TCE - Mahler 6 - Nézet-Séguin - 19/09/14

Epoustouflante 6ème de Mahler vendredi dernier (19 septembre 2014) au Théâtre des Champs Elysées par l'Orchestre de Rotterdam et son talentueux et bouillant chef québécois Yannick Nézet-Séguin. La génération montante des maestros avec Gustavo Dudamel et Daniel Harding.
Un public conquis (qui lui, contrairement à celui de l'Opéra Bastille n'applaudit par n'importe quand pendant un concert - la plaie à Bastille!).
Bravo à cet orchestre de Rotterdam et son jeune chef. Un grand moment d'émotion.

Bruno75 a écrit:

Un public conquis (qui lui, contrairement à celui de l'Opéra Bastille n'applaudit par n'importe quand pendant un concert - la plaie à Bastille!).

Dans le même temps, c'est aussi la preuve d'un public plus novice, et donc d'une plus grande ouverture sur « l'extérieur » pour Bastille.

(Pour les opéras en revanche, c'est surtout la glottophilie à l'italienne qui s'exprime, et pas de la part des novices. )

Concert pourtant assez moyen, très inégal pour le meilleur et pour le pire. Avec un premier mouvement en dent de scie, au résultat final assez plat.

Rien d'éliminatoire, et l'on passe une bonne soirée.

Même impression pour un concert de reprise. Je passe sur ce que je me rappelle être un énorme pain (de trompette ?) introductif. Deux points récurrents avec cette combinaison : cordes un peu faibles et direction par relances.

Enfin, le concert apporte quand même un plus et me permet de découvrir certains détails de la partition

Le compte-rendu élogieux d'Altamusica :

http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=5515&DossierRef=5065

Pour ma part, je partage les réactions de Siegmund et mr.hutz : j'ai passé une bonne soirée, certes, et comment pourrait-il en être autrement avec la 6ème symphonie de Mahler ? Mais alors que le premier mouvement m'avait tenu en haleine du début à la fin - malgré un "pain" de trompette assez peu discret en effet ! - j'ai un peu "perdu le fil" dans le deuxième mouvement (trop lent ?), repris l'écoute dans le magnifique troisième et ai suivi le dernier mouvement avec beaucoup de curiosité (notamment le maillet monstrueux) ; mais ce ne fut pas le concert du siècle. J'avais été autrement plus impressionné par la même 6ème donnée à Pleyel, par l'Orchestre de Paris et Ch. Eschenbach, il y a plusieurs années (la première fois que je l'entendais au concert il est vrai). S'il fallait chercher là où le bas blesse, et au risque de faire dans les poncifs, je dirais que cela manquait d'une certaine structure : on peut sûrement mener le quatrième mouvement, et le deuxième, avec une vision plus directe, et par conséquent plus dramatique ; il me semblait au contraire que Y. Nézet-Seguin envisageait parfois chaque séquence selon sa logique propre, en soi très convaincante, mais sans relier les bouts entre eux... Il pouvait même en résulter par endroit une baisse de tension, lorsqu'un épanchement lyrique succédait sans transition aux rythmes angoisés, alors que c'est la conjonction brutale de ces contraires qui devrait justement créer la tension... En somme, absence de vision ? Ah, mais c'est justement d'une "inspiration visionnaire" que se réjouit Altamusica

Doktor Faustus a écrit:

S'il fallait chercher là où le bas blesse, et au risque de faire dans les poncifs, je dirais que cela manquait d'une certaine structure : on peut sûrement mener le quatrième mouvement, et le deuxième, avec une vision plus directe, et par conséquent plus dramatique ; il me semblait au contraire que Y. Nézet-Seguin envisageait parfois chaque séquence selon sa logique propre, en soi très convaincante, mais sans relier les bouts entre eux...

C'est une vraie difficulté dans Mahler, avec ses juxtapositions de thèmes, et toutes ces ruptures de tempo explicites, il faut faire un choix entre l'unité et la disparité. D'ailleurs il existe d'excellentes versions qui privilégient la séquentialité plutôt que la grande poussée d'ensemble. Très sensible dans la Troisième, où la continuité de Rögner ou Chailly s'oppose aux sections très autonomes de Litton ou Abbado-Lucerne… que des grandes versions au demeurant.