RF - Yamada - Kantorow - Saint-Saëns - Chausson - 07/10/2021

CAMILLE SAINT-SAËNS
Danse macabre
Concerto pour piano et orchestre n° 5 "Égyptien"

ERNEST CHAUSSON
Symphonie en si bémol majeur, op.20

ALEXANDRE KANTOROW piano
SARAH NEMTANU violon solo
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
KAZUKI YAMADA direction

Programme assez décevant, car était prévue sur la brochure La Foi de Saint-Saëns, morceau quasiment jamais joué. Mais, Macelaru étant souffrant, ce morceau a été remplacé par la symphonie de Chausson, que j'apprécie beaucoup au demeurant.

Public relativement clairsemé. Difficile d'en trouver la cause (absence de Macelaru ? modification du programme de dernière minute ? ou justement, un programme initial peu attractif avec un morceau que personne ne connaissait ?).

Danse macabre : frissonnant, grinçant, cordes creusées, bon tempo, parfaite ! Peut-être un léger manque de fantaisie, mais très bien menée et toujours jouissive, même si on l'a déjà entendue des dizaines de fois.

Concerto n°5 : vraiment très bien mené ! Kantorow avait gardé la même tenue que la semaine dernière, mais m'a fait meilleure impression, par une interprétation un peu plus personnelle et moins attendue. Le deuxième mouvement est vraiment magique, avec des sons que Saint-Saëns arrive à tirer du piano que l'on n'entend quasiment nulle part ailleurs. Troisième mouvement à un tempo d'enfer, jubilatoire. Une excellente interprétation ! Le chef n'était pas en reste, dirigeant avec beaucoup d'intérêt et d'engagement. Par contre, il fait un bruit assez pénible avec la bouche, un genre de couinement, assez sonore puisque je l'entendais depuis le dernier rang de la corbeille chœur…
Rappels :
- première ballade de Brahms, très réussie notamment dans l'introduction mystérieuse,
- un morceau de Mompou, extrait des 12 chansons et danses. Assez lent et insignifiant.

Chausson : premier et dernier mouvements très intéressants, qui trouvent le juste équilibre entre renoncement à la grandiloquence et tempo rapide. Petit ventre mou avec le deuxième mouvement, ce qui m'a permis de lire le programme de fond en comble. Ca reste tout de même une magnifique symphonie. Souvenirs d'une soirée avec Krivine de laquelle j'étais sorti contrarié tant j'étais passé à côté de ce morceau que j'aime bien au disque.
Yamada mène très bien son orchestre : avec sa coupe de cheveux d'un autre âge, il a des gestes assez originaux, notamment lorsqu'il lève son pouce pour signaler qu'il a aimé tel ou tel passage, son couinement (bon…), et son plaisir évident.

J'ai lu beaucoup de bons retours sur Yamada, qui ne m'a jamais ébloui jusqu'ici, en retransmission ou en salle.

(Du coup, avec la suppression des morceaux rares qui motivaient ma venue, j'ai demandé le remboursement et suis allé au concert Wagner que j'avais manqué mercredi. )

Ravi de voir que c'était bien !

J'avoue que j'étais déçu de perdre un Debussy rare et un Saint-Saëns totalement rare... Mais bon, l'arrivée de la symphonie de Chausson m'a quand même motivé.

Et vraiment, j'ai été totalement pris par cette symphonie. Je l'aime bien au disque, mais là elle a eu un vrai effet physique sur moi à partir du deuxième mouvement... coeur qui bat plus vite, oppression par moments, vraiment sentiments qui s'en dégage. Totalement bluffé en fait. Et je pense que Yamada n'y était pas pour rien.

Autant je l'ai trouvé un peu "mou" dans la Danse Macabre (mais bon, après Roth et Les Siècles...), et pas forcément génial dans le Saint-Saëns de très bonne tenue (avec Kantorow superbe de délicatesse), autant dans la symphonie il semblait totalement impliqué, vraiment pris par la partition.
On notera aussi l'implication physique de Sarah Nemtanu au premier violon. Saisissant de la voir dans la Danse Macabre, mais aussi après où elle est vraiment le second du chef.

Super concert donc!

Polyeucte a écrit:

On notera aussi l'implication physique de Sarah Nemtanu au premier violon. Saisissant de la voir dans la Danse Macabre, mais aussi après où elle est vraiment le second du chef.

Super concert donc!

Je la trouve un peu trop présente justement, et ça fait des années que je me dis qu'elle devrait se lancer comme chef d'orchestre… Elle tente souvent de prendre le lead si l'on peut dire. Mais, je te suis, elle est très impliquée, et ça fait plaisir à voir !

Un très beau concert de musique française, dont Radio-France semble prendre l'habitude.
Sarah Nemtanu a attaqué la Danse macabre avec une énergie inhabituelle. Toutes ses interventions étaient irrésistibles ; c'est elle qui menait la danse !
Je ne suis décidément pas touché par Alexandre Kantorow. C'est un excellent pianiste il est vrai, mais je ne trouve pas en lui le petit génie qu'on nous annonce. Soyons clair, c'est très bien, mais il n'a pas une personnalité écrasante, comme cela nous est asséné dans toute la presse musicale. Mais il joue avec naturel et décontraction. Non sans s'être retroussé les manches !
Très bon accompagnement de l'orchestre et du chef.
Je n'avais pas reconnu Mompou, mais j'ai bien aimé : comme souvent chez lui, ce sont des morceaux assez simples pimentés de quelques harmonies dissonantes qui sont bien à lui.
J'ai eu un grand plaisir à entendre la symphonie de Chausson. Bien sur, dommage pour La Foi, mais une écoute du disque il y a quelques années ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. On commence à entendre cette symphonie en concert, pas souvent, mais les occasions se présentent. Souhaitons que cela arrive aussi à la symphonie de Dukas.
Tous les passages héroïques étaient très réussis. Le chef a fait ressortir beaucoup de solos d' instruments à vent que l'on n'entend pas toujours aussi bien. Ce qui m'a manqué c'est la mélancolie, la tristesse même, parfois désespérée, qui baigne beaucoup des œuvres de Chausson, et que je n'ai ressenti ni dans le début du premier mouvement, ni dans le mouvement lent.
Contrairement à Rocktambule, j'avais beaucoup aimé l'interprétation de Krivine (pour une fois !), où j'avais ressenti cette émotion bien particulière à Chausson.
Une belle interprétation tout de même. Et Yamada a été très applaudi par l'orchestre. Par le public aussi, pas si clairsemé que ça.

Rocktambule a écrit:

Polyeucte a écrit:

On notera aussi l'implication physique de Sarah Nemtanu au premier violon. Saisissant de la voir dans la Danse Macabre, mais aussi après où elle est vraiment le second du chef.

Super concert donc!

Je la trouve un peu trop présente justement, et ça fait des années que je me dis qu'elle devrait se lancer comme chef d'orchestre… Elle tente souvent de prendre le lead si l'on peut dire. Mais, je te suis, elle est très impliquée, et ça fait plaisir à voir !

Je ne l'avais jamais remarqué. Mais c'est de toute façon un peu difficile à évaluer en tant que spectateur, non, qui tient quel rôle pour de bon ?

Fritelli a écrit:

Je ne suis décidément pas touché par Alexandre Kantorow. C'est un excellent pianiste il est vrai, mais je ne trouve pas en lui le petit génie qu'on nous annonce. Soyons clair, c'est très bien, mais il n'a pas une personnalité écrasante, comme cela nous est asséné dans toute la presse musicale. Mais il joue avec naturel et décontraction. Non sans s'être retroussé les manches !

La presse a été époustouflée par sa victoire au Concours Tchaïkovski, surtout.

Pour le reste, excellent musicien en effet, moi non plus je ne trouve pas qu'il affiche une singularité incroyable par rapport à d'autres de mes chouchous, mais techniquement il reste inattaquable, et artistiquement, on ne peut vraiment rien lui reprocher, ce qu'il fait est toujours décanté et inspiré.

Ensuite, pour ce qui est de la starisation et de l'hystérie façon Marthaaaaa ou Hélène-aux-yeux-de-loup, ça ne semble pas le bon client, clairement.

Citation :

J'ai eu un grand plaisir à entendre la symphonie de Chausson. Bien sur, dommage pour La Foi, mais une écoute du disque il y a quelques années ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable.

C'était pareil avec les symphonies de Saint-Saëns, et Măcelaru a prouvé le contraire. J'ai bon espoir pour tout ce qu'il jouera.

Citation :

On commence à entendre cette symphonie en concert, pas souvent, mais les occasions se présentent. Souhaitons que cela arrive aussi à la symphonie de Dukas.

Depuis que je suis dans la région (12 ans), je la vois régulièrement programmée, à peu près tous les deux ans. (Colonne plusieurs fois. Les autres je ne sais plus.)

Du coup j'attends patiemment l'occasion d'avoir le chef et l'orchestre qui me convaincront, parce qu'elle n'est pas facile à réussir !

Citation :

Contrairement à Rocktambule, j'avais beaucoup aimé l'interprétation de Krivine (pour une fois !), où j'avais ressenti cette émotion bien particulière à Chausson.

Krivine est excellent dans le répertoire français… mais il préfère jouer le germanique en concert, où le moins qu'on puisse dire est qu'il ne brille pas par sa singularité.

Polyeucte a écrit:

J'avoue que j'étais déçu de perdre un Debussy rare et un Saint-Saëns totalement rare... Mais bon, l'arrivée de la symphonie de Chausson m'a quand même motivé.

Et vraiment, j'ai été totalement pris par cette symphonie. Je l'aime bien au disque, mais là elle a eu un vrai effet physique sur moi à partir du deuxième mouvement... coeur qui bat plus vite, oppression par moments, vraiment sentiments qui s'en dégage. Totalement bluffé en fait. Et je pense que Yamada n'y était pas pour rien.

Autant je l'ai trouvé un peu "mou" dans la Danse Macabre (mais bon, après Roth et Les Siècles...), et pas forcément génial dans le Saint-Saëns de très bonne tenue (avec Kantorow superbe de délicatesse), autant dans la symphonie il semblait totalement impliqué, vraiment pris par la partition.
On notera aussi l'implication physique de Sarah Nemtanu au premier violon. Saisissant de la voir dans la Danse Macabre, mais aussi après où elle est vraiment le second du chef.

Super concert donc!

J'ai adoré aussi la Symphonie de Chausson, que je découvrais ! Quel enthousiasme de la part du chef et de l'orchestre – et de Sarah Nemtanu, en effet, qui était juste en face de moi et qui ne cachait pas sa joie de jouer cette musique ! J'ai trouvé ça très amusant de voir comment l'ombre de Wagner planait au-dessus de l'œuvre, mais on entend que des restes de formes symphoniques classiques demeurent et l'ensemble est teinté d'une couleur très singulière, et captive : comme toi, j'ai été physiquement saisi !

Citation :

On commence à entendre cette symphonie en concert, pas souvent, mais les occasions se présentent. Souhaitons que cela arrive aussi à la symphonie de Dukas.

Citation :

Depuis que je suis dans la région (12 ans), je la vois régulièrement programmée, à peu près tous les deux ans. (Colonne plusieurs fois. Les autres je ne sais plus.)

Tu parles de la symphonie de Dukas ? Tous les deux ans ? J'en doute !

Citation :

Contrairement à Rocktambule, j'avais beaucoup aimé l'interprétation de Krivine (pour une fois !), où j'avais ressenti cette émotion bien particulière à Chausson.

Citation :

Krivine est excellent dans le répertoire français… mais il préfère jouer le germanique en concert, où le moins qu'on puisse dire est qu'il ne brille pas par sa singularité.

J'ai entendu La Mer par lui durant don mandat : c'était soporiphique !

Non, je parlais de cette de Chausson. Je crois que j'ai vu passer une seule fois celle de Dukas (elle a été déprogrammée ? je n'étais pas disponible ? en tout cas je n'étais pas dans la salle).

Fritelli a écrit:

J'ai entendu La Mer par lui durant don mandat : c'était soporiphique !

Je pensais plus à Ropartz qu'à Debussy, certes.

Oui, la symphonie de Dukas est une vraie rareté au concert à Paris... Je ne l'ai jamais entendue pour ma part.
Même la Péri est assez peu jouée.

Xavier a écrit:

Oui, la symphonie de Dukas est une vraie rareté au concert à Paris... Je ne l'ai jamais entendue pour ma part.
Même la Péri est assez peu jouée.

Une fois, elle a été donnée, je ne sais plus où, à Pleyel sans doute, sans la fanfare : ça fait un choc !

A la Cité aussi en 2017, mais ça ne m'a pas dérangé du tout.
https://classik.forumactif.com/t8454-cite-de-la-musique-ravel-dukas-lalo-roth-20-05-17