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| PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 | |
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mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Ven 7 Oct 2022 - 14:21 | |
| MERCREDI 5 ET JEUDI 6 OCTOBRE 2022 – 20H Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris
Kaija Saariaho — Vista (création française)
Maurice Ravel — Concerto en sol
Igor Stravinski — Le Sacre du printemps
Klaus Mäkelä, direction Alice Sara Ott, piano Eiichi Chijiiwa, violon solo
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Salle pleine ce jeudi soir. J’étais un peu tendu en arrivant, vous excuserez un certain désordre dans mes impressions. J'ai trouvé très belle l'œuvre de Saariaho, 25 minutes sans ennui. Deux parties bien distinctes, l'une éthérée, mystérieuse, la seconde plus animée et rythmique, avant une coda qui nous ramène au début. Les deux hautbois exposent un thème qui infuse l’œuvre. Saariaho a choisi de délaisser certains de ses instruments fétiches, harpe, célesta, piano, même si on retrouve bien des crotales ou un xylophone (?) qui rappellent leurs sonorités. Orchestration riche, colorée. Les mélodies sont fuyantes mais tout de même bien dessinées et reconnaissables, les harmonies de même. Direction expressive et affirmée de Mäkelä.
Concerto : Alice Sara Ott a un jeu plutôt en retenue, de plus parmi les pianos proposés par la Philharmonie elle a choisi le moins puissant (selon ses propres dires en annonçant le bis), si bien que, tout en restant bien audible, j'ai senti un déséquilibre piano / orchestre. Mouvement lent plombé par les tousseurs, impossible de me concentrer. 3e Gnossienne en bis.
Le Sacre : lecture puissante et démonstrative. C’était impressionnant, mais j’ai trouvé que l’orchestre jouait trop souvent trop fort, au point de perdre en détail, en polyphonie, en contraste entre épisodes. C’était manifestement un choix de Mäkelä, qui à aucun moment ne tempèrait les ardeurs de ses troupes, au contraire. Par rapport aux Siècles, qui faisaient ressortir plein de traits de cordes par exemple, le contraste était frappant. Pour autant on sentait vraiment le travail, aux cordes justement, et l’orchestre rutilait de partout. Des traits qui claquent, un pupitre de trompettes en grande forme, les bassons pas en reste, une clarinette-basse hyper colorée (Julien Desgranges). L’introduction plus mystérieuse au Sacrifice m’a paru réussie. Déchaînement complet pour le sage, son cortège, la danse de la terre. Je ne sais pas si j’ai trouvé ça grisant ou clinquant !
Après l’Oiseau de feu, Decca avait à nouveau posé ses micros sur scène (et on a de nouveau diffusé une annonce invitant au silence, qui n’a nullement ému le public). L’OP a mis les petits plats dans les grands et ce fut une grande soirée de faits d’orchestre : plusieurs paires de premiers solistes réunies : violoncelles, contrebasses, flûtes, bassons, clarinettes, trompettes.
(L’OP a gravé au disque un Sacre avec Heras-Casado il y a un an, mais comme il est sorti dans l’indifférence générale, on peut bien retenter le coup.)
Public particulièrement Philharmonique : beaucoup de jeunes enrôlés via leur BDE, un groupe d’Américains cultivés derrière moi pour le concerto, des mécènes, des influenceuses, Bertrand Chamayou, enfin de tout. J’ai été délogé de ma place au dernier rang du balcon après le premier morceau par un groupe de dames très âgées, certaines en fauteuil, arrivées en retard (très gentilles). |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| | | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91595 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Ven 7 Oct 2022 - 14:36 | |
| - mickt a écrit:
- on retrouve bien des crotales ou un xylophone (?)
Glockenspiel je pense. (le xylophone est en bois) |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97916 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Ven 7 Oct 2022 - 17:17 | |
| - mickt a écrit:
- L’OP a mis les petits plats dans les grands et ce fut une grande soirée de faits d’orchestre : plusieurs paires de premiers solistes réunies : violoncelles, contrebasses, flûtes, bassons, clarinettes, trompettes.
Tiens, d'ailleurs, comment ont-ils réparti les solos ? Alternativement, ou y avait-il une préséance ? - Citation :
- (L’OP a gravé au disque un Sacre avec Heras-Casado il y a un an, mais comme il est sorti dans l’indifférence générale, on peut bien retenter le coup.)
Il faut dire que ce n'est pas une affiche qui fasse particulièrement rêver… (Si j'étais dictateur du monde, j'interdirais de réenregistrer le Sacre tant qu'on n'a pas tout enregistré au moins une fois chez les compositeurs ayant conçu une création pour l'année 1913.) |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Ven 7 Oct 2022 - 23:56 | |
| - Benedictus a écrit:
-
- Citation :
- Public particulièrement Philharmonique
Programme aussi, d'ailleurs... Oui, et ça ne risque pas de s'améliorer. - Xavier a écrit:
-
- Citation :
- on retrouve bien des crotales ou un xylophone (?)
Glockenspiel je pense. (le xylophone est en bois) Yes ! - DavidLeMarrec a écrit:
-
- Citation :
- L’OP a mis les petits plats dans les grands et ce fut une grande soirée de faits d’orchestre : plusieurs paires de premiers solistes réunies : violoncelles, contrebasses, flûtes, bassons, clarinettes, trompettes.
Tiens, d'ailleurs, comment ont-ils réparti les solos ? Alternativement, ou y avait-il une préséance ? Chacun avait sa partie, de premier ou de second, voire de troisième, pas de mélange. Les premiers solistes donc : Picard, Lucas, Moraguès, Trénel, Mellardi. Philippe Berrod en clarinette 2, c'est un luxe appréciable. Cas un peu particulier pour les trompettes : on a déjà vu plusieurs fois Célestin Guérin venir jouer uniquement la partie de trompette piccolo, ce qu'il a refait cette semaine. Ah et je crois que c'était un tromboniste qui jouait de la trompette basse. (tout ceci est aussi lié au fait que c'est un programme de tournée, l'orchestre part au Japon dans quelques jours.) |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Sam 8 Oct 2022 - 3:29 | |
| Tweet enthousiaste de Mäkelä après le concert de jeudi* (« Some of the most outstanding orchestral playing I’ve ever heard. Orchestre de Paris performing Sacre last night was unforgettable! »). Je mesure évidemment la part d'entrain imposé qu'il y a dans ce genre de déclaration, mais ça me permet de revenir sur mon sentiment en y repensant : c'était quand même très, très impressionnant comme performance. Collectivement c'est rare d'entendre un orchestre français à ce niveau, ça défouraillait dans tous les sens. Quelle différence aussi avec les premiers pas précautionneux de Mäkelä après sa nomination (Beethoven 7, Mahler 5). Les absents ont eu tort. Je suis curieux de lire les avis de ceux qui y étaient. (* mercredi par contre c'était pas terrible apparemment. ) https://twitter.com/klausmakela |
| | | Fritelli Mélomane averti
Nombre de messages : 405 Date d'inscription : 29/04/2021
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Sam 8 Oct 2022 - 15:38 | |
| Je passe sur l'oeuvre de Saariaho : pour moi, 25 minutes d'un ennui profond. Une oeuvre contemproraine, à la rigueur, mais courte !
J'ai eu une impression mitigée pour le concerto de Ravel : très bonne pianiste avec un toucher très doux, très clair, sans doute à cause du piano donc, mais pas seulement ; l'accompagnement orchestral m'a laissé sur ma faim, ne m'a pas vraiment intéressé. J'en profite pour demander à Mickt, puisqu'il a ses informateurx à la Philharmonie, combien ils ont de pianos à proposer aux artistes. J'ai parfois été frappé par le son très métallique du piano qu'on entend, et j'en suis toujours à me demander dans ce cas si c'est le fait du piano ou du toucher du pianiste. Sans doute un peu des deux !
Assez d'accord pour l'interprétation du Sacre. L'orchestre était impressionnant. J'ai été subjugué dès le début aux vents par la présence et la beauté sonore de tous les instrumentistes. Pour le reste, plutôt qur trop fort, je dirais que c'était trop violent. Ca défouraillait, oui, mais ça cognait aussi. Et j'avoue qu'à la fin, j'étais content que ça s'arrête ! Mais le niveau atteint par l'orchestre est une bonne nouvelle. (J'y étais mercredi) |
| | | Rocktambule Mélomaniaque
Nombre de messages : 833 Date d'inscription : 28/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Sam 8 Oct 2022 - 17:05 | |
| - Fritelli a écrit:
- J'en profite pour demander à Mickt, puisqu'il a ses informateurx à la Philharmonie, combien ils ont de pianos à proposer aux artistes.
Je coucherai mes impressions plus tard, mais je réponds à cette question, bien que je ne sois pas Mickt : la pianiste l'a dit jeudi soir. Il y a 3 pianos proposés aux pianistes à la PP, celui qu'elle a joué étant le plus ancien (17 ans, ce qui est "très vieux pour un piano de concert", a-t-elle ajouté). Effectivement, je te rejoins sur le son très métallique d'un des autres pianos, qui me gêne assez souvent, symptôme d'un piano pas encore rôdé, un peu vert, à mon avis. |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Sam 8 Oct 2022 - 18:01 | |
| - Rocktambule a écrit:
- la pianiste l'a dit jeudi soir. Il y a 3 pianos proposés aux pianistes à la PP, celui qu'elle a joué étant le plus ancien (17 ans, ce qui est "très vieux pour un piano de concert", a-t-elle ajouté).
Effectivement, je te rejoins sur le son très métallique d'un des autres pianos, qui me gêne assez souvent, symptôme d'un piano pas encore rôdé, un peu vert, à mon avis. 17 ans, c'est ce que j'ai compris aussi. Je dois dire que ça m'a surpris (c'est quand même très jeune pour un vieux piano ?). Après j'imagine qu'ils ont d'autres modèles en stock. Là on en a proposé trois à Ott pour ce programme. - Citation :
- Effectivement, je te rejoins sur le son très métallique d'un des autres pianos, qui me gêne assez souvent, symptôme d'un piano pas encore rôdé, un peu vert, à mon avis.
Je ne suis pas très sensible à cette question, mais oui, j'entends régulièrement les amateurs de piano se plaindre de la sonorité à la Philharmonie. Certains accusent la salle ou le plateau. |
| | | Fritelli Mélomane averti
Nombre de messages : 405 Date d'inscription : 29/04/2021
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Sam 8 Oct 2022 - 19:17 | |
| Je n'ai pas compris ce qu'elle disait. Mais c'est étonnant qu'elle raconte ça avant de jouer son bis.
D'autre part, il y a des sonorités du piano très différentes d'un concert à l'autre. Cela dépend du choix du piano, de son réglage, du toucher du pianiste,.. mais pas de la salle. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91595 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Sam 8 Oct 2022 - 23:52 | |
| J'y étais mercredi.
A mi-chemin entre les impressions de mickt et Fritelli à propos de l'oeuvre de Saariaho, que j'aime souvent assez, mais qui peut avoir tendance à lasser par sa belle monotonie et son renouvellement très minime d'oeuvre en oeuvre. Je suis passé par les deux états mercredi: par moments je me suis dit "waouh c'est beau", à un ou deux autres moments j'ai été vraiment encore épaté et surpris par les sonorités de son orchestre, ne comprenant même pas par quels instruments elle passait pour tirer ces sons-là, et puis à d'autres moments j'ai commencé un peu à m'ennuyer... Pas sa meilleure oeuvre sans doute, mais quand même à réécouter, vraiment de belles choses.
Plutôt convaincu par le Ravel malgré un mouvement lent un peu maniéré de la part d'Alice Sara Ott et cette sonorité très ouatée qui m'a semblé un peu inappropriée, mais le pire a été la 1ère Gnossienne absolument massacrée, je ne sais pas comment une interprète de ce niveau peut avoir l'idée de jouer ça comme ça, comme du mauvais Chopin ultra-dégoulinant sans pulsation et sans nuances, c'est juste incroyable.
Formidable Sacre qui était capté aussi mercredi soir, avec quelques approximations chez les cors quand même, mais pour le reste vraiment formidable, plus traditionnel que ce qu'on a pu entendre au TCE avec Roth bien sûr, mais quel pied! |
| | | Rocktambule Mélomaniaque
Nombre de messages : 833 Date d'inscription : 28/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Lun 10 Oct 2022 - 17:54 | |
| Concert qui avait une saveur particulière pour moi : je me trouvais accompagné par mes collègues qui souhaitaient découvrir à la fois la Philharmonie de Paris et la musique classique. Ravi d'avoir l'avis de néophytes éclairés (ils ont le vocabulaire pour parler de leurs émotions, sans les connaissances). Programme choisi pour qu'ils reçoivent le choc d'un beau Sacre, avec un bel orchestre et un bon chef, Sacre accompagné d'un concerto pour piano, et d'une pièce de musique contemporaine que je pensais également très courte (dans la veine de la pièce de Saariaho entendue en début de saison, environ 5 minutes). Soirée qui aura dépassé mes espérances ! Nous en sommes tous ressortis plus ou moins estomaqués :oui, comme si on avait reçu un uppercut dans l'estomac. Organisation du programme vers un intérêt toujours plus croissant. L'OP m'a subjugué par son niveau (j'y étais jeudi soir).
Saariaho : œuvre bien écoutée sur une vidéo, essayant d'en dégager quelque chose à raconter à mes collègues avant d'y aller. Musique lente, étale, immobile dans la première partie ; sonore et accidentée, mais toujours immobile dans la seconde. Pas bien compris où ça va, encore moins compris à quoi ça sert. Programme de salle dithyrambique... Il en ressort un certain malaise, que mes collègues ont analysé comme "musique d'angoisse". Il est vrai que ça pourrait servir de musique de film ! Musique un peu cosmique, sans être planante. Sûrement rapidement oubliée.
Ravel : je suis souvent passé à côté de ce concerto, que j'assimilais à un patchwork thématique mal assemblé, sorte de pastilles variées sans unité, de la musique façon peinture pointilliste. L'analyse plus attentive, y compris avec partition, m'a beaucoup apporté ! Il était temps ! L'habileté de mêler les thèmes dits "basques" avec des notes bleues de blues, créer du rythme sans percussion, avec des hémioles réparties tout au long du morceau, et toutes les trouvailles et l'architecture intrinsèque, si maline, pour ménager la légèreté de l’œuvre. Concerto déjà énormément joué, peut-on encore apporter quelque-chose à l'interprétation ? Ne connaissant que très peu de choses de cette pianiste, je craignais, à tort, une interprétation un peu fade, après les pointures, Martha Argerich ou Fazil Say, déjà entendues. Jeudi, pianiste en crop-top, jupe dorée, pieds nus. Très souriante, vive, vivante, voltigeante. Images de Yuja Wang, en version plus frêle, plus enfantine, légère, espiègle. Elle prend un réel plaisir à être là et à jouer, c'est jouissif pour le public et l'orchestre. Toucher très vif, très précis, tempo rapide mais discours jamais embrouillé : on y entend tout, c'est très lisible, très net. Piano au beau son rond, loin du piano métallique déjà mentionné plus haut, ce son rond se prêtant bien à son jeu pointu (risque que ce fut pénible avec un piano plus tranchant). Accompagnement efficace et complice : ils jouent vraiment ensemble, sans que l'un ou l'autre ne tire le tempo ou n'accentue dans un sens ou un autre. Orchestre autant percussif que chaloupé, ondoiements aux cordes saisissants. Magnifique mouvement lent, même si le caractère répétitif du tempo en devenait parfois mécanique (défaut que l'on retrouvera dans son rappel). J'attendais peut-être un cor anglais plus présent, plus expressif, le fameux dialogue paraissant vaguement anecdotique. Dernier mouvement comme une décharge d'énergie, mené à un rythme infernal ! Beau triomphe.
Rappel donc : 3ème Gnossienne de Satie.
Public particulièrement pénible : tousseurs en majesté, voisine équipée d'une montre à trotteuse ayant la capacité de couvrir l'orchestre (même mon collègue situé 3 places plus loin l'entendait). Annonce au micro : le Sacre étant enregistré, merci d'éviter de faire du bruit, ce qui ne gêne en rien les tousseurs. J'ai vraiment du mal à comprendre ce qui les pousse à éructer comme ça.
Stravinski : après une longue pause pour appeler le silence, KM a entamé un Sacre vraiment exceptionnel. Tempo rapide sans excès, c'est surtout le niveau sonore et la densité qui m'ont saisi ! Comme pour le concerto, on s'interroge toujours s'il reste une marge interprétative avec des morceau aussi joués, aussi enregistrés... La vision de jeudi soir était sans conteste originale, en tous cas sans commune mesure avec la bonne trentaine de Sacres étendus depuis mon installation à Paris. Bien sûr, il faut convoquer les adjectifs habituels qui qualifient les Sacres réussis (violent, tellurique, profond, mystique...), mais jeudi soir, ça allait bien au-dessus de tout ça, et loin derrière ce qu'on a déjà entendu tant de fois. Peut-être que ce n'était pas mon meilleur Sacre en salle (je pense à celui des Dissonances en 2019 ?), mais c'était une version extrême, d'un extrémisme qui interroge, qui bouleverse aussi, qui percute, qui passionne. Est-ce possible de jouer aussi dense ? Est-ce possible de ne ménager que si peu de moments de relâchement (sauf le début du second tableau, où la tension est retombée, alors qu'on aurait pu espérer un maintien, une angoisse soutenue), qui en rend l'écoute à la fois fascinante et épuisante ? C'était nerveusement difficile à suivre, en tous cas pour moi (ça n'a pas empêché ma voisine de réorganiser le rangement de son sac à main, après avoir cherché son satané kleenex, dans une petite pochette en plastique qu'elle a triturée pendant de longues minutes... pour NE MÊME PAS se moucher !). Après un Sacre réussi, âpre et sec, noueux, austère, osseux, et aussi passionnant, par les Siècles moins d'une semaine plus tôt, c'est une version radicalement différente que nous avons entendue jeudi, et radicalement différente de tout ce que j'avais entendu jusqu'ici. Les mots qui me sont venus pendant les applaudissements : brillant, hollywoodien. C'était grandiose, à la fois cliquant et noble, avec les moyens démesurés tant d'une super-production héroïque des années 1950 aux décors Hollywood Regency que l'élégance souveraine d'un dieu de l'Olympe. S'il peut m'arriver de me demander pourquoi je vais entendre des morceaux que j'ai déjà entendus tant de fois, la soirée de jeudi a démontré le contraire, qu'on peut toujours être surpris par ce que l'on croit connaître le mieux. Triomphe en salle, orchestre radieux, collègues conquis.
J'ai tellement hâte de ré-entendre ça, en espérant que l'enregistrement soit à la hauteur ! |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Lun 10 Oct 2022 - 19:41 | |
| Merci pour ce compte rendu qui fait plaisir ! - Rocktambule a écrit:
- les tousseurs. J'ai vraiment du mal à comprendre ce qui les pousse à éructer comme ça.
Il y a au moins une piste qui me vient à l'esprit. - Citation :
- la bonne trentaine de Sacres étendus depuis mon installation à Paris
Ça rend curieux, tu as une liste complète ? - Citation :
- J'ai tellement hâte de ré-entendre ça, en espérant que l'enregistrement soit à la hauteur !
Je suis curieux de ce que ça va donner. En termes de tempo par exemple je ne suis pas sûr que c'était très extrême. La particularité tient plus comme tu l'écris au son, à la puissance, à la densité, à l'impression physique : pas forcément facile à capter, et au disque il y a une telle concurrence qu'on se demande si ça sortira du lot. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91595 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Lun 10 Oct 2022 - 23:35 | |
| Pour moi il n'y avait pas de grandes particularités dans ce Sacre; c'était très très bien et donc la plus-value est surtout celle du concert et de l'acoustique de cette salle. En disque, ça restera surement un bon Sacre, mais je ne crois pas que ça se hissera au niveau des grandes versions connues. (Dorati, Bernstein, Ozawa, Levine, Salonen...)
|
| | | Rocktambule Mélomaniaque
Nombre de messages : 833 Date d'inscription : 28/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Mer 12 Oct 2022 - 0:29 | |
| - mickt a écrit:
- Rocktambule a écrit:
- la bonne trentaine de Sacres étendus depuis mon installation à Paris
Ça rend curieux, tu as une liste complète ? Oulà... très difficile d'être exhaustif ! Il faudrait ressortir tous les programmes de salle que j'entasse dans des cartons ! De mémoire, il y a au moins ceux-là : - ONBA / Kwame Ryan, énorme claque, puis une autre fois à Bordeaux aussi, mais je ne me souviens plus du chef, - avec l'OP, de nombreuses fois : Paavo Järvi au moins deux fois (dont le lendemain de l'inauguration de la PP et avant à Pleyel), Tabachnik (premier concert de l'OP à Paris pour moi, grand souvenir), Urbański (mon seul mauvais Sacre), Heras-Casado (pas exceptionnel non plus) plus récemment, et KM donc, - Mikko à RF au moins deux fois, - ONF / Gatti au TCE, version avec un film animé qui défilait derrière et dont je n'ai jamais retrouvé les références (très bon, qui illustrait la nature et la corruption / pollution apportée par l'homme), - plusieurs fois au TCE en 2013, mais c'est confus (Gergiev ? sans certitude), - les Siècles en septembre, - ballet à Garnier en décembre dernier, - les Dissonances deux fois, - version pour deux pianos, sœurs Labèque trois fois (TCE, énorme claque, RF, puis Studio de la PP). Si d'autres me reviennent, je les ajouterai, mais ce devait être des versions dispensables, s'il n'en reste rien à première interrogation de la mémoire. Il y a aussi une version pour piano seul, mais assisté d'enregistrements par Fazil Say (il a fait un disque avec ça, que je ne trouve pas excellent bizarrement, pourtant j'adore ce pianiste), à Gaveau, qui a été annulée 1h avant, car "le matériel n'était pas arrivé", le soir anniversaire du centenaire. Je me souviens qu'il a joué les Tableaux d'une exposition à la place... Gloups... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91595 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Mer 12 Oct 2022 - 0:46 | |
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| | | tomseche89 Mélomaniaque
Nombre de messages : 702 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 13/08/2011
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Mer 12 Oct 2022 - 7:01 | |
| Jolie liste !
16 Sacres pour ma part (dont 1 pour deux pianos avec Eric Le Sage et Frank Braley), dont deux vraiment calamiteux (Urbanski/OP 2018 et Barenboim/Berlin 2018). Pour les meilleurs, incontestablement Les Dissonances 2017 et Roth/Les Siecles 2016 (avec chorégraphie).
J'enrage un peu d'avoir loupé celui de Mäkelä, à vous lire ! |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Mer 12 Oct 2022 - 14:49 | |
| Je crois que tous mes Sacres sont compris dans la liste de Rocktambule. Dissonances*2, Urbański (bizarre), Heras-Casado, Siècles 2022. Gergiev l'a donné au TCE en 2013 pour les 100 ans de la salle et de l'œuvre, avec l'orchestre et le ballet du Mariinsky. Le TCE avait fait tout un cycle : Nijinski, Pina Bausch, Akram Khan. |
| | | Rocktambule Mélomaniaque
Nombre de messages : 833 Date d'inscription : 28/03/2018
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Mer 12 Oct 2022 - 15:41 | |
| Sur la méthode, notez-vous quelque part, dans un fichier excel par exemple, les œuvres que vous avez entendues ? Ou, comme moi, c'est de mémoire et/ou en recherchant dans l'historique de mes messages ici ?
Ça fait quelque temps que j'imaginais un tableau avec autant d'onglets que de compositeurs ; et dans chaque onglet, la liste des œuvres entendues, avec la date, la salle et les interprètes. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97916 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Mer 12 Oct 2022 - 15:43 | |
| Je l'ai fait certaines années, mais honnêtement, j'aime mieux passer ce temps à rédiger un petit compte-rendu (ou à commenter un disque, ce qui restera plus utile à travers les années).
Autrement dit : je n'ai pas trouvé de façon réellement rapide de le faire. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97916 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 Mer 12 Oct 2022 - 22:13 | |
| - mickt a écrit:
- Chacun avait sa partie, de premier ou de second, voire de troisième, pas de mélange. Les premiers solistes donc : Picard, Lucas, Moraguès, Trénel, Mellardi. Philippe Berrod en clarinette 2, c'est un luxe appréciable. Cas un peu particulier pour les trompettes : on a déjà vu plusieurs fois Célestin Guérin venir jouer uniquement la partie de trompette piccolo, ce qu'il a refait cette semaine. Ah et je crois que c'était un tromboniste qui jouait de la trompette basse.
(tout ceci est aussi lié au fait que c'est un programme de tournée, l'orchestre part au Japon dans quelques jours.) Merci Mickt ! |
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| Sujet: Re: PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 | |
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| | | | PP— Saariaho, Ravel, Stravinski – Mäkelä, Ott, OP —5-6/10/22 | |
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