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| Le chant orthodoxe russe | |
| | Auteur | Message |
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/ Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Le chant orthodoxe russe Jeu 15 Aoû 2013 - 0:22 | |
| | Le chant orthodoxe russe du dix-septième siècle à 1917 : de Diletski à Rachmaninov
[note : j’emploie les translittérations françaises, donc il faut parfois faire quelques modifications quand on fait des recherches sur tel ou tel compositeur (ou > u, ch > sh, tch > ch, -i > -y, i + voy. > y, -ne > -n, etc.).]
(...)
historique
introduction
La musique sacrée de la Russie est toujours a cappella : l’Église orthodoxe interdit l’usage des instruments. Jusqu’au dix-septième siècle, la totalité du répertoire sacré est constitué par le znamenny, le chant traditionnel de l’Église orthodoxe russe. On peut noter l’apparition, au seizième, de deux formes ornées du znamenny : le putevoï (qui présente des rythmes plus complexes) et le demestvenny (qui sort du carcan de l’Octoechos, les huit modalités qu’on retrouve également dans le chant grégorien) ; ainsi que celle, au dix-septième siècle, du chant de Kiev, qui est une simplification du znamenny.
Au départ, le chant znamenny est monodique, c’est-à-dire constitué d’une seule voix. À partir de la fin du seizième siècle, on voit apparaitre une première forme de polyphonie (il s’agit en réalité d’une monophonie harmonisée), mais il faudra attendre le dix-septième siècle pour qu’une réelle polyphonie (occidentale) se développe.
EDIT. On appelle cette première harmonisation (aux seizième et dix-septième siècles) de chant znamenny (ou du chant demestvenny) le chant strotchny. Il a été (et est toujours ?) largement méprisé, y compris par Odoïevski : « Les différentes voix n’entretiennent aucun rapport harmonique entre elles, les parties sont de toute évidence sans lien les unes avec les autres. Aucune oreille humaine ne peut supporter la succession de secondes que l’on rencontre ici à chaque pas. » Néanmoins, les manuscrits en sont nombreux (il avait donc du succès au XVIIe), et il a été mis en valeur par plusieurs enregistrements récents, notamment (une partie de) ceux d’Anatoli Grindenko avec le Chœur du Patriarcat Russe (chez Opus 111).
| | | période polono-urkrainienne (1600–1750) : Diletski
Le dix-septième siècle connait une importance occidentalisation de la culture russe. En ce qui concerne la musique, outre la notation occidentale, on voit se développer la polyphonie, le contrepoint, etc.
Le style qui se développe alors est le chant partesny. Ils s’agit de grands chœurs religieux largement polyphoniques et contrapuntiques, souvent écrits à huit ou à douze voix, parfois plus — jusqu’à trente-deux.
Le grand représentant de cette période est le premier compositeur russe qui ait laissé quelques traces : Nikolaï Diletski (ca 1630–1680), né en Ukraine et formé en Pologne. Le nombre de ses compositions conservées est relativement faible, et il est surtout connu pour être l’auteur du premier grand ouvrage de théorie musical russe (première édition écrite en polonais), la Grammaire musicale, dans lequel il présente les bases de la théorie musicale occidentale, avec notamment la première apparition du cycle des quintes.
Il se trouva à la tête d’une véritable école de compositeurs. Il est entre autres suivi par Pekalitski, Kalachnikov, Bavykine, Trediakovski et surtout par Vassili Titov (ca 1650–ca 1715). Celui-ci est notamment l’auteur de psaumes, de services et de nombreux concertos vocaux.
| | | période italienne (1750–1825) : Bortnianski
Cette période est marquée par la présence de compositeurs italiens à la Cour impériale, parmi lesquels Galuppi, Sarti, Paisiello et Cimarosa. Ceux-ci influencent les jeunes compositeurs, qui vont produire des œuvres dans un style très occidental. Les plus importants sont Bortnianski, Berezovski, Vedel, Degtiarev, Davydov et Tourtchaninov.
Maxime Berezovski (1745–1777), élève des italiens Zoppis et Martini, a composé un opéra, une symphonie et quelques œuvres sacrées.
Dmitri Bortnianski (1751–1825), qui a étudié avec Galuppi et a fait un voyage en Italie (où il a étudié notamment avec Martini et où il a composé quelques opéras), est le grand maitre du style italien. Il est nommé au poste de directeur de la Chapelle impériale. Son œuvre est d’une taille considérable ; il est l’auteur de 35 concertos pour chœur mixte à quatre voix, de 10 concertos pour deux chœurs, d’une messe, de mélodies religieuses, de psaumes, etc. Ses œuvres ont été éditées par Tchaïkovski à la fin du dix-neuvième siècle.
Stepan Degtiarev (1766–1813) est l’un des élèves de Sarti, et est parti se perfectionner en Italie. Bien qu’une partie de son œuvre soit perdue, il en subsiste de nombreux concertos vocaux.
Artem Vedel (1770–1808) est l’auteur de 31 chœurs, de 6 trios et de deux liturgies de saint Jean Chrysostome.
| | | période allemande : Lvov et l’école de Saint-Pétersbourg
L’Allemagne succède à l’Italie dans sa position dominante. Lvov succède à Bortnianski à la Chapelle impériale. Il est notamment suivi par Lomakine, Vorotnikov, Bakhmetev, Golitsyne et Strokine. Cette période est importante pour sa simplification du chant orthodoxe et pour ses débuts d’un retour au chant traditionnel (avec des résultats mitigés).
Alexeï Lvov (1798–1870), qui a fait un voyage en Allemagne et rencontré les grands compositeurs d’alors (Mendelssohn, Meyerbeer, etc.), est très influencé par la musique allemande. Il compose des harmonies à quatre voix, dans le style allemand, où la mélodie a moins d’importance et se trouve uniquement sur la voix aigüe. Il entreprend ainsi une réalisation complète du cycle de l’Octoechos pour quatre voix homophones, mais dénature ainsi les mélodies originales, les contraignant à l’harmonie tonale.
Malgré le développement de l’école de Moscou (cf. ci-dessous), beaucoup de compositeurs continueront à suivre les principes allemands de l’école de Saint-Pétersbourg. C’est le cas d’Alexandre Arkhangelski (1846–1924), d’Alemanov et de Vinogradov. C’est également cette tradition qui aura le plus d’influence sur les musiciens de la diaspora après 1917. Et encore aujourd’hui, ce sont les harmonisations de Lvov qui restent en usage aux offices.
| | | l’école de Moscou : d’Odoïevski à Rachmaninov
En 1879, Piotr Illitch Tchaïkovski (1840–1893) fait publier sa Liturgie de saint Jean Chrysostome op.41. Même si à l’époque cette œuvre est considérée comme trop occidentale, on peut y voir la fin de la domination allemande et le retour au passé de l’Église russe. Ses Vêpres op.52 iront encore davantage dans cette direction. Il est ainsi le premier compositeur laïque à écrire les cycles intégraux d’une Liturgie de saint Jean Chrysostome et de l’office des Vêpres. On peut également citer son élève Sergueï Taneïev (1856–1915). Ce dernier aura comme élèves beaucoup de compositeurs importants, notamment, pour ce qui nous concerne, Kastalski, Gretchaninov, Tchesnokov et Rachmaninov.
C’est à partir de Vladimir Odoïevski (1804–1869), écrivain et critique musical, que le chant orthodoxe va connaitre ce retour au passé liturgique proprement russe (et non plus italien ou allemand). Odoïevski porte son intérêt sur le chant znamenny, qui n’avait survécu que dans les monastères, et prône sa restauration. Il s’entoure de musiciens, parmi lesquels Stepan Smolenski (1848–1909). Ont étudié avec ce dernier Kastalski, Nikolski, Tchesnokov et Rachmaninov.
Alexandre Kastalski (1856–1926) travaille à la restitution du chant religieux traditionnel (surtout le chant znamenny, mais aussi le putevoï et le demestvenny). Mais il étudie également le chant populaire, et contribue ainsi au renouvellement du chant liturgique en élaborant un style d’harmonisation fondé sur la polyphonie populaire, par opposition à l’influence italo-germanique qui avait dominé jusque-là. Il s’établit ainsi comme un important compositeur du nouveau style russe et influence des compositeurs comme Kompaneiski, Nikolski, Tolstiakov, Gretchaninov, Tchesnokov et Rachmaninov.
Alexandre Gretchaninov (1864–1956) est l’auteur de plusieurs messes et de divers chœurs religieux. Sa musique est conservatrice, mais inspirée. Il quitte la Russie en 1925 pour les États-Unis et continue à composer des œuvres sacrées.
Pavel Tchesnokov (1877–1944) est un autre grand représentant de ce renouveau de la musique spirituelle russe. Il compose un grand nombre d’œuvres sacrées jusqu’à 1917 (quand il est contraint de se tourner vers la musique profane), comprenant des liturgies (par exemple la Liturgie de saint Jean Chrysostome op.42), des vigiles, etc.
Sergueï Rachmaninov (1873–1943), qu’il est inutile de présenter ici, s’intéresse également à ce renouveau dans la musique religieuse. Comme Tchaïkovski, il composera une Liturgie de saint Jean Chrystostome (op.31, 1910) et des Vêpres (op.37, 1915). Ces deux œuvres incarnent l’aboutissement, en même temps que la disparition, du renouveau liturgique russe et de tout le chant orthodoxe.
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| morceaux choisis
Diletski, Cantique de Pâques nº9 (Gobditch) : /watch?v=miei_Ex-3fs Bortnianski, Concerto sacré nº32 (Polianski) : /watch?v=LCKSkLAo6V4 Lvov, Of thy mystical supper (Archavskaïa) : /watch?v=bvtPAP7aabA Arkhangelski, À pleine voix, je crie vers l’éternel (Rybakova) : /watch?v=GcvjpXVbejk Tchaïkovski, Liturgie de saint Jean Chrysostome (Polianski) : /watch?v=2bb2enlEUXY Tchesnokov, Ne me renie pas dans ma vieillesse (Smirnov) : /watch?v=hn9JkJHRiZ4 Rachmaninov, Vêpres (Savtchouk) : /watch?v=3h3jUG7_QdM EDIT. j’avais cherché mais pas trouvé Polianski ; le voici : /watch?v=wm_PERitmGc&list=PL7FAA6BE47CAB741E | |
Dernière édition par lucien le Jeu 12 Juin 2014 - 10:15, édité 9 fois |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33404 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Jeu 15 Aoû 2013 - 0:23 | |
| Bravo pour ce fil _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Hurlu&Berlu Mélomaniaque
Nombre de messages : 835 Age : 54 Localisation : Boulogne-Billancourt - France Date d'inscription : 16/12/2010
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Jeu 15 Aoû 2013 - 10:37 | |
| Oui, c'est bien d'avoir ouvert ce sujet qui m'a passionné à une époque où je fréquentais les églises de rite orthodoxe.
Un seul regret, qui ne remet pas en cause la qualité de cette présentation : le dix-septième siècle est précisément le début de la fin et de la décadence du vrai chant orthodoxe !
Cependant, à cette époque (dix-septième, donc) existait un type de chant qui me plaisait énormément : la polyphonie strochny. On en trouvait quelques exemples dans ce CD, mais je n'arrive pas à retrouver des exemples ou des explications sur le net... |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Jeu 15 Aoû 2013 - 10:58 | |
| - Ave do Brasil a écrit:
- Un seul regret, qui ne remet pas en cause la qualité de cette présentation : le dix-septième siècle est précisément le début de la fin et de la décadence du vrai chant orthodoxe !
En réalité, j’ai pensé que cela méritait deux sujets différents : des origines byzantines au dix-septième et du dix-septième à la Révolution d’Octobre. J’ai commencé par le deuxième car cela me semblait plus facile (il y a des noms, etc.). Mais un jour, peut-être... - Ave do Brasil a écrit:
- Cependant, à cette époque (dix-septième, donc) existait un type de chant qui me plaisait énormément : la polyphonie strochny.
J’ai oublié d’en parler plus précisément (il n’y a pas grand-chose à dire, cela dit), mais je crois que cela rentre dans cette phrase : « À partir de la fin du seizième siècle, on voit apparaitre une première forme de polyphonie (il s’agit en réalité d’une monophonie harmonisée), (...). » De nouveau, c’est anonyme, donc c’est difficile de s’y retrouver... |
| | | Hurlu&Berlu Mélomaniaque
Nombre de messages : 835 Age : 54 Localisation : Boulogne-Billancourt - France Date d'inscription : 16/12/2010
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Jeu 15 Aoû 2013 - 11:36 | |
| C'est vraiment pas très connu. Le seul extrait que j'ai pu trouver sur le net est ici : /watch?v=S6lB7MMfJYM
Plus une explication en anglais, là : http://www.novgorod.ru/english/read/information/orthodox-hymnody/hymnody/
Harmoniquement, j'adore ces voix enchevêtrées qui forment de temps en temps des empilements de quartes un peu dissonants (ça plairait à Xav...), dans le genre DO-FA-SOL.
EDIT : j'ai trouvé un lien avec de courts extraits (morceaux 3,4,7,8,13,17) ! Et c'est "stroTchny", pas "strochny".
http://www.amazon.fr/Liturgie-Orthodoxe-Messe-Russe-Siecle/dp/B000027MVJ/ref=sr_1_1/275-8447475-8884445?s=music&ie=UTF8&qid=1376564537&sr=1-1&keywords=Strotchny+Chant |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14349 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Sam 17 Aoû 2013 - 14:50 | |
| Merci beaucoup pour cette présentation, j'y avais songé pendant un moment, mais sans jamais prendre le temps... - Ave do Brasil a écrit:
- Un seul regret, qui ne remet pas en cause la qualité de cette présentation : le dix-septième siècle est précisément le début de la fin et de la décadence du vrai chant orthodoxe !
Les puristes me feront toujours sourire En ce qui me concerne, je suis bien content que le chant orthodoxe ait aussi connu une évolution, les excès italianisants ont heureusement été corrigés au XIXème siècle, la seule chose qui menace parfois ce chant c'est la tentation opératique, surtout au XIXème d'ailleurs, mais le conservatisme et la rigueur intrinsèques à l'orthodoxie permettent quand même de juguler ou du moins de maintenir tout ça dans des proportions raisonnables. Gretchaninov n'était pas si conservateur que ça, aujourd'hui aux yeux de certains orthodoxes il serait même perçu comme un dangereux oecuméniste. Il était fasciné par les messes occidentales et regrettait de ne pas avoir la possibilité d'insérer des instruments dans ses compositions religieuses. Pour en revenir à des choses plus terre à terre... Très belle anthologie de 8 CD parue chez Melodiya Le chant orthodoxe russe du XIIème au XXème siècle. On trouve une critique et le contenu complet du coffret ici : http://www.resmusica.com/2010/12/08/anthologie-de-la-musique-sacree-russe/ Une petite madeleine personnelle, choeur des moines du séminaire d'Odessa : L'higoumène (supérieur du monastère) pourrait clairement chanter le rôle de Boris. Choeur superbe. Deux petits bijoux parus chez Naxos, à ne pas louper si vous passez à côté : Surtout le disque de la Divine Liturgie, incontournable. Pour chaque piste le nom du compositeur, s'il est connu, est donné et renseigné, ça peut être idéal pour découvrir. Le disque se termine par la Grande Doxologie qui ne conclue pas la liturgie mais qui est chanté le matin à l'office des Matines. Un superbe disque Arkhangelsky : Pas évident à trouver, je l'avais acheté sur ebay et il m'avait été envoyé depuis la République tchèque... Pour la Divine Liturgie de Saint Jean Chrysostome l'enregistrement Polyanski, enregistré en URSS uniquement pour l'exportation puisque toute propagande religieuse était interdite, tient du miracle, je n'ai jamais rien entendu de mieux. Par contre on n'entendra pas ici les ecténies du diacre ni les répons du choeur, si on veut entendre le déroulement complet d'une Divine Liturgie on peut écouter ce double disque EMI ou le disque Naxos mais l'interprétation est moins bouleversante : Par contre je déconseille fortement l'enregistrement Savchuk et du choeur national ukrainien "Dumka" (Regis ou Brilliant Classics). Interprétation toute en force et qu'on ne sent guère habité par la ferveur religieuse... Pour les Vêpres je déconseille aussi l'interprétation un peu trop molle du choeur de chambre de New-York : Il y a peu d'enregistrements de toute façon, celui-ci est bien mieux, mais épuisé depuis longtemps... L'autre intérêt de ce dernier est qu'il propose trois autres "Chant des Chérubins" composés par Tchaïkovski. Pour Rachmaninov Polyansky est aussi un très bon choix. Ses enregistrements ont été réédités à plusieurs reprises : Cette interprétation de la Divine Liturgie figure au programme de l'intégrale Brilliant Classics. Pour les Vêpres il faut se tourner vers Melodiya (ou Saison Russe si vous le trouvez d'occasion) Du côté des curiosités Svetlanov a enregistré les Vêpres avec un choeur bulgare. Acoustique de piscine soviétique, je ne recommande pas. Cette Divine Liturgie de Grechaninov est un peu aride, je la déconseille dans le cadre d'une découverte : Une relative rareté parue chez Sony, la Divine Liturgie d'Ippolitov-Ivanov, compositeur plus connu pour ses Esquisses caucasiennes, le livret qui présente le choeur et les chanteurs ne dit strictement rien sur l'oeuvre, les circonstances de la composition, la réception, etc. Frustrant. |
| | | Hurlu&Berlu Mélomaniaque
Nombre de messages : 835 Age : 54 Localisation : Boulogne-Billancourt - France Date d'inscription : 16/12/2010
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Lun 19 Aoû 2013 - 22:38 | |
| Excellente discographie, merci à WoO pour ce complément. - WoO a écrit:
- Ave do Brasil a écrit:
- Un seul regret, qui ne remet pas en cause la qualité de cette présentation : le dix-septième siècle est précisément le début de la fin et de la décadence du vrai chant orthodoxe !
Les puristes me feront toujours sourire... En réalité, je faisais référence à un autre grand débat : la distinction entre musique véritablement liturgique, c'est-à-dire utilisée pendant une célébration liturgique, dans un but liturgique, avec tout la profondeur de signification religieuse que celle-ci peut avoir, et belle musique classique inspirée/dérivée de la musique d'église. Pour les profanes, il est vrai que cette distinction peut sembler excessive, mais pour les croyants, je peux vous dire que ce n'est pas la même chose ! Mais je referme la parenthèse, en précisant toutefois qu'ici aussi, il est utile d'avoir quelques notions de liturgie pour comprendre le chant orthodoxe. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Lun 19 Aoû 2013 - 22:57 | |
| Je l'ai fait en privé, mais pour ne pas paraître goujat, je remercie à nouveau Lucien (qui le mérite bien !) pour sa très belle contribution. Je ne réagis pas pour l'instant sur le contenu, je suis en train de réécouter (et de découvrir) pour me mettre à niveau et dire des trucs pas trop vains, dans la mesure du possible. - Ave do Brasil a écrit:
- En réalité, je faisais référence à un autre grand débat : la distinction entre musique véritablement liturgique, c'est-à-dire utilisée pendant une célébration liturgique, dans un but liturgique, avec tout la profondeur de signification religieuse que celle-ci peut avoir, et belle musique classique inspirée/dérivée de la musique d'église. Pour les profanes, il est vrai que cette distinction peut sembler excessive, mais pour les croyants, je peux vous dire que ce n'est pas la même chose !
Et il y a plusieurs marches, entre la musique réellement fonctionnelle (chantée par les officiants et fidèles), la musique insérable à des moments-clefs (mais pas conçue exactement sur la liturgie), la musique d'inspiration religieuse faite pour être jouée hors des offices... et puis la musique de concert à thème religieux. |
| | | hammerklavier Mélomaniaque
Nombre de messages : 589 Date d'inscription : 30/01/2007
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Mer 21 Aoû 2013 - 11:23 | |
| Merci pour ce fil, avec beaucoup de repère pour s'y retrouver dans cette musique.
Musique que je ne connais pas du tout mais ce fil tombe a pic car j'ai emprunté ce week a la média la Liturgie de saint Jean Chrystostome de rachmaninov un peu au pif.
J'vasi vori ce que ça donne. Le "A capella" j'ai peur que ça me barbe sur la longue. D'un autre coté, je prend de plus en plus de plaisir avec les Motet de Tallis donc bon.
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| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Sam 31 Aoû 2013 - 20:47 | |
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| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14349 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Sam 31 Aoû 2013 - 22:36 | |
| C'est étrange. En même temps j'étais surpris qu'un disque de plus lui soit entièrement dédié... En plus de celui que je montre plus haut, et peut-être repris partiellement par le Koch-Schwann, un disque de l'anthologie Melodiya en 8 CD lui est entièrement consacré. |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Ven 6 Sep 2013 - 7:35 | |
| - Ave do Brasil a écrit:
- Cependant, à cette époque (dix-septième, donc) existait un type de chant qui me plaisait énormément : la polyphonie strochny. On en trouvait quelques exemples dans ce CD, mais je n'arrive pas à retrouver des exemples ou des explications sur le net...
J’ai eu la (quasi) confirmation de ce que je pensais : le chant strotchny (ce qui signifie simplement « polyphonique », à ce que j’ai compris), désigne tout le chant polyphonique russe des XVIe et XVIIe siècles (au XVIIe, ce chant est déjà influencé par la musique occidentale), avant qu’il soit supplanté par le chant partesny. Il s’agit, comme je l’ai dit plus haut, des premières harmonisations du chant znamenny (ou du chant demestvenny), à l’origine monodique. L’expression « chant polyphonique znamenny » renvoie donc généralement à la même chose. S’il est peu connu / enregistré, c’est parce que ce chant a été (et est toujours ?) largement méprisé, y compris par Odoïevski : « Les différentes voix n’entretiennent aucun rapport harmonique entre elles, les parties sont de toute évidence sans lien les unes avec les autres. Aucune oreille humaine ne peut supporter la succession de secondes que l’on rencontre ici à chaque pas. » Néanmoins, les manuscrits en sont nombreux (il avait donc du succès au XVIIe), et il a été mis en valeur par plusieurs enregistrements récents, notamment (une partie de) ceux d’Anatoli Grindenko avec le Chœur du Patriarcat Russe (chez Opus 111). En conséquence, si tu t’intéresses toujours à ce chant, je te conseille de te tourner vers les enregistrements de Grindenko qui s’intéressent au XVIIe siècle. Source : le livret de ce cd : (je vais ajouter un petit paragraphe dans ma présentation. ) |
| | | Hurlu&Berlu Mélomaniaque
Nombre de messages : 835 Age : 54 Localisation : Boulogne-Billancourt - France Date d'inscription : 16/12/2010
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Ven 6 Sep 2013 - 16:36 | |
| Je te remercie pour ces informations. - Citation :
- « Les différentes voix n’entretiennent aucun rapport harmonique entre elles, les parties sont de toute évidence sans lien les unes avec les autres. Aucune oreille humaine ne peut supporter la succession de secondes que l’on rencontre ici à chaque pas. »
C'est précisément en cela que je trouve ce chant pseudo-polyphonique (ou anté-polyphonique) génial. Cela crée une sorte d'enchevêtrement mélodique qui génère des harmonies dissonantes. Assez bartokien, comme démarche. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Dim 18 Fév 2018 - 21:57 | |
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Le chant orthodoxe russe Lun 24 Sep 2018 - 0:21 | |
| - Mélomaniac, in playlist, a écrit:
Mikhail Ippolitov-Ivanov (1859-1935) :
Ô douce Lumière de la Sainte Gloire Je te salue, Mère de Dieu Grande Doxologie
= Boris Abalyan, Chœur de chambre Lege Artis
(Sony, 1991)
Capté dans une acoustique particulièrement inspirante, ce CD propose un panorama liturgique russe, de Bornyantsky à Tchesnokov. Le compositeur des célèbres Esquisses caucasiennes fut aussi jeune choriste à la Cathédrale orthodoxe Saint-Isaac et, entre autres responsabilités institutionnelles, dirigea l'Association des Chœurs Russes. Son vaste œuvre choral fut longtemps occulté sous l'ère soviétique et commença à émerger sous la perestroïka. En 1990, un disque de l'ensemble Lege Artis avait déjà permis la redécouverte de deux opus majeurs : la Liturgie de saint Jean Chrysostome, et les Vêpres, dont sont tirés les trois extraits du présent programme, enregistré l'année suivante. Ce Chœur avait été récemment constitué, en 1987, avec des étudiants et diplômés du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Magnifique prestation : cohésion, intonation idiomatique, ferveur... A travers cette heure, tant pour la sélection des pièces que pour l'interprétation, on touche souvent au sublime
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