Quizz "Paroles et Musique" (8)

Bon, puisque l'immorale est sauve...
Soit vous connaissez, et le jeu s'arrête tout de suite, soit vous ne connaissez pas, et ça va être drôle, du moins pour moi... (même si cela me coûtera le peu de crédibilité dont je jouis).

HÜBERT
Vous, vous serez privée de dessert pour un mois !
Vous, de chevaux de bois !
Vous, de feux d’artifice !

CHŒUR
Je vous hais !
Je vous hais !

HÜBERT
Et vous, de billard japonais ¡
Vous, de poudre de riz et vous, de sucre d’orge !
Vous, vous serez privée de soutien-gorge !

Il y a un côté Mamelles de Tirésias dans ce vaste fourre-tout. Censé te discréditer, Les Enfants terribles, mais le sujet est quand même autrement tragique que ça (et ce ne sont pas tant des enfants que des ados qui jouent aux divinités grecques).

En tout cas, je connais ça ; j'ai l'impression de bien aimer et de l'avoir peu écouté.

On est dans l'idée et oui, tu connais, au moins de nom (j'ai vérifié, tu l'as cité une fois ici en parlant d'autre chose, sans préciser si tu l'avais écouté).

Musique objectivement superbe, donc pas Glass !

Puisqu'il y a un chœur d'enfants, que ça a l'air savoureux et que c'est de la bonne musique : Douce & Barbe-Bleue ?

Non ! Je précise que le chœur n'est pas constitué de petits braillards !

Je donne la suite directe de l'extrait ci-dessus, pour situer le niveau :

G
Vous croyez me punir ?
Eh bien, je vous préviens que même sans soutien, tout ça se tient très bien.
Monsieur veut voir ?

HÜBERT
Ah, c’est ainsi, mademoiselle G ?
Eh bien, pour vous apprendre à narguer mon pouvoir, vous copierez 100 fois le verbe “j’ai fait voir mes seins qui sont très beaux —ce qui est très très laid — au Grand Maréchal du palais !

G
Je ne copierai rien du tout !

HÜBERT
Vous le copierez jusqu’au bout ! Au présent ! À l’indicatif ! À l’imparfait du subjonctif !

G
Mes seins étant tous deux infiniment parfaits, je n’entends pas, monsieur, les mettre à l’imparfait !

Oh, mais j'ai écouté ça il y a peu en plus…

Révélation ! Je ne suis pas le seul à écouter *** de *** !

Le Roi Pausole d'Honegger, non ?

Oui ! J'aurais dû choisir quelque chose de plus dur...

Livret (scandaleux) inspiré de Pierre Louÿs pour la première opérette d'Honegger. Deux versions au catalogue, Venzago avec les dialogues (dont vous avez un extrait ci-dessus) ou Spanjaard sans. Musique magnifique, largement au-dessus du sujet ou du genre, même s'il s'agit de courtes vignettes.

À toi !

PS : Hübert était le pseudonyme transparent de Taxis.

Je connais l'oeuvre de nom uniquement. Bravo à David!

Le livret est franchement à la gaudriole : le roi a 365 épouses, une par jour* mais garde jalousement sa fille ingénue et prude. Aussi, quand elle disparaît avec un page (enfin, pense-t-elle), son père s'élance à sa rescousse.

Le Septuor des Septs Avis Différents sonne comme Les Demoiselles de Rochefort, La Sortie Américaine du Roi est du jazz en bonne et due forme, beaucoup de numéros à plusieurs mais quelques très beaux airs aussi (la berceuse d'Aline, ou le seul numéro donné en anthologie Si vous saviez).

Un site très complet sur l'opérette permet d'en savoir plus: www.ecmf.fr/cm/indexd84f.html

Je corrige également, le livret est seulement inspiré de Louÿs, pas de sa plume. C'est Albert Willemetz qui a commis le texte en question.

*Il en cherche une de plus pour les années bisextiles

Oh, il existe des versions complètes au disque ! Je ne l'ai écouté qu'en concert (le même jour qu'un opéra de Lysenko… ). Curieux de réentendre ça sans les coupures !

Contrairement à la Tante Caroline de Roussel, Honegger utilise vraiment un langage évolué ici (encore plus que le Roi Pinard de Séverac), il ne cherche pas du tout à rendre exagérément limpide son langage… J'ai envie de comparer ça, dans l'esprit, aux opéras comiques de Chabrier !

Mefistofele a écrit:

PS : Hübert était le pseudonyme transparent de Taxis.

Péguy? Claudel?

C'est ce qu'ils veulent te faire croire.

Et c'est bien du français dans le texte ? Ce n'est pas un Gilbert&Sullivan travesti pour piéger le forumeur ?

DavidLeMarrec a écrit:

C'est ce qu'ils veulent te faire croire.

Alors, une parodie de Péguy ou Claudel?
Un truc anticlérical?

C'est un opéra?

Français d'origine. Je n'ai pas changé les noms.

Ce n'est pas une parodie, ni anticlérical (bien que cette litanie ne soit pas nécessairement efficace).

C'est bien un opéra.

XX^e?

Oui, XXe.

Je vous aide. (Le moment le plus marquant de l'opéra pour moi.)


SONNEUR
Mais j'aperçois les ennemis !

LE MAIRE
Sont-ils nombreux ?

SONNEUR
On dirait un troupeau de moutons. Je reconnais le Gouverneur à son panache !

LA PREMIÈRE FEMME DES LITANIES
Et les nôtres ?

SONNEUR
Je commence à les apercevoir. Nos soldats sont debout !  Leurs armes scintillent !  Je vois le roi !  Il enfourche Grison, il invoque l'armée ! Il fait ranger ses troupes !  Il monte sur le pont !  Il s'avance sur le pont !  Il franchit la Livette ! L'armée derrière lui a franchi la rivière ! Elle est au pont-levis ! La bataille va commencer !

LE PEUPLE
Ah !

LE MAIRE
Sonneur, sonneur, que vois-tu ?

SONNEUR
Je ne distingue plus rien !  

LE MAIRE
Monte plus haut !

SONNEUR
Je ne vois plus rien, au milieu d'un tas de poussière !

LE MAIRE
Plus haut !

SONNEUR
Ah !  Le Roi est tombé de sa monture !

LE MAIRE
Monte encore sonneur, il le faut !

SONNEUR
Je vais monter sur le créneau, j'y suis !  Ah !

(Le sonneur choit depuis le créneau.)

Friedenstag?
Ah ben non:

DavidLeMarrec a écrit:

Français d'origine.

C'est vrai que la situation de la ville assiégée et du peuple tenu dans l'ignorance de l'issue de la bataille correspond bien. Mais pas du tout le même univers, ni musical, ni littéraire. On est vraiment dans une œuvre très française ici.

Première moitié du XX^e?

DavidLeMarrec a écrit:

On est vraiment dans une œuvre très française ici.

«Très française», tu veux dire par là: s'apparentant au genre Grand Opéra?

Ou plutôt de l'opéra comique "franchouillard" comme Messager ?

Je disais très français parce que la musique comme le livret ont vraiment un ton singulier, une forme de fluidité, d'illogisme qui sont assez caractéristiques de la production musicale (Debussy et la suite) et littéraire (Cocteau, Neveux…).

Ni grand opéra ni opéra comique ; il y a bien des traits des deux, mais on en est tout de même très loin.

Rubato a écrit:

Première moitié du XX^e?

Oui !

Je disais très français parce que la musique comme le livret ont vraiment un ton singulier, une forme de fluidité, d'illogisme qui sont assez caractéristiques de la production musicale (Debussy et la suite) et littéraire (Cocteau, Neveux…).

Ni grand opéra ni opéra comique ; il y a bien des traits des deux, mais on en est tout de même très loin.

Rubato a écrit:

Première moitié du XX^e?

Oui !

Mais le compositeur est de nationalité française?

Absolument !

Aussi, le compositeur est-il connu pour ses opéras, ou est-ce un hapax dans sa production ? J'ai fait le tour de ce que je connaissais de réputation, mais je n'ai rien trouvé qui aurait une prière "paysanne" ou une ville assiégée avec chute mortelle du sonneur...

DavidLeMarrec a écrit:

une forme de fluidité, d'illogisme qui sont assez caractéristiques de la production musicale (Debussy et la suite) et littéraire (Cocteau, Neveux…).

C'est un des Six?

J'ai éliminé Massenet...je n'ai rien trouvé de cohérent.

J'ai fait un peu le tour de ce que je connais...rien trouvé

On est censés le connaître ce compositeur?

Oui, vous connaissez très bien le compositeur. Ce n'est pas Massenet (pas du tout la même génération).

Mefistofele a écrit:

Aussi, le compositeur est-il connu pour ses opéras, ou est-ce un hapax dans sa production ? J'ai fait le tour de ce que je connaissais de réputation, mais je n'ai rien trouvé qui aurait une prière "paysanne" ou une ville assiégée avec chute mortelle du sonneur...

Ses opéras ne sont pas la part la plus connue de sa production, mais il en a fait plusieurs, et plusieurs sont publiés au disque. La difficulté est que celui que j'ai choisi ne l'est pas – il existe quand même une bande de la RTF.

Benedictus a écrit:

C'est un des Six?

Exactement.

Eh bien...

Peut-être Milhaud et son Saint-Louis, roi de France, Op. 434 (1970), livret d'Henri Daublier et Paul Claudel ?

Non, notre compositeur fait partie de la meilleure moitié du Groupe des Six.

Et l'opéra est moins sérieux que cela. Il a sa part de drame, mais aussi un côté loufoque, dégingandé (sans perdre son apparence de tragique), comme le montre l'épisode du sonneur, totalement abrupt, presque loufoque. Le sujet lui-même est dérisoire (on est un peu dans de l'héroï-comique).

DavidLeMarrec a écrit:

Non, notre compositeur fait partie de la meilleure moitié du Groupe des Six.  

Gnégnégné.

Honegger, alors?
Mais c'est vraiment un opéra, ou ça peut être une opérette, un oratorio dramatique...?

Ce n'est pas Honegger. C'est bien un opéra, dont le titre correspond quasiment à la norme donizettienne.

Je vois bien une Esther de Carpentras, mais c'est de Milhaud, justement.

Auric?

Ok, pas meilleure moitié mais meilleur tiers du Groupe des Six. (D'ailleurs j'ai exagéré, Milhaud est quand même à la fin de la première moitié.)

Donc pas Auric. (Si vous virez les deux derniers qui n'intéressent de toute façon personne et qui sont franchement médiocres, il ne reste plus qu'un choix !)

Benedictus a écrit:

Je vois bien une Esther de Carpentras, mais c'est de Milhaud, justement.

C'est nom ou rang + lieu, pas prénom féminin + lieu, en effet.

Poulenc?

Il reste Poulenc!

Mais je croyais que les Dialogues de Tirésias et les Mamelles des Carmélites étaient ses deux seuls opéras...

J'ai aussi éliminé Poulenc d'entrée de jeu. Il reste La Voix humaine, et avec beaucoup d'imagination L'Invitation au château, mais rien ne colle...

(Et Milhaud a fait des choses très bien ! Les Malheurs d'Orphée ou Le Pauvre Matelot ne sont pas que de simples amusements.)

Ah ben mince, j'étais persuadé qu'il faisait partie des Six !  Il était très proche de certains, en tout cas, plus que pas mal des Six entre eux…

Donc un membre du meilleur tiers du Groupe des Sept, alors.

Mefistofele a écrit:

(Et Milhaud a fait des choses très bien ! Les Malheurs d'Orphée ou Le Pauvre Matelot ne sont pas que de simples amusements.)

Oui, j'aurais très exactement cité ceux-là. Et les Choéphores aussi. Et les deux premiers Quatuors !

Tout à fait. Si on compte en sommets, Milhaud est peut-être le meilleur des Six (à débattre avec Poulenc). Si on compte en moyenne, c'est moins glorieux.

Ah, alors Le Roi d'Yvetot d'Ibert?

Donc, c'est le septième...des six!!

Benedictus a écrit:

Ah, alors Le Roi d'Yvetot d'Ibert?

Exactement !

Et voici l'extrait en question : http://www.carnetsol.fr/css/index.php?2010/08/29/1588-jacques-ibert-le-roi-d-yvetot .

Bravo, je n'y aurai jamais pensé...