Brahms: Concertos pour piano

Brahms a une production concertante tout à fait semblable à celle de Beethoven, constitué de plusieurs concertos pour piano (2 contre 5), un concerto pour violon, et enfin un concerto double, sorte de miroir exhaustif du triple concerto de Beethoven.

En réécoutant le premier concerto pour piano ce soir, j'ai été interloqué par le caractère profondément "baroque" du troisième mouvement, qui a ce contrepoint délicat, cet énergie mélodique virevoltante, cet élan passionné noblement aristocrate de la période baroque.

J'écoute assez peu Brahms, et lorsqu'il m'arrive d'en écouter, je pense rarement aux concertos, bien que je porte beaucoup d'admiration au premier.
Bizarrement je m'étais déjà fait cette réflexion je crois, et tu as raison, en plein d'endroits on pense à "l'esprit" baroque (ce qui m'avait interloqué surtout c'était le début de la cadence qu'on croirait tout droit sortie d'une toccata de Bach )

Sinon j'ai écouté hier soir pour la première fois le double concerto...
Dès les premières minutes j'ai senti que ça allait être trèèèèèèèès long !

Percy Bysshe a écrit:

En réécoutant le premier concerto pour piano ce soir, j'ai été interloqué par le caractère profondément "baroque" du troisième mouvement, qui a ce contrepoint délicat, cet énergie mélodique virevoltante, cet élan passionné noblement aristocrate de la période baroque.

C'est aussi le cas du III. de la 1ère sonate pour violoncelle et piano, qui démarre par un fugato puissant et très baroque (le sujet énoncé au départ n'a rien de romantique).

Quel généreux fil.

Juste pour dire que la version à quatre mains (sans orchestre, hein) écrite par Brahms pour le Premier Concerto présente de nombreux avantages, c'est vraiment une oeuvre majeure et aboutie en tant que telle. Ca vaut pour toutes ses réductions à quatre mains ou deux pianos, mais celle-ci a l'avantage de faire très bien entendre les procédés de l'orchestre et les harmonies, souvent assez masquées par l'affrontement des deux masses.

C'est toujours aussi tempêtueux, mais les parties s'ajoutent au lieu de se retrancher.

Au demeurant, la version que j'écoute (et qui doit être la seule du marché) est réalisée par le fantastique duo Matthies-Kohn, qui n'est vraiment pas limité par la grande technicité de cette pièce... Et d'une rare beauté dans le chant des lignes et dans la mise en valeur des harmonies.

alexandre. a écrit:

Percy Bysshe a écrit:

En réécoutant le premier concerto pour piano ce soir, j'ai été interloqué par le caractère profondément "baroque" du troisième mouvement, qui a ce contrepoint délicat, cet énergie mélodique virevoltante, cet élan passionné noblement aristocrate de la période baroque.

C'est aussi le cas du III. de la 1ère sonate pour violoncelle et piano, qui démarre par un fugato puissant et très baroque (le sujet énoncé au départ n'a rien de romantique).

En fait, ça sent, plus que le baroque, l'influence de Bach, pour ce rondeau, pour le final de la Première Sonate pour violoncelle, de la Première Sonate pour alto, etc. Dans certains passages des Rhapsodies, on peut aussi l'entendre... c'est assez souvent, en fait, qu'on retrouve cette composante, cette espèce de fascination mécaniste (mais qui contrairement à Bach, est toujours très inspirée chez Brahms, qui ne fait pas de marches harmoniques pendant un quart d'heure pour s'amuser...).

C'est ma première écoute de ce concerto, et j'avoue qu 'avant même de lire vos interventions, j'ai pas pu m'empêcher de faire référence à Bach.

Je pense que vous avez déniché la seconde œuvre de Brahms susceptible de plaire a Antrav.

MDR votre sondage :

Est ce que le troisième mouvement du premier concerto pour piano de Brahms est d'essence baroque

Réponse 1° Oui
Réponse 2° Yes...

DavidLeMarrec a écrit:

alexandre. a écrit:

Percy Bysshe a écrit:

En réécoutant le premier concerto pour piano ce soir, j'ai été interloqué par le caractère profondément "baroque" du troisième mouvement, qui a ce contrepoint délicat, cet énergie mélodique virevoltante, cet élan passionné noblement aristocrate de la période baroque.

C'est aussi le cas du III. de la 1ère sonate pour violoncelle et piano, qui démarre par un fugato puissant et très baroque (le sujet énoncé au départ n'a rien de romantique).

En fait, ça sent, plus que le baroque, l'influence de Bach, pour ce rondeau, pour le final de la Première Sonate pour violoncelle, de la Première Sonate pour alto, etc.

Oui, ça fait vraiment Bach parce-que ce sont très souvent des citations de l'Art de la Fugue. D'ailleurs une recension complète des motifs de cette œuvre qui sont dispersés dans les pièces de Brahms doit être assez longue.

KID A a écrit:

Sinon j'ai écouté hier soir pour la première fois le double concerto...
Dès les premières minutes j'ai senti que ça allait être trèèèèèèèès long !

Rhoooo, cette superbe cadence au violoncelle .

Sinon, d'accord avec ce que d'autres dit: l'influence baroque, on la trouve dans plusieurs autres de ses oeuvres et c'est tout à fait assumé.

alexandre. a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

alexandre. a écrit:

Percy Bysshe a écrit:

En réécoutant le premier concerto pour piano ce soir, j'ai été interloqué par le caractère profondément "baroque" du troisième mouvement, qui a ce contrepoint délicat, cet énergie mélodique virevoltante, cet élan passionné noblement aristocrate de la période baroque.

C'est aussi le cas du III. de la 1ère sonate pour violoncelle et piano, qui démarre par un fugato puissant et très baroque (le sujet énoncé au départ n'a rien de romantique).

En fait, ça sent, plus que le baroque, l'influence de Bach, pour ce rondeau, pour le final de la Première Sonate pour violoncelle, de la Première Sonate pour alto, etc.

Oui, ça fait vraiment Bach parce-que ce sont très souvent des citations de l'Art de la Fugue. D'ailleurs une recension complète des motifs de cette œuvre qui sont dispersés dans les pièces de Brahms doit être assez longue.

Concernant le dernier mouvement de la Première Sonate pour violoncelle, après vérification, c'est effectivement très fortement inspiré du mouvement du Contrapunctus XIIIb et de l'harmonie du Canon IV. Ce n'est pas une citation littérale, mais une inspiration assez indubitable.

Ben. a écrit:

JFrej a écrit:

Son enregistrement du 1° Concerto pour Piano de Brahms avec Arrau est un véritable sommet, tant pour le pianiste que pour le chef.
Un disque a acquérir.
http://www.coverdude.com/covers/claudio-arrau-and-carlo-maria-giulini-brahms-piano-concerto-n-1-front-cover-31608.jpg

Dommage que l'oeuvre, elle, ne soit pas un sommet...

Qu'est-ce que tu lui reproches ?

adriaticoboy a écrit:

Ben. a écrit:

JFrej a écrit:

Son enregistrement du 1° Concerto pour Piano de Brahms avec Arrau est un véritable sommet, tant pour le pianiste que pour le chef.
Un disque a acquérir.
http://www.coverdude.com/covers/claudio-arrau-and-carlo-maria-giulini-brahms-piano-concerto-n-1-front-cover-31608.jpg

Dommage que l'oeuvre, elle, ne soit pas un sommet...

Qu'est-ce que tu lui reproches ?

C'était une boutade. Mais je le trouve parfois un peu bancal, un peu artificiel. On sent encore trop l'oeuvre de jeunesse. Je lui préfère le second, magistral, lui, pour le coup.

Je trouve aussi le Second encore plus parfait, mais le Premier est quand même un opus d'une densité, d'une profondeur et d'une maîtrise formelle assez exceptionnelles pour un compositeur de même pas 25 ans. Personnellement je ne lui trouve absolument rien de bancal ou d'artificiel.

adriaticoboy a écrit:

Je trouve aussi le Second encore plus parfait, mais le Premier est quand même un opus d'une densité, d'une profondeur et d'une maîtrise formelle assez exceptionnelles pour un compositeur de même pas 25 ans. Personnellement je ne lui trouve absolument rien de bancal ou d'artificiel.

Je suis très sévère. Même si j'aime bien ces oeuvres de jeunesse, je préfère de beaucoup le Brahms plus tardif. Disons que je trouve ce concerto très ambitieux dans son projet, mais pas totalement abouti dans sa réalisation. L'écriture pianistique est quand même un peu timide, aussi.

Après, c'est de Brahms, et d'un enregistrement merveilleux, dont on parle. Alors ça gomme toutes ces petites considérations.

Le problème, c'est qu'il n'y a pas d'œuvres de jeunesse avec Brahms… Songe à l'opus 5 !!! Alors, l'opus 15…

Dans le cas de Brahms, c'est même encore plus fort : il suffit que l'œuvre ait survécu à sa sévérité et qu'elle ait un numéro d'opus.

Je me basais uniquement sur l'année de composition, et sur le fait, quand même, que ce concerto n'est que la troisième ou quatrième excursion de Brahms dans l'exercice d'écriture pour orchestre.

Mais c'est vrai qu'en songeant à l'op. 5...

adriaticoboy a écrit:

Citation :

le Premier est quand même un opus d'une densité, d'une profondeur et d'une maîtrise formelle assez exceptionnelles pour un compositeur de même pas 25 ans.

Tout à fait d'accord, c'est une oeuvre à couper le souffle, surtout dans cette interprétation.

Ben a écrit:

Citation :

L'écriture pianistique est quand même un peu timide, aussi.

Pas tout à fait faux

Ben a écrit:

Citation :

Après, c'est de Brahms, et d'un enregistrement merveilleux, dont on parle. Alors ça gomme toutes ces petites considérations.

OUI

Ben. a écrit:

adriaticoboy a écrit:

Je trouve aussi le Second encore plus parfait, mais le Premier est quand même un opus d'une densité, d'une profondeur et d'une maîtrise formelle assez exceptionnelles pour un compositeur de même pas 25 ans. Personnellement je ne lui trouve absolument rien de bancal ou d'artificiel.

Je suis très sévère. Même si j'aime bien ces oeuvres de jeunesse, je préfère de beaucoup le Brahms plus tardif. Disons que je trouve ce concerto très ambitieux dans son projet, mais pas totalement abouti dans sa réalisation. L'écriture pianistique est quand même un peu timide, aussi.

Après, c'est de Brahms, et d'un enregistrement merveilleux, dont on parle. Alors ça gomme toutes ces petites considérations.

L'écriture pianistique un peu timide? Par timide, tu entends qu'il te manque des gammes et des arpèges dans tous les sens?
C'est bien simple, la première cadence du piano dans le I est absolument remarquable, d'une poésie musicale exceptionnelle, un peu comme la cadence du second concerto de Liszt (je parle de celle notée con abandono, section H dans l'Allegro moderato). Alors certes ce n'est pas virtuose (ou en tout cas pas ostentatoire), mais c'est une des plus belles parties pour piano seul qui soient tout concerto confondus.

@Mariefran: tu peux même partir de l'Op.1!

Percy Bysshe a écrit:

Ben. a écrit:

adriaticoboy a écrit:

Je trouve aussi le Second encore plus parfait, mais le Premier est quand même un opus d'une densité, d'une profondeur et d'une maîtrise formelle assez exceptionnelles pour un compositeur de même pas 25 ans. Personnellement je ne lui trouve absolument rien de bancal ou d'artificiel.

Je suis très sévère. Même si j'aime bien ces oeuvres de jeunesse, je préfère de beaucoup le Brahms plus tardif. Disons que je trouve ce concerto très ambitieux dans son projet, mais pas totalement abouti dans sa réalisation. L'écriture pianistique est quand même un peu timide, aussi.

Après, c'est de Brahms, et d'un enregistrement merveilleux, dont on parle. Alors ça gomme toutes ces petites considérations.

L'écriture pianistique un peu timide? Par timide, tu entends qu'il te manque des gammes et des arpèges dans tous les sens?
C'est bien simple, la première cadence du piano dans le I est absolument remarquable, d'une poésie musicale exceptionnelle, un peu comme la cadence du second concerto de Liszt (je parle de celle notée con abandono, section H dans l'Allegro moderato). Alors certes ce n'est pas virtuose (ou en tout cas pas ostentatoire), mais c'est une des plus belles parties pour piano seul qui soient tout concerto confondus.

@Mariefran: tu peux même partir de l'Op.1!

Je ne remets pas en cause la beauté de la chose, ou l'écriture remarquable de poésie. Mais ça n'est pas non plus la page la plus audacieuse harmoniquement de Brahms, quand même. Et puis, tu me cites des sections certes admirables, mais sur l'ensemble du concerto, le piano y est beaucoup moins audacieux, riche et parfaitement intégré que dans son second, par exemple. C'est ce que j'entends par timide.

C'était juste une petite plaisanterie, sinon, à la base...

Citation :

Juste pour dire que la version à quatre mains (sans orchestre, hein) écrite par Brahms pour le Premier Concerto présente de nombreux avantages, c'est vraiment une oeuvre majeure et aboutie en tant que telle. Ca vaut pour toutes ses réductions à quatre mains ou deux pianos, mais celle-ci a l'avantage de faire très bien entendre les procédés de l'orchestre et les harmonies, souvent assez masquées par l'affrontement des deux masses.

Où peut on écouter cet arrangement? ( Sans l'acheter de préférence )

Et il a t'il fait de même pour le 2eme ? Et pour son concerto pour violon? Merci !

Mis mes mains sur les deux premiers mouvements du concerto n°2. Vraiment difficile, évidemment. Brahms demande une telle force physique ! (pour timbrer les octaves + sixtes, notamment).

J'écris ici parce que je remarque pour la première fois que le piano joue à sa basse le thème de cor liminaire tandis que la cadence expose son propre thème à la main droite, joli coup de maître discret et très beau. Je devine que je suis le seul à m'en apercevoir seulement maintenant, mais si jamais...