Zhu Jian-er est né dans la province d'Anhui le 18 octobre 1922. Il est l'un des compositeurs les plus reconnus en Chine aujourd'hui ; ayant écrit des œuvres dans tous les genres, de style oriental et occidental. Il a commencé à étudier la musique lorsqu'il était encore écolier, puis est devenu un auteur-compositeur populaire pendant la guerre sino-japonaise.
L'éveil de
Mao en 1949 lui a permis de franchir une étape importante dans la création musicale ; d'abord dans la musique de film, puis en lui accordant des bourses pour étudier à l'étranger (en URSS) à la fin des années 50. Il est retourné en Chine au début des années 60, a travaillé avec l'opéra de Shanghaï et le
Shanghai Film Studio en toute liberté jusqu'en 1966, année de la
Révolution Culturelle.
Cet événement, que
Mao Zedong a initialement initié comme une révolution idéologique contre les vestiges du capitalisme et de l'occidentalisation en Chine, est devenu un véritable 《auto-coup》 d'État aux proportions titanesques, purgeant le régime de ses éléments les plus
«bourgeois», modérés et donc indésirables : de jeunes urbains, pour la plupart des personnes très instruites, ont été transférés de force dans les champs afin d'éviter toute forme d'insurrection intellectuelle. Les arts ont été incroyablement censurés, toute trace de 《grippe occidentale》 effacée. Quant au sort réservé aux textes étrangers, l'autodafé était légion (l'interdiction également pour les plus chanceux). Des morts, bien sûr, sont à déplorer : entre 2 et 5 millions de personnes ont succombé entre 1966 et 1976 (la mort du Camarade
Mao). À cette époque-là,
Zhu a été interdit de composer dans le style occidental et a changé temporairement de registre pour embrasser la coutume nationale. Œuvre emblématique de cette période troublante, les
Poèmes Héroïques sont un ensemble de pièces composées pour un orchestre et chœur chinois traditionnel avant d'être retranscrites pour l'orchestre classique occidental en 1993.
À la réouverture de la Chine à l'Occident, notamment grâce à la 《grippe américaine》,
Zhu a étudié plus intensément les techniques dodécaphonique et d'avant-garde. L'une de ses premières œuvres synthétisant les influences modernistes avec son langage personnel est sa
Symphonie N° 1 de 1986, composée pour un grand orchestre comprenant une vaste section de percussions ; elle est de taille et de portée épique. Elle médite sur la tragédie de la
Révolution Culturelle, les aspirations et les souffrances de son peuple, des intellectuels, des artistes et sert de témoignage sonore pour définir l'absurdité et les limites de la lutte, floue et incertaine, du bien contre le mal ou, plus précisément, du vrai contre le faux. Les mouvements sont nommés par des points d'exclamation, d'interrogation, voir carrément de suspension (!) - plus adaptés selon le compositeur - plutôt que par des tempi ou des titres programmatiques. L'œuvre a remportée le Premier Prix lors d'un concours musical à Shanghaï.
Niveau discographie, il y a des enregistrements intéressants (1e, 4e et 5e symphonies couplées avec des œuvres orchestrales, sans oublier les
Poèmes Héroïques !) sortis chez
Marco Polo (Orchestre Philharmonique de Shanghaï sous la direction de
Cao Peng).
Autrement, il existe un intégral de ses dix symphonies (avec deux double-albums de musique orchestrale) paru dans les années 2000 chez un label obscur local (Orchestre Symphonique de Shanghaï sous la direction de
Xieyang Chen et de
Yijun Huang).
L'essentiel de ces enregistrements se trouvent très facilement sur
youtube : /watch?v=bpRynSSA7hA&list=PL4kq0eCRNa5VMXNXNoowSpwKNHL_yhApR