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| Kodaly - Oeuvres orchestrales | |
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+3DavidLeMarrec Mélomaniac Ben. 7 participants | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 12:06 | |
| - Ben. a écrit:
- alexandre. a écrit:
Le coffret Solti récemment sorti me semble très intéressant. On retrouve le double album bien connu avec Chicago et le simple avec le LSO. Mais le reste est composé de choses qui étaient plutôt rares : - la Cantate profane - les concertos pour piano avec Ashkenazy - les concertos pour piano avec Chung - le Barbe-Bleue - une MCPC avec le LPO dont je ne savais même pas qu'elle existait
Et c'est complété avec ses Kodály. Je trouve que tout est très bien dans ce coffret, sauf le Barbe Bleue, un peu raté. Les concertos sont vraiment bon, surtout avec Ashkenazy, et les Kodály valent le coup, même s'ils ne font pas non plus référence à mon sens, c'est une belle porte d'entrée sur la musique de ce compositeur. Pour les Kodály tu recommandes quoi du coup ? Le coffret Doráti / Kertész chez Decca ? Sur youtube il y a un très beau live des Variations sur "Le Paon s'est envolé" par Mackerras à Vienne : watch?v=8V3bU8HtI1A |
| | | Ben. Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2075 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 02/10/2010
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 12:12 | |
| - alexandre. a écrit:
- Ben. a écrit:
- alexandre. a écrit:
Le coffret Solti récemment sorti me semble très intéressant. On retrouve le double album bien connu avec Chicago et le simple avec le LSO. Mais le reste est composé de choses qui étaient plutôt rares : - la Cantate profane - les concertos pour piano avec Ashkenazy - les concertos pour piano avec Chung - le Barbe-Bleue - une MCPC avec le LPO dont je ne savais même pas qu'elle existait
Et c'est complété avec ses Kodály. Je trouve que tout est très bien dans ce coffret, sauf le Barbe Bleue, un peu raté. Les concertos sont vraiment bon, surtout avec Ashkenazy, et les Kodály valent le coup, même s'ils ne font pas non plus référence à mon sens, c'est une belle porte d'entrée sur la musique de ce compositeur. Pour les Kodály tu recommandes quoi du coup ? Le coffret Doráti / Kertész chez Decca ?
Sur youtube il y a un très beau live des Variations sur "Le Paon s'est envolé" par Mackerras à Vienne : watch?v=8V3bU8HtI1A Oui ce coffret est incroyable. Vraiment la première chose à acquérir pour découvrir ce compositeur. On y rajoute les enregistrements épars de Ferencsik, Fricsay, Rodzinski et de Mackerras, pour approfondir, et on a quasiment l'essentiel nécessaire au disque de la musique orchestrale de Kodály. (On priorise quand même le premier et le dernier). |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 13:10 | |
| - alexandre. a écrit:
Pour les Kodály tu recommandes quoi du coup ? Le coffret Doráti / Kertész chez Decca ?
Rappelons d'abord la discographie de Solti (Decca, sauf mention contraire) : Danses de Galanta : LPO : 11-12 novembre 1952 Variations le Paon :LPO : avril-mai 1954 VPO : 19-22 avril 1996 Psalmus Hungaricus :LPO : avril-mai 1954 (chanté en Anglais) Chicago SO : 18-20 novembre 1982 (label CSO de l'orchestre) Budapest Festival Orchestra : juin 1997 Suite de Hary Janos :Orchestre d'Etat bavarois, mai 1949 (DG & American Decca) LPO, 21-23 février 1955 Chicago SO, novembre 1993 VPO, avril 1995 (Decca, vidéo) Le coffret Dorati/Kertesz est tout aussi recommandable que Solti. Dorati était un spécialiste de la musique de Kodaly. Ses précédents enregistrements ( Danses de Galanta, de Marosszek, Hary Janos) chez Mercury sont à thésauriser également.
Dernière édition par Mélomaniac le Mar 6 Nov 2012 - 22:17, édité 2 fois |
| | | Ben. Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2075 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 02/10/2010
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 13:14 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- alexandre. a écrit:
Pour les Kodály tu recommandes quoi du coup ? Le coffret Doráti / Kertész chez Decca ?
Sur youtube il y a un très beau live des Variations sur "Le Paon s'est envolé" par Mackerras à Vienne : watch?v=8V3bU8HtI1A Le coffret Dorati/Kertesz est tout aussi recommandable que Solti. Dorati était un spécialiste de la musique de Kodaly. Ses précédents enregistrements (Danses de Galanta, de Marosszek, Hary Janos) chez Mercury sont à thésauriser également. Je trouve ça infiniment plus convainquant que Solti, personnellement. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 13:24 | |
| Je n'ai que le coffret Decca pour le moment, et si je suis très satisfait par la partie Doráti, je suis plus réservé par la partie Kertész. Je ne connais pas vraiment les œuvres, mais je trouve que sa direction manque de fermeté, parfois j'ai l'impression de flottement dans les nuances et dans les attaques. Et c'est d'autant plus bizarre que Kertész ne cultive pas non plus un son d'orchestre très opulent ou fortement engagé. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 13:35 | |
| - Ben. a écrit:
Je trouve ça infiniment plus convainquant que Solti, personnellement.
Pour être honnête : moi aussi ! ! Parmi les références, il faut aussi absolument citer les enregistrements de Fricsay chez Deutsche Grammophon. Et au sommet un irrésistible live des Danses de Galanta capté au Festival de Salzbourg en août 1961, avec un Wiener Philharmoniker en transe ! Ca se trouvait dans cet album : |
| | | Ben. Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2075 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 02/10/2010
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 20:22 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- Ben. a écrit:
Je trouve ça infiniment plus convainquant que Solti, personnellement.
Pour être honnête : moi aussi ! !
Parmi les références, il faut aussi absolument citer les enregistrements de Fricsay chez Deutsche Grammophon.
Et au sommet un irrésistible live des Danses de Galanta capté au Festival de Salzbourg en août 1961, avec un Wiener Philharmoniker en transe ! Ca se trouvait dans cet album :
Oui je l'ai évoqué rapidement moi aussi. C'est très séduisant, je crois que c'est le terme qui convient. Alexandre, c'est étrange, pour Kertész, car je trouve justement qu'il se montre très incisif dans sa lecture des oeuvres. Tu fais référence à quelles pages exactement? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 20:27 | |
| - Ben. a écrit:
- Alexandre, c'est étrange, pour Kertész, car je trouve justement qu'il se montre très incisif dans sa lecture des oeuvres. Tu fais référence à quelles pages exactement?
Je n'ai pas en tête de passage précis. Je le trouve d'une certaine façon incisif, mais j'ai plus l'impression que c'est lié à la sécheresse orchestrale (je trouve que le LSO sonne assez mal avec Kertész, et c'est assez facile de comparer tant le LSO a été enregistré avec d'autres chefs à la même époque). Au-delà de cette sécheresse, je trouve la direction assez peu déterminée, presque gentille, avec un manque d'intensité qui me gêne dès que les dynamiques ou les tempi sont réduits. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 5 Nov 2012 - 20:39 | |
| - Ben. a écrit:
On y rajoute les enregistrements épars de Ferencsik, Fricsay, Rodzinski et de Mackerras, pour approfondir, et on a quasiment l'essentiel nécessaire au disque de la musique orchestrale de Kodály. (On priorise quand même le premier et le dernier). Concernant Artur Rodzinski : la Suite de Hary Janos, les Danses de Galanta, celles de Marosszek captées en avril-mai 1955 avec le Royal Philharmonic pour le label Westminster consituent ses trois seuls enregistrements consacrés à ce compositeur. Ce chef dalmate avait rencontré Kodaly dans les années 1930... Réédité en CD, à dénicher d'occasion : |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Mar 6 Nov 2012 - 22:16 | |
| Pour la Suide de Hary Janos, n'oublions pas ce grand classique : la version de George Szell à Cleveland (CBS, jnvier 1969), à qui l'humour à froid de cette musique convient comme un gant.
Interprétation sobre, impeccable, scintillante, avec ce ton acerbe typique du chef hongrois.
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Mar 6 Nov 2012 - 23:57 | |
| Pour les amateurs du Hary Janos dirigé par Kertesz avec Peter Ustinov, qui ne veulent pas investir dans le coffret évoqué ci-dessus, notons la toute récente réédition en double-album Eloquence (clic pour infos). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Mer 7 Nov 2012 - 3:20 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- Concernant Artur Rodzinski : la Suite de Hary Janos, les Danses de Galanta, celles de Marosszek captées en avril-mai 1955 avec le Royal Philharmonic pour le label Westminster consituent ses trois seuls enregistrements consacrés à ce compositeur.
Ce chef dalmate avait rencontré Kodaly dans les années 1930... Même s'il est né à Split, Rodziński a toujours été polonais, je crois. Très grand chef dans le genre cursif-urgent, j'adore son Tristan de 57 (le premier du couple Nilsson-Windgassen !), son concerto de Dvořák avec Rose (je crois que je l'avais mis sur Musique Ouverte)... |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Mer 7 Nov 2012 - 3:55 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
Même s'il est né à Split, Rodziński a toujours été polonais, je crois.
Très grand chef dans le genre cursif-urgent, j'adore son Tristan de 57 (le premier du couple Nilsson-Windgassen !), son concerto de Dvořák avec Rose (je crois que je l'avais mis sur Musique Ouverte)...
Oh mais qu'il est tatillon ce David... Ca mériterait une cure à Bad Tölz... Disons que Rodzinski est natif de Croatie, qu'il a grandi dans une ville ukrainienne devenue polonaise, qu'il a étudié en Autriche, qu'il a connu la célèbrité aux Etats-Unis, et un été indien en Grande-Bretagne... Même si ce n'est pas ici le fil pour faire son éloge, disons que tous ses enregistrements avec le Cleveland Orchestra dans les années 1940 sont exceptionnels en termes de pure virtuosité. Contrairement à ce qu'on lit sur wiki****, sa carrière ne s'achève pas en 1947 à Chicago, même si ses enregistrements tardifs avec le Royal Philharmonic ne révèlent plus la même flamme que ceux réalisés outre-atlantique. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Mer 7 Nov 2012 - 8:59 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- Pour les amateurs du Hary Janos dirigé par Kertesz avec Peter Ustinov, qui ne veulent pas investir dans le coffret évoqué ci-dessus, notons la toute récente réédition en double-album Eloquence (clic pour infos).
Oui, enfin bon, le coffret Kodály se trouve pour moins cher sur amazon. Et puis le couplage de l'album éloquence est beaucoup moins intéressant à mon goût (c'est le Barbe-Bleu de Kertész). |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Mer 7 Nov 2012 - 13:14 | |
| - alexandre. a écrit:
Oui, enfin bon, le coffret Kodály se trouve pour moins cher sur amazon. Et puis le couplage de l'album éloquence est beaucoup moins intéressant à mon goût (c'est le Barbe-Bleu de Kertész). Ma foi c'est vrai. Cette réédition en double album n'était pas très opportune. Mais je crois qu'elle s'inscrit dans le cadre d'une série consacrée à Kertesz qui a déjà fait réapparaître ses Brahms, Bruckner... On a l'impression qu'elle s'essouffle un peu cette collection Eloquence, alors qu'il reste tant de choses à exhumer dans les catalogues Decca - Philips - DG... |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97900 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Mer 7 Nov 2012 - 16:15 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- Ca mériterait une cure à Bad Tölz...
Nooooooooooooooooooooooooon ! J'ai réagi parce que j'ai été étonné, je suis même allé vérifier s'il avait passé une partie conséquente de sa vie là-bas. Et apparemment non, mais il avait peut-être la triple nationalité, je n'ai pas d'éléments là-dessus. Et puis surtout, c'était l'occasion d'en dire du bien. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Mer 7 Nov 2012 - 16:27 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Mélomaniac a écrit:
- Ca mériterait une cure à Bad Tölz...
J'ai réagi parce que j'ai été étonné, je suis même allé vérifier s'il avait passé une partie conséquente de sa vie là-bas. Et apparemment non, mais il avait peut-être la triple nationalité, je n'ai pas d'éléments là-dessus. Et puis surtout, c'était l'occasion d'en dire du bien.
Ah bon, toutes les occasions sont alors bonnes de rappeler ce maestro à nos mémoires. Je suis en train de démarcher les autorités consulaires pour obtenir un fac simile de son passeport... |
| | | Plastic Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 34 Age : 1005 Localisation : Océania Date d'inscription : 27/03/2018
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Sam 14 Avr 2018 - 12:27 | |
| Cet unique sujet sur la discographie de Kodaly datant un peu, je me demande si vous avez trouvé des CD plus récents qui valent le coup ? Pour ma part j'aime beaucoup ce CD qui contient le duo pour violon et violoncelle Op7 de Kodely entre autre. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91579 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Sam 14 Avr 2018 - 16:33 | |
| Tu as le droit d'ouvrir de nouveaux sujets, par exemple un sujet sur la musique de chambre de Kodaly. Parce que sinon, là on est hors-sujet. |
| | | Plastic Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 34 Age : 1005 Localisation : Océania Date d'inscription : 27/03/2018
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Sam 14 Avr 2018 - 17:45 | |
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Jeu 3 Oct 2019 - 23:44 | |
| - Mélomaniac, in playlist, a écrit:
Catégorie orchestrale -rang 083°/250
Artur Rodziński (1892-1958)
Zoltán Kodály (1882-1967) :
Danses de Marosszék Danses de Galánta Háry János, -Suite
= Artur Rodziński, Royal Philharmonic Orchestra
(Westminster, avril-mai 1955)
À l'instar de son compatriote et contemporain Béla Bartók, Kodály s'engagea dans une démarche ethno-musicologique de terrain, arpentant sa Hongrie natale pour recueillir avec un phonographe les chants et danses folkloriques auprès des paysans. Il pu collecter environ trois mille traces, qui lui permirent d'alimenter sa propre musique en synthétisant dans un cadre savant ces vestiges du terroir. Premier essai dans ce genre, les Marosszéki táncok (du nom d'une bourgade de Transylvanie) plongent leur racine « dans un passé lointain, elles reflètent un monde féérique depuis longtemps disparu ». Achevées en 1927, pour le piano (afin de ne pas concurrencer la Suite de danses de Bartók), elles furent instrumentées et créées sous cette forme en novembre 1930 par la Staatskapelle de Dresde que dirigeait Fritz Busch. Leur forme rhapsodique fait alterner des pages lentes et animées, tramées par des airs populaires. Trois ans plus tard, le compositeur écrivait ce qui demeure son œuvre la plus appréciée : les Galántai táncok, du nom d'un village de l'Ouest de la Hongrie où il avait effectué ses premières collectes en 1905. En voici la structure :
Lento, les violoncelles languissent une complainte, sur laquelle essaiment les violons, et qui se voit reprise par le cor (0'27), le hautbois (0'51), la clarinette (1'45) dans un passage stringendo qui débouche sur une cadenza puis un nouvel épisode : Andante maestoso (2'27) à 4/4, toujours mené par la clarinette qui énonce une lascive mélodie assouplie par les triolets. Les cordes s'emparent ff de cet air nostalgique (3'24), qu'elles intensifient avant de le céder aux altos et violoncelles (4'35). Les pizzicati (5'16) s'empressent vers un Allegro moderato esquissé par les flûtes (5'24), les bois (6'04), de plus en plus sinueux et trillé, puis se voit creusé par une effusion des cordes (6'20) qui explose en tutti (6'48) et se délite. Le hautbois introduit une section gracieuse et animée (8'07), nimbée par le glockenspiel, et s'attirant les réparties des violons (8'46) suivies d'un pompeux Andante (9'05) qui se décline par les violoncelles. Survient l'Allegro (9'33) chauffé à blanc par les violons, culminant sur une fanfare (10'26) où tinte le triangle et qui s'enfièvre avec le tambour (10'43), en superposant rythmes binaire et ternaire. L'exaltation atteint un sommet, cocassement interrompu par un poco meno mosso (10'54) que viennent narguer la clarinette (11'05), la flûte, le basson. Un procédé typique du « verbunkos » (une danse de recrutement militaire), qui dans son alternance lassú/friss exhibe les performances de jarret puis vient tendre le papier d'enrôlement. Les violons tentent de remobiliser la danse (11'24), mais l'air narquois revient minauder au piccolo (11'57), au basson tandis que le pouls s'accélère. Les cors (12'09) activent une furtive rengaine qui se réplique à divers pupitres tandis que martèlent les timbales, dans une impatience croissante qui propulse un allegro vivace (12'23) d'une farouche impétuosité : ça bondit et trépigne comme un taraf endiablé. Cuivres boucanés, archets virevoltants : Rodziński transforme le Royal Philharmonic en orchestre plus tzigane que nature ! Là où Fricsay (avec le Wiener Philharmoniker au Festival de Salzbourg en août 1961) jouait sur la modération et les subtiles césures pour creuser le relief par le hiatus, le chef polonais attise la frénésie ! Impérieuses fanfares (13'24), puis section ternaire (13'43) où le taraf revient gigoter (13'57). Une statique tenue des violons divisés (14'16) donne essor aux calmes roucoulades de la flûte, puis du hautbois, de la clarinette qui escalade vers des trilles. Mais l'orchestre se déchaine pour une ultime parade (15'18) qui conclut les vingt dernières secondes par une étourdissante chorégraphie. Rodziński excelle à restituer la candeur de cette partition, tout en préservant ses équilibres, comme l'expliqua Tobias Möller : « jusqu'au bout, il attend de ses musiciens une adhésion totale à ses intentions, qu'il leur faut traduire irréprochablement. La sonorité qui en résulte séduit tout à la fois par son engagement et sa précision. Le chef n'estompe pas pour autant les traits vifs ni les modèles rythmiques complexes, auxquels il donne un dessin bien net. »
Le premier grand succès scénique de Kodály s'inscrivait en rupture avec l'imagerie colportée par l'institution culturelle sous influence austro-allemande : ce n'est pas un héros de vieille noblesse que nous présente le Singspiel Háry János, mais un soldat rustre qui conte ses péripéties (volontiers imaginaires) aux buveurs des tavernes. La narration se mêle à des airs pittoresques, le tout dans une parure orchestrée avec de réjouissantes couleurs. La Suite permet d'en goûter tous les charmes, et l'humour caustique. Après une introduction frémissante, violoncelles et contrebasses amorcent à voix basse le récit du Prélude, qui enfle et se propage aux cordes puis à tout l'orchestre dans une ambiance passionnée et intrigante : cette accroche ambitionne d'éveiller l'intérêt de l'auditoire tout en plantant un décor emphatique qu'on sent déjà propice à l'affabulation. Nous voici ensuite transportés à la Cour de Vienne, prétexte à un carillon en mi bémol majeur, digne pendant de la musique des automates de la Coppélia de Delibes : cloches, glockenspiel, tam-tam, piano font vibrer l'horloge. Flûtes, hautbois, clarinettes, cors s'élancent dans une joyeuse rengaine, merveilleusement instrumentée, et qui va circuler à divers pupitres (sans les cordes). Le Royal Philharmonic en recrée ici toute l'alchimie des timbres. La Chanson dérive de la scène idyllique avec Örsze, d'abord confiée à un alto solo, puis à la clarinette (0'49) aux parfums orientalisants, puis au hautbois (1'16) tandis que frétille le cymbalum. Sur les triolets des cordes (2'43), le cor prolonge la rêverie, avant que hautbois et un violoncelle (3'49) ne réamorcent la mélodie initiale, enrubannée dans les soupirs de flûte, et les émois du cymbalum qui trahit l'entêtant cachet magyar de ce songe d'alcôve. Notre fanfaron se mesure ensuite à Napoléon lui-même, au sein d'une bataille qui plante un décor martial : la grosse caisse scande un air de vaillance aux trombones, alliés aux trompettes (0'16). Mais plusieurs fois, le courage s'effondre parodiquement, comme si Janos était plus couard que ses bobards ne le laissent entendre. Un grondement de grosse caisse (1'34) illustre l'apparition de l'Empereur, irrévérencieusement grognée par trombones et tuba, tandis qu'une allusion à La Marseillaise tourne au grotesque. Sans autre forme de procès, une marche funèbre (2'42) se plaint au saxophone pour signer la déconfiture de Bonaparte. Ce sont les cordes et le cymbalum dégingandé qui tiennent la vedette du véhément Intermezzo, deux fois relancé (0'36, 1'01) avant la lyrique section médiane (1'27) où s'épanche le cor. Puis les virtuoses cabrioles reprennent (2'45) -on notera ici l'exécution très libre de Rodziński, qui vise avant tout la spontanéité et le panache de ses archets. Le héros s'imagine enfin couvert de gloire par l'Empereur d'Autriche, qui fait son entrée au pas de course, escorté par d'ironiques fifreries. On réentend aux cuivres des bribes de la bataille avec Napoléon, et le récit se laisse emporter dans une liesse tourbillonnante où l'on ne distingue plus le vrai du faux. Un morceau de bravoure, propre à faire rutiler l'orchestre au grand complet.
Parmi les versions marquantes de cette Suite d'apparat, on peut signaler István Kertész (Decca, qui avait aussi gravé un enregistrement complet de l'opéra), George Szell (CBS), Ferenc Fricsay (DG), Georg Solti (Decca, notamment la première mouture avec le London Philharmonic). J'ai choisi Rodziński non seulement car le vinyle proposait en couplage les trois grands opus orchestraux du compositeurs, mais aussi parce qu'il s'agit d'un de mes maestros préférés. Réputé pour sa fougue, son brio, sa minutie, et son talent de préparateur qui obtenait le meilleur par des répétitions méthodiques. Ses exceptionnels 78 tours à Cleveland, New York et Chicago (Debussy, Ravel, Sibelius, Chostakovitch, Strauss...) relèvent d'une qualité sonore un peu trop précaire pour figurer dans les Mélomaniac d'Or, mais ici dans ces excellentes captations mono pour le label Westminster, son art transparaît dans des conditions optimales. Il avait rencontré Kodály à Budapest en 1937, et lorsque le compositeur vint aux États-Unis en automne 1946, Rodziński l'honora comme invité d'honneur d'un concert où il dirigeait le New York Philharmonic, Háry János figurant bien sûr au programme. Neuf ans plus tard, cette ancienne collaboration entre les deux hommes nous vaut encore une interprétation aussi authentique qu'admirable.
|
| | | Walther Mélomane averti
Nombre de messages : 229 Date d'inscription : 09/09/2010
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Lun 7 Oct 2019 - 13:35 | |
| - Invité a écrit:
- Je n'ai que le coffret Decca pour le moment, et si je suis très satisfait par la partie Doráti, je suis plus réservé par la partie Kertész. Je ne connais pas vraiment les œuvres, mais je trouve que sa direction manque de fermeté, parfois j'ai l'impression de flottement dans les nuances et dans les attaques. Et c'est d'autant plus bizarre que Kertész ne cultive pas non plus un son d'orchestre très opulent ou fortement engagé.
Ce coffret est le choix unique si on veut avoir toutes les œuvres orchestrales (ou pour voix et orchestre) en un seul bloc. Pour ce qui est de sa composition : les 2 premiers CD reprennent le contenu de l'anthologie Dorati en 2 CD restée longtemps au catalogue Decca : en y intercalant la chanson populaire "Le paon s'est envolé" chantée par le London Symphony Chorus (avant les variations sur Le Paon). Les 3e et 4e CD reprennent l'intégrale de Hary Janos et le Psalmus hungaricus dirigés par Kertész, avec surprise ! sur le 4e CD, trois petites pièces pour orchestre (très sympas à écouter) qui faisaient partie de l'intégrale orchestrale de Dorati mais n'avaient jamais été rééditées, faute de place sur l'anthologie en 2 CD indiquée ci-dessus : Minuetto serio, Musique de ballet et Rondo hongrois. Les versions Dorati des deux premiers CD sont tout à fait bonnes, mais on peut trouver plus engagé ailleurs (Fricsay, Kertész) pour les œuvres célèbres du CD1. Et pour les œuvres "moins connues" du CD2, je trouve qu'on y devine trop la volonté de les enregistrer "pour faire une intégrale" : les interprétations sont pâles, et pas assez "construites". Il n'y a qu'à comparer avec d'autres interprétations pour le vérifier : écoutez la Symphonie en ut enregistrée live par Fricsay en 1961 ! et le Concerto pour orchestre et Soir d'été enregistrés par Kodaly lui-même avec l'Orchestre Philharmonique de Budapest (juillet 1960) pour DG sur un vieux CD Dokumente paru à la fin des années 80 : Dans les deux cas, les interprétations DG l'emportent haut la main : les œuvres apparaissent beaucoup plus profondes et inspirées que chez Dorati… au point qu'on a presque du mal à les reconnaître. Sinon, les trois œuvres orchestrales enregistrées par Kertész chez Decca semblent avoir toujours été négligées en CD par rapport à la grande anthologie enregistrée par Dorati, mais on peut les trouver sur ce CD Eloquence (où on retrouve d'ailleurs une nouvelle fois la chanson Le Paon chantée par le LS Chorus) : Un excellent CD ! |
| | | néthou JazzAuNeth
Nombre de messages : 2030 Date d'inscription : 04/03/2011
| Sujet: Re: Kodaly - Oeuvres orchestrales Dim 20 Oct 2019 - 18:51 | |
| Le post de Mélo sur Arthur Rodzinski m'a donné l'envie de réécouter toutes mes versions de Hary Janos (j'aime beaucoup Kodaly, et surtout cette suite). Pour mon goût, la version Kertesz domine les autres pour la couleur et la clarté avec laquelle chaque partie se détache (notamment celles du cymbalum, souvent noyé dans la masse). Dans le même style, la version de Ferencsik est aussi très belle. Si on est plus sensible au rendu de l'orchestre, ce sont les versions de Fricsay qui me paraissent les plus belles avec celle de Dorati avec le Philharmonia Hungarica. |
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