Strauss - Lieder

Je rappelle tout d'abord qu'il y a un sujet spécifique pour les 4 derniers lieder, à la discographie très fournie:

https://classik.forumactif.com/discographie-f2/strauss-4-derniers-lieder-t1881.htm

Pour les lieder orchestrés (certains, une minorité, ne sont pas orchestrés par Strauss, et on peut notamment entendre 2 versions de Zueignung, l'orchestration la plus connue, celle de Robert Heger, et celle de Strauss), je viens de découvrir cette superbe intégrale:



La majorité des lieder est chantée par Pieczonka et Gruberova, quelques-uns par Howarth et Straka, les autres ne chantent qu'un ou deux lieder.

Ce coffret, introuvable je crois actuellement hors médiathèques (merci la réserve centrale!) permet notamment de découvrir quelques merveilles méconnues, comme le Notturno opus 44, lied absolument fantastique de 15 minutes.
Aucune faiblesse parmi les interprètes, tous sont excellents.
Les textes sont présents dans le livret avec traduction anglaise seulement.

Parution cet automne d'un Cd de lieder orchestrés dont les Brentano par D. Damrau

Houla! Que de monde ici...

Juste une question, pour savoir si quelqu'un ici avait jeté une oreille à ce disque consacré à des mélodies avec orchestre de Strauss :

Heimliche Aufforderung op.27 no 3
Allerseelen op.10 no 8
Ständchen op.17 no 2
Ruhe meine Seele op.27 no 1
Morgen* op.27 no 4
Zueignung op.10 no.1
Traum durch die Dämmerung op.29 no 1
Ich trage meine Minne op.32 no1
Liebeshymnus op.32 no 3
Verführung op.33 no1
Das Rosenband op.36 No.1
Befreit op.39 no 4
Wiegenlied op.41 no 1
Freundliche Vision op 48 No.1
Waldseligkeit op.49 no 1
Die Heiligen drei Könige aus Morgenland op.55 no 6
Capriccio** Closing scene, Moonlight Music
Der Rosenkavelier: Second Waltz Suite, op 59

Steve Davislim (ténor)
Simone Young (direction)
Orchestra Victoria


Je suis bien tenté, mais est-ce que trop de sucres ne devient pas écœurant au bout d'un moment?

Xavier a écrit:

Je rappelle tout d'abord qu'il y a un sujet spécifique pour les 4 derniers lieder, à la discographie très fournie:

https://classik.forumactif.com/discographie-f2/strauss-4-derniers-lieder-t1881.htm

Pour les lieder orchestrés (certains, une minorité, ne sont pas orchestrés par Strauss, et on peut notamment entendre 2 versions de Zueignung, l'orchestration la plus connue, celle de Robert Heger, et celle de Strauss), je viens de découvrir cette superbe intégrale:



La majorité des lieder sont chanté par Pieczonka et Gruberova, quelques-uns par Howarth et Straka, les autres ne chantent qu'un ou deux lieder.

Ce coffret, introuvable je crois actuellement hors médiathèques (merci la réserve centrale!) permet notamment de découvrir quelques merveilles méconnues, comme le Notturno opus 44, lied absolument fantastique de 15 minutes.
Aucune faiblesse parmi les interprètes, tous sont excellents.
Les textes sont présents dans le livret avec traduction anglaise seulement.

Superbe en effet, oui ; j'avais entendu, à Nice, le concert préparatoire au coffret. McLaughlin (on n'en parle plus et c'est fort dommage ; sa Marzelline à Salzburg était encore bluffante) dans un bouquet des lieder les plus connus (Wiegenlied, Ruhe meine Seele, etc.), Gruberova magique de suspensions et d'irisations dans les Brentano (sans le Lied der Frauen mais avec An die Nacht, à la différence du coffret), et Pieczonka, sublime dans les Vier letzte !

On sous-estime généralement les productions Nightingale ; mais c'est un complexe très français et qui tient, sans doute, à la présence de Gruberova qui restera comme l'une des grandes incomprises de l'hexagone (minute militante ) ! Laquelle a laissé un disque incontournable dans lequel l'instrument se plie autant qu'il se déploie (et quelles "Malven" ; sacrée Jeritza !) : http://www.amazon.com/Lieder-Richard-Strauss/dp/B00002DEYL/ref=sr_1_3?ie=UTF8&s=music&qid=1290509520&sr=1-3 (pour info, cet autre disque, outre un programme absolument diabolique est un absolu pour des "Brentano" comme Gruberova ne les fera plus jamais par la suite : http://www.amazon.com/Schubert-Mendelssohn-Lieder-Strauss-Brentano-Lieder/dp/B0002K71TQ/ref=sr_1_7?ie=UTF8&s=music&qid=1290509618&sr=1-7).

Strauss a été très bien servi au disque, dès les "origines", si j'ose dire (avec, notamment, des enregistrements fabuleux d'Ursuleac, Anders, Konetzni, cf. ce programme qui fait rêver : http://www.amazon.com/Strauss-Begleitet-Alfred-Poell/dp/B00000HXWH/ref=sr_1_fkmr0_1?ie=UTF8&qid=1290509720&sr=1-1-fkmr0).

Quelques-uns des disques parmi mes favoris :

Schwazrzkopf/Szell, forcément incomparables (c'est à dire que je n'ai pas envie de les comparer ; et je sais, pourtant que Schwarzkopf fait partie de ces idoles qu'on aime dénigrer, aujourd'hui) : http://www.amazon.com/Strauss-Four-Last-Songs-Orchestral/dp/B00000GCAE

Janowitz/Stamp, pour la lumière fébrile de la voix : http://www.amazon.com/Songs-Orch-Oboe-Cto-Metamorphossen/dp/B00004LCB2/ref=sr_1_3?s=music&ie=UTF8&qid=1290508640&sr=1-3

Janowitz, encore, mais en récital avec piano (programme sublissime, au demeurant) : http://www.amazon.com/Gundula-Janowitz-Songs-Strauss-Schubert/dp/B00000JWHF/ref=sr_1_3?ie=UTF8&s=music&qid=1290508718&sr=1-3

Caballe pour l'infinité de couleurs, de variations, d'éclairages, pour la longueur du souffle (Wiegenlied) et... pour la prise de son !

Isokoski/Janowski, pour le lyrisme "poudreux" et toute l'étrangeté d'un soleil de minuit sur ces lieder qui paraissent, à tort, rabâchés : http://www.amazon.com/Four-Last-Songs-Orchestral/dp/B000062TDA/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=music&qid=1290508834&sr=1-1

Kaufmann/Deutsch pour la science du phrasé, pour les dosages infinitésimaux, l'instrument (les instruments), etc. http://www.amazon.com/Strauss-Lieder-Richard-1/dp/B000FGGKT4/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1290508959&sr=1-1

Norman, pour l'opulence, le charme cosy, tout ce moelleux qui va si bien au maître de Garmisch (un peu de clichés de temps en temps...) : http://www.amazon.com/Richard-Strauss-Lieder-Jessye-Norman/dp/B0000040XO/ref=sr_1_7?s=music&ie=UTF8&qid=1290509015&sr=1-7

Tout ce que Seefried a pu laisser de Strauss ; parce qu'elle est LA straussienne, pour moi. Sans d'ailleurs que je puisse réellement l'expliquer par des arguments raisonnables ; affaire de lyrisme, à la fois pudique et puissant, de timbre (ça "flotte" jusque dans des allègements à peine timbrés, quasi-indurés...), de mots, de charme, de féminité bruissante, etc. http://www.amazon.com/Irmgard-Seefried-Lieder/dp/B000M05VNE/ref=sr_1_12?s=music&ie=UTF8&qid=1290509040&sr=1-12

Dieskau, évidemment ; pour le timbre naturellement et son empreinte. Et aussi parce qu'il est l'un des rares à avoir su déjouer tous les faux-semblants, tous les clichés de cette musique qui plus qu'hédoniste est nostalgie, et brumes, et grincements (le Krämmerspiegel, évidemment !), etc.

Et ceci, qui est, pour moi, une somme ; la somme de toutes les nostalgies, justement ; de tous les présents et les "passés" de Strauss ; qui résume la question et, presque, l'épuise. Qui est lyrique mais pas seulement ; qui est poétique et plus encore. Qui est chair et voix ; chair faite voix ou voix faites chair ! http://www.amazon.com/4-Last-Songs-R-Strauss/dp/B0000027X1/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=music&qid=1290509388&sr=1-1

Quand je disais que Strauss avait été fabuleusement servi !

Morgen est un lied que j'aime beaucoup et je viens de m'amuser à en écouter de nombreuses versions sur ton tuyau. J'ai beaucoup de mal, de façon générale, avec les versions orchestrales, trop impudiques à mon goût. Je n'aime pas davantage les versions interprétées par les hommes. Après toutes ces écoutes, mes premiers choix restent les mêmes Irmgard Seefried avec Erich Werba (ne regardez surtout pas l'affreuse video bien plus tardive…) et Christa Ludwig avec Charles Spencer pour sa tournée d'adieux à la scène. Choix totalement subjectif (la voix n'est évidemment plus ce qu'elle fut) mais souvenir de l'émotion que j'avais ressentie quand je l'avais entendue au Théâtre des Champs-Elysées puis à Lille…

Je suis tout à fait d'accord avec toi, sur un accompagnement si simple, coller un violon solo, c'est presque pornographique. Par un pianiste qui sculpte bien sa ligne, c'est souverain.
Et d'accord aussi que ça convient surtout à une ductilité féminine.

Ensuite, pour le choix précis, je ne vais pas vraiment sur les mêmes noms (plus récent et plus aérien, pour moi).

Tu trouves horrible la video de Seefried avec orchestre ? Moi il me semble que, s'il y a bien une chanteuse dont on peut sentir le génie à peu près à n'importe quelle époque de sa carrière, dans ce répertoire, c'est bien elle, même en morceaux.

Francesco a écrit:

Tu trouves horrible la video de Seefried avec orchestre ? Moi il me semble que, s'il y a bien une chanteuse dont on peut sentir le génie à peu près à n'importe quelle époque de sa carrière, dans ce répertoire, c'est bien elle, même en morceaux.

A côté de la version avec Werba, oui. Horrible était peut-être un peu fort… Pardon.

bAlexb a écrit:

Kaufmann/Deutsch pour la science du phrasé, pour les dosages infinitésimaux, l'instrument (les instruments), etc. http://www.amazon.com/Strauss-Lieder-Richard-1/dp/B000FGGKT4/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1290508959&sr=1-1

J'aime beaucoup Kaufmann et je ne le connais pas encore dans le répertoire du lied. Les lieder de Strauss par un homme, c'est pas un peu particulier?

aurele a écrit:

bAlexb a écrit:

Kaufmann/Deutsch pour la science du phrasé, pour les dosages infinitésimaux, l'instrument (les instruments), etc. http://www.amazon.com/Strauss-Lieder-Richard-1/dp/B000FGGKT4/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1290508959&sr=1-1

J'aime beaucoup Kaufmann et je ne le connais pas encore dans le répertoire du lied. Les lieder de Strauss par un homme, c'est pas un peu particulier?

Non, il a choisi la plupart du temps ceux pour homme. ("Ich liebe dich" est assez inégalable...)

Non, c'est assez magnifique dans le récital de Davislim (oui, encore et toujours lui....... désolé...)

Polyeucte a écrit:

Non, c'est assez magnifique dans le récital de Davislim (oui, encore et toujours lui....... désolé...)

Quand je dis assez inégalable, c'est que ça atteint une forme d'idéal. Evidemment, il est possible de l'atteindre par d'autres voies !

Tant que c'est pas avec orchestre (l'orchestration de ce lied est particulièrement abominable), tout est permis !

AH non, j'aime bien avec orchestre...

Polyeucte a écrit:

AH non, j'aime bien avec orchestre...

Je m'en doutais...

Non, sérieusement, le côté épique a quand même un certain second degré (le rapport avec le titre !), et on perd les effets rythmiques, l'insolence aussi du piano dans les aigus, la voix du ténor est noyée dans l'orchestre... tout ce qui est étonnant et cinglant dans la pièce se dilue dans un pompiérisme à la petite semaine, qui pourrait être tiré d'un mauvais moment de l'Alpestre.

Non, vraiment, ça change tout.

EDIT : oups, j'ai posté en discographie... tant pis, je laisse, à moins qu'il y ait un sujet général pour les Lieder de Strauss...

- - -

Je commence à écouter du Lied plus qu'avant, et après avoir commencé ces derniers jours avec Schumann (Frauenliebe und -leben ; Dichterliebe), je continue avec Strauss. D'ailleurs, j'aimerais bien poster des choses sur Schumann, mes impressions, mais finalement, d'autres ont déjà parlé pour moi et mieux que moi
Donc j'aborde Strauss.

- - -

J'ai découvert aujourd'hui quelque chose assez marrant de lui, un cycle de douze Lieder (op. 66, 1918) intitulé Krämerspiegel ("le miroir des marchands"). C'est une satyre en musique du monde... des marchands, justement. Strauss les tanne très méchamment, il cite même des noms d'éditeurs (de musique, j'imagine) de son époque. Je n'ai pas regardé plus avant les textes, mais je pense que ça vaut le coup.

Strauss se cite abondamment : accusés de vendre les talents de l'artiste, les marchands sont traités de "anti-héros" (référence à Heldenleben, je pense, où l'artiste est un héros), mais aussi les textes évoquent par deux fois le Rosenkavalier avec le baron (petite citation musicale), ainsi que Till Eulenspiegel.

Musicalement, c'est très consistant. Au début, je ne savais pas à quoi je devais m'attendre. La partie introductive de piano est réellement très belle, et seul le texte (chanté normalement par un ténor) est vraiment ridicule. Par la suite, le ton ironique, extrêmement grinçant augmente, cela se traduit par une écriture très riche : on a du Strauss lénifiant (type trio du Chevalier), et aussitôt des relents de cauchemars de Clytemnestre, avec des atmosphères pour ainsi dire assez angoissantes, et souvent agressives. Mais l'humour est toujours présent.
Strauss ne se prend tellement pas au sérieux que plusieurs Lieder font penser à des chansons de cabaret de type Kurt Weill (bon, pas autant, c'est vrai)... il emploie aussi beaucoup la valse et un des Lieder commence même par une fugue, extrêmement dissonante.
Strauss utilise aussi beaucoup de Leitmotive, il y en a un pour le bouc, j'ai repéré d'autres mélodies récurrentes, mais je sais pas bien à quoi elles se rattachent. Bref, ces chansons forment un tout "organique", comme peu de cycles chez lui (en tout cas plus que l'op. 68, et à plus forte raison que l'op. 27, par exemple...).

Le Lied que j'ai préféré, c'est le huitième, "Von Händlern wird die Kunst bedroht" ("L'art est menacé par les marchands"). Il commence par une introduction très longue du piano, qui tient la moitié de la chanson. D'une façon générale, le piano tient une place très importante dans ce cycle. L'introduction, donc, est une mélodie très simple et belle, accompagnée par des arpèges chopinesques. Puis le ténor entre, et sans préparation aucune, la phrase musicale est malmenée et devient lourdement ironique, à grand renfort de dissonances agressives. Puis, lorsque le chanteur a fini sa partie, le piano semble avoir quelques peines à se remettre de son intervention et conclut par la phrase du début après une longue transition remplie d'incertitude.
C'est dire à quel point les marchands perturbent les artistes En tout cas, c'est le message du Lied.

Bref, ce cycle vous fera voir Strauss comme on le connait peu : on sait qu'il a de l'humour, qu'il manie des langages harmoniques très différents les uns des autres, mais là, si je puis dire, c'est un peu le pompon. Le mélange des genres est paroxystique un peu comme dans Salome, mais bien sûr dans une optique un peu différente.
Ça ne dure pas longtemps, une petite demi-heure, mais elle passe très vite. Je l'ai écouté sur Spotify, chanté par Heinz Zednik, et à mon avis, c'est l'interprète tout indiqué pour chanter ces Lieder pleins de fiel, pensez à son Mime !
Amateurs de Strauss de tous poils, prenez les temps d'écouter ça, et aussi de donner votre avis

Yohan Nicolas a écrit:

EDIT : oups, j'ai posté en discographie... tant pis, je laisse, à moins qu'il y ait un sujet général pour les Lieder de Strauss...

- - -

Je commence à écouter du Lied plus qu'avant, et après avoir commencé ces derniers jours avec Schumann (Frauenliebe und -leben ; Dichterliebe), je continue avec Strauss. D'ailleurs, j'aimerais bien poster des choses sur Schumann, mes impressions, mais finalement, d'autres ont déjà parlé pour moi et mieux que moi
Donc j'aborde Strauss.

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J'ai découvert aujourd'hui quelque chose assez marrant de lui, un cycle de douze Lieder (op. 66, 1918) intitulé Krämerspiegel ("le miroir des marchands"). C'est une satyre en musique du monde... des marchands, justement. Strauss les tanne très méchamment, il cite même des noms d'éditeurs (de musique, j'imagine) de son époque. Je n'ai pas regardé plus avant les textes, mais je pense que ça vaut le coup.

Strauss se cite abondamment : accusés de vendre les talents de l'artiste, les marchands sont traités de "anti-héros" (référence à Heldenleben, je pense, où l'artiste est un héros), mais aussi les textes évoquent par deux fois le Rosenkavalier avec le baron (petite citation musicale), ainsi que Till Eulenspiegel.

Musicalement, c'est très consistant. Au début, je ne savais pas à quoi je devais m'attendre. La partie introductive de piano est réellement très belle, et seul le texte (chanté normalement par un ténor) est vraiment ridicule. Par la suite, le ton ironique, extrêmement grinçant augmente, cela se traduit par une écriture très riche : on a du Strauss lénifiant (type trio du Chevalier), et aussitôt des relents de cauchemars de Clytemnestre, avec des atmosphères pour ainsi dire assez angoissantes, et souvent agressives. Mais l'humour est toujours présent.
Strauss ne se prend tellement pas au sérieux que plusieurs Lieder font penser à des chansons de cabaret de type Kurt Weill (bon, pas autant, c'est vrai)... il emploie aussi beaucoup la valse et un des Lieder commence même par une fugue, extrêmement dissonante.
Strauss utilise aussi beaucoup de Leitmotive, il y en a un pour le bouc, j'ai repéré d'autres mélodies récurrentes, mais je sais pas bien à quoi elles se rattachent. Bref, ces chansons forment un tout "organique", comme peu de cycles chez lui (en tout cas plus que l'op. 68, et à plus forte raison que l'op. 27, par exemple...).

Le Lied que j'ai préféré, c'est le huitième, "Von Händlern wird die Kunst bedroht" ("L'art est menacé par les marchands"). Il commence par une introduction très longue du piano, qui tient la moitié de la chanson. D'une façon générale, le piano tient une place très importante dans ce cycle. L'introduction, donc, est une mélodie très simple et belle, accompagnée par des arpèges chopinesques. Puis le ténor entre, et sans préparation aucune, la phrase musicale est malmenée et devient lourdement ironique, à grand renfort de dissonances agressives. Puis, lorsque le chanteur a fini sa partie, le piano semble avoir quelques peines à se remettre de son intervention et conclut par la phrase du début après une longue transition remplie d'incertitude.
C'est dire à quel point les marchands perturbent les artistes En tout cas, c'est le message du Lied.

Bref, ce cycle vous fera voir Strauss comme on le connait peu : on sait qu'il a de l'humour, qu'il manie des langages harmoniques très différents les uns des autres, mais là, si je puis dire, c'est un peu le pompon. Le mélange des genres est paroxystique un peu comme dans Salome, mais bien sûr dans une optique un peu différente.
Ça ne dure pas longtemps, une petite demi-heure, mais elle passe très vite. Je l'ai écouté sur Spotify, chanté par Heinz Zednik, et à mon avis, c'est l'interprète tout indiqué pour chanter ces Lieder pleins de fiel, pensez à son Mime !
Amateurs de Strauss de tous poils, prenez les temps d'écouter ça, et aussi de donner votre avis

Et, ça n'étonnera personne (au moins qu'il l'ait enregistré), superbe version d'une acuité grinçante par Fischer-Dieskau accompagné par Demus (piano d'une technique affolante qui flirte avec le piano-mécanique, presque, pour redoubler le discours du chanteur sur la machinerie petit-bourgeoise).

Copie d'un message initialement posté sur le fil gruberova :

J'aime beaucoup le coffret "edita gruberova - the teldec recordings".

C'est un coffret en 4 CDs, les 3/4 (40 lieders) consacrés au lieders avec piano de strauss, le reste à mozart, haydn, Johann Strauss et donizetti.

Je l'écoute sur qobuz, j'hésite à le télécharger légalement là bas (13 euros). Je ne le trouve pas en physique sur des sites français et sur les sites étrangers il est bien plus cher que qobuz (30 euros).

Mon problème est que sur qobuz il n'y a pas le nom des lieders et encore moins les textes, à moins que quand on achète ce soit fourni (je le prendrai surement sur qobuz, je vous dirai, mais si vous connaissez un endroit où on peut avoir tout, avec le livret français, je suis preneur).

Si vous avez qobuz, ou si vous êtes fan de strauss, écoutez le, c'est un excellent disque (du moins pour R Strauss, j'ai très peu écouté le reste), ça change de ses lieders avec orchestres et ses opéras et certains lieders sont dignes des meilleurs moments (celui qui me vient en tête c'est le deuxième, si vous savez comment il s'appelle je suis preneur, sur qobuz il n'y a écrit que "8 Lieder aus "Letzt...").

Ici pour 10 dollars tu as les deux CD Strauss dans un coffret qui contient les textes et traduction française:
http://www.amazon.com/Strauss-Lieder-Edita-Gruberov%C3%A1/dp/B000000SC0/ref=lh_di_t_dup

Si tu te fiches des textes il y a des éditions encore moins chères:
http://www.amazon.fr/R-Strauss-Lieder-Richard/dp/B002D1GM10/ref=sr_1_2?s=music&ie=UTF8&qid=1343006468&sr=1-2 (la pochette n'est pas plus belle )

Xavier a écrit:

Ici pour 10 dollars tu as les deux CD Strauss dans un coffret qui contient les textes et traduction française:
http://www.amazon.com/Strauss-Lieder-Edita-Gruberov%C3%A1/dp/B000000SC0/ref=lh_di_t_dup

Si tu te fiches des textes il y a des éditions encore moins chères:
http://www.amazon.fr/R-Strauss-Lieder-Richard/dp/B002D1GM10/ref=sr_1_2?s=music&ie=UTF8&qid=1343006468&sr=1-2 (la pochette n'est pas plus belle )

ok merci. Si ça ne me gonflait pas d'ouvrir un compte amazon US je prendrais peut etre le premier avec les textes.

Je ne crois pas avoir ouvert de compte spécial pour Amazon US, si tu en as déjà un en France il me semble que ça marche.
Par contre certains vendeurs ne livrent pas en Europe.

Xavier a écrit:

Je ne crois pas avoir ouvert de compte spécial pour Amazon US, si tu en as déjà un en France il me semble que ça marche.
Par contre certains vendeurs ne livrent pas en Europe.

Ah ok merci. C'est bon à savoir, chaque fois que je voyais une affaire sur un amazon étranger je renonçais. De toutes façons depuis que j'ai qobuz je n'achète plus de disques, mais là c'est le texte qui est tentant.

J'ai reçu le coffret en question, je confirme, il y a bien les textes avec traduction. (en plus avec le français à côté de l'allemand)

Les lieder enregistrés par Margaret Price accompagnée par Wolfgang Sawallisch au piano sont une véritable splendeur avec ce timbre somptueux et ce naturel de l'interprète. On est pour moi à l'opposé de Renée Fleming ou encore Elisabeth Schwarzkopf. Sawallisch était un grand straussien et c'est un très beau pianiste. Pour moi, l'écoute de ce disque est INDISPENSABLE si on aime Strauss et ses lieder.

Il y a aussi un superbe disque Popp accompagné par Sawallisch, avec l'opus 10 et 13 autres lieder.



Par contre c'est cher, il vaut mieux prendre le coffret Icons, moins cher avec 6 autres disques:

Xavier a écrit:

Glocktahr a écrit:

Si on a Gruberova et Schwartzkopf vous pensez que ça suffit ou ya vraiment des trucs différents et valables à connaitre en plus ?

Elles n'ont enregistré qu'une petite partie des lieder.

Ils manquent au moins, comme choses importantes, les deux lieder avec orchestre opus 44 (ça c'est vraiment du grand chef d'oeuvre) et les deux pour voix basse et orchestre opus 51.

Tu pourrais me donner le nom des Lieder ou de disques où ils sont présents, je trouve rien en tapant "Strauss 44"...

Premier post de ce sujet.  

Le Notturno opus 44 n°1: /watch?v=ntoIyfhtxsA

Le n°2 (Nächtlicher Gang, Marche nocturne) ne se trouve pas en écoute je crois... il n'a été enregistré que dans le coffret Haider à ma connaissance, pourtant c'est vraiment étonnant, ça annonce Elektra. (énorme orchestre, harmonies assez modernes)

Ok merci bien.

Je signale qu'on peut trouver les traductions de 220 lieder de Strauss (et de beaucoup d'autres compositeurs), pour la plupart en français et pour les autres en anglais, sur le site http://www.recmusic.org/lieder/

Ça permet d'écouter sur Qobuz tout en profitant pleinement du texte, voire d'acheter les CD sans se préoccuper du contenu du livret.

J'aime autant les versions avec piano que celles avec orchestre, ça permet de varier avec mon humeur du jour.
J'ai, comme d'autres membres du forum (cf. avis exprimés plus haut) une préférence pour les voix de femmes dans cette musique, qui est aussi bien servie par des voix légères, souples et soyeuses que par des voix plus riches voire héroïques. Je n’ai pourtant pas jeté à la poubelle le CD de Kaufmann, il se permet de belles demi-teintes à se pâmer, notamment dans Die Nacht.
J’écoute en ce moment le bel album de Barbara Bonney, accompagnée au piano par Malcolm Martineau. Elle chante notamment les quatre derniers lieder que je n’avais jamais entendus accompagnés au piano (mais je ne suis pas dans le bon fil pour ça, je n’en dirai donc rien).

  Chez DG, parution d'un disque de Lieder chantés par Thomas Hampspn :


http://www.amazon.fr/T-Hampson-Songs-Richard-Strauss/dp/B00IB32IIU

Dommage qu'il n'enregistre pas plutôt l'opus 44 en entier avec orchestre (le n°2 est si rare!), il l'a fait en concert avec Thielemann.
Et le Notturno au piano, bof...

Je ne vois pas trop le sens de ce conditionnel, le disque M. Price / Sawallisch est une référence pour moi.

Sinon, ça fait étrange de voir présenter Elisabeth Schumann comme une colorature. Ce n'est pas factuellement faux (on ne fait pas Adele, Sophie-à-la-Rose ou Zerline-Diavolo si on ne l'est pas), mais elle incarne tellement plus le lyrique léger pour moi, avec le lied au premier chef.

Et puis elle a chanté Lola et la Fille-aux-oies, qui échappent tout à fait à cette catégorie.

Un coffret à paraître avec l'intégralité de son oeuvre pour chant et piano, avec également les mélodrames. (Enoch Arden par Fassbaender, et sinon il y a Banse, Breedt, Elsner, Walser, Libor...)



Le détail ici: http://www.cduniverse.com/productinfo.asp?pid=9202047&style=music&fulltracklist=T

Merci pour l'information! (Enoch Arden par Fassbaender, ça fait rêver...)

Au fait, merci aussi pour le coffret Nightingale: c'est en lisant le premier post de ce sujet que je l'ai découvert - un régal...

Il faut espérer que Beedt et Walser chanteront beaucoup.

C'est pour ça que j'ai mis le détail.   

Qui chante les 4 derniers ?

Tout est dans le lien que j'ai donné... (les 4 derniers n'y sont pas, peut-être a-t-il été considéré que ce sont des lieder avec orchestre avant tout)

Ce qui explique donc pourquoi je ne les ai pas trouvés !

Xavier a écrit:

C'est pour ça que j'ai mis le détail.   

Elsner ne chante pas trop... et il y a Vondung que tu n'avais pas mentionnée ! Que souhaiter de plus ?

Quand on sait les miracles que Marston peut faire quant au son, quand on connaît Strauss-dans-lui-même (sans parler des indispensables bribes de Salome en live à Vienne chez Koch, je pense justement aux lieder publiés par Brilliant) et quand on lit le programme et l'affiche, je ne vois qu'une chose à dire : ouah, http://www.marstonrecords.com/strauss/strauss_tracks.htm !
(Reste à se procurer le coffret ...)

Xavier a écrit:

Un coffret à paraître avec l'intégralité de son oeuvre pour chant et piano, avec également les mélodrames. (Enoch Arden par Fassbaender, et sinon il y a Banse, Breedt, Elsner, Walser, Libor...)



Le détail ici: http://www.cduniverse.com/productinfo.asp?pid=9202047&style=music&fulltracklist=T

Il me fait envie ce coffret; est-ce vraiment bien ?
Y a t-il les textes ?

Difficile à trouver, mais encore disponible chez amazon.de

Oui, c'est vraiment formidable.

Pas les textes, non... le livret contient un texte de présentation assez développé en anglais et allemand.

Xavier a écrit:

Oui, c'est vraiment formidable.

Pas les textes, non... le livret contient un texte de présentation assez développé en anglais et allemand.

Merci!

Je pense trouver la plupart des traductions ICI

Oui, je pense qu'il en manque un certain nombre tout de même, mais évidemment c'est un site très utile!

Xavier a écrit:

Oui, je pense qu'il en manque un certain nombre tout de même, mais évidemment c'est un site très utile!

Pour l'instant j'ai toutes les traductions du CD1...et c'est bien parti pour le 2 !

Finalement j'ai toutes les traductions des Lieder (8CD) du coffret.
Il ne me manque que "Enoch arden"

...si quelqu'un a une idée pour une traduction française ou anglaise...