Mardi 29 mars 2011
The Indian Queen, semi-opéra de Purcell
Livret d'après John Dryden et Robert Howard
Les Arts Florissants
Paul Agnew ............... direction
Emmanuelle de Negri .. soprano
Katherine Watson ...... soprano
Nicholas Watts ........... ténor
Sean Clayton .............. ténor
Callum Thorpe ........... basse
Raphaëlle Saudinos .... comédienne
Encore une très belle soirée à la cité
Drôle d'idée de placer une comédienne sur scène pour lire une version adaptée de l'histoire, en même temps il est très agréable de pouvoir suivre tous les fils de l'histoire sans effort. Avec des interventions un tantinet plus courtes, ce serait encore meilleur à mon goût.
La partition, qui plus est interprétée par les arts flo (environ 25 sur scène), sonne un peu ramélienne par instants
mais les airs nous offrent ces moments d'intimité inégalables de l'art de Purcell... Les arts flos jouent très très bien (un premier violoncelle à mourir de plaisir, une trompette glorieuse), la direction de Paul Agnew est soignée et toute en nuances, permettant de bien mettre en lumière les passages les plus belliqueux. Quand même, je trouve toujours un peu triste de le voir diriger dans ces costumes sombres, quand il a porté de si jolies choses : /watch?v=YproZ3B3K1Q
Emmanuelle de Negri est bien mon grand coup de coeur de l'année, toujours pertinente, toujours engagée, un charme fou, une comédienne toute en raffinement, et quelle chanteuse! Une voix belle et franche, qui enveloppe, un timbre beau et habitué à la musique ancienne, une agilité irréprochable, une vraie présence par la voix, dès les premières notes.
Katherine Watson sonne beaucoup plus "jeune" mais prometteuse : si les extrêmes de la tessiture sont un peu forcés, la voix est belle et l'expression très candide, très naturelle. De bien jolies interventions sans pour autant me faire grimper au rideau.
Nicholas Watts et Sean Clayton, les ténors de la soirée, étaient de bons éléments cependant loin à mes yeux d'un Ed Lyon entendu quelques mois plus tôt en cette même Cité. Watts chante dans un style très pur, beau phrasé notamment. Clayton a des aigus impressionnants mais la beauté du son est parfois sacrifiée.
Callum Thorpe est mon second coup de coeur pour la soirée. Très jeune, il tire parfois sa voix sur des aigus mais se rattrape rapidement
Une longueur de souffle, une beauté du timbre, un volume sonore absolument ravageurs. Ses graves font vibrer de la tête aux pieds, il lui manque encore un peu d'assurance scénique mais il y a fort à parier qu'il reviendra chauffer les scènes parisiennes bientôt.
Le public en délire (moi? exagérer??? non mais franchement ce fut triomphal) a obtenu le rappel que nous avaient préparé la petite bande, et quel moment : Agnew nous raconte que le génie de Purcell est le seul qui lui a parfois donné envie à lui, écossais, d'être un vulgaire anglais huhu et désire donc nous présenter en rappel sa version du Miserere composé par le susdit anglais. Ce sera bientôt disponible sur la page de la cité qui rediffuse les concerts, à voir absolument. J'aurais voulu que le silence qui a suivi la fin du miserere dure des heures... magique. Allez écouter, c'est le seul commentaire qui vaille!
Merci aux arts flo (ok, j'oublie les Rameau en demie-teinte de Pleyel!) !