Mäkelä Philhar RF 6/3/2020

Je sors du concert Mäkelä stupéfait de la maturité de ce chef de 24 ans
Sa première de SIBELIUS était juste incroyable
Qu'attend l'orchestre de Paris pour recruter ce génie ?

Zarmosas a écrit:

Qu'attend l'orchestre de Paris pour recruter ce génie ?

Pas grand-chose peut-être : il a assisté au concert de Saraste mercredi soir, assis bien au chaud entre Laurent Bayle et le directeur artistique de l'OP. Position de la tenaille.

Intéressant merci de l’info...ce serait donc plus qu’une piste Il revient à l’ODP en décembre
pour Mahler2 ce qui lui permettra de tester le choeur maison ....

Zarmosas a écrit:

Je sors du concert Mäkelä stupéfait de la maturité de ce chef de 24 ans
Sa première de SIBELIUS était juste incroyable
Qu'attend l'orchestre de Paris pour recruter ce génie ?

Il vient de commencer avec le Oslo Phil donc je ne pense pas que cela soit si facile que cela.

Ils cumulent tous ...

J'étais à ce concert également, je ferai mon commentaire plus tard. La symphonie n°1 de Sibelius était en effet exceptionnelle ! Par contre, le reste du programme beaucoup moins ! C'était d'ailleurs le cas lors du précédent concert de ce chef (à la Philharmonie), la symphonie n°5 de Chostakovitch était incroyable, mais le reste franchement bof… Je dirais qu'il a énormément de potentiel, et qu'on peut en attendre beaucoup, mais il manque un tout petit rien.

Quand on lit le programme de la prochaine saison, on sent que Tugan Sokhiev n'est pas mal placé, non ?

De toutes façons, ma préférence va à Tugan Sokhiev (je suis toulousain d'origine, on ne se refait pas), mais si c'est Mäkelä, c'est génial aussi !
Comme je l'écrivais dans un autre post, ce serait vraiment dommage que TS quitte Toulouse, il y a une petite magie entre cet orchestre et lui, et même si je n'y vis plus et que je ne les vois plus si souvent que ça, ça me rendrait triste qu'ils se séparent.

Ça paraît beaucoup, cumuler Oslo et Paris, mais toute hypothèse qui peut m'épargner le répertoire étriqué de Sokhiev (considérant que l'OP est l'un des rares orchestres de la région à proposer des programmes un peu originaux, répartis sur le grand nombre de soirées) me satisferait très bien.

Sinon, sur ce concert de Radio-France, où j'étais aussi (avec quelques autres éminents membres de ce vénérable forum), j'ai été très agréablement surpris par le concerto pour violoncelle de Salonen : chaque mouvement très typé, de l'atonalité très polarisée et lisible, avec des motifs (un motif, presque…) qui sont méthodiquement repris et étendus, qui circulent et se suivent avec aisance. Le concerto dure 40 minutes, mais hors le premier des quatre mouvements, un peu étale et contemplatif, tout passe sans douleur.
Je ne dis pas que ce soit profond, mais par le troisième mouvement avec toutes ses percussions, ça fait une bonne pause détente (les vagues xylo-métalo-vibra !).

Le premier mouvement de Sibelius m'a beaucoup plu, très emporté et clair, le reste m'a moins intéressé – on entendait vraiment les à-coups et les thèmes, ça n'exaltait pas beaucoup les transitions et bizarreries. (Mais j'ai entendu cette symphonie il y a peu, la salle n'était pas propice et j'étais fatigué.)

Citation :

Ça paraît beaucoup, cumuler Oslo et Paris, mais toute hypothèse qui peut m'épargner le répertoire étriqué de Sokhiev (considérant que l'OP est l'un des rares orchestres de la région à proposer des programmes un peu originaux, répartis sur le grand nombre de soirées) me satisferait très bien.

Tout à fait d'accord - Sokhiev j'ai vraiment du mal dans ses tentatives symphoniques. Peu inspiré. Par contre avec le Bolshoi ses opéras sont à voir.

Citation :

La symphonie n°1 de Sibelius était en effet exceptionnelle !

Après de très beaux extraits de Debussy (un Gigues très sensuel au début, quelles couleurs orchestrales!, des Rondes de Printemps entraînantes à souhait), et un concerto de Salonen plaisant mais pas indispensable, le morceau de choix était vraiment la première symphonie de Sibelius. Le chef se situe clairement du côté des montagnes russes de Rozhdestvensky plutôt que de la lave en fusion de Garaguly, mais quelle tension! Un 1er mouvement qui inquiète un peu au début par sa lenteur, mais l’on découvre vite qu’elle n’est prétexte qu’à accentuer les contrastes: les attaques se font précises et agressives, les solistes du Philhar magnifiques (quel tuba! quel timbalier! le vrai héros de cette soirée, absolument exceptionnel, comme d’habitude) - arrivé au second mouvement on sait que l’on tient une grande interprétation. Le Scherzo et le Finale ont achevé de m’emporter loin

Pohjola a écrit:

Tout à fait d'accord - Sokhiev j'ai vraiment du mal dans ses tentatives symphoniques. Peu inspiré.

Ah, ce n'est pas ce que je voulais dire : j'aime beaucoup Sokhiev comme chef symphonique, mais il ne semble pas intéressé par la proposition de nouvelles œuvres et se contenter de celles qu'il a bien rodées… comme directeur musical, je craindrais qu'il ne cherche pas à beaucoup renouveler l'offre.

(à l'opéra, ça dépend… c'est bien avec le Bolchoï, mais avec Toulouse ou l'OP, je suis moins convaincu)

Citation :

quel timbalier! le vrai héros de cette soirée, absolument exceptionnel, comme d’habitude)

Gengembre est vraiment une pépite, oui… il raconte à chaque fois une histoire, avec un charisme assez fou.

Je me suis rendu à ce concert sans avoir la moindre idée qu'il serait aussi prisé ! Beaucoup a été écrit à son sujet déjà:
http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=6735&DossierRef=6180
http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=14476
https://toutelaculture.com/musique/classique-musique/un-orchestre-philarmonique-de-radio-france-fougueux-et-colore-dans-sibelius-sous-la-baguette-de-klaus-makela/
https://www.on-mag.fr/index.php/topaudio/musique/20693-concert-le-jeune-chef-d-orchestre-finlandais-klaus-makela-dirige-l-orchestre-philharmonique-de-radio-france#.XmYZxsSU5Qc.mailto

Et moi, j'ai beaucoup aimé ! Surtout la symphonie de Sibelius.

Il est temps pour moi de sortir de ma caverne et de rattraper mon retard dans les comptes rendus de concerts, ne serait-ce que pour me tenir éveillé ! C'est le dernier concert que j'ai vu, avant les annulations en cascade et le confinement. Jamais je ne me serais douté, mais bon…

Je n'avais pas réservé ce concert dans mon abonnement de saison, tout bonnement car je ne connaissais pas encore ce chef à l'époque, découvert entre temps à la Philharmonie. Je ne connaissais non plus rien du programme, et j'avais déjà trois autres sorties cette même semaine. C'est refeuilletant la brochure que j'ai sauté dessus !

Le concert n'avait pas l'air si prisé que ça, en tout cas du grand public : il y avait vraiment beaucoup de places dans la promo Jeudisoui, et il y a même eu un courrier électronique quelques jours avant proposant encore d'autres places à 25 €, y compris des très bonnes de 1ère catégorie.

Pendant la première partie, j'étais dans l'arrière-scène, mais un vieux spectateur non loin respirait tellement fort (usine à réacteur), que je me suis replacé après l'entracte, au premier rang latéral (place absolument parfaite).

Debussy : les deux morceaux m'ont passablement ennuyés. Je n'y ai pas trouvé la petite magie, le fluide ondoyant caractéristique de Debussy. Visiblement, Mäkelä prenait beaucoup de plaisir à les diriger, mais je n'en ai pas un grand souvenir.

Salonen : certes, ce n'est pas mon répertoire de prédilection. J'avais tenté d'écouter le disque sur Deezer, sans accrocher du tout. Lors du concert, je me suis ennuyé, voire même endormi par moment. Il faut dire que j'étais dans l'arrière-scène, je ne voyais quasiment pas le violoncelliste, même de dos, caché par d'autres instruments. Ca sonnait peut-être un peu moins dissonant ou grinçant que la plupart du répertoire contemporain, mais bon… L'utilisation de musique enregistrée a émerveillé plus d'un, pourquoi pas… Le public était en transe, les critiques lues ici et ailleurs aussi, je suis donc passé à côté de quelque-chose, mais tant pis.

Sibelius : c'est grâce à ce forum que je me suis intéressé à cette symphonie. Jusque-là, je ne connaissais que la 2ème, que j'aimais raisonnablement. Et puis, il y a eu le disque de Rouvali. Quelle merveille ! Je m'attendais à être un peu déçu, à ce que l'interprétation de Mäkelä ne soit qu'anecdotique, à côté de celle de Rouvali, qui va bien plus loin que tout que j'avais pu entendre jusque-là et que j'ai pu entendre par la suite. Et bien, pas du tout !
Sur un registre vraiment différent, il a tiré de l'orchestre une symphonie proprement hallucinante ! Quelle densité des cordes ! Quelles ambiances sonores profondes, justes, habitées ! Rouvali a su habiter les transitions, les chefs traditionnels avaient su habiter les thèmes, Mäkelä a fait sens sur chaque note. Quelle vitalité aussi ! Une vraie belle passion, passionnante. Les musiciens semblaient fascinés, eux aussi. C'était vraiment beau à voir et à entendre. C'était un voyage, plein d'énergie, de suspens, sans jamais la moindre seconde d'ennui ou de relâchement. Plusieurs fois j'ai frissonné, et même pleuré à la fin.
J'étais à Helsinki l'été dernier, et Sibelius y fait l'objet d'une véritable vénération. J'étais un peu circonspect, mais finalement, quand les interprètes sont à la hauteur, elle est méritée.
Bref, je n'ai pas tellement le vocabulaire pour dire tout ce que j'ai ressenti, ou analyser le pourquoi du comment, mais c'est un des plus beaux moments de la saison et une nouvelle révélation (avec la Mahler 2 de Sokhiev).

Il va falloir faire attention dans le choix des interprètes pour aller écouter du Sibelius maintenant !

Je ne crois pas que ce qu'a fait Mäkelä soit si inhabituel : il est probable que tu aimes bien Sibelius, tout simplement (et en salle, ça sonne particulièrement bien, comme Tchaïkovski ou Mahler).