PP - Saint-Saëns - Roth / Les Siècles - 15/06/2021

Programme
Camille Saint-Saëns
La Jeunesse d’Hercule, op. 50
Introduction et Rondo capriccioso, op. 28 pour violon et orchestre
Phaéton, op. 39
Havanaise, op. 83 pour violon et orchestre
Africa
Le Rouet d’Omphale, op. 31
Concerto pour piano et orchestre n° 5 en fa majeur, op. 103 « Égyptien » (2ème mouvement)
Danse macabre, op. 40
Le Timbre d'argent (Ballet : Valse)

Distribution
Les Siècles
François-Xavier Roth, direction
Renaud Capuçon, violon
Bertrand Chamayou, piano

Très impatient de ce concert, de cette orgie de Saint-Saëns ! Une occasion rêvée d'entendre des morceaux qui ne sont jamais joués : Africa, Phaéton… et un inédit du Timbre d'argent (que j'ai lamentablement raté à l'Opéra-Comique et pas encore acheté en CD). Il n'aurait manqué qu'une Bacchanale pour être presque parfaitement exhaustif.

Autant le dire de suite, mon avis est assez négatif et en contradiction avec celui des copains rencontrés à la sortie. J'ai trouvé Roth éteint, notamment au début. Ce sont des œuvres que j'apprécie beaucoup (cf. mon avatar) et elles m'ont passablement ennuyé.

Hercule : pris à un tempo assez lent, avec un début quasiment immobile, c'était le pire moment de la soirée. Le morceau n'a pas décollé et m'a fait comprendre que je n'aurais pas la dose de Saint-Saëns tant attendue.

Introduction et Rondo capriccioso, puis la Havanaise : un peu d'animation avec le violoniste, mais pas vraiment non plus de quoi décoller de l'ennui qui commençait à m'engluer.

Phaéton, puis le Rouet d'Omphale : de bons passages, notamment le début de Phaéton. Rouet plus réussi, un peu rieur par moments, j'ai commencé à trouver mon contentement.

Africa, puis l'extrait du concerto pour piano n°5 : beaux moments, avec ce piano d'époque (un Erard, peut-être ?). Chamayou est dans son répertoire, l'extrait du concerto fait regretter de ne pas l'avoir eu en entier. Quelles couleurs incroyables ! Saint-Saëns a réussi à faire sonner le piano comme on l'entend rarement (il faudrait que je regarde la partition d'ailleurs). C'était vraiment bien !

Danse macabre : peut-être le morceau que je connais le mieux dans tout le répertoire classique, notamment dans ses mille versions pour piano. C'est MON morceau ! Début un peu trop rapide, avec un sérieux manque de mystère, mais la fin m'a emporté, comme quasiment à chaque fois, dans ses circonvolutions, ses enroulements sans fin… Beaux frissons ! C'est magique !
D'ailleurs, est-ce possible de rater l'interprétation de ce poème symphonique ?

Valse du Timbre d'argent : une découverte pour moi. Morceau charmant, un peu anecdotique, mais très agréable, en forme de bis.

Intervention sans micro de Roth, pour défendre les orchestres indépendants, comme les Siècles, à la fin.

Ce programme restait étrangement construit, et notamment quant aux changements de plateau : sans violon, avec violon, sans violon, puis re-violon, sans piano, avec piano, sans piano, puis re-piano, et enfin sans piano ni violon... Entre les œuvres, un petit bataillon de techniciens s'affairait, sorte de concerto pour changement de plateau. David y a vu une façon d'animer un peu la soirée, mais il y avait tout lieu de trouver ça étrange, dans la mesure où nous sommes encore censés limiter les déplacements.

Assez déçu dans l'ensemble. Ravi de faire la rencontre de David "en vrai" à la sortie, avec deux autres copains. Très étonné d'entendre tout le bien qu'ils ont pensé de ce concert, des couleurs incroyables qu'ils ont entendues, des choix radicaux du chef que je n'ai pas su voir… Comme quoi, il est utile d'échanger !

Dommage que tu n'aies pas vu le Timbre d'argent, vraiment un Saint-Saëns puissamment original, et les Siècles étaient à leur meilleur !

Effectivement, je n'ai pas senti cette baisse chez Les Siècles, toujours de très belles couleurs, et surtout le talent de Roth pour travailler les parties intermédiaires (faire progresser les timbres ou les dynamiques dans les parties centrales d'accompagnement, violons II et altos en particulier... très peu de chefs le font, et le résultat est spectaculaire). C'était bien sûr moins patent dans les pièces avec soliste, où l'accompagnement reste l'accompagnement...

Mes voisins n'avaient aucune idée qu'ils jouaient sur les instruments de l'époque et des lieux de la création des oeuvres, je les ai renseignés. Etonnant d'aller voir ce type de concert un peu par hasard (enfin, pas tout à fait, ils aimaient Saint-Saëns même s'ils n'avaient écouté que le Concerto et les oeuvres pour violon).

Rocktambule a écrit:

Très impatient de ce concert, de cette orgie de Saint-Saëns ! Une occasion rêvée d'entendre des morceaux qui ne sont jamais joués : Africa, Phaéton… et un inédit du Timbre d'argent (que j'ai lamentablement raté à l'Opéra-Comique et pas encore acheté en CD). Il n'aurait manqué qu'une Bacchanale pour être presque parfaitement exhaustif.

Les poèmes symphoniques se confirment assez mineurs dans la production de Saint-Saëns : importants historiquement parce qu'ils importent le poème lisztien en France, mais ce sont de grands aplats atmosphériques où il se passe peu de choses, sauf pour la jubilatoire Danse Macabre (surtout lorsqu'on a le texte de la mélodie dans l'oreille !).
Les deux pièces concertantes pour piano étaient des délices, deux des plus grandes pages de Saint-Saëns pour l'instrument (et, étrangement, on ne joue jamais Africa, pourtant un cheval de bataille du compositeur en son temps !).

Et la Valse du Timbre, qui s'augmente peu à peu, quelle écriture remarquable, bien au delà de la jolie pièce pour bis, une sorte de tourbillon plein de folie.


Ma plus grande interrogation a été R. Capuçon, qui vibrait beaucoup et ne paraissait pas jouer sur boyaux, rien à voir avec ce que faisait l'orchestre. Sa présence est-elle si précieuse pour le remplissage et la visibilité médiatique qu'on n'ose pas lui faire de suggestions de style ? (A la sortie du concert, quelqu'un d'assez informé m'a assuré qu'il était au contraire très ouvert et à l'écoute dans les répétitions, quel que soit le style.)

Citation :

Ravi de faire la rencontre de David "en vrai" à la sortie, avec deux autres copains.

Plaisir partagé ! Comme ça tu pourras venir te mêler à nous autres à la prochaine occasion, on finit par tous s'agglutiner à la fin du concert, les membres de la section Concerts de Classik.

J'avoue que j'ai été plus saisi par le concert Sokhiev... sans doute par les oeuvres...
Mais je trouve passionnant de faire entendre ces quatre poèmes symphoniques qui ont des passages assez fascinants. J'avoue que Phaéton par exemple avec sa gradation était une vraie découverte!

Et puis la beauté des timbres des Siècles, de la direction passionnée de Roth... Vu que la prise de son était réalisée par Harmonia Mundi, on aura un disque bientôt!

Par contre, un peu frustré sur la fin... finir sur la valse du Timbre d'Argent c'est un peu léger. J'aurai tellement aimé finir sur la bacchanale par exemple!
Sinon j'ai trouvé Capuçon un peu plus investi qu'à l'habitude, surtout dans l'Havanaise. Et Chamayou comme toujours superbe même si le piano (un Pleyel modèle extra-grand de concert de 1905) était parfois un peu couvert par l'orchestre.

Mais ça restait superbe et très intéressant. Juste moins fascinant que ce qu'avait fait Sokhiev une semaine avant.

Polyeucte a écrit:

J'avoue que j'ai été plus saisi par le concert Sokhiev... sans doute par les oeuvres...
Mais je trouve passionnant de faire entendre ces quatre poèmes symphoniques qui ont des passages assez fascinants. J'avoue que Phaéton par exemple avec sa gradation était une vraie découverte!

Et puis la beauté des timbres des Siècles, de la direction passionnée de Roth... Vu que la prise de son était réalisée par Harmonia Mundi, on aura un disque bientôt!

Par contre, un peu frustré sur la fin... finir sur la valse du Timbre d'Argent c'est un peu léger. J'aurai tellement aimé finir sur la bacchanale par exemple!
Sinon j'ai trouvé Capuçon un peu plus investi qu'à l'habitude, surtout dans l'Havanaise. Et Chamayou comme toujours superbe même si le piano (un Pleyel modèle extra-grand de concert de 1905) était parfois un peu couvert par l'orchestre.

Mais ça restait superbe et très intéressant. Juste moins fascinant que ce qu'avait fait Sokhiev une semaine avant.

Quel plaisir d'être à la Philharmonie pour entendre des oeuvres qu'on entend jamais en concert, à part la Danse macabre, et encore ! Les organistes s'en sont emparés et on l'entend régulièrement aux concerts d'orgue. Merci à eux !
Pas d'accord avec David, les poèmes symphoniques sont des oeuvres très réussies... sauf La jeunesse d'Hercule. Je n'ai jamais pu au disque être accroché, et là, ça s'est confirmé. En plus c'est le plus long. Mais les autres, un régal. On a entendu, une fois de plus, à quel point Saint-Saëns est un subtil orchestrateur (Le Rouet d'Omphale, les bois dans Phaéton), aussi grâce à la clarté et à la légèreté de l'orchestre.
Africa m'avait toujours ennuyé au disque, et là, j'ai été très séduit : de l'utilité du concert par rapport au disque.
Juste un regret, justement dans Africa : il y a beaucoup de notes dans la partition de piano, et il y en a beaucoup que je n'ai pas entendues, à cause du piano choisi. Ou alors on en entendait davantage au parterre peut-être ? Pour tout entendre, il aurait fallu un piano moderne, mais c'est inimaginable avec un orchestre qui joue sur instruments d'époque. Souhaitons alors que l'Orchestre de Paris mette cette oeuvre à son programme !
Allez, un autre regret, n'avoir eu qu'un extrait du concerto. Nous aurons le concerto entier à Radio-France la saison prochaine, mais entouré, me semble t'il, de choses qui ne m'emballent pas !
Très bonne idée d'avoir terminé le concert par cette valse : on y découvrait une autre facette de Saint-Saëns, plus léger, même si Le Timbre d'argent ne l'est pas vraiment, léger !

Fritelli a écrit:

Juste un regret, justement dans Africa : il y a beaucoup de notes dans la partition de piano, et il y en a beaucoup que je n'ai pas entendues, à cause du piano choisi. Ou alors on en entendait davantage au parterre peut-être ? Pour tout entendre, il aurait fallu un piano moderne, mais c'est inimaginable avec un orchestre qui joue sur instruments d'époque. Souhaitons alors que l'Orchestre de Paris mette cette oeuvre à son programme !

J'étais au fond du parterre, et je confirme qu'on entendait très bien le piano, ce qui m'a d'ailleurs surpris.

Du haut de la salle, on entendait mal le piano. Le son était d'ailleurs assez moche, plein de distorsions… on est loin des beaux Érard de la même période !