’un ballet de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges par Friedrich Wilhelm Riese.
ARGUMENT de MARTHA : L’action se passe à Richmond en 1710, sous le règne de la Reine Anne.ACTE I, scène 1 : Le Boudoir de Lady Harriet. Lady Harriet Durham, dame d’honneur de la Reine Anne, s’ennuie profondément dans son boudoir. Sa suivante, Nancy, lui conseille de tomber amoureuse mais aucun prétendant n’arrive à toucher le cœur de Lady Harriet. Arrive son cousin, Sir Tristram Mikleford qui lui propose de se rendre à la foire de Richmond afin d’assister aux courses d’âne. Cette proposition suggère une idée à lady Harriet : elle propose de s’y rendre avec Nancy déguisées en paysannes. Lady Harriet se fera appeler Martha, et Nancy Julia. Quant au cousin, il sera Bob, tout simplement.
Scène 2 : La foire de Richmond. C’est le moment où les jeunes servantes vont, selon la coutume, se faire embaucher par des fermiers. Parmi ceux-ci se trouvent Plumkett, homme jeune et robuste, et son frère de lait Lyonel. Celui-ci est de toute évidence né gentilhomme mais ses origines sont obscures : un homme a confié Lyonel enfant à la mère de Plumkett et lui a remis un anneau en exigeant, si quelque malheur venait frapper l’enfant, de montrer la bague à la reine. Alors que les affaires vont bon train, arrivent « Martha » et « Julia » en train de se disputer avec « Bob » qui les supplie de rentrer. Lyonel et Plumkett sont éblouis par la beauté des jeunes filles. S’étant débarrassées de « Bob », les deux femmes, d’excellente humeur se laissent aborder par les deux jeunes gens qui les prennent pour des servantes à louer. Elles ont cherché l’aventure, l’ont trouvée et elles poussent même la farce jusqu’à laisser Plumkett et Lyonel conclure un marché avec elles. « Martha » donne sa main à Lyonel, « Julia » la sienne à Plumkett et l’argent est échangé. Mais au moment où les deux femmes veulent regagner la demeure de Lady Harriet, les deux fermiers font valoir leur droit et les emmènent avec eux.
ACTE II : La ferme de Plumkett. Voilà donc nos deux aristocrates dans la ferme en train de préparer le dîner. Elles s’essayent aussi au métier à tisser mais se montrent si inefficaces que les deux hommes doivent leur dire comment s’y prendre. Nancy, énervée, renverse le rouet et s’enfuit, poursuivie par Plumkett. Lyonel et « Martha » restent seuls. Lady Harriet, pour donner le change, chante son air favori : « la dernière rose de l’été ». Lyonel, transporté, lui demande sa main. Plumkett revient, traînant « Julia » derrière lui : elle a mis en désordre la cuisine. Mais il se fait tard et les deux jeunes gens autorisent leurs servantes à gagner leur chambre. Lyonel réitère sa proposition à « Martha ».
ACTE III : Une forêt près de Richmond. Lady Harriet et Nancy ont pu s’enfuir grâce à l’aide de Sir Tristram. La première ne s’ennuie plus et la seconde a perdu sa vivacité car elles sont toutes deux amoureuses. Lyonel, se promenant dans le parc, reconnaît dans une jeune chasseresse, et ce malgré la différence de condition, la « Martha » dont la disparition le désespère. Lyonel commence par lui reprocher de cacher son identité à celui qui, selon la loi, est son maître. Lady Harriet appelle Sir Tristram à son secours ; remarquant avec quelle déférence l’équipage traite la fameuse « Martha » et entendant qu’on l’appelle « comtesse » comprend qu’il a été à la foire la victime d’une plaisanterie.
ACTE IV, Scène 1 : La ferme de Plumkett. Lyonel demande à Plumkett d’aller montrer la bague à la reine et de plaider sa cause. Il s’avère que cette bague a appartenu au Comte Derby, gentilhomme qui a pris la fuite après l’échec du complot qui devait ramener Jacques II sur le trône. Avant de mourir, il a confié son fils à la mère de Plumkett. Ainsi, Lyonel est l’hériter légitime du titre et des terres.
Scène 2 : Dans le parc de Lady Harriett. Malgré tous les honneurs qu’il reçoit, Lyonel est malheureux. Il est amoureux fou de Lady Harriet mais ne peut se décider à lui avouer son amour. Nacy et Plumkett décident d’organiser une rencontre entre la Comtesse et Lyonel, dans le parc. Une douce voix familière s’élève soudain, chantant « la dernière rose de l’été » : quelques instants plus tard, « Martha » est dans les bras de Lyonel. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants...
L’extrait que je vous propose est le numéro 7 de la partition : v=jIBSyc1VLFM
Il se trouve au début de l’Acte II. Ce n’est pas la page qui a traversé le rude frimas de la postérité mais vous approfondirez si ça vous chante d’autres airs plus réputés comme « Ach so fromm ! » ou « Letzte Rose ».
Le livret en allemand et en anglais se trouve ici : http://opera-guide.ch/opern_komponisten.php?uilang=de&first-letter=F.
J’ai tenté une traduction (sans me soucier de la poésie) mais étant novice en allemand… vous me pardonnerez mes scories :
Nr. 7 - Entre-Akt und QuartettinoPLUMKETT UND LYONEL
Approchez, belles mignonnes,
Nous arrivons à destination!
LADY UND NANCY
Hélas, filles infortunées,
Nous payons nos galéjades.
PLUMKETT UND LYONEL
Vous êtes dans notre maison.
Reposez-vous en toute tranquillité!
LADY UND NANCY
Nous sommes dans leur maison!
Hélas, nous étions en dehors!
PLUMKETT UND LYONEL
Bientôt, bientôt
Le travail va nous rappeler!
LADY UND NANCY
Hélas! Hélas!
Comment sortir de ce guêpier?
Comment pouvons-nous échapper
Au péril qui nous menace?
PLUMKETT UND LYONEL
Vous vous plairez ici,
Vous ne connaîtrerez jamais de meilleur salaire.
LADY UND NANCY
Comment pouvons-nous échapper
Au péril qui nous menace?
PLUMKETT
Les filles, voici votre chambre.
LADY UND NANCY,
s’y dirigeant.
Bonne nuit!
PLUMKETT
Oh oh! Pas si vite!
La maisonnée n’est pas ordonnée!
LADY UND NANCY
Ah! Qui nous aidera dans notre misère?
LYONEL
Elles sont fatiguées, laisse-les dormir.
PLUMKET
Veux-tu les pardonner tout de suite ?
NANCY,
à part.
Faut-il punir aussi durement le badinage ?
PLUMKETT
Un instant! Une dernière chose, comment vous appelez-vous ?
LADY UND NANCY
Comment ?
PLUMKETT
Bah oui! Ne soyez pas timide !
LADY
Je m’appelle Martha.
LYONEL,
tendrement.
Martha ?
LADY
Oui.
PLUMKETT,
à Nancy.
Très bien, et toi ?
NANCY
Que dois-je dire?
PLUMKETT
Tu ne t’en souviens pas ? Eh bien…
NANCY,
hésitante.
Ju-li-a!
PLUMKETT
Julia? Quel nom fier et exquis!
Si ça ne vous dérange pas,
Grande et gracieuse Julia,
Retirez mon chapeau et mon manteau.
Il lui tend les deux.
NANCY,
les lui jetant sur le sol.
Fais le toi-même !
PLUMKETT,
en colère.
Palsambleu !
LYONEL
Ne sois pas si brusque et véhément!
Il faut parler lentement et délicatement :
« Martha, prenez, je vous prie ».
Il essaie de lui donner le chapeau. Elle le regarde fièrement et recule légèrement, surpris par sa réaction.
LADY
Non!
LYONEL UND PLUMKETT
Que devais-je dire?
Comme cela a pu m’arriver?
Je n'ai jamais vu une servante
Se comporter si éhontément.
NANCY puis LADY
Il ne sait quoi dire
Et est encore tout pétrifié de surprise ;
Mes yeux le font-ils trembler ?
Vient-il d’entrapercevoir la Grande Faucheuse ?
Les hommes accrochent leurs manteaux sur le mur.
PLUMKETT,
à Lyonel.
Bien! Maintenant, sans hésitation,
Apporte le rouet!
LADY
Filons, Filons…
NANCY
Filons !
LYONEL
Bien sûr, tout de suite!
PLUMKETT,
aux deux femmes.
Croyez-vous
Qu’en affaires l’on doit seulement bavarder?
LADY puis NANCY,
en riant.
Hahahaha! Filer!
PLUMKETT,
les imitant.
Hahaha! Filer! – Quelle désinvolture !
Vous ne voulez rien faire
Et voulez encore toucher un salaire ?
Durement.
Là, les rouets !
LADY UND NANCY,
intimidées.
Du calme!
Ils apportent les rouets.
LYONEL,
à Plumkett.
Sois plus délicat! Tu les effraies là!
PLUMKETT
Silence! - Tournez maintenant!
Je suis votre maître!
LADY puis NANCY
Je ne peux pas.
LYONEL,
surpris.
Comment ?
PLUMKETT,
stupéfait.
Quoi ?
Durement.
Asseyez-vous!
LADY UND NANCY,
apeurées.
D’accord.
Elles s’asseyent.
PLUMKETT
Tournez la roue!
LADY UND NANCY
Ça ne tournera pas.
LYONEL
Faites glisser le fil de lin
Et tenez le ici, comme ceci.
LADY UND NANCY
Ça ne marchera pas.
LYONEL UND PLUMKETT
Tournez!
LADY UND NANCY
Ça ne tourne pas.
LYONEL UND PLUMKETT
Démenez-vous!
LADY UND NANCY
Ça ne marche pas!
LYONEL UND PLUMKETT
Un effort!
LADY UND NANCY
Nous ne pouvons pas!
LYONEL UND PLUMKETT
Vous ne pouvez pas?
LADY UND NANCY
Non.
LYONEL UND PLUMKETT,
leur disant comment faire.
Alors!
LADY UND NANCY
Nous ne comprenons pas.
LYONEL UND PLUMKETT
Vous ne comprenez pas?
LADY UND NANCY
Montrez-nous!
LYONEL UND PLUMKETT,
s’asseyant devant le rouet.
Voilà comment il faut faire!
Tournez toujours vivement le rouet,
En actionnant les pédales de haut en bas.
Puis vous tirez les fils.
La rotation de la roue fait que cela ronronne!
Ronflements!LADY UND NANCY
Quel délice ! Nous apprenons comment
Filer avec un rouet.
Tournez la roue et laissez là tourner dans son ronronnement
Et le fil de lin dessine gracieusement un nouveau filet.
LYONEL UND PLUMKETT
Vous voyez?
LADY UND NANCY,
en riant.
Oui, Oui!
LYONEL UND PLUMKETT
Et vous comprenez?
LADY UND NANCY,
se moquant d’eux.
Et vous comprenez ?
ALLE VIER,
en riant.
Hahahaha!
Nancy, en riant, soulève du sol la filature de Plumkett ; Plumkett la regarde d’un œil menaçant
Nancy, effrayée, court dehors. Plumkett la suit.