Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
|
| Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée | |
|
+7draffin Beirgla Morton Polyeucte sebby Mariefran jakus 11 participants | |
Auteur | Message |
---|
jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Jeu 10 Jan 2013 - 12:13 | |
| Fantaisie pour piano, orchestre et choeur en ut op.80
J’ai choisis l’écoute comparative de cette oeuvre parce que je ne la considère pas comme mineure dans la production beethovénienne, mais comme un résumé de la très riche inspiration du compositeur lors de l’année 1808 qui vit naitre, outre les 5è et 6è symphonies, la 3è sonate pour violoncelle et piano op.69, la 25è sonate pour piano (la 26è va suivre de peu), les deux trios op.70, et juste avant la Pastorale (que Beethoven présente alors comme la symphonie n°5) l’ouverture de Coriolan op.62 et la messe en ut majeur. Nous sommes à la fin de l’année 1808, Beethoven - il a alors 38 ans - réside à Vienne où il se trouve confronté à de nombreux problèmes : une cabale fomentée par une élite de «mélomanes» influents qui ne comprennent pas sa musique, l’abandon de certains de ses protecteurs dû à son caractère irascible et instable, des déboires sentimentaux, enfin des difficultés financières. Il envisage donc de quitter Vienne pour prendre le poste de Kapellmeister en Westphalie (projet qu’il abandonnera peu après). Il va alors donner un grand concert (qu’il voit à ce moment-là comme un concert d’adieu) d’oeuvres nouvelles le 22 décembre 1808. Le programme, composé de deux parties, est démentiel : dans l’ordre, la symphonie pastorale, un air chanté (Ah, Perfido op.65), un extrait de la messe en ut op.86, le 4è concerto (composé 2 ans avant mais dont il donne ici la première audition). En seconde partie, la 5è symphonie, un autre extrait de la messe en ut, une improvisation au piano (qu’il rédigera peu après sous le titre de Fantaisie pour piano, op.77), enfin la Fantaisie chorale op.80 composée hâtivement au dernier moment comme un brillant final à ce concert, réunissant ici tous les musiciens participants au cours de cette soirée : piano, orchestre et choeur. Au total la soirée va durer plus de 3h30 ! Et la salle, elle était bien chauffée en cette soirée hivernale ?...
Beethoven tenant lui-même la partie de piano se taille ici la part du lion. Le piano, presque toujours présent, se fait tour à tour soliste, concertant, accompagnateur. Sur le programme du concert, Beethoven décrit ainsi cette composition : «Fantaisie pour piano se terminant par degrés par l’intervention de l’orchestre et comme finale par des choeurs». Pour l’anecdote, à un moment le clarinettiste ayant fait une erreur, Beethoven fait arrêter le concert, injurie copieusement devant le public l’instrumentiste puis tout l’orchestre et son chef et fait reprendre la composition, ce qui révolta alors les musiciens... Ceux-ci jurèrent de ne plus jamais jouer en présence de Beethoven. Par manque de temps, l’introduction pianistique, en ut mineur, fut improvisée (Beethoven la rédigera par la suite pour être ajoutée à la publication). Pour ceux qui ne connaissent pas ou peu cette composition, je poste, en même temps que l'envoi des 6 premiers enregistrements, une brève analyse structurelle des différentes parties de l’oeuvre. Un autre intérêt de la Fantaisie est l’esquisse (il y en a eu d’autres) du finale du thème de la future IX symphonie. Voici 12 interprétations de cette oeuvre relativement brève qui sera envoyée en deux périodes (donc 6 à la fois) par segments. La discussion pourrait s'engager sur l'approche pianistique d'abord, sur l'orchestre et le choeur ensuite, en fonction des souhaits des participants. Comme je ne suis pas un aigle en arithmétique, je pense proposer une notation facile allant de 0 à 6 afin de pouvoir donner une notation un peu large. Rien n’empêche que vous y mettiez des ex-aequo quand vous ne pouvez choisir entre deux enregistrements que vous trouvez remarquables (j’en ai aussi mis volontairement certains que je n’aime pas mais qui peuvent trouver leur public). Du premier envoi, nous garderons les deux mieux notées, idem pour le 2è envoi. La prise de son de l’ensemble de ces enregistrements est très correcte, et il est souhaitable de ne pas tenir compte, dans vos choix, de la qualité des prises de son sauf si elle met vraiment à mal une interprétation. On pourrait consacrer environ 3 semaines par envoi.
(Voir plus bas une présentation détaillée de la Fantaisie Chorale).
Dernière édition par jakus le Mar 15 Jan 2013 - 12:41, édité 1 fois |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Jeu 10 Jan 2013 - 17:19 | |
| J'en suis |
| | | sebby Mélomaniaque
Nombre de messages : 992 Date d'inscription : 02/12/2012
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Jeu 10 Jan 2013 - 17:26 | |
| Itou. NB: Beetoven, je suis assez sceptique, je précise. |
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Jeu 10 Jan 2013 - 18:53 | |
| Je t'envoie les liens par MP. Amicalement
|
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Alfred Cortot (1877-1962) Lun 14 Jan 2013 - 19:27 | |
| Je voudrais juste préciser qu'on peut décider d'une discussion de 3 semaines pour chacun des deux envois (éventuellement élastiques s'il y a des retardataires). Cette œuvre est fondée sur plusieurs éléments : le pianiste, l'orchestre et sa direction, les solistes vocaux et le chœur. Il est donc possible, pour une version qu'on trouve remarquable (mais on peut aimer le pianiste mais pas l'orchestre, ou vice versa), de mettre moins que la note maximum de 6 ce qui laisse plus de malléabilité pour mettre une note. Le "zéro" est aussi possible. Bonne écoute.
|
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 15 Jan 2013 - 12:35 | |
| Voici une brève présentation structurelle de l’œuvre qui sera accompagnée, dans le premier envoi, des extraits musicaux correspondants :
Cette composition (relativement brève : autour de 18 minutes) hétérogène, hybride, est vraiment une exception dans le catalogue du compositeur. Composée à la hâte elle résume cependant très bien les diverses approches de l'inspiration de Beethoven.
1. Adagio en ut mineur Lors du concert Beethoven dut, par manque de temps, improviser cette introduction. Il la rédigera peu après pour la publication. Plus tard son ami Schindler dira, en lisant la partition, qu'il croyait y entendre Beethoven improviser. Ainsi l'écriture de ce passage semble bien rester dans le style improvisateur de Beethoven. Elle se termine par quelques mesures éblouissantes pour déboucher sur...
2. Allegro-Allegro molto ....l'entrée presque timide de l'orchestre à laquelle répond le piano, puis sur l'appel des vents le piano entame une mélodie légère tirée d'un lied (Gegenliebe composé en 1794) reprise ensuite sous forme de variations dansantes, proches de l'esprit de la musique de chambre, d'abord avec la flûte, puis avec les hautbois, clarinettes et bassons, ensuite avec le quatuor à cordes, enfin (allegro molto) avec tout l'orchestre dans lequel s'intègre le piano concertant.
3. Adagio ma non troppo Le piano développe alors une variation sous la forme d'une belle mélodie, accompagnée en arrière-plan par les bassons et les clarinettes.
4. Alla marcia (allegro assai) - Allegro L'oeuvre se poursuit par une variation sur un rythme de marche où orchestre et piano concertant se répondent jusqu'à une sorte de brève cadence du piano qui débouche...
5 - 6. Allegretto ma non troppo - Presto ....sur le retour de la petite mélodie du Gegenliebe chantée par les solistes accompagnés brillamment par le piano menant vers l'entrée du choeur et de l'orchestre. Il s'agit d'un finale éblouissant et jubilant réunissant orchestre, choeur et piano qui illustre un poème de six strophes que Beethoven avait commandé à un poète ami, Christoph Kuffner, à qui il imposa les thèmes qui lui étaient chers : l'harmonie universelle, la paix, l'Amour et la Force, thèmes qu'il trouvera traité par la suite dans le poème de Schiller pour l'Ode à la Joie.
|
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 15 Jan 2013 - 12:53 | |
| J'en serais bien, mais vu le niveau des participants... (et que je ne connais pas du tout cette oeuvre...) pas sûr que ma participation soit très intéressante! Y aurait combien de versions? |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 15 Jan 2013 - 13:01 | |
| 12 versions en deux poules mais c'est une œuvre assez courte et passionnante. C'est une super nouvelle que tu participes !!! |
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 15 Jan 2013 - 13:03 | |
| - Mariefran a écrit:
- 12 versions en deux poules mais c'est une œuvre assez courte et passionnante.
Beh ça semble assez varié dans les formes, donc pourquoi pas! - Citation :
- C'est une super nouvelle que tu participes !!!
C'est trop d'honneur pour ma petite personne |
| | | Morton Néophyte
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 16/01/2013
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mer 16 Jan 2013 - 12:50 | |
| J'en suis |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Jeu 17 Jan 2013 - 20:43 | |
| J'ai écouté les six sélections du premier groupe. Une première fois de manière isolée, puis une seconde fois, ce soir, les six à la suite (je n'aurais sans doute pas dû procéder ainsi, ça peut être dangereux*...). Franchement, ceux qui ne sont pas encore inscrits mais qui hésitent devraient se joindre à l'écoute en aveugle ; c'est très intéressant, contrasté à un point difficilement imaginable tant qu'on n'a pas écouté, et cette œuvre, de forme très ouverte et même libre, y invite d'ailleurs clairement. En écoutant cette œuvre -- dont Jakus, dans son document RTF de présentation, relève le caractère hétérogène et hybride, de même que la « position » exceptionnelle dans le catalogue de Beethoven -- dans ces six sélections, je me suis dit que l'art des transitions doit être porté à son sommet par les musiciens pour en réaliser une bonne version. Déjà qu'il est impossible de surestimer l'importance des transitions dans une œuvre de Beethoven, quelle que soit l'œuvre en question, je trouve que pour la Fantaisie, opus 80, c'est peut-être encore plus vital qu'ailleurs. Et de jouer de manière simple, non sophistiquée. Les transitions doivent annoncer, la plupart du temps sous la forme de « germes », de motifs souvent très brefs voire rudimentaires, mais puissamment caractérisés et concentrés en général sur une figure rythmique (par exemple, une minuscule cellule constituée d'une double croche pointée suivie d'une triple croche et d'une croche, dans les six mesures qui précèdent la Marcia, assai vivace [n°4 dans les notes RTF de Jakus]), tout le déploiement à venir. J'ai pensé aussi à la fin de l'introduction du I de la Septième Symphonie, à la manière dont le thème principal du mouvement y procède par « amplification » du motif rythmique infinitésimal qui circule entre les pupitres de l'orchestre dans un temps musical attentif et toujours plus dense et serré, et aux minuscules motifs d'abord interjetés mais qui finissent par envahir et dévorer tout le tissu musical du III de la Neuvième Symphonie, juste avant la série des deux immenses appels à découvert qu'on sait, vers la fin du mouvement, pour donner deux autres exemples. Avec une telle forme ouverte, libre, hétérogène et hybride, les aspects organiques sont d'autant plus importants, je trouve. On a une improvisation (écrite), un cycle de variations, une écriture quasi chambriste (avec parfois un instrument par partie), une écriture quasi concertiste (avec souvent de grandes oppositions abruptes et énergiques de masses et de blocs, de registres et de textures)... Pas facile de polariser tout ce matériau vers l'irrésistible presto final, sans éroder pour autant l'hétérogénéité profonde des éléments... Au total, il y a deux et peut-être même trois* interprétations que j'aime profondément, une autre que je trouve très intéressante, une cinquième que je trouve très bien réalisée mais qui me parle bien peu (quelque peu esthétisante, du moins au piano, donc peut-être irritante pour moi), et enfin une sixième qui m'est insupportable à un degré quasi indescriptible (au piano comme à l'orchestre). Il est d'ailleurs possible qu'une des trois* interprétations que j'aime le plus ait indûment bénéficié de sa position, juste à la suite de l'interprétation qui m'est inécoutable. Bref, au total il y a de quoi s'émerveiller d'une part, et donner des coups de griffe de l'autre. C'est le bonheur ! - Spoiler:
Dans mon cas, les trois versions de tête seraient la n°3*, la n°4 et la n°6. Pour la n°4 et la n°6, c'est sûr et certain. La n°3* peut, en revanche, encore finir un peu n'importe où ou presque parmi les trois... peut-être parce qu'elle venait, lors de mon écoute ce soir, après la n°2. (N'empêche, je persiste à trouver que le presto final de la n°3* est irrésistible.) Je trouve la n°5 très intéressante, surtout à l'orchestre, mais je suis moins convaincu par le pianiste ; il y a aussi certains rapports de tempos que j'ai trouvés plutôt abrupts, en tout cas au moins à une occasion. La n°1 est très bien réalisée, je trouve, un peu esthétisante peut-être, mais je pense que le niveau poussé d'intégration réalisée s'y effectue trop au détriment du relief des éléments. Enfin, la n°2... Disons que je vais prendre un pied pas possible à la dézinguer pièce par pièce : elle me semble abominable au piano et m'est insupportable à la direction d'orchestre.
Puisque Jakus nous laisse le temps de bien mûrir tout ça, je préfère me donner l'occasion de réviser certaines de ces positions, sauf pour la n°4 (à laquelle je donnerai sans doute cinq ou six points), la n°6 (qui en aura probablement quatre ou cinq) et la n°2 (à laquelle je n'en donnerai à coup sûr aucun, ce qui est déjà trop). Ce sera aussi l'occasion de rédiger un commentaire un peu plus développé.
Dernière édition par Scherzian le Ven 18 Jan 2013 - 12:03, édité 1 fois |
| | | Beirgla Mélomane averti
Nombre de messages : 230 Age : 45 Localisation : Paris Date d'inscription : 16/09/2008
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Jeu 17 Jan 2013 - 20:50 | |
| Je participerais bien moi aussi. J'ai une passion tout-à-fait immodérée pour cette œuvre, mais je n'en connais que très peu de versions. |
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Ven 18 Jan 2013 - 9:29 | |
| En ce qui concerne la numérotation des interprétations, j'ai numéroté pour plus de clarté l'ensemble des 2 groupes de 1 à 12. Il n'est donc pas nécessaire de signaler chaque fois "groupe I, puis plus tardvgroupe ii". |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Sam 19 Jan 2013 - 14:12 | |
| - Spoiler:
J'écoute la deuxième version, hilarante ! Le pianiste se permet des fantaisies réjouissantes. Sans blague, je suis morte de rire… C'est du technicolor 100%. Une version très personnelle C'est horrible ! Rien à sauver dans cette version, même les chœurs sont affreusement pompiers.
|
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Sam 19 Jan 2013 - 14:57 | |
| La version 4 - Spoiler:
Version virile, appuyée par un bel orchestre. C'est du sérieux, beaucoup de poésie, toucher magnifique du pianiste, j'aime beaucoup. Tension, énergie, dialogue harmonieux pianiste / orchestre. Quelle écoute ! C'est une merveille ! Les chœurs sont plus harmonieux que dans la version 3 (les voix masculines de cette dernière sont particulièrement ingrates). Ma version préférée pour l'instant, et de très loin ! Bon Dieu, tout est beau là-dedans !!!!
|
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Sam 19 Jan 2013 - 16:54 | |
| En fait, le classement sera assez facile à faire mais j'attendrai de réécouter, bien sûr ! Version 5. - Spoiler:
Elle souffre d'être entre les deux meilleures versions de la première poule… mais c'est aussi une version plus terne, moins inspirée. Le piano est un peu brutal, prosaïque. Il semble être parfois un peu en difficulté. A la réécoute, j'ai préféré, l'orchestre est pas mal et le finale bien enlevé.
Version 6. - Spoiler:
J'aime beaucoup le pianiste. C'est aussi beau que celui de la 4, je trouve. C'est très curieux, certaines similitudes. Un toucher très poétique - je sais que cet adjectif est souvent bien approximatif mais c'est le seul que je trouve pour exprimer mon ressenti. Beaucoup d'inspiration dans le piano donc mais je n'accroche que modérément à l'orchestre. Chœur honorable, mais il n'y a pas assez de tension dans le finale.
|
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Jeu 24 Jan 2013 - 22:07 | |
| Quelle découverte! Franchement, je trouve cette fantaisie vraiment super! Alternant passages intimistes et passages grandioses, avec cette arrivée en cascade des instruments/chanteurs. Alors voilà mes premières impressions sur les différentes versions. Bon, ça reste assez superficiel bien sûr, mais bon, j'espère qu'il n'y a pas trop d'énormités dans ce que j'ai dit! - Spoiler:
La première version s'ouvre de manière solennelle, lente et presque pesante. Le piano est beau, mais pas grandement inspiré je trouve. Quelque chose de trop carré presque. L'orchestre répond par contre de manière assez légère, très pastorale. Puis cela redevient un peu trop sérieux pour moi, symphonique et le final est du même genre, avec des chanteurs qui semblent réciter le bottin et ne jamais vraiment participer à cette fantaisie.
Grand solo presque concertique pour la deuxième version. Piano sonore, démonstratif. L'arrivée toute discrète de l'orchestre l'oblige à un peu plus de retenue... Mais ça reste bien lent et pesant... Le piano impressionne, mais au final, il reste trop extérieur à l'orchestre je trouve. on est vraiment dans une optique concerto! Et puis quelle idée de faire chanter le choeur de cette manière aussi martiale??
Dès les premières notes de la troisième version, j'aime le piano... Sec puis ruisselant, il possède tout ce qu'il faut pour me plaire : déjà la sonorité en elle même du piano, et puis ce quelque chose de plus où on sent le pianiste vraiment dedans, concentré et attentif. L'orchestre arrive sur la pointe des pieds, comme un chat voulant attraper une souris, quelque chose de joueur avec la piano. Et puis les deux partent s'amuser ensemble. Orchestre souple et assez léger, sans grandes pompes au début, mais qui prend de l'ampleur par la suite. Toujours une belle entente entre piano et orchestre. Par contre, les choses se gâtes avec les chanteurs... euh... les femmes ont été recrutées dans une maison de retraite ou quoi? Dommage, parce que sinon, c'est chouette comme version! Pleine d'énergie, mais sans faire dans le pompeux!
Début sévère pour la quatrième version. Belle virtuosité mais un quelque chose qui manque... de la respiration? un peu de laisser aller? Prise de son qui relègue un peu trop l'orchestre en fond lors de son arrivée, pourtant, j'aime beaucoup cet orchestre. Instruments d'époques? En tout cas, ça sonne assez particulier, et j'aime beaucoup. Dans la partie centrale, piano et orchestre jouent à jeu égal, mais semblent plus se battre que s'amuser par moments... Superbe orchestre d'un bout à l'autre, mais le piano n'arrive pas à totalement me convaincre. Chanteurs bien appliqués là aussi, mais assez légers et bien chantant. Choeur un peu en retrait.
Et cette cinquième version! Réjouissante et joyeuse, l'ensemble des participants semble prendre un grand plaisir à jouer cette petite fantaisie. Le piano virevolte, qu'il soit seul ou accompagné par les vents. D'un bout à l'autre, c'est un réjouissement constant. Piano très beau, à la fois un peu démonstratif et très lié. Orchestre léger et avec du rebond. Et pour finir des chanteurs qui eux aussi sont sur la même longueur d'onde, avec une joie qui n'est pas sans rappeler l'Hymne à la Joie de la Neuvième!
Sixième et dernière version... beau piano en introduction, qui semble être un peu de la même veine que pour la troisième. Fluide mais pas trop sonore. Par contre, la version est assez lente. Arrivée très discrète là encore de l'orchestre, mais plus retenu que souvent, moins bondissant. Quelle lenteur par contre lors des duos piano/Vents... En fait, la lenteur est partout pour l'orchestre. Quelque chose d'un peu pompeux qui ne va pas trop avec un piano plutôt sobre je trouve. Les chanteurs luttent contre le tempo avec des voix un peu tremblotantes chez ces dames et ces messieurs les solistes... Un peu plus d'énergie lors des entrées du choeur par contre.
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Sam 26 Jan 2013 - 17:23 | |
| Version 2. - Spoiler:
0.
Un piano assez ferme, surtout dans les nuances intermédiaires, mais aussi, je trouve, beaucoup de duretés, de raideur métrique, d'effets surexposés et hachés. Le phrasé legato et diminuendo en croches de la seconde moitié des trois premières mesures M1 à M3 (par exemple), « invente » un accent sforzando sur la première des croches. En revanche, le diminuendo de la seconde moitié de M10 est quasi inexistant, au point où ces mesures en deviennent presque hétérogènes. Une articulation assez raide (les deux premières lignes de la page 2 de l'Adagio du solo de piano, jusque bien après le diminuendo), des nuances mal maîtrisées (l'arpège à la main droite au début du passage cantabile [ad libitum] en fin de page 2, avec son fa dièse qui déborde). J'ai beaucoup de mal à écouter la dernière mesure de la page 2 et toute la page 3 du solo de piano. Les traits en triples croches à la main droite y ont une raideur métrique que je trouve assez difficile à supporter (on dirait qu'il a avalé un métronome) et surexposent une articulation déjà raide comme les barreaux à la fenêtre d'une prison. J'ai l'impression qu'il s'efforce de placer au mieux ces triples croches sur le tapis des figures en quadruples croches à la main gauche. Ce n'est pas que son jeu transpire l'effort, mais en tout cas il reste scolaire et pédestre. Au sommet du crescendo, les deux derniers temps de la mesure M-3 et les deux premiers de la mesure M-2, juste avant les traits parallèles en quintuples croches aux deux mains à la fin du solo, affreux et plaqués, me cassent les oreilles. Il frappe tant qu'il peut et ne donne aucune gradation harmonique entre la cellule de M-3 et celle de M-2 ; c'est de l'effet et de la percussion dépourvue d'enjeu. Bourrin.
L'orchestre est discipliné (que ne s'est-il révolté devant ce qui lui est imposé ?), mais ce qu'en fait le chef d'orchestre me semble pire encore que du côté du piano. Dès les mesures M3 et M4 de l'Allegro, les rapports de phrasés à la ligne de basse, deux croches legato puis deux autres staccato, sont appuyés gros comme le bras, avec un accent balourd et fluorescent sur chaque groupe de croches jouées legato. J'ai rarement entendu un effet aussi outré -- alors que la partition et surtout le bon sens ne demandent rien d'autre qu'une relation de phrasés dans une nuance (sempre) pianissimo. Les passages homologues suivants reprennent ce procédé ad nauseam, parfois en quinconce selon les instruments. Des interventions du piano solo pourries d'inflexions, au moins aussi outrées qu'à l'orchestre. Alors qu'elles sont si importantes dans la musique de Beethoven, les transitions sont manquées. Par exemple, les interjections forte et piano aux cors et hautbois, Meno allegro, ne sont porteuses de rien, ne conduisent à rien... d'autre que l'entrée raide et tonitruante du piano, tout sauf organique. Le respect des indications de phrasés par le pianiste reste ensuite de niveau scolaire : aucun envol, aucun lyrisme, aucun vertige, un comble pour l'énoncé d'un thème pareil. À quelques reprises, je me suis dit que ce n'était pas une bonne idée de confier le pupitre de flûte solo à Glenn Gould : quels phrasés tarabiscotés ! Par la suite, au hautbois solo, puis à la clarinette solo et au basson solo, l'approche de chaque point d'orgue est « ornée » d'un immense ritardando et suivie d'un véritable a tempo. Encore des effets, des tics et des manies. L'entrée « en musique de chambre » des cordes, un instrument solo par partie, continue dans la veine des accélérations et ralentissements intempestifs et prévisibles, avec le soulignement des points d'orgue. Je crois que c'est ici que j'ai reconnu le chef d'orchestre (et, par suite, le pianiste). Le début de l'Allegro molto est meilleur, plus franc et direct, moins interventionniste (les oppositions concertantes du piano solo et des masses orchestrales réunies). Bien vite, lors des grandes phrases pianissimo déclinantes aux violons I et II (sur une carrure de trois mesures), on retrouve cependant les manies métriques et dynamiques, avec en particulier un appui invraisemblable sur chaque première noire des phrases. On revient à un peu de tempérance et de modestie pour un Adagio, ma non troppo plus réussi. En revanche, les six mesures de transition, juste avant la Marcia, assai vivace, sont à nouveau gâchées. La main gauche du piano et les trois vents sont envahis d'une petite cellule (double croche pointée, triple croche et croche) qui est en fait le motif ou le germe rythmique de la marche qui suit ; dans ce cas, toute la transition tombe à l'eau et je crois qu'il est rare d'entendre une progression aussi peu organique qu'ici. La Marcia, assai vivace produit pourtant son effet vertical, instantané, mais celui-ci reste moindre que s'il était armé puis saturé d'une véritable continuité horizontale.
C'est par un trait Allegro, (sempre) pianissimo aux cordes graves, que Beethoven commence l'introduction du finale vocal, orchestral et pianistique. En théorie, ce trait devrait en rappeler un autre au chef d'orchestre, un trait plus célèbre où Beethoven a indiqué : « Selon le caractère d'un récitatif, mais in tempo. » On peut faire notre deuil de la notation in tempo (il est vrai qu'elle n'est pas ici explicite), mais on a droit à un récitatif bien outré -- toujours l'accent sans noblesse sur chaque groupe de deux croches jouées legato aux basses puis aux basses et altos. Il va sans dire que rien de ces licences n'est prévu ni induit par la partition, mais ça va encore mieux en le disant. Le piano en profite pour plaquer un de ces accords XXL dont il a le secret (ah ! quel son ! quelle geste héroïque !). Est-ce dû aux voix ? en tout cas, je trouve que les sables mouvants métriques imposés par le chef d'orchestre (accélérations/ralentissements permanents, préparation nauséeuse des points d'orgue) sont plus difficiles à supporter lorsque la voix et le verbe sont impliqués. C'est un paradoxe que le pianiste parvienne à induire un peu de grandeur abrupte lors de ses traits concertants, nudité du soliste face aux blocs orchestraux réunis. Mais les gradations de nuances apportées, à deux reprises, au mot crucial Kraft (forte, puis più forte, enfin fortissimo) ne jaillissent pas ici comme elles le font dans les grandes versions.
Dernière édition par Scherzian le Ven 1 Fév 2013 - 10:13, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 29 Jan 2013 - 12:41 | |
| Version 5. - Spoiler:
4.
Quelle magnifique direction d'orchestre ! Minutieuse mais jamais servile, très concentrée, avec beaucoup de pertinence puisque toutes les transitions sont merveilleusement conduites, des phrases solaires, des nuances épanouies, une grande vigueur et beaucoup d'énergie. Plus j'écoute cette interprétation assez secrète mais très généreuse, plus j'ai l'impression que rien de cette œuvre n'a échappé au regard du chef d'orchestre et qu'elle est ensuite projetée d'un seul souffle, d'un seul geste ; sans amoindrir son hétérogénéité ou son caractère hybride, je trouve qu'elle propose une vision dont tous les éléments concordent et concourent à une grande arche fantaisiste et parfois quasi improvisée, mais aussi diablement composée, polarisée et tendue vers son finale rayonnant. Malheureusement, même si j'aime beaucoup certains aspects du jeu du pianiste, en particulier l'analyse et le soutien harmonique de certaines phrases, je ne suis pas aussi enthousiaste du côté du piano solo : d'une part à cause de quelques décisions plutôt abruptes au niveau des rapports de tempos lors de grandes articulations de la pièce, qui allaient même parfois jusqu'à un antagonisme vis-à-vis de la partie orchestrale, d'autre part pour des raisons de séduction sonore, parce que je trouve que la sonorité du piano est plus décharnée, plus sèche voire cassante, comme s'il n'y avait pas beaucoup de feutre autour des marteaux. La vétusté relative de la prise de son ne l'aide pas beaucoup, mais, parmi ces six premières versions, c'est cette n°5 qui, pour moi, a le mieux bénéficié d'écoutes isolées, à tête reposée. Je n'hésite plus à la placer au même niveau que la n°6, par exemple, bien au-dessus pour l'orchestre, un peu en retrait pour le piano. Je suis vraiment très heureux d'avoir pu la réécouter.
Adagio (piano solo). Des nuances assez amples, mais aussi une sonorité quand même bien raide, je trouve. Une coquetterie que je ne comprends pas entre la fin de M4 et le début de M5 : ce temps d'arrêt qui me semble si long vers 28''-29'' dans l'extrait. Magnifique scansion et soutien harmonique à la dernière mesure de la page 2 (main gauche) et aux premières de la page 3 (main droite, puis les deux mains). Formidable collision harmonique aux mesures M-3 et M-2 juste avant la fin du solo.
Magnifiques entrées de la section des cordes de l'orchestre, avec des phrases tendues et limpides, désarmantes d'évidence. Dans un tempo de base plutôt giusto, les deux premiers apartés du piano, mezza voce puis poco adagio, ménagent une très belle aération méditative et latente. Le crescendo orchestral des deux dernières mesures avant la section Meno allegro ruisselle de pertinence : très ample, abrupt et tendu, il propulse les cors et hautbois pour la première transition cruciale de la Fantaisie. Je pense quand même que la transition est oblitérée par le piano (à partir de M6 dans le Meno allegro) : je fais peut-être erreur, mais j'ai l'impression que le piano entre sur un tempo qui n'a rien à voir avec celui induit à l'orchestre durant les cinq premières mesures, un second tempo beaucoup plus vif. Pour ma part, ce hiatus me dérange assez, et la maigre séduction sonore du piano n'arrange rien durant l'exposé du thème, même si les phrases sont bien déployées. L'entrée de la flûte solo m'a permis de comprendre toute la pertinence d'un tempo de base giusto : c'est délicieux, enivrant, irrésistible, virevoltant. Idem pour les interventions suivantes des autres instruments solistes (hautbois, puis clarinette et basson). Sommet de probité, l'entrée « sur la pointe des pieds » du groupe des cordes, un seul instrument par partie, dolce et pianissimo, quasi impalpable. Le grand crescendo pour le retour du thème au tutti n'en a que plus d'impact ; dommage que le piano reste, à mon avis, beaucoup plus fruste, anguleux et décharné. C'est un jeu qui convient mieux à la partie concertante (première et troisième sections de l'Allegro molto), avec ses grandes oppositions de masses, de blocs et de textures.
Adagio, ma non troppo. Un tempo de base giusto, c'est souvent vif, mais ça ménage aussi de larges plages méditatives ou contemplatives. Cet Adagio, ma non troppo, je trouve qu'il est fabuleux au piano comme à l'orchestre, les deux protagonistes étant très attentifs l'un à l'autre. Au piano, une immense attention accordée à l'accentuation, aux rapports de phrasés, aux différentes manières de toucher le clavier. Je trouve qu'il n'y a toujours pas beaucoup de chair ou de halo sonore (projection) autour des notes, mais sinon je suis admiratif. Les six dernières mesures avant la Marcia, assai vivace, mesures de transition, sont assez bien amenées aussi ; elles font naître une effervescence toujours plus présente juste avant la marche, par le biais de sa cellule rythmique principale. La Marcia, assai vivace est admirable à l'orchestre, en particulier les figures délicieusement colorées au hautbois. La seconde partie de la marche me semble moins intéressante ; le jeu legato n'est pas le point le plus fort du côté du piano, même si l'analyse harmonique est bien présente dans les lignes à partir de piano dolce et sempre legato.
L'Allegro introductif et le grand Allegretto, ma non troppo (quasi Andante con moto) (Beethoven semble obsédé par la crainte qu'on ne comprenne pas parfaitement ses indications de mouvement, comme pour le Kyrie de la Messe en do majeur, opus 86, et il s'agit à nouveau d'un tempo intermédiaire entre les allegretto et andante standard) justifient à mon avis la vigueur du tempo de base : c'est tout à fait irrésistible et rend le Presto final aussi inévitable que orgiaque. À l'orchestre, aucune trace de ritardando interruptus ; toute la vitalité, toute l'énergie transite bien moins par les effets de la masse que par la vigueur de l'accent, ce qui me semble le sommet du point de vue du style. Avec la direction d'orchestre de la version 4, tout aussi irrésistible bien que fort différente, c'est ici que je suis le plus enthousiasmé.
Dernière édition par Scherzian le Mar 29 Jan 2013 - 22:47, édité 1 fois |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Inscription Mar 29 Jan 2013 - 14:58 | |
| Bonjour,
Est-ce qu'il est encore temps de s'inscrire ? Je suis vivement intéressé, d'autant plus que je connais bien l'œuvre (que j'ai eue à étudier il y a une dizaine d'années dans mes cours d'analyse). Merci d'avance,
Denis |
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: beethoven Fantaisie chorale Mar 29 Jan 2013 - 17:20 | |
| Bien sûr, Draffin, et je t'envoie en MP sous peu les liens nécessaires. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mer 30 Jan 2013 - 17:54 | |
| Version 1. - Spoiler:
3.
Une interprétation bien réalisée, au piano comme à l'orchestre, homogène, avec aussi une vraie communauté entre le pianiste et le chef d'orchestre. Du côté du piano, de belles nuances très profondes et creusées, une attention évidente au galbe des phrases, aux rapports de toucher et d'attaque. Je trouve qu'il y a cependant une tendance générale à émousser les arêtes vives, à arrondir les angles, à tempérer les accents (par exemple le sforzando dès l'Adagio introductif) et à restreindre l'amplitude agogique. Mais cette approche épouse bien la conception d'ensemble de cette œuvre, peut-être un peu esthétisante ou réflexive, en tout cas pastorale voire bucolique. Sans doute une certaine neutralité qui projette de la Fantaisie un visage bienveillant mais aussi assez univoque et que je trouve trop court sur le plan de l'élan (l'arche ne me conduit pas bien loin). Les transitions, déjà celle des cinq mesures Meno allegro qui précèdent l'exposé du thème principal, je ne les trouve pas assez polarisées, fermes et saillantes ; elles s'écoulent avec tranquillité, mais je ne trouve pas qu'elles projettent assez les sections les unes vers les suivantes. Les vents solistes sont excellents et leur sonorité épanouie épouse très bien la conception d'ensemble. Les contrastes, c'est une autre affaire, je trouve : le dialogue concertant de l'Allegro molto entre le piano solo et le tutti orchestral, par exemple, peine à entrouvrir mes paupières... C'est l'Adagio, ma non troppo central qui me fait dire que les contrastes formels ne sont pas assez pleins à mon goût (pages concertantes trop sages, pages lyriques trop peu abandonnées). Et puis, les six mesures de transition avant la Marcia, assai vivace, même s'il y a une très belle idée au piano au milieu (cette tension rythmique supplémentaire, tout en restant pianissimo !), font une soudure bien abrupte, et le tempo de la marche, assai vivace, tient quand même de la danse de l'ours. Étrange crescendo aux cordes graves au début du bref passage Allegro de neuf mesures, qui précède le finale Allegretto, ma non troppo (quasi Andante con moto). Les voix chorales et surtout solistes sont assez précises, avec des consonnes ciselées et une belle intelligibilité ; j'ai trouvé le timbre du ténor solo émouvant. Dans cette page finale, il n'y a pourtant guère, je trouve, que le Presto qui fouette vraiment le sang.
Au total, une vision très cohérente et bien réalisée, mais qui ne m'a pas toujours préservé de l'ennui et qui m'a rarement enthousiasmé sans réserve. Je suis triste de ne pas réussir à l'aimer tout à fait.
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Jeu 31 Jan 2013 - 18:44 | |
| Version 3. - Spoiler:
2.
En réécoutant cette interprétation seule (loin de la version n°2, comme j'avais fait il y a deux semaines : je n'aurais pas dû), j'ai quand même pas mal revu mon impression. Je la préfère à la version n°2, mais je trouve qu'elle est une des deux moins intéressantes parmi les six premières. Je trouve qu'il y a quand même pas mal d'accidents du côté du piano dans le solo de l'Adagio, des raideurs aussi, des nuances qui ne me semblent pas cohérentes (celle de M10 face à celles de M1-M3 par exemple). Une interprétation simple et franche (après la sophistication de la version n°2, je suppose que ça a pu apporter une fraîcheur que j'avais aimée), mais guère plus. Dans l'Allegro avec le tutti, je trouve que les sonorités sont quand même bien rêches (prise de son ?) et les nuances frustes, de même que pour la transition (Meno allegro). Je ne ressens pas comme ailleurs les phrases du thème lors de son énoncé au piano. Il y a un effet de crescendo puis piano (subito) à l'orchestre qui est intéressant mais pas très bien réalisé. Et puis l'entrée des cordes, avec un soliste par partie, est vraiment tout sauf dolce. Et comme souvent un ritardando (variable) à l'arrivée des points d'orgue. Une grosse difficulté aussi dans le trait virtuose sempre più allegro juste avant l'Allegro molto, au piano. Les traits concertants sont peut-être ceux qui sonnent le mieux, après le finale. La variation lente (Adagio, ma non troppo) et sa transition (Marcia, assai vivace) sont peut-être les pages qui me laissent le plus sur ma faim (les phrasés, les nuances). En revanche, je trouve toujours de l'enthousiasme durant le finale (Allegretto, ma non troppo puis Presto)... n'était le quatuor vocal soliste (en particulier la partie féminine) et sa prononciation plutôt latine de l'allemand.
|
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Ven 1 Fév 2013 - 21:15 | |
| Bonsoir, les mis. Je propose aux participants de terminer l'écoute de ce premier envoi le 11 février, ce qui laisse encore 2 weekends de disponible. 5 participants n'ont pas encore donné leurs commentaires (il n'est pas nécessaire d'attendre d'avoir tout écouté pour donner leurs commentaires ; vous pouvez le faire aussi au fur et à mesure de vos écoutes. Il faut aussi mettre des notes (MarieFran, Polyeucte...). Alors bonne écoute pour ce weekend !
|
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Sam 2 Fév 2013 - 22:40 | |
| Version 1. - Spoiler:
Elle est sympa comme tout cette première version. Le son est un peu ancien mais le plaisir est là. Pas une grande version mais un ensemble très honorable. J'aime vraiment bien le piano. Chœur assez médiocre.
Version 3. - Spoiler:
Je me suis un peu ennuyée sur la longueur. Le piano manque de brillant et le chœur est vraiment épouvantable… Orchestre trop en retrait.
Vote - Spoiler:
Version 4 : 6 points Version 6 : 5 points Version 1 : 4 points Version 5 : 3 points Version 3 : 1 point Version 2 : 0 point
|
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Lun 4 Fév 2013 - 10:55 | |
| Je participe. |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Lun 4 Fév 2013 - 11:51 | |
| Voilà. Ce sont mes premières impressions, mais je ne suis pas sûr que j’aurai la patience de tout réécouter une fois (ou plus). Je précise aussi que je suis débutant en classique, que je n’ai aucune expérience dans ce genre d’exercices, et que je ne connais pas du tout cette œuvre. De plus, j’ai très peu d’expérience / d’affinité avec les orchestres... - Spoiler:
1. Piano clair, précis, mais pas exceptionnel (j’ai d’ailleurs une idée sur l’interprète). Je trouve l’orchestre et le piano un peu gentils, plats, pas très inspirés. Cela donne néanmoins une grande cohérence, une homogénéité à l’ensemble et une impression d’équilibre. Chœur et solistes pas exceptionnels non plus mais passables.
3/6
2. Piano fantaisiste et parfois brouillon. Orchestre m’as-tu-vu (j’ai l’impression que le chef cherche à exhiber les instruments un par un). En résulte un ensemble très rococo, voir kitsch. Idem pour le chœur ; les solistes sont assez atroces (pour les mêmes raisons).
1/6
3. J’aime beaucoup le piano. Le dialogue, croissant en intensité, entre le piano et l’orchestre est très beau. Les solistes et le chœur (quand il n’est pas trop couvert par l’orchestre) sont très inégaux... et surtout très mauvais (et pas toujours très chantés). Final de l’orchestre un peu pompeux (loin de la modestie des premiers « mouvements »).
2/6
4. Piano trop rapide (selon moi) dans l’Adagio mais très expressif. Le piano est, de façon générale, superbe (le jeu, surtout, et peut-être moins le toucher). Je suis moins convaincu par les premiers passages calmes de l’orchestre, mais le reste est admirable. Je ne suis pas aussi enthousiaste pour les solistes, mais c’est vraiment pas mal ! Le chœur est à la hauteur du reste. Là encore, je trouve le final du chœur un peu pompeux (mais c’est probablement dû à l’œuvre, en fait).
4/6
5. Je trouve le piano chouette, mais sans plus (lumineux par moments, néanmoins). Je ne sais pas non plus quoi penser de l’orchestre... Rien ne me marque particulièrement, en tout cas, sans que je trouve l’ensemble particulièrement mauvais. Assez inégal : certains passages (ils sont plutôt rares, en vérité) me font vibrer ; d’autres me laissent de marbre. Un peu d’ennui. Le chœur et les solistes ne me convainquent pas vraiment. Changements de tempo parfois secs ou artificiels.
2/6
6. Bel orchestre, mais son côté parfois grandiloquent tend à effacer le piano, plus discret et subtil. C’est plus lent que la plupart des autres versions, ce qui me plait assez bien. J’aime bien le chœur ; mais, là encore, j’ai du mal avec les solistes.
3/6
|
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Mes choix... Lun 4 Fév 2013 - 18:23 | |
| Note : étant ingénieur du son de formation, je parle beaucoup de la prise de son. Étant donné qu'on juge des disques, il m’apparaît important que le travail sonore soit critiqué aussi. Classement : - Spoiler:
Version 4 : 6 pts Version 3 : 4 pts Version 2 : 4 pts (ex-aqueo) Version 1 : 3 pts Version 5 : 2 pt Version 6 : 1 pt
Version 1 : - Spoiler:
Prise de son intéressante (années 70 ou 80 je dirais). Les micros sont très près des cordes du piano. On entend un vilain point de montage avant l'entrée de l'orchestre. Les tempis sont lents mais le pianiste les habite avec beaucoup de poésie. La partie centrale est un peu instable : les tempis fluctuent ainsi que les plans sonores. Néanmoins, c'est souvent intéressant. L'orchestre est superbe mais un peu massif. Les solistes sont de bonne tenue et apportent un peu de légèreté à l'ensemble (on a l'impression d'être dans la flûte enchantée, ce qui n'est pas hors de propos). Ils sont néanmoins légèrement surexposés, dommage ! Le final est décevant.
Version 2 : - Spoiler:
Excellente prise de son, claire et aérée avec une gestion intelligente des plans sonores. Le piano est très beau même si on se serait passé des petits bruits que fait le pianiste en jouant (surtout au début). Ouverture dramatique mais sans affectation. Du mystère dans l'entrée de l'orchestre. Ensuite, ça fait des manières (surarticulation, rubato). Le discours perd en simplicité et tout sonne un peu artificiel. Les tempi sont contrastés. On sent une influence baroquisante dans le traitement des dynamiques et de la couleur orchestrale. Final vraiment éloquent. Excellent chœur.
Version 3 : - Spoiler:
Version ancienne (souffle, bruits parasites). On entend que c'est un live et on entend des imperfections techniques chez le pianiste sans que ce soit rédhibitoire. Introduction très rubato et très contrastée. Les tempis changent constamment. Pianiste visiblement très investi. L'entrée de l'orchestre est carrément ridicule. C'est le pianiste qui relance tout le discours et le chef suit tant bien que mal. Prise de son catastrophique des solistes, carrément surexposés. Reconnaissons que dès que le chœur entre, on est cloué à son siège. C'est sec mais terriblement efficace.
Version 4 : - Spoiler:
Version un peu ancienne (le son du piano laisse à désirer, tout est un peu noyé dans la réverb et manque un peu de précision). Excellent pianiste, moyens digitaux superlatifs. L'orchestre a vraiment quelque chose à raconter, dès ses premières notes. Excellent choix de tempis. Peu de rubato, une grandeur rigueur et beaucoup de noblesse. De la poésie. Solistes excellents. Chœur trop en retrait, malheureusement. Mais quel final !
Version 5 : - Spoiler:
Son horrible : ça sent la vieille bande remasterisée à coup d'effets numériques douteux. Le changement d'acoustique à la deuxième minute est inexplicable. L'orchestre ne joue visiblement pas dans la même pièce... La spatialisation est risible tellement elle sonne artificielle. C'est très pénible à écouter. Vers 6'30'', le pianiste semble avoir changé de piano... Dommage : le pianiste semble avoir des choses à raconter. Les tempis sont très contrastés, souvent très rapides. C'est très expressif, parfois méditatif, parfois jubilatoire. Les solistes sont des stars bien reconnaissables (mais je jure que je ne connais pas cette version). Bref, une version passionnante fusillée par l'ingénieur du son.
Version 6 : - Spoiler:
Version classique, sans doute assez récente. Un peu lourde et univoque. L'orchestre est beau. Tout est impeccable. Tout ça manque de surprise. Une version pas vraiment essentielle. Les solistes et le chœur sont impeccables mais pas inoubliables.
|
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Ven 8 Fév 2013 - 12:42 | |
| Les retardataires, pressés vous un peu, j'aimerais donner les résultats du premier envoi lundi ou mardi prochain. Alors profitez donc de ce weekend...
|
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Dim 10 Fév 2013 - 6:20 | |
| Je ne participerai pas activement, ayant juste commencé à lire ce fil. La Fantaisie est depuis plus de quarante ans une de mes oeuvres préférées de Beethoven. Les Anglais la considèrent un peu de haut, les allemands semblent bien l'aimer. Je n'ai jamais vu de version française - pourtant il y en a sûrement. C'est une oeuvre increvable. On a dit du deuxième concerto de Saint-Saens qu'il commençait comme Bach et se terminait comme Offenbach. A cause du jeu de mots la formule est restée. On aurait pu aussi dire qu'il commençait comme la Fantaisie op. 80 et se terminait de même! Contrairement aux concertos elle a été peu enregistrée. En fait, de tous les 'grands noms' qui ont gravé les concertos, relativement peu semblent s'y être intéressés. Serkin, Brendel, Ax, Ashkenazy, Barenboim oui. Mais point de Arrau, Kempff, Rubinstein, Gilels, De Larrocha, Gould, Backhaus, Schnabel, Richter, Kovacevich, Perahia, Pletnev, etc. Enfin je crois... Si la version Barenboïm - Klemperer est incluse elle sera facile à repérer . Parmi les autres que j'aime bien: Kissin - Abbado et McCawley - Davan Wetton. J'ai hâte de voir si elles font partie des versions recensées, et ce que les panélistes en ont pensé! |
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: beethoven Fantaisie chorale Dim 10 Fév 2013 - 13:03 | |
| Tu peux participer au deuxième tour si tu le veux.
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Dim 10 Fév 2013 - 15:44 | |
| Version 4. - Spoiler:
5.
À mon avis, la meilleure version du premier groupe, la direction d'orchestre la plus fascinante, avec celle de la version n°5 (pour des raisons très différentes), le piano solo le plus solide, avec celui de la version n°1, et surtout le plus complet. Cinq points et non six, en partie en raison du piano solo, en partie afin de laisser la porte ouverte pour le second groupe.
Hormis le creusement assez modéré de certaines nuances, en particulier le diminuendo en legato de la seconde moitié de M1-M3 puis de M10, un triple élan typique de Beethoven qui pourrait, à mon avis, avoir encore plus de relief tout en conservant la tension qu'y insuffle le pianiste très attentif au soutien du flux rythmique, l'« improvisation » Adagio au piano solo est, je crois, idéale. Le flux rythmique ne connaît ni fléchissement ni raideur, et l'attention portée à l'accentuation est extrême. La vigueur d'accentuation et la vigilance harmonique fusionnent lors des mesures M6-M8, avec leurs deux indications poco sforzando cristallines, la seconde plus nette encore que la première puisqu'elle précède un vaste crescendo. On s'engouffre alors dans l'unique rappel du triple élan initial, avec une nuance encore moins creusée durant le legato, puis le piano solo, sur six mesures, déploie tout le spectre des textures imaginables : fortissimo hérissé de sforzando, rapides arabesques arpégées et de moins en moins accentuées, diminuendo et ritardando. À la fin des six mesures, juste avant le grand arpège aux nuances bien déployées et le long trait cantabile, le pianiste effleure les touches sans qu'il n'y ait plus aucune attaque : la note et le son s'évanouissent et infusent dans la sonorité, la lumière et la texture de la fin du passage. Caractérisation fascinante de la main gauche (do mineur), ensuite : affirmation du trait ou de la phrase après cette longue méditation déclinante sur les textures et la lumière. C'est la maximalisation de l'impact d'un thème réduit à une figure minimale, presque un motif rudimentaire, par le biais de l'accent, de l'ordre de l'irruption. La relation de textures est foudroyante et c'est en elle que s'incarne la forme. La fin de l'introduction Adagio, au piano solo, est une vaste remise en tension, qui culmine dans les collisions harmoniques des mesures M-2 et M-1 avant l'Allegro et dans le trait fulgurant de M-1 en quintuples croches. Le pianiste est très attentif au soutien du flux rythmique, mais cette rigueur fuit toute raideur comme la peste.
Silence très bref à la fin du trait en quintuples croches du piano : les cordes graves de l'orchestre entrent certes pianissimo, mais avec une densité et une netteté qui assurent la continuité du souffle. Silence, mais pas césure. Pas de timidité non plus ici : pour la première fois de cette écoute, la première transition est réussie et vraiment convaincante. Le dialogue avec le piano montre une ampleur agogique immense : le tempo est bien Allegro, mais les deux premières incises du piano solo, mezza voce pour la première et poco adagio pour la seconde, résonnent avec beaucoup d'ampleur dans un temps qui est aussi ductile au niveau local que sa base reste giusto. Les interventions du piano sont ensuite intégrées avec fermeté au tempo de base. Le chef d'orchestre est impérial lors de toutes les transitions, ici le crescendo vertigineux de M-2 et M-1 avant le Meno allegro, puis les six premières mesures de ce dernier. Le pianiste entre ensuite en pleine nuance forte, à mi-chemin des extrêmes, épousant de manière idéale les hautbois et cors jusque dans la longueur de leur résonance, économie idéale et écoute mutuelle. L'énoncé du thème principal est un vrai bonheur : phrasés non legato et legato alternés, trilles et nuances dans un rapport délicieux, allègement du trait ad libitum dans l'aigu, beau crescendo puis piano (subito) et dolce. Les interventions solistes de la flûte, puis du hautbois et enfin de la clarinette et du basson, sans rien perdre de leur caractère pastoral, ont une belle vigueur ; le déploiement des phrases est admirable et le chef d'orchestre peut se permettre toutes les ardeurs. Très beaux effets de crescendo et piano (subito), aussi bien aux instruments solistes qu'au tutti. L'ampleur dynamique et la liberté agogique (le ritardando avant certains points d'orgue) sont extrêmes, mais tout est permis au chef d'orchestre, puisque le discours est sans cesse brassé et propulsé, et qu'il n'y a rien de systématique. Les oppositions concertantes entre le tutti et le piano, à commencer par celles de l'Allegro molto, sont irrésistibles ; elles ne sont pas pour peu dans l'impression de complétion que je ressens en écoutant cette version. D'ailleurs, c'est la première fois que j'entends les trois aspects de l'Allegro molto -- concertant, lyrique, concertant -- et ses deux charnières (C/L, L/C) de manière aussi convaincante. Après les deux traits virtuoses du piano, les trilles de la mesure M-1 avant l'Adagio, ma non troppo sont foudroyants dans leur continuité, avec un très léger sforzando sur l'attaque des quatre premiers, et dans l'ampleur de leur diminuendo, qui n'offre de détente qu'à la fin.
Durant la variation Adagio, ma non troppo, je suis frappé par l'alliage de rigueur métrique et de déploiement lyrique que le pianiste réussit à projeter sur le tapis des cordes médianes et graves, des clarinettes et des bassons. Cet alliage me rappelle l'intériorité des premières pages du mouvement lent du Cinquième Concerto pour piano et orchestre lorsqu'elles sont jouées avec une telle rigueur déliée. Bon, on peut regretter une plus grande séduction sonore dans le contact avec le clavier, mais j'ai l'impression que ce n'est en fait pas le propos. Les six mesures de transition avant la Marcia, assai vivace me semblent à nouveau idéales, avec un trille égal mais frémissant en fin de période, et surtout une cellule rythmique (double croche pointée, triple croche et croche : main gauche au piano, bassons, cors et hautbois) de plus en plus saturée ; le pianiste répond admirablement à l'orchestre et la réciproque est vraie. La variation Marcia, assai vivace est à nouveau irrésistible, avec en particulier un timbalier franc et énergique. Dans sa seconde moitié, les lignes piano dolce et sempre legato, sur les textures en pizzicato des cordes, très grande vigilance harmonique du côté du piano ; certaines phrases y sont parmi les plus vastes de la partition et j'ai vraiment l'impression d'une harmonie en mouvement entrelacé dans le temps. Les neuf mesures de transition Allegro avant le finale (Allegretto, ma non troppo puis Presto) sont à nouveau excellentes : allusion aux dernières mesures de l'introduction Adagio par les deux traits du piano, phrases et nuances énergiques par la section des cordes de l'orchestre. Les aspects de symétrie et d'économie sont, à mon avis, les meilleurs de toute cette première moitié de l'écoute.
Durant le finale, ce qui me frappe d'abord c'est la pertinence des rapports de tempos : preuve que l'aération, l'allègement, la ductilité ne sont pas du tout incompatibles avec un tempo « de base » giusto, donc plutôt vif, ce qui produit une économie qui devient irrésistible lorsqu'elle est menée, comme ici, avec fermeté. De son côté, le pianiste devient soliste, concertant, lyrique, coloriste, timbre parmi les timbres orchestraux (les trilles !) avec une aisance plastique confondante. Les voix solistes et, plus encore, les masses chorales sont aussi traitées de manière instrumentale. L'accentuation est décidément prodigieuse (trille puis sforzando aux premiers violons). L'économie métrique à grande échelle permet de propulser un Presto final « déboutonné », avec des fusées et des traînées de feu partout. C'est la symphonie qui s'y taille la part du lion ; c'est elle qui donne son sens et son relief au mot.
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Dim 10 Fév 2013 - 15:52 | |
| Version 6. - Spoiler:
4.
J'aime beaucoup cette version. J'entends bien le piano un peu à la peine dans les passages virtuoses, comme les traits concertants de l'Allegro molto puis du Presto du finale, et une sonorité assez proche du bois, malgré l'excellence de la prise de son. Le chef d'orchestre n'a sans doute pas le génie des versions n°4, dont l'enthousiasme chavire tout, et n°5, avec sa rigueur épanouie et généreuse. Pourtant, je trouve que cette version est très homogène et toujours excellente. Les nuances du triple élan solo initial ne sont pas très creusées, mais, après tout, ces accords sont tenus dans la pédale. Dans l'introduction, les périodes de tension sont formidables ; il reste presque tout de la diablerie de la jeunesse. Le jeu entre les cors, les hautbois et le piano (Meno allegro) est excellent ; on a l'impression que le piano entre comme un instrument de l'orchestre, dans une nuance finement choisie (une sorte de demi-forte, ce qui ne veut pas dire mezzo-forte), avec la longueur de résonance typique des instruments à vent qui l'ont précédé lors de l'« appel ». Bel énoncé du thème, avec une grande attention aux nuances, de belles phrases et une main gauche présente et pleine. À l'orchestre (vents solistes), une agogique ample mais sans rien de systématique, toujours accordée aux phrases et aux nuances. Un délice. Du côté des cordes (quatuor soliste), un magnifique piano (subito) juste une mesure avant l'entrée du tutti. Le piano est plus terne dans les traits concertants des parties latérales de l'Allegro molto, mais la partie centrale est magnifique, avec ses longues phrases qui s'écoulent les unes dans les autres. Dans la variation lente (Adagio, ma non troppo), les basses d'Alberti ont une très belle présence harmonique, parfois modulée pour faire apparaître la basse et la tierce d'une façon plus nette. Vers la fin de la variation, M-12 et M-11 avant la marche, le raffinement des phrasés est quand même incroyable, avec ce léger accent décalé par rapport aux temps, puis deux notes legato et enfin deux notes portamento. Une grande finesse de jeu, malgré, comme ailleurs, une rigueur métrique jamais délaissée. On retrouve la longueur de résonance inhabituelle du piano durant son dialogue pianissimo avec le basson, le cor puis le hautbois. Marcia, assai vivace qui fouette bien. Durant le finale (Allegretto, ma non troppo et Presto), le piano quitte et retrouve ses rôles de timbre parmi les timbres de l'orchestre, de soliste et de concertant avec une aisance complète. Voix solistes et chœurs très bons ; je crois que rarement le mot Kraft aura été propulsé ainsi.
Résumé. - Spoiler:
Version 1 : 3 points. Version 2 : 0 point. Version 3 : 2 points. Version 4 : 5 points. Version 5 : 4 points. Version 6 : 4 points aussi.
|
| | | Polyeucte Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20753 Age : 41 Date d'inscription : 03/07/2009
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Dim 10 Fév 2013 - 18:59 | |
| Mes notes : - Spoiler:
N°1 : 3/6 N°2 : 1/6 N°3 : 3/6 N°4 : 4/6 N°5 : 5/6 N°6 : 4/6
Mais bon... c'est pas aussi pointu que beaucoup d'autres |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| | | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: beethoven Fantaisie chorale Dim 10 Fév 2013 - 20:11 | |
| Ce fil - comme ce forum dans son ensemble d'ailleurs - n'est pas réservé aux spécialistes, musicologues ou instrumentistes (Dieu merci !) mais à ceux qui aiment la musique, et chacun l'aime à sa façon. C'est cela qui est formidable ! Alors tout le monde a sa place ici.
|
| | | Morton Néophyte
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 16/01/2013
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Lun 11 Fév 2013 - 22:13 | |
| Mes classement: == - Spoiler:
#1 3/6 #2 1/6 #3 2/6 #4 6/6 #5 4/6 #6 5/6
== |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: et les baroqueux dans tout ça ?... Mar 12 Fév 2013 - 8:16 | |
| - Spoiler:
Bon, je vois en lisant vos votes et vos appréciations que je suis à peu près le seul à défendre la 2ème version... Je conviens qu'elle contient quelques bizarreries mais il y a quand beaucoup de choses très intéressantes là-dedans. (Et je ne parlerai pas de la prise de son, qui est une des meilleures du panel...) Mon principal regret dans tout ça, c'est surtout qu'on risque de ne pas avoir de version un peu baroquisante en final.
Vivement la suite, en tout cas ! |
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 12 Fév 2013 - 18:36 | |
| Eh bien voici donc les premiers résultats, les moins bons d'abord. Je regrette que Morton n'ait pas explicité son vote par quelques lignes de commentaires qui auraient permis de préciser son approche.
Version 2, note : 1,16. Pierre-Laurent Aimard - Choeur Arnold Schoenberg, solistes : Luba Orgonasova & Maria Haid (s), Elisabeth von Magnus (a), Deon van der Walt & Robert Fontane (t), Florian Boesch & Ricardo Luna (b) Orch. de chambre de l'Europe, dir. N.Harnoncourt 2003 (WarnerClassics)
Elle est descendue quasiment par tout le monde sauf par Drafffin qui cependant reconnait que "ça fait des manières et que le discours sonne un peu artificiel". MarieFran n'y va pas par 4 chemins : "version hilarante,c'est horrible, rien à sauver dans cette version, même les choeurs sont affreusement pompiers". Ce qui est aussi l'appréciation de Yamaw : "piano fantaisiste, orchestre m'as-tu-vu, résultat très rococo, voire kitsch; solistes atroces" . Polyeucte : "piano démonstratif '("technicolor" dit MarieFran) mais reste extérieur, et puis le choeur trop martial". Le coup de grâce est donné par Scherzian : "piano avec beaucoup de duretés, de raideur métrique, d'effets surexposés. Côté orchestre, le chef me semble encore pire que le pianiste, accent balourd, transitions manquées..." Cette version ne mérite pas qu'on aille plus loin ! Ce pianiste fait surtout carrière aux Usa et s'est plutôt spécialisé dans la musique contemporaine (percutante?) rarement enregistrée, ce qui évite bien des comparaisons avec d'autres interprétations... En ce qui me concerne j'aurais mis aussi un zéro pointé ! Et Harnoncourt est aussi responsable que le pianiste de l'échec de cette version. Enregistrement couplé avec le Triple concerto et le Rondo en si bémol, de même niveau...
--------------------------
Suit de près la version 3 avec la note de 2,33. Philippe Entremont - Choeur et Orch. National de l'ORTF, dir. Jean Martinon, Solistes vocaux non mentionnés - live, 1970 (Cascavelle)
Beaucoup d'entre vous ont assez aimé le pianiste, mais l'orchestre et les solistes vocaux ont sans doute fait baisser la note. Scherzian : "Elle est l'une des 2 moins intéressantes des 6 versions. Des nuances incohérentes et frustes du piano, seul le final Allegretto-Presto m'enthousiasme, sauf le quatuor vocal soliste..." Polyeucte aime le piano très concentré et attentif, orchestre souple et léger, belle entente entre piano et orchestre mais les choses se gâtent vraiment avec les chanteurs. Draffin apprécie aussi cette version où "le pianiste est visiblement très investi. L'entrée de l'orchestre est carrément ridicule, mais dès qu'entre le choeur on est cloué à son siège, sec mais terriblement efficace" Tandis que MarieFran s'est "ennuyée sur la longueur. Le piano manque de brillant et le choeur est vraiment épouvantable". Yamaw "aime beaucoup le piano, ainsi que le dialogue avec l'orchestre". Mais pour lui les solistes sont très mauvais et le choeur pompeux. Pour moi ce pianiste manque de personnalité, il m'apparait ici plutôt "monochrome" et semble ignorer les nuances, l'orchestre est quand même assez lourd, quant aux solistes chichiteux c'est l'horreur. Une des versions que je ne supporte pas. Cet enregistrement est couplé avec l'Empereur, à oublier de suite.
-------------------------
Vient ensuite la version 1, note : 3,16 Daniel Barenbohm - Choeur et orchestre de l'Opéra de Vienne, Solistes vocaux non mentionnés. dir. Laszlo Somogyl (ex-Westminster - MCA) Aucune date d'enregistrement indiquée sur le cd. A mon avis vers 1960 ? - Quelqu'un aurait-il la date de cet enregistrement ?)
Polyeucte : "le piano est beau mais pas grandement inspiré. L'orchestre est assez léger mais par la suite devient trop sérieux pour moi. Les chanteurs semblent réciter le bottin..." Pour Scherzian "une interprétation bien réalisée au piano comme à l'orchestre avec une vraie communauté entre le chef et le pianiste. Mais tendance générale à émousser les arêtes vives, à arrondir les angles ; une certaine neutralité univoque, pages trop sages, qui ne m'a pas préservé de l'ennui". MarieFran aime vraiment bien le piano même si ce n'est pas une grande version. Pour Yamaw "piano clair et précis mais pas exceptionnel. Orchestre et piano un peu gentils, plats, pas très inspirés. Choeur et solistes passables". Pour Draffin "les tempos sont lents mais le pianiste les habite avec beaucoup de poésie. L"orchestre est superbe mais un peu massifs, les solistes vocaux sont de qualité". Pour moi cette interprétation m'ennuie assez vite malgré les qualités du pianiste. Il y a un élément que personne n'a vraiment évoqué quelques soient les versions - sauf Scherzian qui le laisse apparaitre en filigrane - c'est l'aspect improvisatif de l'introduction. Même de grands pianistes passent à côté (et c'est le cas ici de Barenbohm qui joue cet adagio comme une sonate. Les contemporains de Beethoven disaient de lui soit qu'il était un pianiste exécrable, soit un pianiste génial, mais tout le monde s'accordait à dire qu'il était terriblement impétueux et qu'il nuançait beaucoup tout en "écrasant" son piano. Pour moi un exemple réussi de l'adagio est celui de Ania Dorfman (1939) malgré parfois des insuffisances digitales. Je joindrai cet extrait - à titre d'exemple, non de modèle - à mon prochain envoi.
J'enverrai demain la notation des autres enregistrements. Je garderai en revanche le mieux noté sous le boisseau et le révèlerai en même temps que le résultat du deuxième tour (sauf si vous pensez qu'il est préférable de le donner maintenant).
Dernière édition par jakus le Mar 12 Fév 2013 - 19:27, édité 2 fois |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: et paf ! Mar 12 Fév 2013 - 18:56 | |
| Et paf, on élimine deux versions que j'appréciais dès le premier tour. Bon, heureusement, il reste la 4 qui semble avoir bien été notée par tout le monde. Et je suppose qu'il va falloir que je réécoute la 5 en final... Mamma mia ! |
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 12 Fév 2013 - 19:20 | |
| C'est le jeu ! Mais toutes les opinions et les sensibilités sont respectables. donc surtout pas de souci de ta part. |
| | | Morton Néophyte
Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 16/01/2013
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 12 Fév 2013 - 21:05 | |
| Date de cet enregistrement:
Daniel Barenboim, Piano Orchester der Wiener Staatsoper, Orchestra Laszlo Somogyi, Conductor May 1964 Studio, Mozart Saal, Konzerthaus, Vienna (Wien), Austria
|
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: beethoven Fantaisie chorale Mar 12 Fév 2013 - 21:54 | |
| Merci, Morton, pour le tuyau. Le cd MCA (Millennium) ne l'indiquait pas.
|
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 12 Fév 2013 - 22:39 | |
| Voici les notes des deux versions :
Arrive ensuite la version 5, note : 3,33 Hans Richter-Haaser - Choeur de l'Opéra de Vienne, Orchestre Symphonique de Vienne, dir. Karl Böhm-1956 (Forgotten Records) solistes : Teresa Stich-Randall & Judith Hellwig (s), Hildegard Rossel-Madjan (mezzo), Anton Dermota & Erich Majkut (t), Paul Schoffer (b).
Cette interprétation a vu 4 notations au dessus de la moyenne et 3 autres inférieures ou égales à 3. Donc une réception mitigée. Pour MarieFran c'est une version terne, peu inspirée ; piano prosaïque mais l'orchestre est pas mal et le finale bien enlevé. Mais Polyeucte la trouve joyeuse, où tout le monde semble prendre plaisir à jouer, le piano est démonstratif et il décèle beaucoup de joie chez les chanteurs. "Quel magnifique orchestre" écrit Scherzian ( Vienne et K.Bohm, il est vrai, ce n'est pas rien!). Mais il décèle une dichotomie entre le piano et l'orchestre ; le piano distille souvent une sonorité maigrelette, sèche et parfois cassante et les intentons du chef divergent parfois de celles du pianiste. Quant à Draffin, il reproche un son horrible avec une spatialisation risible (c'est vrai que sur une très bonne chaine ça passe pas vraiment bien). La raison est probablement due au fait que, masterisé à partir d'un LP 33t datant de 1956 au moment où paraissait les premiers disques stereo, je me souviens que les éditeurs publiaient alors des disques "mixtes" mono-stereo, (j'ai bien connu, j'y étais...) peu de gens possédant encore chez eux les nouvelles platines stereo. Donc un système hybride (à effet ping-pong souvent) qui peut expliquer les problèmes techniques rencontrés ici. Mais pour lui il semble cependant que le pianiste a pourtant des choses à raconter. Les tempos sont contrastés, parfois méditatifs, parfois jubilatoires. Enfin Yamaw n'est pas convaincu, gêné par des changements de tmpos mais trouvant cependant quelques passage qui le font quand même vibrer. De mon côté, je ne rejette point cette version en partie grâce à l'orchestre, le pianiste me semblant quand même au-dessous de ce qu'il a enregistré par ailleurs. D'ailleurs sur ce même cd il joue aussi les concertos de Schumann et de Grieg (avec Vienne dirigé par Rudolf Moralt) beaucoup mieux enregistré en 1958 avec des moments jubilatoires. Richter-Haaser est quand même un remarquable pianiste, même s'il ne fait pas partie des grands visionnaires qu'on connait par ailleurs.
-------------------------
Version 6, note : 3,66 Rudolf Serkin - Choeur du Festival de Tanglewood, Boston Symphony Orch., dir. Seiji Ozawa 1982 (Telarc) solistes : Faye Robinson & Mary Burgess (s), Lili Chookasian (m), Kenneth Riegel (t), David Gordon (bar), Julien Robbins (b).
MarieFran aime beaucoup le pianiste, toucher très poétique avec beaucoup d'inspiration, mais elle n'accroche guère avec la direction d'orchestre, le choeur étant honorable mais sans passion dans le finale. Polyeucte aussi trouve le piano très beau, mais le tempo de l'orchestre trop lent (il est vrai que cette version fait 2 mn. de plus que les autres interprétations) ce qui lui semble un peu pompeux. Les voix ne le convainquent pas non plus. Même sentiment chez Yamaw qui trouve l'orchestre grandiloquent alors que le pianiste est subtil. Les solistes vocaux lui semblent aussi assez quelconque. Draffin trouve aussi l'ensemble assez lourd où tout manque de surprise. Enfin Scherzian trouve que le piano est parfois à la peine, ce qui n'est pas grave lorsque la poésie et les nuances sont là. Les voix solistes et le choeur sont pour lui excellents (je résume bien sûr son long et passionnant commentaire). Pour moi Serkin étant l'une de mes idoles, j'apprécie ici chez lui ses nuances, sa sonorité, sa façon dont son pianisme s'intègre à l'orchestre lorsque c'est nécessaire. Que le tempo de l'ensemble soit lent, ça ne me gène pas dans la mesure où ici le pianiste et le chef sont sur la même longueur d'ondes (il n'est d'ailleurs pas pensable un instant que le chef et le soliste ne décident pas ensemble du tempo à respecter). Et puis si la lenteur devait être un élément de mon jugement, alors je ne pourrais plus jamais écouter Furtwängler... En écrivant ces lignes je rêve, je viens de rêver d'un enregistrement de la Fantaisie Chorale avec Rudolf Serkin et Karl Bohm à l'orchestre... Mais comme dit je ne sais plus qui : faut pas rêver !
----------------------------
La version 4 enfin l'emporte de haut dans vos jugements (note : 5,16) Mais on en reparlera plus tard...
|
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mar 12 Fév 2013 - 22:47 | |
| - jakus a écrit:
- La version 4 enfin l'emporte de haut dans vos jugements (note : 5,16) Mais on en reparlera plus tard...
Sans dévoiler les interprètes, tu peux nous dire en quelques mots ce que tu penses de cette version ? |
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: beethoven Fantaisie chorale Mar 12 Fév 2013 - 22:49 | |
| C'est pour moi aussi la meilleure version de cette première série. Je n'en dirai pas plus...
|
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| | | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mer 13 Fév 2013 - 14:10 | |
| Ah ! Je n'avais pas bien saisi : je pensais qu'il y aurait un troisième tour avec les 3 meilleures versions de chacune des poules... Une finale avec les deux premiers de chaque poule s'impose en tout cas.
Intéressant de voir qu'il n'y a eu qu'une seule version qui fasse l'unanimité. Mais quelle version ! |
| | | KARL1 Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 35 Localisation : LORRAINE Date d'inscription : 06/02/2013
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée Mer 13 Fév 2013 - 14:41 | |
| J'aimerais bien connaitre la fin: la version d'Abbado/Vienne figure ds la confrontation? (c'est la seule que je connaisse, parce que j'ai le disque) |
| | | jakus Mélomane averti
Nombre de messages : 104 Localisation : proche de Cahors Date d'inscription : 21/10/2010
| Sujet: beethoven Fantaisie chorale Mer 13 Fév 2013 - 15:24 | |
| Karl1, je n'ai pas à répondre ni par oui ni par non à ce genre de question, sinon ce n'est plus une écoute en aveugle...
Dernière édition par jakus le Mer 13 Fév 2013 - 15:31, édité 1 fois |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée | |
| |
| | | | Beethoven - Fantaisie chorale op.80 - écoute comparée | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|