Sonate pour piano n°5 op. 53, d’Alexandre Scriabine, par Lorenzo Soulès (10’)
Sonate pour piano n°6 op. 62, d’Alexandre Scriabine, par Lorenzo Soulès (15′)
Perspectivae Sintagma I, de Brice Pauset, par Momo Kodama (19’)
Sonate pour piano n°7 « Messe blanche » op. 64, d’Alexandre Scriabine, par Momo Kodama (12’)
Un mot sur la salle tout d'abord: de taille moyenne, très bien pour écouter du piano, tout le monde est bien de face. Les sièges sont en fait des strapontins en rangée, pas hyper confortable mais il y a pire, petit souci, si quelqu'un bouge un peu trop, ça fait bouger toute la rangée.
Sinon j'ai découvert un tout nouveau type de spectateur, vraiment inédit celui-là: le spectateur-dessinateur qui se croit aux Beaux-Arts et dessine le pianiste pendant tout le concert, non-stop, sur son programme. Au premier rang à quelques mètres de l'interprète, si si…
Le souci c'est que mine de rien, ça fait du bruit, donc j'ai dû lui demander d'arrêter…
Je passerai vite sur la pièce de Pauset qui m'a semblé absolument interminable, c'est d'une difficulté redoutable pour l'interprète, mais aussi pour l'auditeur, difficile de savoir où ça va…
Et Scriabine, bah c'est dur…
Les deux interprètes qui se sont succédés ont renoncé à faire un Scriabine propre sur lui et bien en place, ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi, mais les fausses notes se comptaient par douzaines, et Lorenzo Soulès surtout s'est carrément retrouvé en hors-piste une fois dans chaque sonate. (comme perdu dans la partition, réussissant à se raccrocher in extremis à chaque fois)
Pourtant, chez l'un comme chez l'autre, on sent une vraie compréhension de cet univers, et finalement on se dit qu'ils pourraient faire de bons disques Scriabine en studio, il y a même eu beaucoup de très très beaux moments, mais chez Soulès surtout on sentait finalement une grande fébrilité, la maîtrise de ces œuvres n'est pas encore totale, il aurait peut-être gagné à faire quelque chose de plus raisonnable et plus en place, là, trop de manques, vraiment…
Du beau piano pourtant dans les deux cas, il y avait par moments du beau Scriabine à y entendre, par intermittences.
Mais vraiment bien jouer ça en live, c'est très difficile, ça se voit assez rarement en fait, je me rappelle d'autant mieux ce qu'a fait Yuja Wang récemment dans la 10è sonate (très propre pour le coup, mais pas seulement!), idem pour Favorin d'ailleurs, également dans la 10è.
Chez Kodama tout de même un souci de construction, il y a quelque chose qui n'a pas pris dans toute la fin, qui n'a pas été un élan inexorable vers quelque chose de paroxystique, mais qui s'est plutôt alanguie au moment où il ne fallait surtout pas.