Écoute comparée : Chopin, Ballade op.23 (terminé)

Oui oui, j'ai vu...j'assume !

Le pianiste de la 9 est d'une classe absolue, pourquoi le confondre avec Cziffra

Ca marche !
En fait, j'avais dit Cziffra parce qu'il a la facheuse tendance à rajouter des octaves dans les graves un peu partout, et dans cette version, il y a plein de ces choses-là, notamment le tout début de la Ballade, il n'y a pas de do très grave sur la partition.

Ben dis-nous à qui tu penses, ou plutôt à qui ça te fait penser ? Ta phrase m'intrigue, je ne pense pas que ce soit celui à qui tu penses, mais ça me fait penser que ce à quoi tu penses serait une comparaison intéressante...

Ça me fait fortement penser à Madame Grinberg

Ha non

Ha non

Perdu alors

Grinberg, ce n'est pas ce numéro… Ou alors, je cours me procurer cet inédit, en concert en plus

Mais ce sont de telles comparaisons qui, moi, me paraissent intéressantes. Pourquoi pas effectivement, il y a (aussi) dans cette version 5 un peu de ce chant fragile et direct... Cette version 5 porte peut-être plus de violence que Grinberg (qui est peut-être aussi dans l'écoute, ou peut être pas ), mais disons que c'est un autre versant du tragique que l'on peut déceler dans cette ballade (et que Tragicsymph n'aime pas )

Grinberg est dans l'écoute, tu te fous de moi, je l'ai reconnue, quand même…

C'est pas fini de se moquer ?
T'inquiète, je plaisante !

Ah tiens, j'ai dû réussir à la fourrer dans un coin finalement...

Et non c'est pas fini de se moquer, chers amis...

Je sais qui est la 5 et cela ne m'étonne pas du tout…

Plus j'écoute et plus je me dis que le classement va être dur à faire.

Les seules que j'ai dégagé définitivement ce sont les 1, 7 et 11.

Version n°1 : C’est beau, c’est bien fait mais c’est un peu chiant, la fin surtout
Version n°7 : intro plate, prosaïque, pas de tension. C’est assez peu classe dans les traits, le chant à la main droite est assez limite. A côté des trois versions précédentes, c’est un peu pauvre. La fin est jouée sans passion, le pianiste s’emmerde et ça déteint sur nous. Respect scrupuleux de la partition, c’est scolaire, mais ça ne dépasse pas ce cadre.
Version n°11 : Piano mal réglé ou mauvais pianiste, les extinctions sont vilaines. Ce n’est pas super clair harmoniquement, pas énormément de chant non plus, ce dernier étant souvent remplacé par toutes sortes de maniérismes. Il ne se passe rien, aucune passion, le pianiste avait peut-être mieux à faire ce jour là. C’est pas très classe, assez mal dégrossi, au revoir.

Arrête de te la pêter
Je pense quand même avoir trouvé qui c'est et si cette fois-ci j'ai bon, cela me n'étonne pas non plus

C'est rigolo, cette écoute comparée. Je sens qu'il va y avoir des pavés dans la mare...

Je n'ai écouté que les 9 premières, c'est passionnant. Difficile de faire un classement, mais dans ce que je trouve beau, intéressant et réussi, il y a ce que j'aime et ce que je n'aime pas. Oui, c'est difficile, ce petit jeu ! mais je continue.

Même chose avec la 11, une de mes versions préférées, depuis toujours… J'adore le maniérisme, que je prends facilement pour de la poésie Alexandre va casser toute la baraque !!!!! Génial !

Il y a certaines choses que l'on pourrait prendre pour des maniérismes dans la 12 aussi, mais je les trouve mieux intégrés au discours, alors que ce dernier est pour moi absent de la 11. Et puis cette 11 est tellement faible techniquement, vraiment je ne peux pas. La 7 me paraît manquer de tension, c'est vraiment une version gentille pour auditeurs gentils.
Et puis j'aime entendre une certaine distinction dans Chopin, et elle me semble absente des 1, 7 & 11, distinction portée au degré suprême dans les 4 et 9

La 11 est faible techniquement, c'est indéniable. Le monsieur était très vieux quand il a enfin pu enregistrer ces Cd après une longue traversée du désert. Quant au son, cela est dû à une certaine maison d'édition dont tous les enregistrements piano sont particulièrement pourris… Je savais que celle-là ne passerait pas, parce que le discours y est au-delà de la technique, moi ça me bouleverse, cette poésie. C'est la ballade que je préfère dans son intégrale. Et je l'ai entendu en concert, lui, donc il a été mon contemporain à un moment donné…

Ça m'étonne vraiment que tu aimes autant cette version, j'y entends un tel ronron comparé à une bonne dizaine d'autres versions ! La pédale est très peu mobile (peut-être l'arthrose ?), et ça me gêne vraiment ce peu de clarté harmonique, ça bouffe toute la conduite. Ce manque de drame pourrait être compensé par un jeu raffiné, mais ce n'est pas le cas.

J'ai trouvé le temps pour écouter les 8 premières versions.
Ça commence bien, il y a déjà deux versions que j'écoute énormément et
une que je ne connaissais pas qui a particulièrement attiré mon attention.

En voyant les commentaires, cette écoute s'annonce passionnante !
Il n'y a pas à dire, discobole a finement joué son coup

Je suis complètement d'accord avec ça.
La 4 est un sommet. La 9 aussi, mais j'aime moins ses partis pris.

La 9 paraît peut-être légèrement sophistiquée alors que la 4 me donne une impression confondante de justesse et de naturel.

Je viens de réécouter la 4 et ça me laisse froid ce genre d'interprétation, je préfère largement 2 et 3 par exemple.

La 3 je la trouve très bizarre, presque hors-sujet, alors que je pense qu'il s'agit d'un très grand pianiste, certaines fulgurances sont impressionnantes. Ça se veut objectif, mais ça manque de naturel pour moi, ça va un peu à l'encontre du flux.
La 4 me touche énormément, je trouve qu'il y a une douleur profonde, qui ressort de façon continue mais très subtile.

La 3 est en effet très inhabituelle. Comme tu dis le pianiste doit rechercher une certaine objectivité, et en effet certains passages sont remarquables. J'aime beaucoup ce pianiste, qui si je l'ai bien reconnu, n'est pas souvent associé à Chopin (ce qui regrettable à mon avis).

Par rapport à ce qu'il fait ici, je trouve normal qu'il ne soit pas reconnu en tant que chopinien. J'ai l'impression qu'il passe un peu à côté de l'esprit, il joue ça comme du Brahms. Alors dans cette optique c'est magnifiquement fait, mais dans les passages demandant du rubato et du chant, je trouve que ça ne fonctionne pas très bien.

J'ai tout réécouté et pour le moment six versions me plaisent beaucoup, et il va falloir en éliminer une
Je vais certainement tout de même en éliminer 3, car il y en a tout de même...
Sinon certaines sont rigolotes comme la 10 ou la 13 : par moment j'ai l'impression d'entendre du Nancarrow

Bizarre la version 13, j'ai l'impression qu'elle est entre 1/2 et 1 ton plus bas que sol mineur...

Tout à fait, cette version est exactement jouée comme du Brahms ou du Beethoven, c'est ce qui y est intéressant et en même temps pas totalement convaincant... En tout cas elle de manque pas de style.

C'est drôle, j'ai réécouté cette version aujourd'hui, et elle m'a plutôt pas mal plu, sans casser des briques non plus ! Et sinon, après les évènements d'hier, j'ai quand même revu mon jugement à la hausse pour la 5° à la réécoute, j'éditerai mon classement demain, mais il y a quand même certaines choses qui ne m'ont pas vraiment plu dans cette 5°, le fait de changer légèrement le texte, et puis j'avais trouvé les passages virtuoses justement légèrement trop, mais à part ça, c'est vrai, j'ai vraiment été dur sur cette version, j'en suis désolé auprès de Mariefran et d'Alexandre !

1 V5 : un enchantement ! Je me souviens de la première fois que je l’avais écouté : un véritable choc esthétique, je n’en croyais pas mes oreilles ! Je ne reconnaissais pas la ballade et en même temps tout était là ! Cela faisait plusieurs années que je ne l’avais pas écouté et à nouveau un choc émotionnel intense, malgré les toux et la captation live pas idéale ; j’en ai pleuré !
Merci Discobole !
2 V2 : dans Chopin on peut difficilement faire plus authentique ; le rubato semble naturel, rien n’est fabriqué tout semble évident.
3 V3 :l’antithèse des deux précédentes, tant une volonté objective semble dominer cette version ; oui, on peut trouver c’est joué comme du Brahms ou du Beethoven, mais ce point de vu est original et cette version prouve également qu’on n’est pas obligé de mettre trop de rubato dans Chopin pour que ça fonctionne. Certain passages comme celui à partir de 1’45 sont pour moi extraordinaires.
4 V6 : on a un poète ou je ne m’y connais pas : ce n’est jamais mièvre, et on a de grandes envolées lyriques sans grandiloquence ; les passages rapides sont dévastateurs, mais ne tombent jamais comme certaines versions dans la démonstration virtuose gratuite.
5 V14 : j’aime bien ce discours direct, franc. Le son est parfois dur, et je ne sais pas si cela provient de la prise de son ou du toucher, et j’en fait abstraction car cette vision m’intéresse grandement.
Ca n’a pas été facile d’en garder seulement 5 mais après plusieurs écoutes le choix s’est imposé à mes oreilles.
Pas de versions que je déteste, car toutes ont au moins un passage qui m’a interpellé ; j’ai parfois été agacé ou ai trouvé certains passages ridicules, mais pas au point de clouer une version au pilori.

J'ai continué la découverte des versions proposées avec la 9, 10 et 11.

- 9 : interprétation très fine qui conduit peut-être à quelques dérapages dans ce sens, la technique est superbe et ça donne une version très élégante;
- 10 : un peu trop dure et virtuose (dans le mauvais sens du terme) pour moi;
- 11 : elle est pas mal du tout cette interprétation. J'aime beaucoup le subtil travail polyphonique. Assez irrésistible.

Pour quoi (ou qui) cette question ?

En effet !

Si tu votes 2, 5, 6 & 14 on en aura au moins 4 en commun ! Ai-je fait le bon choix ?

Et je déplore une tendance très conservatrice dans les commentaires jusqu'ici. Les versions les plus dépaysantes sont rarement mises en avant, ou quand elles le sont, c'est souvent que vous les connaissez apparemment déjà...
Il y aura peut-être moins de repères chez les vivants

Peu se sont exprimés jusqu'à présent. Moi j'ai écouté les 11 premières versions et le hasard d'une écoute récente a fait que j'ai cru reconnaître la version 7, mais je n'ai pas reconnu les autres. Je ne sais d'ailleurs pas comment vous faites pour reconnaître les pianistes (à part dans des choses aussi marquées que la 5 par exemple). (Je continue hors spoiler car la question est générale.)

Je me demandais aussi, si je n'étais pas guidé par ce que je connaissais déjà. En fait oui, mais après plusieurs écoutes, difficile pour moi de faire un autre choix. Il y en a tout de même 2 sur les 5 que j'ai choisis que je n'ai pas reconnus.

En fait, par exemple, la 5, c'est typiquement le genre de version qui provoque aisément un rejet quand on ne la connaît pas. Ou la 2, même chose. Et bingo, ceux qui ne connaissent ou ne reconnaissent pas ont tendance à rejeter, et inversement. Et d'autres versions porteuses à mon sens de la même folie que ces deux-là mais (pour certaines ?) moins connues (12, 13, 18, pour prendre des exemples) sont royalement ignorées par un peu tout le monde...

Rassure-toi, la version 18 a fait son petit effet

Quant aux soupçons sur les musiciens, il n'y en a que 4. Le reste m'est totalement inconnu.
Le problème est justement de gérer ces interprétations connues que j'aime beaucoup et les découvertes.
En les réunissant, on arriverait presque à l'ensemble de l'écoute

Ou alors, on se dit qu'à l'instant T, voici les versions qu'on aimerait vraiment réécouter.

Quel dilemne

Je pense connaître les pianistes 12 et 18 (pour la 18, ils sont peu de pianistes à avoir joué sur des pianos de musée aussi déglingués), on ne peut pas dire non plus que ce soient des inconnus. Après pour la 18, je suis vraiment gêné par l'accord et le piano totalement désharmonisé, alors que pourtant j'admire la manière dont c'est fait (je connais une exceptionnelle 3e ballade par ce pianiste).
Je ne connaissais pas du tout la 5 au début de l'écoute et pourtant elle m'a assez immédiatement plu.
Et globalement j'essaye d'écouter au maximum chaque version (3 écoutes au minimum pour le moment) pour être aussi peu que possible perturbé par mes habitudes.