Philharmonie - Ravel - Poulenc - Debussy - 23/11/2018

Philharmonie de Paris - 23/11/2018 :

Programme

Maurice Ravel
La Valse (Version pour deux pianos)

Francis Poulenc
Concerto pour deux pianos en ré mineur

Claude Debussy
Rhapsodie pour saxophone

Maurice Ravel
Daphnis et Chloé / Suite n° 2

Distribution
Orchestre Philharmonique de Radio France
Mikko Franck, direction
Khatia Buniatishvili, piano
Gvantsa Buniatishvili, piano
Claude Delangle, saxophone


Globalement déçu par ce concert dont j'attendais beaucoup.

Une Valse bien mollassonne, avec une Khatia Buniatishvili qui se transforme en sa propre caricature : des traits ultra-rapides avec la moitié des notes à côté, accolés à des ralentissements excessifs qui ressembleraient presque à des arrêts. Je n'ai pas été du tout emporté, alors que c'est l'un de mes morceaux préférés. Sa sœur Gvantsa ne m'a pas semblé dégager un charisme quelconque ou démontrer un jeu particulier. Ca manquait de presque tout ce qui peut faire une Valse enlevée, déchirée et vibrante…

Le concerto de Poulenc, raté à mon sens pour les mêmes raisons. Des tempi bien trop lents dans certains passages, ce qui transforme l'œuvre en une succession de traits violents et rapides sans lien avec des passages lents et ennuyeux. J'aime beaucoup ce concerto, vu une quantité astronomique de fois notamment par les sœurs Labèque (c'est quand même vraiment autre chose), ou bien d'autres. Mikko Franck avait beau essayer de reprendre la main, il ne s'est dégagé que quelques beaux passages notamment dans le dernier mouvement, mais bien décevant.

Un rappel sympathique, non identifié, mais filmé par un parterre de fans…

Aucun souvenir de la Rhapsodie de Debussy : la partition est bien pauvre à mon goût, et c'est même écrit à demi-mots dans le programme (Debussy a mis plusieurs années à produire cette commande, inachevée à sa mort, et terminée par un autre).

Daphnis & Chloé : beaucoup plus intéressant. Mikko Franck a vraiment su rendre le Lever du jour, bien progressif, presque sensuel. Le dernier mouvement claquait parfaitement, beaucoup plus réussi que par l'ONT et Tugan Sokhiev dans la même salle en juin dernier, avec un moindre volume sonore pourtant, comme quoi…

Je vais mettre également un petit mot dans le sujet sur les applaudissements intempestifs, qui dérive sur les bruits dérangeants, mais hier, c'était vraiment un festival : des toux à n'en plus finir, avec notamment un pulmonaire qui a pris un grand plaisir à gâcher le concerto, un larsen venant du sonotone de la mamie de devant, la même mamie qui ronflait en s'endormant à la troisième mesure du premier morceau, un couple qui a passé la soirée à se bisouiller et se chatouiller, des enfants qui parlent, soupirent et font du bruit, des retardataires après l'entracte tellement bruyants que Mikko Franck a dû s'interrompre… Une soirée vraiment incroyable d'impolitesse !

Désolé, je ne peux pas réagir sur le concert, je n'y étais pas (et je n'ai pas entendu assez Buniatishvili pour avoir un avis sur ses excès : j'aime assez ce que j'ai entendu, mais comme elle ne joue que des tubes, où j'ai donc déjà mes chouchous, ce n'est pas si souvent). Mais la Valse et Daphnis, c'est beau. Voilà.

Sur le sujet des voisins, hier n'était pas le jour : j'étais au théâtre (Braunschweig à l'Odéon). Un couple de jeunes (pas majeurs, ou à peine) se font replacer (sur des places à 50€), se plaignent qu'on ne voit pas bien (de fait, il manque 15% de la scène sur le côté, on n'est pas au complexe cinéma du coin, c'est sûr), demandent s'ils ne peuvent pas aller là ou là, soupirent, etc. Ils s'installent à côté de moi (qui m'étais replacé aussi, sans casser les pieds à personne, le spectacle étant annoncé plein et, comme souvent à l'Odéon, en réalité au 1/4 vide). Au bout d'une heure tout de même, je demande à la jeune fille si elle ne peut pas arrêter de fouiller dans l'aluminium qui contient ses graines de tournesol (qu'elle ouvre bruyamment, sans parler de l'agitation, sans cesse en train de les mettre et les retirer de sa bouche). Elle me regarde avec un air outré assez impressionnant, comme si je venais de lui passer la main entre les cuisses.

J'ai été tranquille vingt minutes (elle a continué, mais plus discrètement). Et après, le portable. Là aussi, j'ai essayé de changer d'angle, de ne pas en rajouter. Je finis, un quart d'heure avant la fin, par lui dire que c'est presque fini, et sortent de sa bouche des mots que ma bonne éducation, à moi, m'interdisent de retranscrire ici.

J'étais un peu abasourdi : j'avais déjà vu des vieillards sans-gêne, et il est toujours délicat de reprendre ses aînés, mais aussi jeunes et aussi sûrs de leur bon droit à gêner tout le monde (des annonces avaient été faites pour la prise de photos, les portables, donc ce n'était pas qu'ils n'avaient pas conscience de la chose…), ça m'a franchement impressionné.

Ben moi j'ai passé un super moment...
Moins sur la Valse, mais par contre, le Concerto, quelle découverte géniale!

Très bon moment...

Polyeucte a écrit:

Ben moi j'ai passé un super moment...
Moins sur la Valse, mais par contre, le Concerto, quelle découverte géniale!

Très bon moment...

Tu ne connaissais pas l'œuvre ? Dans cette hypothèse, je te conseille de l'écouter par les sœurs Labèque, il y a plusieurs versions (j'aime moins celle du concert à Vienne, ou celle avec Rattle, mais toutes les autres sont formidables, notamment celle enregistrée en studio en 1989 avec Boston), mais également par le duo Thorson et Thurber.

Les deux versions Prêtre (Poulenc / Février / Conservatoire et Tacchino / Ringeissen / Monte-Carlo) sont très bien aussi.

Rocktambule a écrit:

Une Valse bien mollassonne, avec une Khatia Buniatishvili qui se transforme en sa propre caricature : des traits ultra-rapides avec la moitié des notes à côté, accolés à des ralentissements excessifs qui ressembleraient presque à des arrêts. Je n'ai pas été du tout emporté, alors que c'est l'un de mes morceaux préférés. Sa sœur Gvantsa ne m'a pas semblé dégager un charisme quelconque ou démontrer un jeu particulier. Ca manquait de presque tout ce qui peut faire une Valse enlevée, déchirée et vibrante…

C'était exactement la même chose la dernière fois qu'elles l'ont jouée, dans un concert avec Argerich, à la Philharmonie déjà.
classik.forumactif.com/t8290-philharmonie-martha-friends-17-10-16

Je m'attendais au pire avec les deux sœurs leur réputation les ayant précédée.

En fait j'ai trouvé ce concert assez rock and roll et au final je me suis laissé emporter par la bonne ambiance qu'elles savent mettre. Elles sont toutes les deux très souriante et visiblement heureuse de jouer à la Philharmonie et ça change de bien des concerts ou le soliste ne sourit pas, salut à peine, etc...

Côté interprétation il faut distinguer la performance stylistique de l'engagement et de l'intensité. En gros je me suis rappelé que la Valse était à l'origine écrite pour le piano et qu'il fallait écouter la performance avec une oreille neuve sans se remémorer ses souvenirs de concert symphonique. J'étais au parterre côté Katia et rien ne m'a choqué à quelques exceptions près.

Sur Poulenc et Debussy je manque de repère et globalement j'étais plutôt content du programme assez idiomatique.

L'apogée du concert fut Daphnis et Chloé bien sur très élégant et Ravélien.

Je voudrais revenir sur l'ambiance générale que l'on peut bien sur déplorer toutefois je pense que c'est le prix à payer pour remplir à 95% une salle de concert de 2000 places dédiée à la musique classique. Un spectacle vivant ce n'est pas uniquement des musiciens qui jouent mais aussi un ensemble d'interactions imprévisibles des échanges positifs et négatifs en matière d'écoute et une circulation avec des personnes plus ou moins motivée, alerte ou passive et au niveau d'information non égal.