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| Giuseppe Sinopoli | |
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Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 36 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 9 Sep 2011 - 19:49 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
Quant à ses Mahler que tu aimes tant, ils m'ont laissé assez froid. Pas dans le sens qu'ils seraient tièdes, mais je n'y ai rien de trouvé de particulièrement différent ou inspiré qui justifierait d'y revenir. Ha bon ? Et bien pour ma part je ne connais pas d'intégrale plus typé. On peut dire que Boulez est "analytique" tout ça, que Gielen fait de "l'épuré avec sensibilité" ; mais je les trouves finalement très droits et équilibré. Alors certes Sinopoli, malgré la profusion de détails, c'est complétement iconnoclaste à mon sens ; dans la mesure où il tord cette musique à sa façon mais jamais gratuitement. Je comprends que l'on ne puisse pas aimer une vision si terrestre de Mahler, si analytique mais subjective (contrairement à un Boulez). Que l'on puisse râler contre cette orchestre si bizarre, mêlant virtuosité avec bizzareries de masse et metallisme rustique plus ou moins raffiné. Que l'on puisse reprocher un manque éffarant d'équilibre dans son approche très caractériel. Mais ce que j'aime avec ses Mahler, c'est cette narration presque clinique, ce discourt incroyable qui détourne complétement les mauvais travers de Mahler. Par exemple ce finale de la seconde (avec le questionnement du mouvement précédant) dépeignant plus une décheance psychologique, puis un salut artificiel ; que du vautrage béat plus classique. Cette troisième si viscéralement terrestre, y évacuant tout reste de spiritualité sauce panthéiste, et ce tout en exacerbant la danse et le lunatisme. Une quatrième inimitable, orchestrale atypique, direction changeante et typé ... Une sixième à la souverraine et cannaille retenu, comme voulant nous garder de nos mauvais délire ; mais gardant tout son explosion non pas pour le finale mais pour une andante lentissime et géniale. Une septième complétement icconoclaste, une véritable songe rallenti mais sachant nous balader de climax en climax avec une subtilité sans pudeur monstrueuse. Et enfin cette neuvième d'une cruauté inégalé, sachant nous faire entendre de l'inédit permanent. Ou cette première indescriptible et si peu romantique ; ou l'adagio de la X, qu'y certe ne me convains pas ; mais 32 minutes, c'est complétement curieux. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 9 Sep 2011 - 20:20 | |
| - Siegmund a écrit:
- Alors certes Sinopoli, malgré la profusion de détails, c'est complétement iconnoclaste à mon sens ; dans la mesure où il tord cette musique à sa façon mais jamais gratuitement.
C'est étonnant, j'entends souvent cette personnalité chez Sinopoli, mais pas ici. Je trouve ça presque lisse, et puis toujours ces angles ronds qui sont sa constante et qui me frustrent dans Mahler. - Citation :
- Par exemple ce finale de la seconde (avec le questionnement du mouvement précédant) dépeignant plus une décheance psychologique, puis un salut artificiel ; que du vautrage béat plus classique.
Tu ne crois pas que malgré son doctorat en anthropologie criminelle, tu plaques tes propres attentes sur son exécution ? Je ne suis pas certain du tout que ce soit le sens voulu du discours de Sinopoli. Celui que tu ressens, c'est tout à fait possible et c'est l'essentiel, mais ce type d'observation me paraît particulièrement difficile à partager, en fait. - Citation :
- Cette troisième si viscéralement terrestre, y évacuant tout reste de spiritualité sauce panthéiste,
Même chose, c'est bien précis pour de la musique... - Citation :
- Et enfin cette neuvième d'une cruauté inégalé, sachant nous faire entendre de l'inédit permanent.
... et là aussi, au contraire, je la trouve gentille. Pour moi, cruel, c'est Bernstein / Concertgebouw (et je n'aime pas vraiment cette posture-là). Vraiment étonnant, pourtant mes écoutes ne sont pas si anciennes... J'y sens plus un manque d'aboutissement sur un excellent matériau qu'une inspiration subversive, vraiment. |
| | | Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 36 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 9 Sep 2011 - 20:40 | |
| Cruel Bernstein - RCA ? Pas spécialement, d'ailleurs personne ne l'a entendu comme ça dans l'écoute comparée récente. C'est une fort bonne version, très décomplexé orchestralement (du gros son, très démonstratif et prenant). Vraiment je me demande si l'on entends la même chose. Pour la moi la neuvième de Sinopoli est reconnaissable entre mille ; tout y est cru, lunaire, rustique, très anguleux au contraire. Le dernier mouvement est le seul aussi dissonant que je connaisse, c'est du sadisme. Pour une réécoute, je te conseil par exemple de comparer les première minutes du la troisième entre Sinopoli, Boulez, Haitink, Abbado, Gielen ; à mon avis Sinopoli arrive bon dernier tant sur le coté englobant des sonorités que sur la rondeur du discours. Sur ses Strauss, je ne les connais pas trop. Si je parle d'Elektra c'est empli de rythmique souterraine, d'une haute vue... Certe l'orchestre est superbe et bien exploité, mais rond n'est vraiment pas le mot que je trouve ! Sa symphonie Alpestre ou son Zarathustra sont incroyable d'intentions, c'est très fouillé je trouve ; bien avant d'être spécialement plastique comme cette Alpensinfonie pleines d'imperfections mais d'une fougue incroyable. Si on parle sur d'autres horizons, sa neuvième de Beethoven est très particulière, on est plus dans Orange mécanique que dans l'amour entre les hommes tout mignons et pompeux. Pas rond du tout. D'ailleurs je ne comprends pas cette réputation de rondeur ou de plasticisme ; ses (majoritaires) enregistrements avec le LPO sont même souvent aigres et métalliques dans la forme. Je ne connais certes pas trop ses Verdi et Puccini, et m'en moque d'ailleurs. Certes avec la SK Dresde, il gagne une orchestre d'un son d'un hédonisme à tomber par terre, mais ce n'est pas toujours ce qui correspond le mieux au type plus habituel pour moi de direction du chef comme ce Das lied von Erde finalement assez classique (mais pour le coup, réellement somptueuse tant au son). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 9 Sep 2011 - 20:47 | |
| - Siegmund a écrit:
- d'ailleurs personne ne l'a entendu comme ça dans l'écoute comparée récente.
Il faut croire que je suis unique. - Citation :
- Pour une réécoute, je te conseil par exemple de comparer les première minutes du la troisième entre Sinopoli, Boulez, Haitink, Abbado, Gielen ; à mon avis Sinopoli arrive bon dernier tant sur le coté englobant des sonorités que sur la rondeur du discours.
Je ferai ce que tu me dis (sauf Haitink, mon masochisme ayant ses limites). Quel Abbado ? - Citation :
- D'ailleurs je ne comprends pas cette réputation de rondeur ou de plasticisme
Retente son Elektra : c'est la version la plus ronde de la discographie, vraiment. Il n'y a pas d'angles ! Même chose pour Salomé, accentué il est vrai par la prise de son bizarrissime. |
| | | Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 36 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 9 Sep 2011 - 20:53 | |
| Mais je connais bien son Elektra, je la trouve diabolique et dangereuse ; ça gronde en arrière plan pour mieux rendre insoutenable par cette préparation les grands passages. Et puis pour le coup, c'est vrai que plastiquement ce soit fabuleux, ce qui n'est pas antinomique avec un vrai discours dramatique, au contraire ça ne peux que le renforcer dans ce que ça n’enlève pas en souplesse.
Sur Abbado, je pensais aux WPO, mais je crois que ça marchera à peu près avec tout. Pour Haitink, je pensais avec le BPO, mais ça marche sans doute avec les autres. Ce premier mouvement est complétement dans son monde avec Sinopoli, pas de largeur sonore, tout très resserré autour d'une dynamique complexes et nerveuse. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 9 Sep 2011 - 21:07 | |
| - Siegmund a écrit:
- Mais je connais bien son Elektra, je la trouve diabolique et dangereuse ; ça gronde en arrière plan pour mieux rendre insoutenable par cette préparation les grands passages. Et puis pour le coup, c'est vrai que plastiquement ce soit fabuleux, ce qui n'est pas antinomique avec un vrai discours dramatique, au contraire ça ne peux que le renforcer dans ce que ça n’enlève pas en souplesse.
Là, je crois que cette fois tu es assez seul tout de même. - Citation :
- Sur Abbado, je pensais aux WPO
Sans moi. Je tenterai, peut-être pas tout de suite parce que j'ai des trucs intéressants à écouter. |
| | | Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 36 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 9 Sep 2011 - 22:18 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
Tu ne crois pas que malgré son doctorat en anthropologie criminelle, tu plaques tes propres attentes sur son exécution ? Je ne suis pas certain du tout que ce soit le sens voulu du discours de Sinopoli. Celui que tu ressens, c'est tout à fait possible et c'est l'essentiel, mais ce type d'observation me paraît particulièrement difficile à partager, en fait. Je crois qu'on peut quand même affirmer sans se tromper que l'intégrale Sinopoli a quand même la particularité et le tour de force de proposer une évacuation quasi-totale de toutes métaphysiques. Chose que je ne retrouve pas exemple certainement pas chez Boulez, qui dégraisse et tout ; mais reste finalement toujours dans le ton et une sorte d'objectivité. Alors qu'avec Sinopoli, c'est complétement partial ; l'angle psychologie, du rupestre (ces si rustres mouvements intermédiaire, la neuvième...), ces balades dans les mondes et tristesses humaines. Quand j'ai écouté la deuxième par Sinopoli, c'est l'impression que je t'ai décrite qui m'a tout de suite frappé, bien avant de connaitre et loouer cette intégrale ni même autant le chef. Bien sûr, cela ne se remarque pas en écoute distraite ou partielle ; mais sur la longueur (et avec attention), il y a vraiment quelque chose d'unique et extraordinaire qui se construit et qui résiste à toutes les réécoutes. Bien sûr, c'est la même musique, et on peut recoller cette analyse sur d'autres interprétations avec un certain succès, mais pas une telle adéquation. Si on prend le premier mouvement de la même, en venant de chose plus chargés en arrières mondes et combats d'en haut, ça choque cette vision si rude et sèche. Enfin, s'il y a quand même un truc qui me fait bondir dans tes appréciations sur son intégrale Mahler ; c'est d'estimer qu'elle soit hédoniste et ronde quand j'y entends tout l'inverse . C'est l'intégrale la plus intégralement crue que je connaisse. |
| | | Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 36 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Sam 10 Sep 2011 - 10:32 | |
| Je n'ai que très peu entendu d'enregistrement Live de lui, beaucoup de studio. Il est vrai que sa symphonie alpestre (Live donc) semble mi-improvisé en permanence, au bord de la rupture, mais alors avec quelle esprit ! Ou sa neuvième de Mahler avec Dresde, franchement bien derrière l'accomplissement géniale de celle avec le LPO car bien moins fignolée.
En revanche, sa sixième de Mahler avec Stuttgart est incroyable proche, à la virgule, de son studio Lodonien et tout y est incroyablement bien huilé dans tous les recoins. Technique parfaite pour sa troisième en Live avec le même orchestre, même si plus classique (mais plus hédoniste et songeur) que le studio. Tant à sa neuvième de Beethov, c'est complétement en freelance, l'on sent parfois que les musiciens sont bousculés, et l'on n'y trouve franchement rien de plastique si ce ne sont les qualités naturelles de l'orchestre ; mais alors quelle vision ! |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Jeu 3 Nov 2011 - 16:59 | |
| - Francesco a écrit:
- Jorge a écrit:
- aurele a écrit:
- Cela arrive les oublis Otello, ce n'est pas très grave.
Qu'est-ce qui te plaît dans sa version de Rigoletto? C'est également mon Rigoletto préféré. Orchestre clair, incisif et lyrique. Distribution qui me sied tout à fait: un duc magnifique et royal avec Shicoff, un Rigoletto noir et téméraire avec Bruson... Gruberova est loin d'être la plus indigne dans son rôle, je vais même jusqu'à dire que j'aime beaucoup ce qu'elle fait. Une référence pour moi.
Pour le reste, j'aime beaucoup Sinopoli dans Macbeth, quelques Mahler (surtout la 1ère) et dans Wagner (Tannhauser surtout). C'est fou comme on a du mal à avouer aimer Gruberova dans le répertoire italien. Ah ben non, pas du tout ; moi j'assume très bien (pire, je cultive) ! Et c'est même d'autant moins difficile qu'elle est particulièrement beauté(s) dans cet enregistrement, totalement "suspensive" (l'incroyable moment arrêté du "Caro nome" ou du "Tutte le feste") et suspendue au fil du drame, à la fois actrice et spectatrice, objet et instrument du fatum. Qui plus est d'un aplomb assez phénoménal (Otello parlerait d'arrogance, j'imagine ; mais l'arrogance est péjorative, dans mon esprit, un peu "m'as-tu-vu" !). Elle s'intègre, en tout cas, beaucoup mieux au projet global du chef que ne le fait Aliberti dans un live contemporain de ce studio, à Hambourg (avec Nucci et Bonisolli pour finir de brouiller les cartes). |
| | | Horatio Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4135 Age : 30 Localisation : Très loin de la plage ! Date d'inscription : 04/07/2011
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Dim 18 Mar 2012 - 13:29 | |
| Siegmund ! Siegmund !Que valent les interprétations de Sinopoli des compositeurs de la Seconde école de Vienne ? Je dois dire que ça me tente beaucoup, mais je ne sais pas si c'est une bonne approche pour ces compositeurs ... J'ai déjà pu écouter les Gurrelieder, dans lesquels le chef entreprend de sculpter les raffinements de cette musique parfois un peu indigeste. Ca n'a m'avais pas été désagréable ... |
| | | Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 36 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Dim 18 Mar 2012 - 13:40 | |
| C'est excellent ! Monde sonore très raffiné, timbres royaux. Direction à la fois souple, aimant à ce perde dans ces somptuosités, mais rigoureuses et très détaillée ; mais pas spécialement modernisant, le Berg ressort avec un coté post-romantique mais en aucun cas avec du sirop, c'est un juste ton. Mais si on a du Berg très sensible et rêveur, faisant regretter qu'on ait pas de ce chef de Wozzeck entier ; c'est dans Webern que ce coffret ce fait le plus indispensable, on y trouve le meilleur Op.10 notamment. Les Schoenberg sont moins incontestablement indispensables, quoique j'aime moi ces Gurrelieder là ; que ce Pierrot Lunaire soit follement hédoniste ; que Erwartung très dramatique sans mauvais goût. L'Op.9 n'est pas le meilleure des meilleures, mais quand même ... c'est excellent. Bref, tu peux foncer |
| | | Siegmund Garde rouge du Domaine Musical
Nombre de messages : 6534 Age : 36 Localisation : Paris, rive gauche Date d'inscription : 19/05/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Mer 11 Avr 2012 - 15:44 | |
| Un article assez complet sur la biographie et le leg discographique de Sinopoli :
http://www.resmusica.com/2012/04/11/giuseppe-sinopoli-l%E2%80%99incompris/
Je vous en recommande la lecture ! |
| | | Horatio Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4135 Age : 30 Localisation : Très loin de la plage ! Date d'inscription : 04/07/2011
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Mer 11 Avr 2012 - 17:55 | |
| - Siegmund a écrit:
- Un article assez complet sur la biographie et le leg discographique de Sinopoli :
http://www.resmusica.com/2012/04/11/giuseppe-sinopoli-l%E2%80%99incompris/
Je vous en recommande la lecture ! Très intéressant, en effet ! Dommage que ses Bruckner soient si mal édités, il m'aurait intéressé dans ces symphonies plus que dans sa 6e de Mahler, mais passons ... |
| | | Ben. Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2075 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 02/10/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Mer 19 Sep 2012 - 14:45 | |
| - Ben. a écrit:
Mazeppa, Les Préludes, Orpheus; Liszt - Sinopoli, Vienne Sinopoli est vraiment un lisztien sans égal. Le Mazeppa est à mon avis inégalé, loin devant l'enregistrement de Karajan, qui est pourtant son poème symphonique le plus réussi au disque. - Xavier a écrit:
- Ah tiens, je ne savais pas qu'il avait enregistré les poèmes symphoniques!
Vu sa version de la Dante, j'imagine que ça doit être chouette en effet. - Ben. a écrit:
J'ai édité, c'est avec Vienne évidemment. Ca se trouve facilement chez DG. C'est un disque monumental, comme tous ses Liszt. Je ne crois pas avoir jamais entendu ailleurs une pareille compréhension des structures lisztiennes. Le Mazeppa est vraiment remarquable, d'une finesse et d'un engagement formidables. Si tu as aimé sa Dante, tu peux y aller les yeux fermés: c'est aussi bon, ce qui n'est pas peu dire. Il s'agit de ce disque: Je crois qu'on ne reviendra jamais assez sur la qualité incroyable des Liszt de Sinopoli. On connaît bien souvent sa Dante, qui reste une référence discographique assez ultime à mon sens. On parle moins de la Faust, tout aussi géniale, et de ces poèmes symphoniques donc. A ma connaissance, il n'a eu le temps d'enregistrer que ces trois là: Mazeppa, Orpheus et Les Préludes (3-6). C'est avec Vienne donc, qui sonne comme jamais. On ne peut d'ailleurs qu'être un peu nostalgique du rendu sonore de cet orchestre, quand on le compare à ce qu'il est devenu aujourd'hui. Ici, nulle trace de facilité(s), nulle paresse, nul musicien pour se reposer sur ses lauriers et acquis. Tous les pupitres sont follement engagés. Il suffit d'écouter l'ouverture de Mazeppa pour se rendre compte de la claque que Sinopoli met à tous ses concurrents au disque, qu'il s'agisse de chefs célèbres (Karajan, Masur, Haitink, pour ne citer qu'eux) ou non. Au contraire de ces chefs, l'oeuvre est abordée d'un point de vue dynamique beaucoup plus tranché: la richesse de l'orchestration n'est jamais lourdeur, la virtuosité des traits mélodies n'empêche jamais la rapidité d'exécution. On est très loin du Mazeppa pompier et martial d'un Karajan à ce titre: comme toujours, le chef italien insiste sur l'articulation thématique, sur les dynamiques rythmiques et la distillation de touches de couleurs qui n'ont d'autres but que de souligner la cohérence mélodique et harmonique de l'oeuvre. Un enregistrement enlevé, furieux sans jamais tomber dans la démonstration, virevoltant et terriblement inspiré. L' Orpheus est d'une expressivité folle, les solistes sont magnifiques et l'équilibre orchestral atteint à mon avis difficilement égalable. Il y a une limpidité dans ce poème que je n'ai entendu nulle part ailleurs reproduite au disque. Le dialogue entre les instruments et les pupitres est à ce titre tout à fait remarquable: les soli des cordes ou des bois se répondent, alternent sans jamais donner au tout l'apparence d'un collage (c'est l'écueil, bien souvent, dans ce poème). Cette dynamique des forces orchestrales et instrumentales s'accompagne d'une transparence des timbres et d'un engagement lyrique assez bouleversants. Les Préludes sont d''un niveau équivalent aux deux poèmes précédents: peut-être même la fusion des qualités énoncées précédemment. Difficile d'avancer d'autres qualités: on est au meilleur de Sinopoli. Vienne irréprochable, engagement, intelligence de la lecture du chef, virtuosité et perfection des timbres, expressivité et puissance analytique conjuguées. Je pense qu'on peut difficilement trouver mieux au disque, concernant ce poème, encore une fois. Il faut apprécier l'intervention mélodique des violoncelles dans la reprise du thème, à laquelle fait écho un cor tout à fait admirable, par exemple, pour réaliser à quel point cet enregistrement tient du miracle. Cet enregistrement relègue très très loin ceux que j'ai pu écouter jusqu'ici, pourtant souvent de très bonne facture. |
| | | bAlexb Mélomane chevronné
Nombre de messages : 8514 Age : 43 Localisation : Rhône-Alpes Date d'inscription : 18/10/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Jeu 29 Oct 2015 - 22:22 | |
| La discographie de Sinopoli est recensée ici, à la fois par support (LP/CD) et par compositeur : http://users.libero.it/enrico.gustav/Sinopoli/home.htm . |
| | | Diablotin Mélomaniaque
Nombre de messages : 1153 Age : 58 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/03/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Mar 3 Sep 2019 - 17:14 | |
| Réédition à tout petit prix d'un coffret de 8 CD (± 2€/CD) du plus haut intérêt ! - Spoiler:
C'est joliment réédité, avec un livret de quelques pages -sans les textes chantés- et les jaquettes d'origine pour chacun des CD. Les prises de son sont très convenables et la vision que Si,opoli a de ces oeuvres les rend étonnamment accessibles, même pour les plus réfractaires (aux oeuvres ou au chef...) ! Au mieux : une très bonne entrée en matière pour ceux qui ne connaissent, et, au pire, une excellente version de complément ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97923 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Mer 4 Sep 2019 - 17:47 | |
| En effet. Je ne suis pas du tout sinopolistérique, mais ses lectures de la Seconde École de Vienne sont les plus colorées et peut-être les plus abouties qu'on puisse rêver ! Très, très grands témoignages. |
| | | Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9130 Localisation : Pays des Bleuets Date d'inscription : 28/09/2015
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Sam 28 Sep 2019 - 5:35 | |
| J'ai un CD avec Sinopoli qui dirige l'Orchestre Philharmoniqie de New York dans un programme Moussorgsky / Ravel. J'apprécie surtout Une Nuit sur le Mont Chauve. |
| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2700 Age : 57 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 30 Oct 2020 - 16:06 | |
| - Benedictus a écrit:
- En Playlist, Roupoil a écrit:
- J'étais jusque-là très peu réceptif aux versions pourtant souvent encensées de Sinopoli dans les symphonies de Mahler
Je ne sais pas si tu t'y intéressais à l'époque, mais en fait, au moment de leur sortie, les symphonies de Mahler par Sinopoli se faisaient systématiquement dézinguer par une critique unanime - l'encens, il n'y a eu droit que post-mortem. - DavidLeMarrec a écrit:
- Cas très spectaculaire : c'était l'un des chefs les plus recherchés au monde (énormément d'enregistrements chez DGG, tout de même !), unanimement taillé en pièces par la critique ; et le jour même de sa mort, les mêmes magazines, les mêmes critiques, les mêmes producteurs se sont mis à lui tresser des couronnes, ce qui n'a plus cessé depuis.
Ça m'a vraiment fasciné.
(J'ai toujours aimé Sinopoli, sans en être non plus hystérique – à part ses 3 Viennois, à hurler de bonheur.) - Rubato a écrit:
- On pourrait dire que c'est exactement l'inverse qui s'est produit avec Inbal! (pour ses symphonies de Mahler)
Ah, la critique! Entièrement d'accord avec vous, je me fais souvent la réflexion concernant Sinopoli, et en lisant le post de Roupoil j'ai fait comme toi Rubato le rapprochement avec le contexte de l'époque, en pleine mode Inbal. David a raison, Sinopoli ne se faisait pas descendre que dans Mahler. Je me souviens très bien que le revirement de la presse s'est opéré lors de la sortie de l'enregistrement du Stabat mater de Dvořák, comme par hasard première parution post-mortem du maestro vénitien, et qui a bénéficié comme toujours dans ce contexte du label du "testament visionnaire". Récemment Diapason - que je ne lis plus très souvent, lassé par leurs partis-pris, leurs dossiers en mode survol et leurs incohérences - a choisi l' Inachevée de Schubert comme "œuvre du mois" et la version Sinopoli faisait partie des quatre élues. Là encore à l'époque cet enregistrement (couplé avec l' Italienne de Mendelssohn), qui faisait partie de ses tous premiers enregistrements DG, avait été descendu en flammes. |
| | | Roupoil Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2095 Age : 43 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 30 Oct 2020 - 16:17 | |
| Ah ben non je ne savais pas que Sinopoli avait eu aussi mauvaise presse à l'époque de la sortie de ces enregistrements. L'image que j'en avais était donc celle post-mortem du génie visionnaire, même si les avis sur ce même forum étaient quand même assez partagés dans ce que j'ai pu lire comme archives (écoutes comparées de symphonies de Malher, où en gros Sinopoli finissait toujours très haut, mais ça en faisait râler quelques-uns).
Concernant Inbal, c'est avec lui que j'ai découvert une majorité des symphonies de Mahler (c'était ce que la médiathèque où je me fournissais à l'époque avait en rayon (enregistrement encore assez récents à ce moment-là puisque ça date en gros de 1995 ou 1996), mais je n'ai jamais réécouté ces versions ensuite... |
| | | Diablotin Mélomaniaque
Nombre de messages : 1153 Age : 58 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/03/2010
| Sujet: Re: Giuseppe Sinopoli Ven 6 Nov 2020 - 7:33 | |
| - Iskender a écrit:
Récemment Diapason - que je ne lis plus très souvent, lassé par leurs partis-pris, leurs dossiers en mode survol et leurs incohérences - a choisi l'Inachevée de Schubert comme "œuvre du mois" et la version Sinopoli faisait partie des quatre élues. Là encore à l'époque cet enregistrement (couplé avec l'Italienne de Mendelssohn), qui faisait partie de ses tous premiers enregistrements DG, avait été descendu en flammes. Ce n'est vrai qu'auprès de la critique française : en Angleterre et en Allemagne, dans les revues "spécialisées", ce disque avait été très bien reçu à sa sortie. C'est d'ailleurs l'un de mes tout premiers CD et c'est par ce biais que j'ai découvert ce chef, que j'apprécie beaucoup. |
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