Mahler – Das Lied von der Erde – Vienne, Kaufmann

Tout le landernau glottophile en bruisse : Jonas Kaufmann chante la partie de ténor et la partie de baryton (plutôt que la partie d'alto, tout de même à l'octave supérieure) dans le Chant de la Terre.

C'est avec le Philharmonique de Vienne, où ça a déjà été donné cette semaine. Jonathan Nott remplace Daniele Gatti.

Avec Coriolan et Tod und Verklärung en première partie, pas exactement du programme léger !

Comme je suppose que certains doivent être tout à fait aux abois (tout a été vendu dans la première demi-heure de l'ouverture des ventes…), je signale que j'ai une place en trop pas trop chère :
http://www.zepass.com/688394a-place-concert-jonas-kaufmann-le-chant-de-la-terre-theatre-des-champs-elysees.html

Je sais bien que Kaufmann a une voix de ténor barytonnant mais cela me parait excessif. Serait il superman pour chanter la totalité d'une partition écrite pour deux chanteurs?

Au niveau de la durée, ça fait une heure de chant, ça n'a rien d'extraordinaire, quand on chante Wagner depuis si longtemps, on est habitué à avoir l'endurance pour ça.
Ensuite, les parties baryton sont assez centrales, avec une pointe grave au la, soit un demi-ton plus bas que Waldemar qui est un rôle de ténor, alors je ne vois pas le problème...
Je ne dis pas que n'importe quel ténor peut le faire, mais pour un ténor de ce genre, ça me paraît tout à fait faisable.

Merci pour l'explication

On n'a pas eu de retours, finalement.

Pas tout à fait d'accord avec Xavier : c'est chanter longuement avec un centre de gravité qui n'est pas le sien (et avec dans l'oreille, chose non négligeable, des exemples de voix graves exclusivement), et c'est tout sauf anodin. Pareil pour l'endurance : d'ordinaire, dans un récital avec orchestre, c'est un seul cycle de lieder (vingt minutes, en général), ou bien ce sont des airs courts entrecoupés d'ouvertures… Là, il est tout le temps sur scène, et les prises de parole sont très rapprochées – en plus, ce n'est ni vraiment du lied (où l'on peut alléger) ni vraiment de l'opéra (où l'on peut chanter de façon très libérée), il faut à la fois passer l'orchestre, assurer la tessiture et assurer des nuances fines…

Quand on voit ces chanteurs qui viennent aligner sept airs de quatre minutes dans un récital (et ils sont assez nombreux), ce n'est vraiment pas de même nature !

Du 2e balcon 3/4 Kaufmann souvent couvert dans 1 et 3, ajustement pas top de Nott à mon avis. Tres peu audible dans les parties bariton, comme on pouvait s'y attendre, sauf Abschied où la partie vocale est tres découverte et plus tendue. Tentative interessante mais pas enthousiasmante, qui fonctionnera sans doute mieux au disque. Aigus superlatifs, mais il y a un texte, meme chez Mahler (que ceux qui en doutent écoutent Julius Patzak...), il ne chante pas "Ouuu ouuu ouuu", et les 3/4 des mots étaient inaudibles pour moi. De l'exacte meme zone j'ai entendu 5 ou 6 operas de Strauss + Wagner en entendant tres bien les chanteurs, le résultat de plus de répétitions et réglages sans doute. Orchestre superlatif, 1ere partie non-vocale magnifique. Quel plaisir d'entendre cet orchestre jouer Strauss, avec une palette de couleurs aux cuivres vraiment spéciale et leurs cordes tellement magnifiques. Bon ,je préfère le hautbois au fagott, plus sec, mais bon c'est la sonorité que Strauss fréquentait...

Ouais, enfin, petit bras, quand même: il a encore besoin d'un chef. Moi, je me déplacerai le jour où il chantera toutes les parties et dirigera l'orchestre - ou encore mieux: lorsqu'il s'accompagnera lui-même dans la réduction pour piano. (Ce n'est pas Hampson qui avait fait un enregistrement du Knaben Wunderhorn où il était à la fois le seul chanteur et le chef d'orchestre?)

Plus sérieusement, ce qui me fait un peu peur, c'est la gestion stylistique des deux parties: ou bien chanter tout de la même façon (et sur la durée, ça risque d'être un peu monochrome et ennuyeux, surtout que la variété des couleurs vocales et de l'expression n'est pas l'atout le plus saillant de Kaufmann); ou bien au contraire, essayer de différencier les parties de ténor et de contralto/baryton, et là ça pourrait facilement tomber dans quelque chose d'assez artificiellement maniéré. (Enfin, cette crainte tient peut-être simplement au fait que j'aime bien les versions qui fonctionnent selon une dichotomie ténor-expressionniste-heurté / contralto-lyrique-enveloppant - comme Patzak/Ferrier, Haefliger/Merriman, Vickers/Norman...)

Benedictus a écrit:

Ouais, enfin, petit bras, quand même: il a encore besoin d'un chef. Moi, je me déplacerai le jour où il chantera toutes les parties et dirigera l'orchestre - ou encore mieux: lorsqu'il s'accompagnera lui-même dans la réduction pour piano. (Ce n'est pas Hampson qui avait fait un enregistrement du Knaben Wunderhorn où il était à la fois le seul chanteur et le chef d'orchestre?)

Il faudrait meme qu'il joue tous les instruments! (Comme Frank Zappa dans certains de ses disques... au disque, pas au concert, hein)