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 PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23

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mickt
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mickt


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MessageSujet: PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23   PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23 EmptyDim 5 Mar 2023 - 12:55

MERCREDI 1ER ET JEUDI 2 MARS 2023 – 20H
Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris


Kaija Saariaho — Ciel d'hiver, extrait d'Orion

Jean Sibelius — Concerto pour violon

Hector BerliozSymphonie fantastique


Orchestre de Paris
Klaus Mäkelä, direction
Janine Jansen, violon
Eiichi Chijiiwa, violon solo

Salle comble pour ce programme qui sera donné par l'orchestre en tournée.

En ouverture le plus long des trois mouvements d'Orion de Kaija Saariaho, Ciel d'hiver, 10 minutes séduisantes d'une orchestration raffinée. Il m'a semblé que c'était construit autour d'une simple mélodie de trois notes qui se diffracte, s'étire, et infuse parmi les instruments. Comme souvent chez Saariaho ce sont les sonorités de xylophone, de glockenspiel ou de cloches tubulaires, associées aux harmoniques des cordes aigües qui donnent à l'ensemble son atmosphère, comme un halo, et sous-tendent l'évolution de l'œuvre, ponctuée de courtes interventions solistes et agitée de quelques secousses. Les notes de programme indiquaient à tort que l'OP la jouait pour la première fois, alors qu'ils l'ont non seulement donnée en concert mais même enregistrée avec Christoph Eschenbach en 2008 (Ondine).

J'ai été impressionné mais un peu désarçonné par le concerto de Sibelius de Janine Jansen : un jeu exacerbé qui la pousse en permanence dans ses retranchements, et qui par ses prises de risque constantes prend parfois le dessus sur l'œuvre. Dès ses premières notes, le son a un côté métallique, tranchant, peu lyrique. Bel accompagnement (dialogue avec la clarinette de Philippe Berrod au 1er mouvement par exemple).

Puis la Fantastique : on retrouve le Mäkelä euphorique et débridé de ces derniers mois, il met le feu à un orchestre qui le suit dans tous ses élans. On a donc entendu un Berlioz dont les climax n’avaient pas grand-chose à envier à ceux de Stravinski ou Mahler. On sent les rêveries du premier mouvement déjà fébriles et portées aux passions qui vont l’agiter. Le bal est mené avec un grand naturel, Mäkelä et l’orchestre s’en partageant la conduite. Le ranz des vaches de la scène aux champs voit briller Gildas Prado au cor anglais, auquel répond depuis quelque volute de la salle le hautbois de Rémi Grouiller. J’ai été cueilli, au cœur du mouvement, par le déploiement d’une progression beethovénienne qui évoque les symphonies impaires plutôt que la Pastorale.

Une lecture aussi spectaculaire ne pouvait que culminer pendant la Marche au supplice et le Songe d’une nuit de sabbat. La Marche donne tout de suite le ton : un couperet brutal qui sert de mise en route à un orchestre rutilant et méchant à souhait. Le Sabbat donne tout dès le début : est-ce qu’ils vont pouvoir tenir sur ce pied ? Oui car le travail sur les timbres, leur variété dans la grimace (on a souvent envie de rire), donnent sel et épices à ce grand tourbillon final. Et quelles cloches : disposées au fond du parterre, elles emplissent toute la salle, les spectateurs lèvent les yeux et les cherchent dans les balcons.

Petite harmonie particulièrement en verve (Lucas, Berrod, Trénel et associés, Gattet). Orchestre dans son ensemble à son meilleur, et hilare tout du long. Quant à Mäkelä, il est franchement incroyable à regarder diriger, par sa facilité, sa spontanéité, la richesse et la précision de ses gestes (et l’orchestre suit).

Public en délire (sic).

Et il y a polémique : Resmusica a trouvé ça épouvantable de kitsch et de vulgarité. Bachtrack est d’un avis absolument contraire.

https://www.resmusica.com/2023/03/03/klaus-makela-et-janine-jansen-pour-le-pire-et-le-meilleur/
https://bachtrack.com/fr_FR/critique-makela-jansen-orchestre-paris-symphonie-fantastique-philharmonie-paris-mars-2023
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Ben.
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MessageSujet: Re: PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23   PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23 EmptyLun 6 Mar 2023 - 16:38

J'en suis ressorti mitigé.

J'ai bien aimé le Saariaho, que je n'avais jamais entendu en concert, et qui rend beaucoup mieux qu'en disque.
Difficile de juger la direction de Makela, car j'ai peu de versions en tête, mais j'ai trouvé l'ensemble assez homogène et bien tenu, avec de jolis timbres de l'orchestre.

En revanche, je suis passé complètement à côté du Sibelius, pour lequel je nourrissais beaucoup d'espoirs.
J'aime beaucoup Jansen en concert, habituellement, car elle arrive souvent à dégager quelque chose de très puissant, incarné; mais là, la lecture proposée était à côté de la plaque pour moi.
Je n'ai pas adhéré au parti pris très contrasté, presque disloqué du premier mouvement : l'orchestre était quasiment inaudible dans son accompagnement dans les p et pp pour mettre en valeur l'interprétation très rocailleuse de Jansen. Effectivement, c'était très virtuose mais (trop) peu lyrique, un peu strident dans les f.
En tendant l'oreille, on ne pouvait qu'admirer la belle qualité des instrumentistes, notamment de la petite harmonie, particulièrement à l'aise. Mais la lecture d'ensemble, très fragmentée manquait de continuité et l'oeuvre a fini par ne plus vouloir dire ni raconter grand chose d'autre qu'une succession de climats (peu réinventés à chaque reprise).
Le mouvement lent était anecdotique, et l'Allegro final trop sage pour moi : ça manquait de la fougue et du caractère presque volcanique des versions que j'ai en tête (Tetzlaff par exemple).

Joli Bach en bis de Jansen.

Je suis parti à l'entracte, car le Berlioz ne m'intéressait pas du tout.
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MessageSujet: Re: PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23   PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23 EmptyLun 6 Mar 2023 - 18:26

Oui le concerto était très décousu et fragmenté, je suis d'accord. Tu me confortes, je n'ai pas osé écrire que c'était un gros ratage. Comme j'ai toujours apprécié Jansen jusqu'à présent, je me suis dit que c'est moi qui devais être passé à côté.

Je voulais écrire aussi que c'était assez triste de voir Kaija Saariaho diminuée physiquement, en fauteuil roulant. Elle a écouté son œuvre depuis la coulisse, dont la porte a été laissée ouverte.
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Rocktambule
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MessageSujet: Re: PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23   PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23 EmptyJeu 9 Mar 2023 - 0:35

Première fois, quasiment de toute ma vie, que j'étais en retard à un concert (et rebelote le lendemain, j'espère que ça n'est pas une nouvelle habitude !). J'ai pu découvrir le protocole réservé aux retardataires : jusqu'alors, j'avais constaté qu'on les faisait entrer un peu n'importe quand, en groupe, par le second balcon. Ce jeudi, ce fut l'occasion de découvrir la télé et les chaises de jardin réservées au 3ème étage, et le semblant de cérémonie pour nous faire pénétrer dans la salle. Me voilà donc dans cette zone que je n'apprécie pas vraiment, manteau à la main pour ne pas faire de bruit, déboulant pendant les saluts de la pièce de Saariaho (juste l'occasion de l'apercevoir dans son fauteuil médicalisé, ce qui fait un peu de peine, alors qu'elle saluait debout encore en juin dernier à RF...).

Sibelius : j'ai passé le concerto à essayer de me calmer, et à redécouvrir pourquoi je n'aime pas cette zone. En tant que misanthrope assumé, j'ai trouvé asile sur un fauteuil du dernier rang, sans personne ni à gauche ni à droite, ni derrière donc. Misanthrope jusqu'au bout, cette place m'a tout de même agacé, car il suffit qu'un type dans la ligne se penche en avant pour que plus de la moitié de la scène soit cachée. Acoustiquement, le son sature un peu, et même si les spectres sont bien en place, je me sens trop loin des artistes pour éprouver mieux que le sentiment "quelqu'un a mis un disque un peu trop fort dans la pièce à côté". Le problème vient sûrement de moi, vu que de nombreux copains ici adorent ces places.
Bref, musicalement, j'attendais lourd de ce concerto avec ces interprètes : je suis tombé amoureux de Mäkelä sur du Sibelius, violoniste que j'ai eu l'occasion d'apprécier par le passé, morceau que j'aime particulièrement... Jeudi soir, point de magie : premier mouvement attaqué bien mollement, trop peu sonore pour accrocher l'attention, et joué ensuite "sur la corde" si j'ose dire... Même si j'étais mentalement ailleurs, plusieurs pains plutôt grossiers m'ont extirpé de mes rêveries (rarement entendu ça en salle !). Gestuelle très expressive de la violoniste, pourtant pas au service d'une interprétation engagée, comme des effets de virtuosité pour masquer une partition mal maîtrisée (je me trompe sûrement, c'est simplement l'impression que j'ai ressentie - ou alors, c'était une version très originale, mais pas assez aboutie). Je retiens un accompagnement soigné, et de magnifiques passages tout de même dans le troisième mouvement, où KM lâche par moment la bride à l'orchestre qui éclate et tempête. Belles vibrations, beaux frissons typiques du Sibelius symphoniste ! A revoir dans d'autres conditions !

Rappel : Partita n°2 de Bach... que c'est original... ! Aucun commentaire, si ce n'est que j'en ai marre d'entendre ça en rappel de violoniste, à croire qu'il n'y a rien d'autre.

La suite de la soirée a été sauvée par l'ami Mickt qui m'a dégoté une superbe place au premier balcon ! Merci encore !

Berlioz : sous de biens meilleurs auspices, voilà le gros morceau de la soirée. Symphonie qui me résiste depuis bien des années : j'ai toujours peiné en salle (avec des versions "tout public" pourtant, comme l'ONCT/Sokhiev, par exemple), jamais accroché au disque (Concertgebouw/Davis, Cincinnati/Järvi, Louvre/Minkowski... et tant d'autres), ayant bien du mal à y reconnaître le caractère révolutionnaire qu'on lui attribue, ayant même du mal à identifier la fameuse idée fixe, et souffrant surtout à lui donner un sens, perdu dans ces évolutions erratiques, dans ces crescendos violents qui n'aboutissent à rien, à ses jolis thèmes qu'on ne revoit plus, à ce Dies Irae posé là comme un cheveux sur la soupe... Je me suis pourtant entêté toutes ces années, à continuer à la fréquenter, sous différentes formes, même en transcription pour piano (Liszt), ou par des lectures (biographie romancée de Berlioz, par Pierre-Jean Remy), sans succès... jusqu'à ce jeudi ! Est-ce la lente infusion de tous ces ingrédients, ou était-ce simplement une interprétation exceptionnelle ? Probablement un peu des deux.
Interprétation majuscule : beaucoup a été dit par Mickt, dont je partage les émotions et les commentaires. Interprétation qui va peut-être au-delà de ce qui est écrit dans la partition, mais qu'importe (au contraire) ! A la fois très lisible (j'ai enfin pu me repérer dans l’œuvre), fort parti pris (brillance, timbres éclatants, luminosité de discours, exubérance), cette version résonne en moi comme une révélation. Je reprends à mon compte les termes choisis par Resmusica, pour une conclusion pourtant bien différente : théâtralité, hollywoodien (mot que j'avais justement choisi pour qualifier son Sacre du printemps en septembre 2022), exubérance encore, et même outrancier. Il est certain que l'interprétation de jeudi soir ne joue pas dans la nuance ou dans la demi-mesure ; mais c'est, à mon sens, ce qui fait toute sa saveur et sa valeur, et qui la distingue des autres. C'est une version extrême, dans le tempo, dans l'intensité, dans la profusion d'idées. Cloches saisissantes, jouées elles aussi, sans retenue, sans nuance, qui ont envahi le public et suspendu l'instant comme par magie (à croire que cette zone, à l'arrière du parterre, a été pensée acoustiquement pour ça ; souvenir de Planètes de Holst où le chœur y était subtilement dissimulé, pour une spatialisation incroyable). On retrouve ici KM à son meilleur, avec son enthousiasme débordant, sa gestuelle à la fois délirante, sensuelle et aussi solide, efficace, effectivement de la teneur de ses derniers meilleurs concerts (Bruckner 9 au Louvre, ou son Sacre notamment) ou aussi de ses débuts pré-OP (Sibelius 1 à RF). OP à son meilleur également, et connivence évidente entre les deux.
J'adorerais détester KM depuis sa "trahison" pour Amsterdam ; mais, après des moments comme ceux-là, même ma malhonnêteté intellectuelle ne résiste pas.

Triomphe en salle, dont nous participions activement avec Mickt, sur les conseils duquel je me suis procuré d'urgence l'ouvrage de Claude Abromont consacré à la Symphonie fantastique : sous forme d'enquête, passionnant ouvrage, rudement bien écrit et pédagogue (Abromont est mon idole).
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MessageSujet: Re: PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23   PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23 EmptyJeu 9 Mar 2023 - 13:35

(Merci pour ce beau compte-rendu.  Smile )

Rocktambule a écrit:
J'adorerais détester KM depuis sa "trahison" pour Amsterdam

À vrai dire je suis assez surpris que l'orchestre lui-même ne paraisse pas affecté par la question. Mais Mäkelä ne se ménage pas et se donne tout entier quand il est là, donc impossible de lui refuser son adhésion (je présume) !

Citation :
Triomphe en salle

Mention spéciale à la voisine de derrière qui a lourdement entonné le Dies Irae aux saluts des tubas. Laughing

Citation :
sur les conseils duquel je me suis procuré d'urgence l'ouvrage de Claude Abromont consacré à la Symphonie fantastique : sous forme d'enquête, passionnant ouvrage, rudement bien écrit et pédagogue (Abromont est mon idole)

Tu es maintenant plus avancé que moi parce que je n'ai encore lu que l'introduction et le guide d'écoute en fin d'ouvrage. Embarassed

(en fait je crois que le livre indispensable sur Berlioz c'est les Mémoires de Berlioz lui-même. C'est aussi un formidable écrivain.)

——

Je rajoute une petite louchée de faits d'orchestre : à gauche d'Eiichi Chijiiwa on retrouvait Jaewon Kim, nouvelle supersoliste à Toulouse mais qu'on a souvent vue à l'OP ces derniers mois. Au pupitre de contrebasses Marie Van Wynsberge prend du grade et devient 3e soliste.
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MessageSujet: Re: PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23   PP— Saariaho Sibelius Berlioz – Mäkelä, Jansen, OP —1-2/3/23 Empty

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