Opéra-Comique - Pelléas et Mélisande (Debussy) 2014

Si c'est très beau, mais inhabituel. C'est du Debussy à l'os, en quelque sorte!

fgero a écrit:

JiCé a écrit:

(...) Et étonnante également par la sonorité de l'orchestre très atypique pour du Debussy: presque rauque ou crue par moment. Une belle direction qui ménage et varie les moments, mais toujours retenue. Ca se marie très bien avec l'austérité de la mise en scène.

ça donne pas très envie, mais bon  

C'est assez étrange, mais ce n'est pas moche (sauf la justesse relative des frotteurs et des souffleurs lors de la mort de Mélisande...). Le problème est plutôt, pour moi, du côté de la discrétion des cordes, qui crée un déséquilibre dans le spectre.

Dans les rares moments en nuances fortes, la franchise et la couleur du son sont impressionnantes. Très français, en fait.

En fait je me suis préparé à un truc comme ça : depuis que j'ai acheté le billet c'est abstinence totale d'écoute de Pelléas (extraits y compris), à commencer par versions des gros orchestres "internationaux".
Le choc thermique risquerait de limiter mon ouverture d'esprit demain soir   

Pour moi c'est totalement impossible de faire ça... j'ai encore découvert de nouvelles versions ces derniers jours.

Bonjour à Tous


J'ai acheté ce matin 123€ une 1ere Cat et malheureusement je viens d'apprendre 2 heures après que je ne pourrai pas venir à Paris ce weekend .

Si ça intéresse quelqu'un...

Salut FB !

@ Xavier :
Ah si, moi j'ai arrêté d'écouter la version Gui à cause de ça... je ne voulais pas arriver lassé pour la soirée.

D'ordinaire, je ne réécoute pas une œuvre, assez longtemps après le concert, mais là, avec les nouvelles versions que j'ai à écouter, je vais faire une exception, ça m'a plutôt mis en appétit !

Je fais ça aussi en général pour à peu près toutes les oeuvres... mais pour Pelléas non.

Là, 4 jours sans l'écouter avant la représentation, ça me suffit amplement pour ne pas être lassé.   

Xavier a écrit:

Je fais ça aussi en général pour à peu près toutes les oeuvres... mais pour Pelléas non.

Là, 4 jours sans l'écouter avant la représentation, ça me suffit amplement pour ne pas être lassé.   

Ah oui, là d'accord. D'ailleurs c'est ce que j'ai fait, je me suis arrêté quatre ou cinq jours avant.

Pelléas et Mélisande : 19/02/2014



Opéra-Comique, Paris


Pelléas : Phillip Addis
Mélisande : Karen Vourc'h
Golaud : Laurent Alvaro
Arkel : Jérôme Varnier
Geneviève : Sylvie Brunet-Grupposo
Yniold : Dima Bawab
Un médecin / Le berger : Luc Bertin-Hugault
Figurants : Agnès Aubé, Martine Demaret, Sophie Dumont, Franck Lacroix

Chœur Accentus
Orchestre des Champs-Élysées

Direction musicale : Louis Langrée
Mise en scène : Stéphane Braunschweig



Difficile pour moi de donner un avis intéressant sur cette production tant Pelléas m'est étranger. Un peu moins maintenant, mais quand même encore un peu...

Alors rapidement, je dois dire que j'ai trouvé la mise en scène très lisible, claire, avec pas mal de détails qui me semblent bien vus dans la direction d'acteurs qui bénéficie aussi de bons acteurs justement ! Les décors sont assez oppressants en intérieur et les changements d'éclairages nous donnent vraiment des ambiances très différentes. Les persiennes qui ferment les pièces du château sont vraiment bien vues et l'ouverture de la fenêtre est un vrai bol d'air frais ! En extérieure, la grande pierre plate donne du relief à la mise en scène, mais ne sert finalement pas à grand chose. C'est beau...
L'orchestre m'a vraiment paru chouette ! J'étais juste au dessus ou presque et j'ai vraiment profité de la musique en direct... un peu de souffle chez une flutiste (oui, je cherche la petite bête!!) mais sinon un beau son, rond mais pas lourd, des vents superbes...
Distribution qui me semble plutôt parfaite... Magnifique Varnier en Arkel : quelle présence magnétique de la voix... la sagesse se dégage de lui, la noblesse aussi et au fur et à mesure il prend corps pour s'affirmer alors que Golaud  s'effondre... Sylvie Brunet fait de courtes interventions, mais toujours ce superbe timbre et cette présence noble mais aimable. Bon petit Yniold aussi...
Et puis les trois principaux... Laurent Alvaro vampirise un peu la scène tant il a une présence impressionnante. Presque même trop tant on le voit souffrir par moment dans son corps en lien avec son personnage. Il est totalement halluciné. Vocalement, la voix est belle, ronde, sombre... capable d'être caverneuse ou légère... beaucoup de travail sur les couleurs. Impressionnant !
Phillipe Addis est peut-être moins varié dans son expression, mais le chant est jeune, beau... facile... et le personnage est vraiment celui d'un grand adolescent ! Un peu en retrait avant le troisième acte, il se dévoile finalement superbement pour donner corps à son personnage.
Enfin Karen Vourc'h en Mélisande.... je dois avouer un certain a priori sur la chanteuse, mais je dois m'incliner devant sa prestation. Scéniquement elle est tout : étrange, maternelle, amoureuse, femme-enfant ou mère... tout y passe avec beaucoup de naturel. La voix n'est peut-être pas la plus belle, c'est un peu rêche par moments, ou ça bouge... mais le personnage est vraiment construit et saisissant.

Après, mon ressenti... Je craignais le pire, mais finalement, tout est assez bien passé. Entendons-nous, je n'ai pas trouvé ça génial ou fascinant... loin de là. Mais j'ai découvert de très belles choses à l'orchestre : couleurs, lyrisme, détails... superbe ! Et puis globalement un très chouette troisième acte où enfin il se passe quelque chose, où les personnages ne sont pas uniformément dans cet espèce de parlando qui me lasse. Car sur la longueur, c'est ça qui m'empêche d'accrocher : ça finit par tourner en rond dans l'expression sans vrais emportements, toujours avec une espèce de distance glacée qui ne se dégèle que dans la passion des deux jeunes ou la folie de Golaud.
Alors donc pas convaincu, mais je peux comprendre qu'on s'y intéresse maintenant. Et j'ai presque pas souris en entendant le texte !!

Alors mon petit avis moins expérimenté dans l'opéra que vous : d'abord une distribution vraiment excellente.

Vourc'h est bien ma Mélisande intellectualisée par les années d'écoutes CD de l'oeuvre qui ont précédé cette découverte en spectacle vivant.
Elle est le personnage aussi bien physiquement (apparence et gestuelle) que vocalement. Le timbre de sa voix dans le médium est assez idéal pour ce rôle (en tout cas pour moi).

Alvaro/Golaud est excellent vocalement, avec toutefois quelques rares répliques un peu ratées (son "Je l'ai déjà tuée" est tombé alors que Arkel en était à "vous allez ..." ), là où Naouri vous prenait à la gorge par exemple.
Il m'a semblé un petit peu moins bon sur l'acte V, d'une manière générale, dommage.

Addis/Pelléas était en très phase avec son rôle, avec une agilité vocale variable et parfois surprenante (dans le bon sens).
J'ai juste une réserve sur le timbre qui m'a semblé manquer de richesse dans le médium, voire d'expressivité, et être un peu pincée parfois.
Mais c'est pinailler, et je ne suis pas expert, donc je me plante probablement.

Varnier/Arkel a bien tenu le rôle, même dans le V, une voix qui sied à Arkel à mon sens, et il ne jouait ni une épave ni un roi dans la force de l'âge, tout en restant souvent en décalage par rapport aux évènements, comme il se doit.

Sur la mise en scène, c'est bien jusqu'au IV, très sobre, ce qu'il me fallait. Cette sobriété marche sûrement parce que Mélisande à une sacrée présence, ainsi que les deux autres (dans une moindre mesure).

Par contre je suis déçu du V, je pense que cet acte (que j'aime au disque) ne passe pas chez moi la barrière de la représentation physique. Je préfère le conceptualiser, sans image, un peu comme s'il se passait dans un monde intermédiaire, plus vraiment sur terre.  

Un gars sur le quai du métro en revenant disait "j'aime pas, il manque des grands airs" en tentant d'argumenter son dépit, j'ai préféré m'éloigner  

fgero a écrit:

Un gars sur le quai du métro en revenant disait "j'aime pas, il manque des grands airs" en tentant d'argumenter son dépit, j'ai préféré m'éloigner  

Ouf! J'ai rien dit en sortant!

Sinon moi j'ai entendu un truc du genre "C'était pas optimal comme conditions... Avec de bonnes enceintes, c'est mieux!"

J'étais à la même, pas grand chose à ajouter.

J'adore le vibrato de Karen Vourc'h, si juvénile   !

Arkel, je le trouve excellent après l'entracte, avant je l'entendais pas trop.

La scène entre Golaud et Yniold est vraiment excellente, la fin m'a glacé le sang.

Au fil des écoutes, je découvre différents pics d'émotion. Hier soir j'ai versé ma petite larmichette sur le "- Je ne t’entends plus respirer... - C’est que je te regarde…"

Par contre ma voisine n'arrêtait pas de ricaner à chaque... délicatesse du texte, c'était un peu irritant, j'ai vécu à petite échelle ce qu'ont du vivre les gens à la création.

Sinon j'ai adoré.

Resigned a écrit:

Par contre ma voisine n'arrêtait pas de ricaner à chaque... délicatesse du texte, c'était un peu irritant, j'ai vécu à petite échelle ce qu'ont du vivre les gens à la création.

Sinon j'ai adoré.

Peut-être la même voisine que j'ai eu pour La Voix Humaine...

Dans mon commentaire, j'oubliais l'orchestre.
Je craignais le pire à la lecture des 1ers CRs mais en fait il convient assez bien à l'ambiance du lieu (plus intimiste que certaines autres salles).
Ça marche sur les scènes jouées, où les chanteurs arrivent assez bien à mêler leur voix avec les instruments, avec en plus un grain particulier.
Mais par contre il manque du "coffre" (de l'effectif) aux cordes sur les interludes (ô combien beaux) qui font aussi la spécificité de cet opéra. Car dans ces interludes, l'effectif ne nuit pas forcément, du moins si on l'utilise comme Abbado/Vienne (et surtout pas comme Karajan/Berlin, avis perso).
Globalement cet orchestre fut une expérience différente de ce qu'on entend d'habitude, et enrichissante à certains points de vue. L'équilibre général paraîssait parfois atypique. Les vents ressortaient avec grâce la plupart du temps.

Polyeucte a écrit:

fgero a écrit:

Un gars sur le quai du métro en revenant disait "j'aime pas, il manque des grands airs" en tentant d'argumenter son dépit, j'ai préféré m'éloigner  

Ouf! J'ai rien dit en sortant!

Sinon moi j'ai entendu un truc du genre "C'était pas optimal comme conditions... Avec de bonnes enceintes, c'est mieux!"

On se demande pourquoi ils perdent leur temps (et leur argent) à se déplacer.

Moi aussi j'ai eu droit à des voisines trouvant le texte "assez simpliste" et qui ricanaient de temps en temps.

Moi j'ai eu mieux : on entendait vrombir le papier à bonbon à dix rangs de moi pendant « il y a toujours un silence extraordinaire ».

qui va voir la version de Angers / Nantes en avril ?

Merci pour tous vos commentaires; espérons qu'ils vont profiter de cette reprise pour enfin publier le DVD de 2010, qui a déjà été diffusé plusieurs fois sur Mezzo et Arte.

Entre deux représentations de Pélléas et Mélisande, l'Orchestre des Champs Élysées a donné ce soir un concert de musique française (Debussy/Fauré/Chausson) au TAP de Poitiers. J'en dirai deux mots d'ici à quelques jours       

Intéressant, j'entendrai ce même programme mercredi prochain à l'Opéra-comique.   

Ca vaut vraiment le déplacement :

- Prélude à l'après midi d'un faune

- Pélléas et Mélisande suite pour orchestre

- Symphonie en Ré Majeur opus 20

Précisons que c'est le Pelléas de Fauré, et la symphonie de Chausson est en si bémol majeur.   

Xavier a écrit:

Précisons que c'est le Pelléas de Fauré, et la symphonie de Chausson est en si bémol majeur.   

  Au temps pour moi. Comme j'avais mis les noms des compositeurs dans le premier post ou je parlais du concert je n'avais pas reprécisé  

OYO TOHO a écrit:

qui va voir la version de Angers / Nantes en avril ?

Pas moi, mais je lirai les recension et écouterai les éventuelles captations, officielles ou officieuses, avec beaucoup d'intérêt.

DavidLeMarrec a écrit:

OYO TOHO a écrit:

qui va voir la version de Angers / Nantes en avril ?

Pas moi, mais je lirai les recension et écouterai les éventuelles captations, officielles ou officieuses, avec beaucoup d'intérêt.

Ce sera diffusé sur France-Musique!

D'Oustrac fait des miracles.   

elle a appris le français?  (miraculeux en effet!)

Hello
J'OFFRE 1 place ce soir, 20H......5ème rang

J'espère qu'un chanceux en profitera! (si j'avais su, je n'aurais pas acheté de place!)

Prends-la et revends/donne la tienne ! Tu ne veux pas être au 5ème rang ?

Il y avait des gens qui cherchaient des places mercredi soir devant le théâtre...

opera a écrit:

Prends-la et revends/donne la tienne ! Tu ne veux pas être au 5ème rang ?

Je voudrais bien laisser quelqu'un qui n'a pas de place en profiter.
Sinon, dans l'absolu, si personne ne la prend, oui je veux bien... (autrement j'ai un strapontin   )

Un strapontin dans les étages ou au parterre ?

Au 2è ou 3è balcon, je ne sais plus.

Xavier a écrit:

Je voudrais bien laisser quelqu'un qui n'a pas de place en profiter.
Sinon, dans l'absolu, si personne ne la prend, oui je veux bien... (autrement j'ai un strapontin   )

Strapontin! C'est grand luxe... moi j'avais mes jambes! C'est ça d'être pingre et de prendre un fond de baignoire... Mais l'avantage c'est que j'étais à 3 mètres des chanteurs et il y avait une proximité des acteurs et de l'orchestre assez formidable!

Polyeucte a écrit:

Strapontin! C'est grand luxe...

C'est ce que je me suis dit, oui, surtout que j'ai un genou douloureux quand il faut rester assis plus d'une heure!
Avec le strapontin au moins on est sûr d'avoir de la place pour les jambes en principe.   

Xavier a écrit:

C'est ce que je me suis dit, oui, surtout que j'ai un genou douloureux quand il faut rester assis plus d'une heure!
Avec le strapontin au moins on est sûr d'avoir de la place pour les jambes en principe.   

Sauf si tu es le dos à une colonne
Mais après, tu dois pouvoir demander aux ouvreurs si vraiment ta place c'est pas possible... ils sont quand même super arrangeants quand ils peuvent!

Mais les strapontins, mis à part que c'est super inconfortable pour les fesses, ça permet d'être super bien placé souvent!

C'est réglé, la place est partie!

Bon concert à tous

Quelle générosité.... il est sympa ce site !!   

Oui, c'est très généreux, et du coup je refile mon strapontin à un ami qui ne connaît pas encore l'oeuvre.   

Je ne sais pas par quoi je vais commencer... peut-être par dire que ce fut une de mes plus grandes soirées d'opéra, très nettement.
Principalement pour deux raisons:
1) Ah, c'est Pelléas!
2) 3è rang  

Après, je vais évidemment pouvoir pinailler sur l'orchestre et sur les chanteurs (quoique là, je n'aurais pas grand chose dire, tant on se rapproche d'un certain idéal), mais j'ai vraiment reçu l'oeuvre en pleine poire, acoustique parfaite pour les chanteurs et pour l'orchestre de là où j'étais.
En fait, j'ai vraiment l'impression d'avoir entendu Pelléas, point barre; une sorte d'absolu. Pourtant ce n'est qu'une (excellente) version parmi d'autres, mais j'ai été tellement happé par le spectacle que j'ai reçu Pelléas et Mélisande de Debussy avant tout. Et c'était génial, évidemment.  

Je vais commencer par ma principale réserve (la seule en fait): l'orchestre.
Ca a déjà été un peu dit, ça sonne très mince au niveau des cordes, très mince, mais je dirais même un peu aigre, et parfois c'était vraiment limite dans la justesse... bon il faut que de là où j'étais le son n'était pas très fondu et donc ça a dû amplifier cet effet.
Les cuivres étaient parfois trop puissants (la percussionniste qui était aux timbales se bouchait les oreilles assez fréquemment, elle a dû déguster), et parfois imprécis (couac de trompette notamment sur "il n'arrive peut-être pas d'événements inutiles", bon il faut reconnaître qu'on a ce couac presque une fois sur deux en live) mais les bois vraiment magnifiques; mention spéciale pour le 1er hautbois.
La direction de Langrée était parfois très nerveuse, il y a eu un moment ou deux où ça a créé de petits décalages, mais rien de grave.
Sinon, rien à y redire de particulier, c'est surtout l'orchestre qui m'a un peu gêné; bon sans plus, on s'y fait, et à certains moments c'était très très beau, cordes comprises. (notamment la scène de la grotte et celle des souterrains)
J'ai été attentif à certains passages qui ne sont pas toujours joués selon la même édition, ce sont des détails d'orchestration parfois (on voit les rajouts de Boulez sur sa partition dans le DVD de la mise en scène de Stein), c'est aussi la réplique "et le lit? Sont-ils près du lit?" qui a été donnée aussi, mais ce sont aussi des détails harmoniques, comme celui d'un accord de la scène des souterrains dont je parlais récemment dans le sujet général sur Pelléas.
Pour ceux qui ont suivi l'affaire (c'est un accord de cuivres joué plusieurs fois avant et après la réplique "le bras!"), eh bien Langrée a repris le la bécarre qui est écrit dans la partition Durand de la version piano de l'oeuvre (ce qui fait rentrer l'accord dans la gamme par tons), alors que d'habitude l'accord en question est joué avec un la bémol, ce qui en change grandement la couleur.

Pour le chant, je n'aurai à peu près que des louanges.
J'ai beaucoup aimé la Geneviève de Sylvie Brunet, idem pour l'Yniold dont j'ai oublié le nom, vraiment idéale à mon sens.
Varnier, très bon Arkel, clair, pas le vieillard à voix pâteuse qu'on a parfois; ceci dit, il ne m'a pas bouleversé plus que cela.
Pour les trois principaux, c'était à mon sens le top.
Alvaro, vraiment superbe, hyper engagé, bon acteur, vocalement impressionnant, diction très claire, personnage très bien incarné, très tourmenté.
Addis, toujours ce Pelléas très clair et juvénile; au début on se dit que c'est quand même une petite voix, mais finalement il est assez idéal et reste bien audible dans le grave la plupart du temps. Et puis physiquement, il a toujours l'air d'avoir 17 ans.
Vourc'h, idem, je connaissais déjà sa Mélisande fraîche et naïve, diction très claire, j'aime toujours autant, même si le vibrato est toujours un peu large et systématique sur les valeurs longues. Excepté ce détail technique (et même en le prenant en compte d'ailleurs), ça pourrait être ma Mélisande préférée.
On a quand même eu la chance d'avoir là 6 chanteurs en adéquation totale avec leur rôle, aussi bien sur le plan vocal que sur le plan scénique.

La mise en scène ne donne pas beaucoup à discuter, elle est simple et sobre, je pense qu'elle a un grand mérite, c'est vraiment de nous faire rentrer dans l'oeuvre sans la parasiter avec une vision trop personnelle ou avec des parti-pris trop forts, c'est une mise en scène qui ne gênera personne je pense, mais attention, pas fade pour autant. Et surtout elle a été servie par de très bons chanteurs-acteurs.

Encore merci fb pour ce cadeau, vraiment un superbe moment d'opéra pour moi ce soir, et l'ami qui a récupéré mon strapontin en a bien profité aussi, car il était très bien placé, de face, c'était sa première fois à l'opéra, et même la première fois qu'il écoutait un opéra en entier!
Eh bien malgré la complexité et l'accessibilité assez relative de l'oeuvre, il a été assez conquis et a déjà perçu beaucoup de la richesse de l'oeuvre et du livret.  

Je n'avais jamais été placé aussi près pour un opéra avec mise en scène, et il faut dire que ce n'est pas rien; je me suis senti tellement privilégié que je me suis même pour la première fois offert le programme proposé par la salle, qui semble donner quelques articles intéressants.

J'allais oublié de mentionner un incident assez inattendu et qui aurait pu casser la magie: fin du 1er interlude, le mi tenu des flûtes et... plus rien.  
On a pu croire que Sylvie Brunet avait fait un malaise, ou autre chose...
En fait il y a eu un problème technique avec le décor qui ne pouvait pas s'ouvrir, et c'est vrai qu'au moment d'arriver à la réplique de Geneviève j'étais tellement pris par la musique que je n'ai réalisé que très tardivement que le faux rideau de la 1ère scène était toujours là et que Geneviève n'allait quand même pas chanter derrière!
Ils ont tout arrêté pendant 2 minutes environ, qui ont paru une éternité, finalement le décor s'est ouvert sous les applaudissements, et la musique a repris quelques mesures avant "Voici ce qu'il écrit..."
30 secondes après j'avais tout oublié de cet incident et j'étais à nouveau à 100% dans le spectacle.

Ce que tu dis sur l'orchestre ne m'étonne pas vraiment; l'OCE est nettement meilleur dans la musique instrumentale et dans l'oratorio (j'ai souvenance d'un très beau requiem de Fauré en début de saison notamment).

Xavier a écrit:

Je n'avais jamais été placé aussi près pour un opéra avec mise en scène, et il faut dire que ce n'est pas rien; je me suis senti tellement privilégié que je me suis même pour la première fois offert le programme proposé par la salle, qui semble donner quelques articles intéressants.

Je suis pour ma part heureux de l'avoir offerte à quelqu'un qui a autant su l'apprécier...et qui aura à son tour permis à un autre qui ne serait sans doute jamais venu d'en profiter . Merci pour ce beau compte rendu

Effectivement il ne se serait pas pris uns place autrement... de mon côté j'avais une petite crainte qu'il n'apprécie pas (quand on sait que même des mélomanes chevronnés ont du mal avec cette oeuvre), mais c'est bien le contraire qui s'est produit!

Sais-tu si une des soirées aura été enregistrée et sera diffusée (Radio au moins)?

fb a écrit:

Sais-tu si une des soirées aura été enregistrée et sera diffusée (Radio au moins)?

Mercredi soir, il y avait des micros dans la fosse...

Je viens de m'inscrire sur ce forum et je vous remercie pour vos commentaires : j'ai réussi à avoir des places pour la représentation de dimanche après-midi et j'ai vraiment été comblée. Tout a été dit sur la très belle interprétation de ce chef d'oeuvre, l'orchestre a restitué avec bonheur l'atmosphère mystérieuse de la partition et les chanteurs étaient parfaits chacun dans leur rôle.

Une petite déception néanmoins concernant certains aspects de la mise en scène. Bien sûr rien de choquant mais pourtant certains passages étaient vraiment décalés par rapport au texte : la scène de la tour évidemment, du fait de la taille de celle-ci (pourquoi ne se sont-il pas servi du grand phare de la scène avec Yniold ?). Certaines phrases perdent tout de même de leur sens : les cheveux le long de la tour bien sûr, mais aussi la distance "mes lèvres ne peuvent pas atteindre ta main", Pelleas et Mélisande se trouvent enlacés alors que dans l'acte IV ils restent distants contrairement au texte qui les décrit enlacés et s'embrassant.
Comble de surprise, c'est Golaud qui les attrape par la tête et les fait s'embrasser avant de tuer Pelléas. Du coup le scénario devient manichéen avec un Golaud colérique et responsable du drame, comme si le metteur en scène prenait aux mots ses scrupules et ses remords "j'ai tué sans raison (...) ils s'étaient embrassés comme des petits enfants".
C'est tout de même autrement plus complexe : Mélisande avoue à Pelléas qu'elle ne ment qu'à son frère. Elle le pousse à venir à un dernier rendez-vous, ne l'avertit pas de la colère de Golaud et semble attendre sciemment que les portes se ferment : "tu ne songes pas à moi en ce moment" "tu regardes ailleurs" tu es distraite, qu'as-tu donc ?"... Il y a une part d'ombre dans le personnage de Mélisande.

Vous me direz que ce n'est pas l'essentiel. C'est vrai, mais si l'on va à l'Opéra, c'est pour un tout : musique, texte et décor. J'ai le souvenir d'une représentation de l'oeuvre au Chatelet sous la direction de Boulez, avec une mise en scène plus conforme... ça ne gâchait rien !

La petite trappe aussi, figurant le gouffre, il faut de l'imagination... On dirait une trappe d'entrée pour une cave, à l'arrière du comptoir dans les cafés des films sous l'occupation...

En revanche, les scènes de jalousie avec Golaud sont très prenantes (celle avec Yniold et la terrible scène en présence d'Arkel, pauvre vieux sage "à côté de la plaque" tout au long de la pièce...). Ne trouvez-vous pas que le personnage de Golaud pourrait être considéré comme le personnage principal ?

J'ai vu un livre de Michel Bosc : "Symbolisme et dramaturgie de Maeterlinck dans Pelleas et Mélisande". Auriez-vous un avis sur cet ouvrage ? Apporte-t-il des éléments de compréhension intéressants ?

Autre question un peu hors-sujet : j'ai vu au programme de l'Opéra comique "l'histoire du soldat" (Stravisnsky-Ramuz). En savez-vous un peu plus sur la mise en scène et l'interprétation ?

Syrinx a écrit:

Une petite déception néanmoins concernant certains aspects de la mise en scène. Bien sûr rien de choquant mais pourtant certains passages étaient vraiment décalés par rapport au texte : la scène de la tour évidemment, du fait de la taille de celle-ci (pourquoi ne se sont-il pas servi du grand phare de la scène avec Yniold ?). Certaines phrases perdent tout de même de leur sens : les cheveux le long de la tour bien sûr, mais aussi la distance "mes lèvres ne peuvent pas atteindre ta main", Pelleas et Mélisande se trouvent enlacés alors que dans l'acte IV ils restent distants contrairement au texte qui les décrit enlacés et s'embrassant.

Il ne faut pas attendre que du 1er degré: dans la scène de la tour, c'est montré comme un jeu entre eux, tout simplement.
Comme si c'était "et si on disait que tu étais en haut d'une tour et que tes cheveux descendaient jusqu'à moi"...
Tu imagines bien que le metteur en scène a fait ça volontairement, pas pour faire du non-sens ridicule!   

Citation :

C'est tout de même autrement plus complexe : Mélisande avoue à Pelléas qu'elle ne ment qu'à son frère. Elle le pousse à venir à un dernier rendez-vous

Ah non: c'est lui qui lui propose et insiste pour ce rendez-vous!

Citation :

Vous me direz que ce n'est pas l'essentiel. C'est vrai, mais si l'on va à l'Opéra, c'est pour un tout : musique, texte et décor. J'ai le souvenir d'une représentation de l'oeuvre au Chatelet sous la direction de Boulez, avec une  mise en scène plus conforme... ça ne gâchait rien !  
La petite trappe aussi, figurant le gouffre, il faut de l'imagination... On dirait une trappe d'entrée pour une cave, à l'arrière du comptoir dans les cafés des films sous l'occupation...

Oui, tu attends une mise en scène plus littérale avec respect des didascalies... il faut que tu voies le DVD Boulez/Stein qui est très bien dans ce genre.
Sinon, l'oeuvre appelle très naturellement des interprétations différentes, des choses qui vont au-delà du premier degré, elle est vraiment faite pour ça.

Bravo Xavier pour ton compte-rendu plein d'enthousiasme, le genre de message qui donne envie d'écouter de la musique.