Chopin - Nocturnes, polonaises, préludes, etc...

• Les Préludes
Rafał Blechacz (piano)
Hamburg-Harburg, VII.2007
DG

Réécouté ce matin - je m’aperçois que je n’en avais pas parlé ici lors de ma première écoute. Alors que ce n’est pas franchement «mon» Chopin, je trouve cette version assez fascinante - et finalement, à l’usage, plus importante que celle de Goerner qui, sur le coup, m’avait beaucoup plu (cf. supra.)

La fascination vient d’abord de l’étrangeté du piano de Blechacz: ce qui est très paradoxal, c’est que c’est à la fois une sonorité très ronde et en même temps on y entend tout un luxe de détails - ce ne sont même plus des voix mais des strates, comme à l’orchestre. (Probablement l’instrument est-il capté de très près?) Par ailleurs, cette matière sonore sert une approche remarquablement fouillée de ces œuvres: ce n’est pas tendu (au contraire: c’est même le reproche que l’on pourrait faire au pianiste), mais les phrasés, les nuances de dynamiques et les équilibres sont incroyablement travaillés dans le détail - de sorte que l’on peut parler d’une grande version moderne d’approfondissement.

Morloch a écrit:

Chopin diverses pièces, surtout des ballades, nocturnes, préludes, mazurkas et valses (un peu de tout quoi )
joué par Arthur Schoonderwoerd

c'était pour changer des boites à clous versaillaises et écouter du piano à mécanismes molassons (en fait un Pleyel de 1836 restauré) c'est agréable, son moins clinquant que la machine de guerre de concert du début XXème

Moi qui voulais justement demander s'il existait des interprétations HIP de Chopin, n'ayant pas réussi à trouver par moi-même l'information !

Existe-t-il d'autres enregistrements de ce genre ?

Adalbéron a écrit:

Moi qui voulais justement demander s'il existait des interprétations HIP de Chopin, n'ayant pas réussi à trouver par moi-même l'information !
Existe-t-il d'autres enregistrements de ce genre ?

Je te recommande l'édition des œuvres complètes publiée par l'Institut Frédéric Chopin de Varsovie sur ses Érard et Pleyel - pas beaucoup de pianistes connus (Goerner, Olejniczak, Demidenko, Fou Ts'ong), beaucoup de Polonais plutôt jeunes, mais des lectures vraiment très fouillées, très abouties et souvent originales.


(Cela dit, je vais quand même tenter Schoonderwoerd. Ça ne pourra pas être pire que ses Concertos de Beethoven.)

Merci !!

En ce qui concerne Arthur Schoonderwoerd, il y a en réalité deux disques, un programme avec une sélection de Mazukas et Valses; l'autres avec les quatre Ballades accompagnées de quelques Nocturnes. Sur le jeu lui-même, c'est très bon mais un peu sage, ce n'est pas du Chopin décoiffant et je me demandais quelle était la part de responsabilité de l'interprète par rapport à celle des mécanismes antédiluviens. Je vais jeter un œil sur la suggestion de Benedictus.

Dans The Real Chopin j'aime bien les nocturnes de Dang Thai Son, en plus  je pense que les Préludes de Wojcieck Switala sont très intéressantes. J'écoutais le disque de Januzc Olejniczac beaucoup dans le passé mais maintenant si je veux l'entendre je préfère écouter son intégral de mazurkas. Le disque de Kevin Kenner dans The Real Chopin est vraiment magnifique mais c'est pas mon genre - c'est trop romantique, trop riche et romantique. Mais magnifique quand même.

À mon avis Dang Thai Son est un Chopiniste fabuleux, soit sur un "Real" piano, soit sur un piano moderne.

[quote="Adalbéron"]

Morloch a écrit:

[url=https://servimg.com/view/11310003/231]

Existe-t-il d'autres enregistrements de ce genre ?

Beaucoup. Par example, Hubert Rutkowski a sorti un disque de Chopin en mars que j'aime bien

À la suite de Morloch:


• Ballades & Nocturnes
Arthur Schoonderwoerd (piano Ignace Pleyel 1836)
Vargenville-sur-Mer, VIII.2008
Alpha

Très chouette, mais pas forcément marquant. Ce disque vaut d’abord pour la sonorité du Pleyel, dont j’ai beaucoup aimé les sonorités, avec des textures vraiment typées (on sent vraiment le toucher fin du bois et des cordes) et de belles couleurs claires.

Contre toute attente, le jeu de Schoonderwoerd m’a paru assez traditionnel (c’est plutôt allant, le toucher très détaché ne s’accompagne pas de phrasés particulièrement tarabiscotés ni de recomposition des strates) et relativement précautionneux (des contrastes de dynamique vraiment réduits, souvent un peu de ralenti dans les passages les plus virtuoses) - ce qui a aussi son charme.

En fait, avec des instruments au moins aussi typés, l’édition Chopin dont je parlais un peu plus haut donne à entendre des choses plus fouillées et plus personnelles, avec les Nocturnes de Đặng Thái Sơn et les Ballades de Goerner (peut-être deux des volumes les plus remarquables de l’ensemble.)

• Œuvres tardives, opp. 59-64: Barcarolle en fa dièse majeur, op. 60. 3 Mazurkas, op. 59. Polonaise-Fantaisie en la bémol majeur, op. 61. 2 Nocturnes, op. 62. 3 Mazurkas, op. 63. 3 Valses, op. 64. Mazurka en fa mineur, op. posth. 68 nº4.
Maurizio Pollini (piano)
Munich, V & IX.2015, V.2016
DG

Pour ce disque à la perspective «chronologique», Pollini réenregistre en des œuvres déjà gravées dans les années 70 (Polonaise-Fantaisie), 90 (Barcarolle) et 2000 (Nocturnes), de sorte qu’il y a matière à comparer - et la comparaison met en évidence un certain renouvellement, comme si Pollini avait atteint une nouvelle étape de son évolution esthétique: si le toucher est dans la continuité des Nocturnes de 2005 (quelque chose de soyeux à l’opposé de la sonorité métallique du «premier Pollini»), la construction du son y est cependant moins homogène, plus émaciée parfois, avec des tempi globalement allants, et surtout l’expression y a quelque chose d’à la fois fragile et fiévreux, comme travaillé de l’intérieur par une sorte de contradiction irrésolue entre urgence lyrique et retenue classique. Singulier, très habité et très touchant (mais qui ne plaira pas forcément à tout le monde.)

(Étant donné que je suis bien incapable d'en concevoir les différences tonales (sans parler du quart d'heure pour exécuter les diacritiques, non…)

Je ne reprends les gens sur la linguistique que sur les fils de foot.

J’ai commencé à écouter Vitalij Margulis. Chaque nocturne est un psychodrame, les brisures et les aspérités de la musique sont soulignées afin de faire une image d’un esprit au bout de la déraison. Si c’est du Night Music, c’est du Night Music comme Carter, Night Fantasies.