PP - OP Brahms - Blomstedt - 15/12/2021

Programme
Johannes Brahms
Symphonie n°3
Symphonie n°4

Distribution
Orchestre de Paris
Herbert Blomstedt, direction

Magnifique concert ! Rien de bien original dans le programme, même s'il n'est finalement pas si fréquent d'entendre deux symphonies à la suite (souvenirs de Paavo Järvi au TCE, jouant, deux soirs de suite, les symphonies de Brahms, paires puis impaires, ou l'inverse). Je ne connaissais pas ce chef en concert, et vous me l'aviez recommandé pour une symphonie de Bruckner qui devait être donnée à la PP en janvier dernier, concert annulé bien sûr.

Entre sur scène un monsieur de 94 ans, aux pas chancelants, courbé comme un cep de vigne, très raide. Je me suis demandé quelques secondes comment il allait pouvoir diriger ! Partition fermée sur le pupitre, il ne l'ouvrira pas de la soirée, dirigeant de mémoire les deux symphonies. Pas de baguette, direction à la main. Économie de mouvements, il est tout de même partout, très actif sur les regards, expressions de visage, il sait fouetter l'orchestre lorsque nécessaire, sans pour autant gesticuler en tous sens et sans se donner en spectacle. Un exemple d'humilité et de simplicité efficace.

Les deux symphonies sont données dans un tempo plutôt lent, sans excès. Dans la troisième, le premier et le dernier mouvements sont particulièrement réussis, le dernier me tirant quelques larmes. Cordes creusées, densité de son magnifique. La quatrième est une réussite absolue, la passacaille prenant aux tripes comme rarement, tirant elle aussi plusieurs larmes. Les musiciens semblaient vraiment heureux de jouer.

Un point qui m'a touché : le chef attendait les musiciens derrière la porte de sortie de scène, il a eu un petit mot pour chacun, jusqu'à ce que le plateau se vide. J'ai rarement vu ça, et ça témoigne que son plaisir à jouer n'était feint devant les projecteurs.

J'y étais le jeudi. Un chef formidable, qui garde toute son autorité malgré l'âge. Et sympathique par sa bonhomie. Et qui transfigure, lui aussi, comme Salonen mais dans un tout autre style, les cordes de l'Orchestre de Paris.
On pense plutôt à des cordes d'un orchestre allemand, assez épaisses avec des basses qui sonnent et résonnent beaucoup plus que d'habitude. C'était magnifique de sonorité.
Il faut dire que les contrebasses étaient placées côté jardin, juste en face de moi donc.
Je suis toujours étonné qu'un chef en deux jours de répétition arrive à modifier la sonorité d'un pupitre de cordes. C'est un mystère pour moi. Il faudra qu'un musicien m'explique !
Ceci dit, je trouve Blomstedt plus exceptionnel dans Bruckner que dans Brahms. Sa 3ème symphonie m'a parue un peu uniforme. Toutes les parties paraissaient avoir le même mouvement, ni rapide, ni lent.
La 4ème était plus contrastée. Mais un chef qu'il ne faut pas rater malgré tout.

Je réponds un peu tard, désolé...

Je partage vos impressions sur ce très beau concert.
J'ai d'abord été frappé par la gravité avec laquelle Blomstedt a abordé ces deux oeuvres, aux antipodes d'une 1ère symphonie qui refusait toute grandeur donnée il y a 3 ans.
Effectivement cordes plus épaisses que d'habitude.
Et toujours cette façon assez mystérieuse chez Blomstedt de savoir faire entendre tout ce qu'il faut, au bon moment. Vision qu'on pourrait qualifier de traditionnelle, à la fois sobre et très détaillée, mais avec un soupçon de je-ne-sais-quoi qui
Ce qui donnait une 3e symphonie vraiment majestueuse, impressionnante, alors que c'est habituellement le point faible du corpus. Dernier mouvement vraiment jubilatoire. Je regrette tout de même le Poco allegretto pris un peu trop rapidement.
La 4e était de haute tenue également, avec un bémol sur l'Allegro giocoso, qu'on a déjà entendu plus explosif.

A noter : première partie de concert notablement gâchée par un effet larsen perceptible depuis l'ensemble du 2nd balcon. L'entracte a été assez agité pour les ouvreurs, les spectateurs étaient très mécontents. A priori il s'agissait d'un sonotone mal réglé. Ce qui a donné une situation cocasse au retour d'entracte où les ouvreurs imploraient aux spectateurs malentendants de bien régler leur appareil
Le bruit a disparu pour la 4e symphonie.

Rocktambule a écrit:

Un point qui m'a touché : le chef attendait les musiciens derrière la porte de sortie de scène, il a eu un petit mot pour chacun, jusqu'à ce que le plateau se vide. J'ai rarement vu ça, et ça témoigne que son plaisir à jouer n'était feint devant les projecteurs.

C'était déjà le cas lors de ses dernières apparitions, je crois qu'il le fait de manière systématique désormais ! Je trouve ça chouette également. De toute façon, à son âge, on peut raisonnablement penser qu'il continue à diriger uniquement pour le plaisir...
Un concert spécial sera organisé pour son 95e anniversaire en juillet à Leipzig. Et les Wiener sont sur les rangs pour le 100e, d'après le principal intéressé !

Le sonotone, c'est un classique… à tel point que je n'y prête plus trop attention quand ça arrive. Effectivement les ouvreuses sont obligées d'aller supplier les vieux messieurs de bien vérifier, c'est assez insolite. (Mais que font les épouses, je vous le demande ?)