Attention chef d'oeuvre!
Ce Pelléas, capté au Festival de Glyndebourne, est doté d'une distribution non-francophone mais à la diction globalement très bonne excepté quelques menus incidents.
Musicalement c'est du tout bon.
Christiane Oelze (Mélisande) sait se faire ambigüe, fragile et séductrice à la fois, vocalement c'est impeccable et la diction est très bonne.
Peut-être peut-on lui reprocher d'être parfois un brin trop maniérée (on la sent soucieuse d'une diction parfaite), pas assez "effacée" au dernier acte, mais que ce rôle est difficile... dans l'ensemble ce qu'elle fait est remarquable.
Richard Croft est un excellent Pelléas, très à l'aise en tant que ténor, la voix est superbe, la diction a de petits accrochages mais ça reste rare.
John Tomlinson interprète un Golaud tendre et faible, la voix est expressive et douloureuse comme dans son Wotan avec Barenboïm; d'ailleurs les 2 rôles n'ont-ils pas quelques points communs? Un excellent acteur, très émouvant.
Contrairement à pas mal de versions on évite pour Geneviève une chanteuse en pré-retraite à la voix défaite et c'est tant mieux.
Le jeune garçon qui interprète Yniold s'en tire très bien, et joue assez bien.
Tout juste peut-on regretter un Arkel un peu chevrotant.
Andrew Davis opte plutôt pour des tempi très allants, à l'exception de certaines scènes, comme celle de la tour, qui du coup gagne considérablement en sensualité.
Le philharmonique de Londres est tout simplement superbe.
Passons maintenant à la mise en scène.
Ce n'est pas une mise en scène littérale et descriptive, mais Graham Vick tire des miracles de son unique décor, par des jeux d'éclairages et de subtils effets, on croit à la réalité de chaque scène.
Il obtient par ailleurs de son unique et magnifique décor une sensation d'oppression très adéquate, comme si les personnages ne pouvaient pas s'enfuir du drame qui se joue.
Il y a quelques idées particulièrement fortes, mais je ne veux pas vous les gâcher...
La direction d'acteurs est excellente, et l'ensemble est vraiment bien mené; jamais je n'ai été autant ému par la dernière scène...
Une vision très différente de l'autre référence en DVD, la version Boulez/Stein, mais ne me demandez pas de choisir, pour moi ces 2 versions sont complémentaires et indispensables.
Grosso modo, si vous préférez une mise en scène classique et illustrative, prenez Boulez/Stein, si vous voulez quelque chose de plus symboliste peut-être, d'un peu plus mystérieux, prenez celui-ci.
Mais je le répète, pour moi les 2 sont à voir. (et à écouter)
Oeuvre: 10/10
Interprétation: 8,5/10
Mise en scène: 9/10
Technique: 8/10 (bonne prise de son, quoiqu'un poil agressive, très bonne image 4/3)