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| Emmanuel Chabrier | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Emmanuel Chabrier Mar 13 Fév 2007 - 17:11 | |
| « Chabrier, nous faisions, un ami cher et moi, Des paroles pour vous qui leur donniez des ailes. Et tout trois frémissions quand, pour bénir nos zèles, Passait l’Ecce Deus, ou le je ne sais quoi.
Chez ma mère charmante et divinement bonne, Votre génie improvisait au piano Et c’était tout autour comme un brillant anneau De sympathie et d’aise aimable qui rayonne.
Hélas ! ma mère est morte et l’ami cher est mort, Et me voici semblable au chrétien près du port Qui surveille les tout derniers écueils du monde, Non toutefois sans saluer à l’horizon Comme une voile sur le large au blanc frisson Le souvenir des frais instants de paix profonde . »
Verlaine écrit ce sonnet en juin 1887, à l’asile de Vincennes où l’ont conduit la passion et l’absinthe. L’ami cher qui écrivit avec lui le livret de Fich-Ton-Kan c’est Lucien Viotti, son ami du Lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet). Chabrier vivra sept ans encore, dont une bonne moitié dans un état végétatif consécutif aux évolutions de la syphillis et d’autres maladies opportunistes.
Chabrier est né au milieu du 19ème siècle, en 1841, en Auvergne, la même année que Berthe Morisot, Clemenceau, Dvorak, Catulle-Mendes, Renoir, Fallières, Bazille, si cela permet de situer, l’année où meurent Lermontov et Aloysius Bertrand. Il viendra à la musique 20 ans plus tard et n’en laissera guère qu’une dizaine d’heures, à peine plus que Dukas, Boulanger ou Lekeu. Quasi autodidacte, voire dilettante à la Borodin, il marque d’une empreinte indélébile toute la musique française de 1860 à 1950, même s’il est plus pratique de le ranger parfois dans le placard comme un aimable rigolo n’ayant composé que l’équivalant du Beau Danude Bleu, Espana, une petite pièce que les compilateurs enregistrent volontiers à côté de la Danse Macabre, de l’Apprenti et du Boléro. Son influence sur les élèves de Franck, comme sur les Six et l’Ecole d’Arcueil, dépasse nos frontières pour s’infiltrer jusqu’à Villa-Lobos, Rota, ou Strauss (Richard, cette fois). Sauf que, même sérieux, Chabrier a toujours le bon goût de ne faire que dans l’humour. Je propose, en cette veille d’élection présidentielle, que chacun réécoute la Ballade des Gros Dindons afin d’avoir une vision plus réaliste de l’avenir.
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:21, édité 2 fois |
| | | kougelhof 1er Mélomane averti
Nombre de messages : 487 Date d'inscription : 03/02/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mar 13 Fév 2007 - 20:44 | |
| Je viens de consulter le site Amazon afin de prendre connaissance avec la discographie consacrée à Chabrier, on peut en passant écouter des extraits d'oeuvres afin de s'en faire une petite idée. je retiens les oeuvres suivantes : Espana, Habanera, Bourrée Fantasque, Gwendoline, Suite Pastorale, Briséis ou les Amants de Corinthe, Pièces Pittoresques pour piano et des Mélodies. Je connaissais un peu Espana mais ignorait le nom du compositeur, j'ai aimé un bref passage de l'ouverture de Gwendoline ainsi que les Pièces Pittoresques. Je ne connaissais pas Chabrier, je suis content d'avoir réparé cet oubli ! Merci Sud273 pour ce sujet consacré à ce compositeur. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mar 13 Fév 2007 - 21:04 | |
| il y a un vieux disque de Dervaux avec la meilleure possible ouverture de Gwendoline, Espana, la Joyeuse marche et la fête bohémienne du Roi Malgré Lui. Si tu veux vraiment passer un bon moment et rire un peu en écoutant de la très bonne musique, je crois que L'étoile (Gardiner/Allio-Lugaz) vient de ressortir en CD. Je vais probablement céder à mon propre conseil et le racheter bien que je l'aie déjà dans divers formats.
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:22, édité 3 fois |
| | | kougelhof 1er Mélomane averti
Nombre de messages : 487 Date d'inscription : 03/02/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mar 13 Fév 2007 - 21:08 | |
| - sud273 a écrit:
- il y a un vieux disque de Dervaux avec la meilleure possible ouverture de Gwendoline, Espana, la Joyeuse marche et la fête bohémienne du Roi Malgré Lui.
Si tu veux vraiment passer un bon moment et rire un peu en écoutant de la très bonne musique, je crois que L'étoile (Gardiner/Allio-Lugaz) vient de ressortir en CD. Je vais probablement céder à mon propre conseil et le racheter bien que je l'ai déjà dans divers formats. Rire un peu comment cela ? explique-toi si tu veux bien ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mar 13 Fév 2007 - 21:17 | |
| L'étoile est une comédie irrésistible, beaucoup plus drôle que n'importe quel Offenbach, aussi rigolotte que les Mamelles de Tirésias de Poulenc, avec une maîtrise d'écriture qui ferait pâlir n'importe quel compositeur français de Berlioz à Roussel. Chabrier a fait avec le même sérieux des opéras très wagnériens (pour résumer) et des opérettes mozartiennes, et malheureusement, comme Moussorgsky, si peu de musique d'orchestre et de musique de chambre.
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:23, édité 2 fois |
| | | kougelhof 1er Mélomane averti
Nombre de messages : 487 Date d'inscription : 03/02/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 0:04 | |
| - sud273 a écrit:
- L'étoile est une comédie irrésistible, beaucoup plus drôle que n'importe quel Offenbach, aussi rigolotte que les Mamelles de Tirésias de Poulenc, avec une maîtrise d'écriture qui ferait pâlir n'importe quel compositeur français de Berlioz à Roussel.
Chabrier a fait avec le même sérieux des opéras très wagnériens (pour résumer) et des opérettes mozartiennes, et malheureusement, comme Moussorgsky, si peu de musique d'orchestre et de musique de chambre. Cette "Etoile" est belle musicalement ? |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91592 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 2:25 | |
| - sud273 a écrit:
- il marque d’une empreinte indélébile toute la musique française de 1860 à 1950
Chabrier, plus important et novateur que Debussy? Bon, sinon j'aime beaucoup la Bourrée fantasque, pièce vraiment originale et réussie, mais rien d'autre n'a attiré mon attention jusqu'ici... J'ai bien écouté d'autres choses pourtant, mais bon. |
| | | Fuligo Déesse du scalpel
Nombre de messages : 3788 Age : 44 Localisation : Nothingness, SK Canada Date d'inscription : 10/01/2006
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 3:44 | |
| J'aime beaucoup l'Etoile. J'hésite un peu pour le DVD (Gardiner), quelqu'un le connait? A quoi ça ressemble niveau mise en scène? |
| | | aconit-er Néophyte
Nombre de messages : 15 Age : 65 Date d'inscription : 31/12/2006
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 9:21 | |
| - sud273 a écrit:
Chabrier est né au milieu du 19ème siècle, en 1841, en Auvergne... Chabrier est natif d' Ambert, et c'est pour cela qu'à chaque fois que j'écoute sa musique, ça me met en fourme ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 9:24 | |
| - Citation :
- Chabrier, plus important et novateur que Debussy?
Mais oui, certainement, le chaînon manquant entre Berlioz et Dutilleux. "Je m'en vais le montrer tout à l'heure":
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:26, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 16:27 | |
| Influence sur Debussy et Ravel
L’influence de Chabrier sur la musique du 20è siècle est considérable ; elle est néanmoins sous-terraine et d’une telle discrétion qu’on pourrait presque croire qu’elle n’a pas existé. Même Debussy reconnaît qu’il était « merveilleusement doué pour la Muse comique », la « Marche Joyeuse , certaines mélodies sont des chefs-d’œuvre de haute fantaisie dus à la seule musique ». Ce faisant, il semble ne considérer chez Chabrier que la veine drôlatique (et de nombreux témoins se souviennent effectivement de ses fou-rires lorsqu’il interprétait le « duo de la Chartreuse » de L’Etoile), ce qui permet selon la mauvaise foi habituelle de Debussy, de gommer tous les emprunts qu’il fait à ses prédécesseurs : placer Chabrier sur le terrain du rigolo permet d’affirmer qu’ils ne jouent pas dans la même catégorie. Pourtant lorsqu’on écoute La Demoiselle Elue, on est frappé de constater qu’il décalque presque mesure par mesure l’instrumentation de la version pour orchestre de l’Ode à la musique, qui constitue pour la jeune génération, une sorte de Talisman comparable à la petite ébauche de Gauguin que vénéraient les Nabis. Les critiques soulignent assez souvent que même dans Le Roi malgré Lui, l’entrée de Minka préfigure certaines tournures de Pélléas, et l’on trouverait maintes ressemblances dans divers fragments isolés des Pièces Pittoresques avec La Plus que lente, les Arabesques ou la Suite Bergamasque. Franck, sans doute plus honnête, ne disait-il pas lors de la première audition des Pièces pittoresques « Nous venons d’entendre quelque chose d’extraordinaire. Cette musique relie notre temps à celui de Couperin et de Rameau. » On prétendra souvent la même chose de la musique pour piano, si « tradition française » de Debussy. L’influence de Chabrier sur Debussy passe aussi par ces intermédiaires que sont Wagner et Ravel, et le côté « musique liquide » des deux « impressionistes » français (même s’ils rejetaient avec véhémence cette qualification) descend tout autant des Jeux d’eau de la Villa d’Este de Liszt que des atmosphères des scènes chorales qui ouvrent les opéras sérieux complètement oubliés de Chabrier. La musique de Debussy comme la peinture de Monet tend à se perdre dans la forêt obscure des sensations ébauchées, celle de Chabrier, comme la peinture de son ami Manet, est tournée vers l’affirmation franche et lumineuse : à son éditeur, il écrivait : « C’est très clair , cette musique-là [la sienne] : ne vous y trompez pas et ça paie comptant: c’est certainement de la musique d’aujourd’hui ou de demain, mais pas d’hier ... Ce qu’il ne faut pas, c’est de la musique malade ; ils sont là quelques-uns, et des plus jeunes, qui se tourmentent tout le temps pour lâcher trois pauvres bougres d’accords altérés, toujours les mêmes, du reste; ça ne vit pas, ça ne chante pas, ça ne pète pas.» Au contraire de Debussy qui cherche plutôt à l’enterrer, Ravel (auteur d’un célèbre à la manière de), comme Poulenc (lequel se décrivait musicalement comme son petit-fils) ont martelé ce thème de l’influence de Chabrier, « le véritable inventeur de la musique française moderne » selon les mots-mêmes de Florent Schmitt. La Sérénade grotesque comme toutes les premières œuvres de Ravel en sont issues en droite ligne, et cette influence est tellement évidente qu’elle a joué un rôle important dans le reniement de Ravel au sujet de la Pavane et de nombre de ses essais de jeunesse. L’importation des gammes modales ou défectives, les polyrythmies révélées par Espana (qui est aussi l’acte de naissance de l’école ibérique, Albeniz, Falla, Granados), sont responsables des bouleversements attribués généralement au séjour parisien de Stravinsky, sauf que tout cela se fait toujours sans avoir l’air d’y toucher, avec le sourire, par plaisanterie. « Les partitions de Chabrier sont un véritable répertoire d’effets nouveaux qui n’appartiennent qu’à lui et constituent sa physionomie artistique plus que ne le fait sa conception particulière du drame chanté, adaptation au goût français du système wagnérien » écrivait Dukas, qui n’était pas le plus conciliant des critiques. Bien sûr en faisant référence à Debussy, Schmitt et Ravel, on a sauté une génération, celle de Chausson et d’Indy, qui, plus éduqués que le petit auvergnat auront appris beaucoup de ses facilités, comme de Lalo et Delibes.
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:24, édité 2 fois |
| | | kougelhof 1er Mélomane averti
Nombre de messages : 487 Date d'inscription : 03/02/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 16:46 | |
| - sud273 a écrit:
-
- Citation :
- Chabrier est natif d' Ambert, et c'est pour cela qu'à chaque fois que j'écoute sa musique, ça me met en fourme
Ambert et Issoire, le centre du monde selon le Jules Romain des Amis...
- Citation :
- Chabrier, plus important et novateur que Debussy?
Mais oui, certainement, le chaînon manquant entre Berlioz et Dutilleux. "Je m'en vais le montrer tout à l'heure":
L’influence de Chabrier sur la musique du 20è siècle est considérable ; elle est néanmoins sous-terraine et d’une telle discrétion qu’on pourrait presque croire qu’elle n’a pas existé. Même Debussy reconnaît qu’il était « merveilleusement doué pour la Muse comique », la « Marche Joyeuse , certaines mélodies sont des chefs-d’œuvre de haute fantaisie dus à la seule musique ». Ce faisant, il semble ne considérer chez Chabrier que la veine drôlatique (et de nombreux témoins se souviennent effectivement de ses fou-rires lorsqu’il interprétait le « duo de la Chartreuse » de L’Etoile), ce qui permet selon la mauvaise foi habituelle de Debussy, de gommer tous les emprunts qu’il fait à ses prédécesseurs : placer Chabrier sur le terrain du rigolo permet d’affirmer qu’ils ne jouent pas dans la même catégorie. Pourtant lorsqu’on écoute La Demoiselle Elue, on est frappé de constater qu’il décalque presque mesure par mesure l’instrumentation de la version pour orchestre de l’Ode à la musique, qui constitue pour la jeune génération, une sorte de Talisman comparable à la petite ébauche de Gauguin que vénéraient les Nabis. Les critiques soulignent assez souvent que même dans Le Roi malgré Lui, l’entrée de Minka préfigure certaines tournures de Pélléas, et l’on trouverait maintes ressemblances dans divers fragments isolés des Pièces Pittoresques avec La Plus que lente, les Arabesques ou la Suite Bergamasque. Franck, sans doute plus honnête, ne disait-il pas lors de la première audition des Pièces pittoresques « Nous venons d’entendre quelque chose d’extraordinaire. Cette musique relie notre temps à celui de Couperin et de Rameau. » On prétendra souvent la même chose de la musique pour piano, si « tradition française » de Debussy. L’influence de Chabrier sur Debussy passe aussi par ces intermédiaires que sont Wagner et Ravel, et le côté « musique liquide » des deux « impressionistes » français (même s’ils rejetaient avec véhémence cette qualification) descend tout autant des Jeux d’eau de la Villa d’Este de Liszt que des atmosphères des scènes chorales qui ouvrent les opéras sérieux complètement oubliés de Chabrier. La musique de Debussy comme la peinture de Monet tend à se perdre dans la forêt obscure des sensations ébauchées, celle de Chabrier, comme la peinture de son ami Manet, est tournée vers l’affirmation franche et lumineuse : à son éditeur, il écrivait : « C’est très clair , cette musique-là [la sienne] : ne vous y trompez pas et ça paie comptant: c’est certainement de la musique d’aujourd’hui ou de demain, mais pas d’hier ... Ce qu’il ne faut pas, c’est de la musique malade ; ils sont là quelques-uns, et des plus jeunes, qui se tourmentent tout le temps pour lâcher trois pauvres bougres d’accords altérés, toujours les mêmes, du reste; ça ne vit pas, ça ne chante pas, ça ne pète pas.» Au contraire de Debussy qui cherche plutôt à l’enterrer, Ravel (auteur d’un célèbre à la manière de), comme Poulenc (lequel se décrivait musicalement comme son petit-fils) ont martelé ce thème de l’influence de Chabrier, « le véritable inventeur de la musique française moderne » selon les mots-mêmes de Florent Schmitt. La Sérénade grotesque comme toutes les premières œuvres de Ravel en sont issues en droite ligne, et cette influence est tellement évidente qu’elle a joué un rôle important dans le reniement de Ravel au sujet de la Pavane et de nombre de ses essais de jeunesse. L’importation des gammes modales ou défectives, les polyrythmies révélées par Espana (qui est aussi l’acte de naissance de l’école ibérique, Albeniz, Falla, Granados), sont responsables des bouleversements attribués généralement au séjour parisien de Stravinsky, sauf que tout cela se fait toujours sans avoir l’air d’y toucher, avec le sourire, par plaisanterie. « Les partitions de Chabrier sont un véritable répertoire d’effets nouveaux qui n’appartiennent qu’à lui et constituent sa physionomie artistique plus que ne le fait sa conception particulière du drame chanté, adaptation au goût français du système wagnérien » écrivait Dukas, qui n’était pas le plus conciliant des critiques. Bien sûr en faisant référence à Debussy, Schmitt et Ravel, on a sauté une génération, celle de Chausson et d’Indy, qui, plus éduqués que le petit auvergnat auront appris beaucoup de ses facilités, comme de Lalo et Delibes. C'est très bien dit et très bien vu tout ça Sud273, j'ai entendu des extraits de Chabrier sur Amazon et me suis dit que les sonorités faisaient impressionnistes ou pré-impressionnistes. J'ai été très surpris. Je ne peux donc plus considérer Debussy comme étant un "extra-terrestre" qui aurait inventé l'impressionnisme en musique tout seul et partant de rien. De plus Espana, de Chabrier qui revint d'Espagne, a dû certainement inspirer les oeuvres "ibériques" de bon nombre de compositeurs, Ravel par exemple ainsi que d'autres. Ce Chabrier encore un bienfaiteur méconnu ! Au fait Sud273, n'y a-t-il pas d'essence impressionniste dans certaines oeuvres de Florent Schmitt ? D'après toi, après le post-romantisme comment a-t-on pu en arriver à l'impressionnisme en musique ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 20:44 | |
| je ne sais pas trop comment répondre à ta question: parler d'impressionnisme en musique est une commodité de langage, et quels en seraient les représentants sortis de Ravel et Debussy?
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:29, édité 2 fois |
| | | jolan Mélomane averti
Nombre de messages : 394 Localisation : Rouen Date d'inscription : 14/01/2006
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 20:53 | |
| - sud273 a écrit:
- avec une maîtrise d'écriture qui ferait pâlir n'importe quel compositeur français de Berlioz à Roussel
Mouais, si l'ont veut. Moi je veux pas... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91592 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 20:58 | |
| - sud273 a écrit:
- je ne sais pas trop comment répondre à ta question: parler d'impressionnisme en musique est une commodité de langage, et quels en seraient les représentants sortis de Ravel et Debussy?
Caplet, Koechlin, Szymanowski... - sud273 a écrit:
- Schmitt, qui précède Stravinsky et Debussy dans le "modernisme"
Ah bon? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 21:37 | |
| je sais, Xavier que tu penses que j'exagère l'importance de Florent Schmidt, en répétant ce que lui écrivait Stravinsky. Peut-être Stravinsky ne cherchait-il qu'à le flatter par opportunisme.
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:31, édité 2 fois |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91592 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 14 Fév 2007 - 22:33 | |
| Je sais que Stravinsky s'est dit très admiratif de la Tragédie de Salomé. Ca n'en fait pas pour autant de Schmitt le précurseur de la Mer, du Faune et du Sacre! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Lun 19 Fév 2007 - 10:23 | |
| voici le texte de l'éloge de Chabrier que prononça Alfred Bruneau à la demande la SNM. Ce n'est peut-être pas le meilleur moyen d'intéresser les auditeurs à la musique de Chabrier, mais on est alors en 1913, à la veille de la guerre et l'exaltation du sentiment français est de mise.
"Toute l'ample force du pays natal éclate dans l'oeuvre splendide d'Emmanuel Chabrier; toute l'immense allégresse de la terre nourricière rit en sa musique robuste, large, pleine, exubérante et joviale. D'avoir vu le jour au Centre, au coeur palpitant de la France, celui que la Société des Auteurs Dramatiques me prie d'honorer avec vous fut le plus réellement gaulois de nos compositeurs; gaulois par la loyauté, la sincérité, l'enthousiasme, gaulois par la verve audacieuse, la libre allure, la passion virile et bien portante. Certes son double génie pathétique et comique eut assez de grandeur et de puissance pour chanter ardemment, supérieurement, l'universalité des êtres et il n'existe personne qui, du nord au midi, de l'est à l'ouest du monde, ne retrouve un peu de soi-même dans les mélodies innombrables jaillies de sa plume tantôt émouvante, tantôt divertissante.
Mais son âme garda l'empreinte profonde qu'y laissa la mère patrie et c'est nous surtout, avec les traits particuliers de notre caractère, qui revivrons éternellement en ses pages les plus typiques où la vaste poésie de notre ciel, de nos arbres, de notre sol, est exprimée de si merveilleuse façon, où les traditions pittoresques, les gaies coutumes de nos campagnes, de nos villages, de nos provinces, sont comme glorifiées et immortalisées. Rappelez-vous seulement la Marche Joyeuse et la Bourrée Fantasque, ces deux étonnants morceaux, uniques dans la littérature instrumentale et dont le rythme, la couleur semblent impossibles à égaler. Ce sont des tableaux de moeurs, comparables aux "Kermesses" des vieux peintres flamands, reflets fidèles de l'esprit d'une race. Par eux, à travers les siècles, se continuera l'intense mouvement de nos fêtes rustiques; par eux les peuples lointains y participeront; par eux les bornes de notre domaine seront reculées à l'infini. Ils suffiraient à montrer, si nous n'avions tant d'autres exemples, ce qu'il y a de vraiment national dans l'art de notre cher Emmanuel Chabrier.
Inclinons-nous devant l'image à laquelle l'illustre sculpteur Constantin Meunier a donné une saisissante beauté. C'est celle d'un homme qui, en dépit des flammes heureuses de son bon regard, connaît l'amertume et la désillusion. Après le foudroyant succès d'España aux Concerts Lamoureux, il avait le droit d'espérer que ses opéras seraient joués et applaudis sans retard. Hélas ! Il dut attendre très longtemps. La noble et fière Gwendoline ne fut représentée ici qu'à la fin de sa vie. La bouffonnerie charmante et subtile du Roi malgré lui décontenança le public de la Salle Favart. Et la mort l'emporta au moment où il achevait le premier acte de Briséïs, qui est probablement son chef d'oeuvre. L'originalité dont il témoigna dans ses partitions empêcha qu'on les comprît instantanément.
Cette originalité, cependant, était chez lui naturelle, foncière. Rien d'excentrique, d'inquiétant ni d'hostile n'en amoindrissait la franchise. Chabrier avait étudié presque seul. Il restait à l'écart des cénacles, ne se souciait point de grouper autour de lui des disciples ou des thuriféraires. Il obéissait à des lois d'indépendance absolue et il créa ainsi une langue musicale de nouveauté extraordinaire, de prodigieuse saveur. Il n'eut pas que de la fougue, de la violence et de l'éclat.
Il posséda également une grâce, une sensibilité, une tendresse adorables. Au cas où le délicieux accord de son orchestre et de ses voix ne le prouverait pas assez, on en aurait l'assurance formelle en lisant ses lettres, ses lettres superbes, épiques et familières, à la fois si amusantes et si touchantes qu'elles mettent le rire à nos lèvres et les larmes à nos yeux.
Lorsque j'évoquais les luttes soutenues par Chabrier, je ne voulais pas, croyez-le bien, plaindre exagérément le vaillant maître, car, s'il a souffert, il a aussi réalisé son rêve de travailleur, de producteur, celui qu'il mettait au-dessus des autres et qui nous vaut de l'avoir toujours parmi nous, puisque sa pensée nous reste. Quoi de plus magnifique, de plus enviable ? Et qu'importe l'âpreté des batailles quand elles s'achèvent par la victoire !
Cette victoire, nous la célébrons et, malgré la tristesse poignante qui nous saisit devant ce tombeau, nous en éprouvons un immense bonheur. Imaginons que des "marches joyeuses" vont se dérouler ici, triomphalement, que des "bourrées fantasques" vont s'exalter aux sons des flûtiaux et des musettes qui là-bas, en Auvergne, bercèrent l'enfance d'Emmanuel Chabrier et lui prédirent son destin. Gardons au fond de nous-mêmes le religieux souvenir de notre grand ami; continuons d'user largement, fermement à son égard du doux privilège de justice que nous exerçons aujourd'hui, prolongeons l'hommage que nous lui rendons, multiplions les preuves de la dévotion qui lui est dûe.
A cette heure où il entre définitivement dans la gloire, je salue de toute ma filiale affection, de toute ma fervente admiration le vibrant et rayonnant musicien français, humain, universel."
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:40, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Lun 19 Fév 2007 - 16:38 | |
| Chabrier chez Wagner (ou plutôt chez sa femme)
Parler de l’influence et de la réception de Wagner en France est une chose difficile, on risque sans cesse de se heurter à des présupposés politiques : donc on essayera de parler essentiellement ici de musique. Wagner a été assez mal reçu lors de ses visites en France, en 1860 il a dirigé trois concerts au cours desquels on a pu entendre l’ouverture du Vaisseau fantôme, le prélude de Tristan, des extraits de Lohengrin, avant que l’opéra de Paris n’accepte de monter Tanhauser qui, victime des cabales, ne fut guère défendu que par Baudelaire et Catulle-Mendès. Dans le langage de la critique, wagnérisme, « musique de l’avenir » deviennent synonymes d’orchestration lourde, à effets, cuivrée, dissonnances, bruit, récitatifs interminables et bizarreries harmoniques, on taxe aussi bien Massenet que Berlioz de ce défaut repoussant, si étranger trouve-t-on au « génie français ». Chabrier a été durablement fasciné par Wagner, il est même devenu peu à peu le vecteur principal de l’importation du dernier Wagner en France. Dès 1862, il a appris l’orchestration dans Wagner, en recopiant la partition de Tanhauser : il a été le premier français à pleurer à l’écoute de Tristan, se désespérant longtemps que Wagner et lui fussent « du même métier ». A partir de 1869, il est au centre du premier cercle wagnérien de Paris, celui initié par Antoine Lascoux, juge de profession et chef d’orchestre amateur. Chez Lascoux comme au sein d’autres salons bourgeois, Chabrier au piano, Lamoureux à l’alto et d’Indy aux timbales donnent des concerts privés où ils jouent en réduction les grands moments des partitions du Maître. Quand Lamoureux crée les « nouveaux concerts » destinés à la promotion de la musique nouvelle, Chabrier quitte son emploi au ministère pour devenir répétiteur à ses côté et préparer les premières auditions de Tristan ; il y voit en effet le moyen d’entrer en contact avec la partition et de l’apprendre par cœur. Une grande amitié lie Chabrier à d’Indy et surtout à Duparc, son cadet de huit ans, extrêmement actif dans la défense de Wagner, et qui serait sans doute devenu le plus important musicien français s’il n’avait été frappé très jeune par une maladie nerveuse et une cessité totale qui lui interdisent de composer à partir de 1885. Duparc a joué devant Liszt en 1869, chez qui il a rencontré Wagner : accompagné de Chabrier ils sont les premiers français à assister aux représentations de Tristan en Allemagne en 1880 (Duparc y séjournera de nouveau de 1883 à 1886, alors qu’il sombre dans l’aboulie et la neurasthénie, avant les fatales crises mystiques qui auront définitivement raison de sa santé mentale au tournant du siècle). En 1889, Chabrier pénêtre dans le saint des saints, il est invité à goûter à Wahnfried et reçu par Cosima Wagner, qui vit dans le culte idolâtre de son défunt mari. S’il est bien accueilli, c’est sans doute grâce aux rapports qu’il entretient depuis quelques années avec le grand chef d’orchestre Félix Mottl, celui que Cosima a choisi pour remplacer Levy (mis en place par Wagner lui-même) à Bayreuth, principalement parce qu’elle trouve incongru de laisser ce chef juif diriger Parsifal, œuvre éminemment chrétienne. Mottl gardera une si grande estime pour Chabrier, qu’il réalisera l’orchestration de nombre de ses pièces de piano, la Bourrée Fantasque, les trois valses romantiques : ses talents d’orchestrateur sont malheureusement bien moins grands que ceux de Chabrier lui-même, et ses versions ne se maintiendront qu’un temps au concert. La rencontre historique avec Cosima tient de la farce la plus totale : Cosima déteste la musique de Chabrier, on le sait par sa correspondance : à propos du Roi Malgré Lui elle parle des « trivialités de café-concert », et là, elle n’a certainement pas tort, quelque chose dans le Roi relève bien du comique qu’un autre allemand a imposé dans la France du second empire, Offenbach, promoteur du café concert : ces trivialités sont justement la marque de fabrique de Chabrier, ce sont les mêmes qu’on peut retrouver dans Mahler et Petrushka, « elle avait une jambe de bois » et autres citations rigolardes qui se mêlent à un discours des plus sérieux. Mais Cosima avait sans doute encore moins d’humour que ses mari et père, elle était de plus aveuglée par la haine, influencée par l’autre courant des théoriciens français (post Gobineau) et déjà prête à jeter dans les bras du national-socialisme son héritage bavaro-hongrois (les deux musiciens concernés n’y pouvant mais, triste emprise des familles sans talent sur les cendres des génies statufiés…) On lit sous la plume de la dame : « Samedi j’ai vu à Dresde le Roi malgré Lui. C’est tout simplement de la camelote de A à Z ! Grands dieux ! Quelle vulgarité et quel manque d’idée ». Mais c’est pire lorsque Chabrier tente de s’approcher de la veine sérieuse : « J’ai revu Gwendoline que j’ai trouvé moins mauvaise qu’à Karlsruhe, quoique encore assez lamentable » et le mot est enfin lâché : « Gwendoline de Chabrier, que j’ai vu à Karlsruhe, m’a semblé faire partie de ces mauvaises œuvres. Le texte était tout simplement infect et un tel mélange juif, que le sujet naïf de Fra Diavolo (Auber sans doute, autre compositeur français encore célèbre en Allemagne), donné le lendemain, me semblait d’un génie florissant.» Sa méfiance a sans doute été renforcée par le passage de Chabrier dans le sanctuaire : au goûter de Wahnfried, on servit à Chabrier une pâtisserie au chocolat si indigeste qu’il chercha en vain le moyen de s’en débarrasser sans offenser l’hôtesse. Pendant qu’elle tournait le dos, il la fourra dans un tiroir, lequel contenait les dernières chemises blanches portées par le grand homme (nul doute que les bonnes eurent du mal à les ravoir !) Pire encore, dans son enthousiasme, Chabrier joua pour une version si endiablée d’Espana qu’il cassa le mécanisme de diverses touches du piano de l’idole !.. Il aurait cherché à le faire exprès qu’il n’eut pas fait pire. Même s’il considère Wagner comme le plus grand musicien de son temps, Chabrier, lui, n’est pas totalement aveuglé par son génie : de Bayreuth il rapporte un quadrille (« Souvenirs de Munich ») sur les thèmes de la Tétralogie (lequel ne sera créé qu’en 1911), et sa vision diffère sensiblement de ce que les musiciens de la génération suivante puiseront dans Wagner : dans la correspondance de Chabrier en juillet 1887 : « Sous prétexte d’unité, j’allais dire d’uniformité, il y a dans Wagner des quart d’heures de musique ou récit absolu dont tout être sincère, sans parti pris, dépourvu de fétichisme, doit trouver chaque minute longue d’un siècle. Ça, je le prouverai, la partition à la main, quand on voudra. On s’en fout !!! Ce sont des soudures, comme sous l’ancien régime, pour arriver à des passages plus intéressants, et pas toujours. Moi, je veux que ce soit beau partout. » (17 juillet 1887). L’année suivante, à propos de Briséis, au ténor Ernest Van Dyck, également maltraîté par la virago : « je n’ai pas besoin de te dire que ce sera d’un moderne à tout casser et qu’il n’y aura ni choeur de baigneuses, ni marches triomphales. Naturellement, je fais de la musique à moi, bien à moi : j’ignore si cette musique sera française, mais à coup sûr elle ne sera pas allemande ; tant pis, mais je veux être de mon pays, c’est mon premier devoir. Je cherche à m’inoculer l’esthétique de l’autre, de l’homme de bronze [Wagner], mais sa musique, jamais, car elle est à lui et l’on ne doit voler personne, quitte à rester pauvre (mais honnête). » Dans la dernière extrémité Chabrier confiera encore, « je n’aime plus que deux musiciens, Offenbach et Wagner », c’est précisément au milieu de ces deux extrêmes qu’il se situe. Et Ravel ne s’y trompera pas, en faisant cette déclaration provoquante : « Je préfèrerais cent fois avoir composé Le Roi Malgré Lui que L’anneau des Nibelungen. »
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:45, édité 2 fois |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Lun 19 Fév 2007 - 18:18 | |
| Oui, singulier éloge de Bruneau, tout ce qu'il faut pour faire tomber définitivement Chabrier dans l'oubli aujourd'hui !
Merci pour ce récapitulatif circonstancié du rapport à Wagner. Incontestablement, la nature de l'orchestration, la richesse des couches orchestrales lui doivent beaucoup.
Mais tu le dis très bien, ce n'est jamais au service d'une solennité prétentieuse, toujours avec un certain art de l'allègement (par un humour pas toujours léger au demeurant). Pour faire un parallèle grossier, on peut songer à Stendhal, dont les développements tragiques sont volontiers parés de bouffonneries (le meurtre de Giletti et ses conséquences, par exemple). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Jeu 22 Fév 2007 - 2:24 | |
| Au fait, une bizarrerie, la prosodie de l'Ode apeuré au début de l'Etoile, est différente selon les versions : Montréal 2005 dit Viv' notreu Ouf, ce qui est un peu contorsionné mais permet l'accentuation au bon endroit, tandis qu'Ansermet dit Viveu notr'Ouf, plus orthodoxe, mais l'accentuation tombe alors peu à propos - en tout cas tel qu'il est phrasé chez Ansermet, car c'est bien la façon de procéder.
Les dialogues diffèrent toujours d'une version à l'autre. Aucun chez Ansermet (l'hérésie), ceux prévus par Chabrier chez Gardiner (avec quelques coupures), et dans la captation radio que j'ai de Montréal, des dialogues similaires aux originaux, mais retravaillés avec des traits plus actuels ajoutés - mais dans le même esprit et assez heureux. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Jeu 22 Fév 2007 - 13:11 | |
| je suis bien conscient des faiblesses de la version Ansermet mais il n'y a guère d'alternative si l'on veut offrir un enregistrement libre de droits: est-ce que la version dont tu parles est celles de Gardiner en tournée au Canada ou une version complètement différente?
Dernière édition par le Mer 14 Mar 2007 - 10:43, édité 2 fois |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Jeu 22 Fév 2007 - 15:05 | |
| Je sais bien, Sud, je signale juste que si ça ne plaît pas, ce n'est pas forcément la faute à Chabrier. Montréal est une version locale totalement différente : Frédéric Antoun, ténor, Le Roi Ouf 1er Michèle Losier, mezzo-soprano, Lazuli Marie-Josée Lord, soprano, Laoula Monique Pagé, soprano, Aloës Antonio Figueroa, ténor, Hérisson de Porc-Épic Phillip Addis, baryton, Tapioca Chad Louwerse, baryton-basse, Siroco
Alexandre Sylvestre, baryton-basse, Le Chef de la Police et Zalzal Pascale Beaudin, soprano, Oasis Charlotte Corwin, soprano, Asphodèle Julie Daoust, soprano, Youca Marianne Fiset, soprano, Adza Beverly McArthur, mezzo-soprano, Zinnia Marie-Josée Goyette, mezzo-soprano, Koukouli Thomas Macleay, ténor, Patacha Le Chœur de l'Opéra de Montréal Orchestre Métropolitain du Grand Montréal Direction : Jean-Marie ZeitouniC'est assez moyen, à part Frédéric Antoun, excellent jusque dans les dialogues. Une voix claire, bien placée, une sorte d'Howard Crook de l'opéra-comique. Orchestralement, en revanche, on entend bien quelque chose, alors que chez Ansermet. |
| | | sofro Tonton
Nombre de messages : 2268 Localisation : LYON Date d'inscription : 19/09/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Ven 23 Fév 2007 - 23:46 | |
| Je trouve que les pièces pour piano de Chabrier sont souvent de petits chefs d'oeuvre d'intelligence et d'humour: bourrée fantasque, pièces pittoresques notamment. L'intégrale avec Marcelle Meyer, totalement représentatitve de l'esprit français qui caractérise Chabrier (Couperin, Rameau), est une référence. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 24 Fév 2007 - 0:04 | |
| Et vous ne nous parlez pas d'Espan~a ! Vous êtes en progrès.
Je me doutais bien cependant qu'on n'aurait pas droit à un éloge de Gwendoline.
Conformiste ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 24 Fév 2007 - 0:07 | |
| j'aimerais, à titre personnel avoir une version de La Sulamite, sans Hendricks ni Plasson, mais c'est peut-être beaucoup demander, et je vais sans doute parler d'Espana dans les jours à venir |
| | | kougelhof 1er Mélomane averti
Nombre de messages : 487 Date d'inscription : 03/02/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 24 Fév 2007 - 16:36 | |
| - sud273 a écrit:
- j'aimerais, à titre personnel avoir une version de La Sulamite, sans Hendricks ni Plasson, mais c'est peut-être beaucoup demander, et je vais sans doute parler d'Espana dans les jours à venir
Sud273 est-il vrai que l'oeuvre Espana de Chabrier a servi de déclic à bon nombre de compositeurs, qui par la suite se sont mis à leur tour à composer des oeuvre hispanisantes, Ravel, etc |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91592 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 24 Fév 2007 - 16:39 | |
| Ca a commencé bien avant me semble-t-il la mode hispanisante en France avec Lalo et la symphonie espagnole, Saint-Saëns aussi... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 24 Fév 2007 - 17:23 | |
| oui la mode espagnole commence plus tôt, et son impulsion est peut-être tout autant due aux russes (Tchaikovsky, Rimsky) qui rajoutent d'ailleurs des inflexions typiquement russe quans ils veulent "faire espagnol". Ce qui est drôle c'est que Lalo justement est déchiré entre les deux.
Espana de Chabrier a joué un rôle de révélateur pour une certaine conception de l'orchestration: on dit souvent que c'est la première oeuvre par exemple à utiliser le trombone de façon mélodique, en force, que cela a beaucoup joué dans le coté forain de Petrushka et des musiciens des six. Il y a un côté novateur aussi dans les rythmes irréguliers, et leur superposition, chose qu'a cassé l'arrangement en valse (presque plus célèbre à une époque que l'original) de l'alsacien Waldeuteufel (le Johann Strauss de chez nous). Deux courtes oeuvres de Chabrier font référence à la musique espagnole, l'autre est la habanera, qui a beaucoup inspiré les débuts de Ravel. Le problème d'Espana c'est que c'est un tube, l'arbre qui cache la forêt, qui a rendu Chabrier mondialement connu du jour au lendemain, et à l'origine de toutes les méprises sur son oeuvre: pour une fois qu'il écrivait directement une oeuvre d'orchestre, il a fallu qu'il la retranscrive au piano (succès d'édition colossal), qu'il colle des paroles dessus pour en faire une mélodie fade chantée dans tous les salons. On a donc oublié assez vite que l'originalité reposait dans la facture plus que dans la thématique, et que finalement l'espagne est assez accessoire dans Espana: sauf pour les espagnols à qui elle a fait prendre conscience (avec Carmen) de la richesse de leur folklore, et ouvert les portes de Paris à Albeniz, Granados, Falla. C'est le destin, Chabrier a été toute sa vie poursuivi par la guigne, ses seuls succès se sont transformés en échecs, le public ne l'a jamais pris au sérieux. Les musiciens sérieux ont copieusement pillé ses originalités et ses chefs-d'oeuvre n'ont durablement survécu que dans les maisons d'opéras allemandes! |
| | | kougelhof 1er Mélomane averti
Nombre de messages : 487 Date d'inscription : 03/02/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 24 Fév 2007 - 18:21 | |
| Vraiment les compositeurs auront tous été des "pique-assiettes" !
Dernière édition par le Mar 27 Fév 2007 - 16:27, édité 1 fois |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91592 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 24 Fév 2007 - 18:29 | |
| C'est pareil dans tous les arts; les créateurs sont influencés par ceux qui les précèdent. La tabula rasa ça n'existe pas. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Dim 9 Sep 2007 - 22:44 | |
| tiens ce soir je viens d'ouvrir le coffret de l'Etoile de Gardiner, que j'avais racheté à l'automne dernier en CD. Je suppose que c'est celui qu'Emi va revendre puisque c'est encore Gardiner qui vient refaire ce chef-d'oeuvre à l'opéra comique, sans doute dans la même mise en scène de l'opéra de Lyon. Gardiner est d'ailleurs excellentissime: de ce que j'en connais, peut-être son meilleur enregistrement en dépit de chanteurs qui ignorent les liaisons mais tentent de donner le meilleur d'eux-même (Sénéchal est très bon en Ouf 1er, même dans les dialogues); Oh surprise, ça vaut bien son prix "discount" en effet (et encore vu l'acutalité ils vont le revendre plein pot je pense): pas de livret! Eh oui; bien sût, on est français, ce sont des français qui chantent, à quoi bon réimprimer un livret? une photo de la couv de l'édition initiale, ( laquelle on a substitué un graffiti infâme) fera bien l'affaire. Et le découpage des plages, c'est sans doute une machine qui l'a fait, afin qu'on ne puisse pas le ripper correctement, ni même l'écouter en tout confort. Les maisons de disques veulent vraiment nous dégoûter des rebus de leur vieux catalogue? puisqu'on trouve mieux refait par des particuliers à partir des vinyls d'époque. De toute façon vous n'avez pas le choix bande de clients, il n'y a pas d'autre version correcte en vente, et ils ne vont pas se donner le mal d'en refaire une avec le même chef... Enfin, la version idéale pusiqu'elle existe, complètement gâchée par le CD, alors essayez d'aller voir le spectacle si ça se joue encore, il vous restera au moins un beau souvenir. |
| | | arsen6203 Mélomaniaque
Nombre de messages : 945 Date d'inscription : 02/02/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Lun 10 Sep 2007 - 13:42 | |
| - sud273 a écrit:
- Oh surprise, ça vaut bien son prix "discount" en effet (et encore vu l'acutalité ils vont le revendre plein pot je pense): pas de livret!
Et oui, les maisons de disques se mettent à l'heure d'internet. L'OperaSeries d'EMI est aussi destiné au téléchargement (c'est peut-être aussi la raison du découpage étrange). Le livret de "l'Etoile"est donc téléchargeable ici: http://www.emiclassics.com/theoperaseries/pdfs/35868821_chabrier_letoile.pdf A imprimer soit même, ce qui est à mon sens un manque de savoir-vivre et de reponsabilité de la part d'EMI mais ce qui n'est guère surprenant. Pour les autres c'est ici : http://www.emiclassics.com/theoperaseries/mid_price_opera_catalogue.htm |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Lun 10 Sep 2007 - 14:04 | |
| merci Arsen pour le lien: je retire une partie de la critique donc si on peut y accéder par le net (à vrai dire j'avais le livret, celui d'ODB et celui du coffret vinyl original, mais je trouve ça un peu "léger" tout de même) et je ne cesse de pester contre le découpage absurde, parfois au milieu d'une syllabe, toujours décalé par rapport au début des numéros chantés. J'ai passé la soirée d'hier à découper le premier acte après l'avoir rippé par gamme pour obtenir un déroulement continu sans couacs. Je reconnais que sinon le report est plutôt satisfaisant mais c'est très agaçant d'avoir le support commercial et de ne pas pouvoir l'écouter directement sans sursauter toutes les trois minutes. EMI a judicieusement oublié d'adjoindre une "protection" qui rende le disque illisible sur ordinateur pour se garantir des procès probablement, mais c'est tout de même un charcutage indigne. Je sais que ce ne sont pas les premiers, j'ai eu la même surprise avec des disques Delos américains, sans parler de la multiplication des plages chez Hypérion, mais là au moins on entend pas le saut de repères à la copie et en contrepartie ils fournissent en général un livret solide et documenté qui donne envie d'acheter l'objet. |
| | | hansi Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 76 Date d'inscription : 16/10/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mar 16 Oct 2007 - 18:59 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Et vous ne nous parlez pas d'Espan~a ! Vous êtes en progrès.
Je me doutais bien cependant qu'on n'aurait pas droit à un éloge de Gwendoline.
Conformiste ! Bonjour à tous ! Gwendoline, cher david, est une splendeur du début à la fin. J'ai emprunté l'oeuvre à une médiathèque : Emmanuel Chabrier. Gwendoline. Jean Paul Penin. Choeur Orchestre de la Philarmonie Slovaque. Choeur Philarmonique Tchèque de Brno avec Adriana Kohulkova. Didier Henry. Gerard Garino. On dirait Fauré, Duparc ! Chabrier a "commencé tard" dans l'âge. Les Choeurs sont splendides, je plâne au-dessus des cumulus, c'est gracieux, doux, léger, aéré. J'aime encore davantage que Pénélope. Quelle injustice monsieur Chabrier ! On ne vous a jamais pris au sérieux : Gwendoline a seulement été joué à Paris après les autres capitales européennes. Cependant le Président de la France de l'époque avait apprécié la Première à l'Opéra de Paris, mais n'était-elle pas un peu tardive cette reconnaissance ? Les gens refusaient d'écouter Chabrier sous prétexte qu'il aimait Wagner ou faisait du Wagner à la Française. Mais avaient-ils écouté auparavant du Wagner ? Comment est né cet "impressionnisme" en musique ? A partir de quoi ? En se référant à qui ? Je voudrais dire Delibes ou Bruckner et vous ? On entend dejà des sonorités "impressionnistes" dans Lakmé ! merci !
Dernière édition par le Dim 21 Oct 2007 - 8:37, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mar 16 Oct 2007 - 21:12 | |
| excellent: en effet Gwendoline n'est pas très connu et l'enregistrement de Pennin est une chance puisqu'il n'en existe plus d'autre dans le commerce. Chabrier n'a pas eu de chance, puisque lors de la création du Roi Malgré Lui l'opéra a brûlé et quand Gwendoline a enfin été accepté par La Monnaie de Bruxelles il n'y a eu que deux représentations avant que le théâtre fasse faillite. Quand l'opéra de Paris a enfin créé Gwendoline, Chabrier n'était plus en mesure d'apprécier, rongé qu'il était par la folie consécutive à l'évolution de la syphillis: son fils raconte qu'il se tourna vers lui pour lui demander de qui était l'oeuvre. Enfin, son dernier opéra (le deuxième sérieux de sa production) et le seul à bénéficier d'un bon livret en est resté au premier acte, et n'est donc jamais joué. C'est pourtant un chef d'oeuvre, encore supérieur à Gwendoline: on dispose de l'enregistrement d'Ossonce (Briséis, chez Hypérion, heureusement très bon). Il y a longtemps que je prétends que Debussy a beaucoup puisé chez Chabrier, plus que Ravel qui, lui, faisait volontiers aveu de l'influence que l'harmonie de Chabrier a eu sur sa propre musique, mais je te préviens que personne ici ne souscrira à ce point de vue. Quant à la question des origines de ce qu'on appelle l'impressionisme en musique, je suis tout à fait ravi de voir que tu parles de Delibes, probablement encore plus sous-estimé que Duparc et Lalo. Je pense que ce courant est depuis longtemps présent dans la musique française, et on en trouve des traces autant chez les élèves de Franck que chez D'Indy lui-même. C'est le choc de la rencontre entre la tradition française et la musique russe, Rimsky en tête, et probablement les musiciens choisis par Diaghilev qui ont aidé à bâtir ce courant. La première occurence d'une véritable musique impressioniste est la scène du clair de lune dans Werther de Massenet, musique motivique, d'atmosphère et d'harmonie, sans recours au contrepoint. Chez Bruckner, je ne vois pas de parallèle (son orchestration, les trémolos de cordes proviennent plus chez lui de l'habitude de l'orgue) sauf dans ce qu'il imite de certains traits de Wagner. Je n'irai pas plus avant, j'entends déjà le choeur des railleurs |
| | | hansi Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 76 Date d'inscription : 16/10/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mar 16 Oct 2007 - 22:14 | |
| Le Prélude de l'acte 2 est très wagnérien ; l'Epithalame qui suit est superbe avec les choeurs et le Chant d'Armel à son tour. J'écoute la suite ; comment une telle oeuvre peut-elle être tombée dans l'oubli ? Selon moi, Vincent d'Indy aussi est à l'origine de ce courant dit impressionniste, j'ai vraiment été ravi par un CD que j'avais emprunté et écouté avec surprise : sa Saugefleurie, une de ses symphonies et sa Foret enchantée. La musique dite impressionniste est celle du répertoire classique que je préfère. N'y a-t-il pas un début de ce courant dans les Tableaux d'une Exposition de Moussorgsky ? Gwendoline est une merveilleuse découverte en ce qui me concerne.
Dernière édition par le Dim 21 Oct 2007 - 8:29, édité 1 fois |
| | | hansi Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 76 Date d'inscription : 16/10/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 20 Oct 2007 - 10:38 | |
| Je viens d'écouter presque 10 fois de suite le Scherzo-valse, la dernière des 10 Pièces Pittoresques. "Un vrai feu d'artifice, plein de bonne humeur, ça pétille comme du champagne, ça fuse de tous les côtés. .."texte de Jean-Yves Bras. CD Harmonia Mundi.Chabrier Oeuvres pour piano.Alain Planès.
Je trouve cette pièce sublime. |
| | | tria Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 53 Date d'inscription : 12/02/2008
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 13 Fév 2008 - 8:23 | |
| le plus connu de ces morceaux sa reste espagna |
| | | Bertrand67 Malheur, Gustave !
Nombre de messages : 3135 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 28/08/2006
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Mer 13 Fév 2008 - 13:28 | |
| Que vaut ce cd et les oeuvres qui y figurent ? je ne connais pas grand chose de Chabrier mais j'en ai beaucoup de bien. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Sam 12 Avr 2008 - 23:46 | |
| tiens j'avais raté ce post, et je ne connais pas le disque: celà dit c'est certainement bien à en juger par la progression vers l'excellence dont témoigne la dernière version de l'Etoile.
Quelques commentaires sur la radio-diffusion de la représentation du 20 décembre 2007:
La version de studio de Gardiner était à tout point de vue remarquable. Sa direction a encore progressé dans la finesse et le détail, l'orchestre révolutionnaire et romantique est excellent. Dans le domaine de l'accompagnement musical, on approche de la perfection. Malheureusement, si les second rôles sont très bons dont Jean-Luc Viala en Ouf 1er, les choeurs s'en tirent assez mal. Mais la vraie catastrophe réside dans la voix de Stéphanie d'Oustrac qui campe un Lazuli peu convaincant. La diction est mauvaise, la voix fait vieillote, les aigus sont blancs, les graves faux. Anne Catherine Gillet ne s'en tire guère mieux sinon que son timbre n'est pas désagréable, mais il n'y a aucune personnalité. Comme à l'habitude personne ne sait faire les liaisons...
Les choix opérés dans le texte ne sont pas toujours judicieux, beaucoup de répliques attendues manquent, le comique semble surtout visuel. Curiosité: Gardiner a choisi d'insérer en guise d'entracte du troisième acte (rejeté plus loin) la Joyeuse Marche (marche française), qui, admirablement rendue, se trouve pourtant assez en décalage avec ce qui est censé se passer sur scène. Un bref numéro musical que je n'avais jamais entendu dans aucune des quatre versions que j'ai sous la main apparait aussi dans le courant de ce troisième acte. Il faut espérer que le spectacle relevait la qualité de la distribution qui dans l'ensemble parait plus douée pour la comédie que pour le chant. A entendre tout de même, malgré l'absence de certaines reprises et quelques incongruités dans la conception générale. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Ven 4 Juil 2008 - 10:07 | |
| Le Roi Malgré lui (Lyon, 26 mars 2005)
Si vous avez la chance de tomber sur une capture de cette version sous la direction d'Evelino Pido, vous pourrez enfin dire que vous avez entendu une fois cet opéra correctement interprêté. Toute la distribution est excellente, y compris les choeurs, admirables, et que l'on comprend parfaitement. Enorme avantage, le "montage" est parfait, les dialogues présents mais réduits au minimum, permettent d'avoir (et sans livret) une idée fidèle du déroulement, à peu près incompréhensible dans toutes les autres versions que je connais, les parties narratives étant en général coupées ou trafiquées dans tous les sens à un point tel qu'on n'y reconnait rien. Le Roi Malgré lui a connu des versions successives, la plupart postérieures à la mort de Chabrier, et des réfections du livret telles qu'on ne sait parfois plus trop dans quel ordre interviennent les numéros chantés. Ici, l'équilibre action/narration est très bien établi, on entend une oeuvre complète avec ses thèmes récurrents, une construction imparable jusque dans le comique dont on peut enfin goûter tout le sel.
Ceux qui connaissent la seule version au disque (Jordan Erato) se rendront compte de l'absurdité de cette version de concert avec interprêtes approximatifs, sans dialogues, et de plus charcutée allègrement pour tenir sur deux cd. Seule la direction tenait, et celle de Pido n'a rien à lui envier pour une fois. On se rendra compte que le troisième acte comporte plusieurs numéros jamais entendus, dont un air très drôle qui cite plaisamment la marche hongroise de Berlioz, et un admirable duo que je ne me souviens pas avoir jamais entendu. Un moment de bonheur qu'il serait urgent d'éditer en cd. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Ven 4 Juil 2008 - 10:49 | |
| Il paraît que la mise en scène de Pelly était formidable, en plus.
Très belle version en effet. Le seul numéro qui manque est l'air final additionnel de Nangis, qui, si j'ai bien suivi, ne correspondait pas bien à la nature vocale de Beuron. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Ven 4 Juil 2008 - 10:57 | |
| je suis en train de réécouter ce matin, et on sent vraiment cette fraîcheur de la comédie, sans que ça enlève rien à l'excellence de l'exécution musicale. Ah, je n'avais remarqué que les additions et pas ce manque... ce qui nous fait tout de même un spectacle de plus de deux heures trente. Vraiment j'ai peu entendu d'aussi bonnes versions d'opéra comique français (le Zampa, la première version Gardiner de l'Etoile), quel dommage que des spectacles aussi remarquables ne connaissent pas de grandes tournées ou plus d'audience publique: pour une fois j'aurais peut-être jeté un oeil à un DVD. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Ven 4 Juil 2008 - 11:01 | |
| - sud273 a écrit:
- Ah, je n'avais remarqué que les additions et pas ce manque...
C'est-à-dire que j'ai le matériel utilisé à Lyon grâce à un généreux mécène, dans lequel figure cet air additionnel. - Citation :
- Vraiment j'ai peu entendu d'aussi bonnes versions d'opéra comique français (le Zampa, la première version Gardiner de l'Etoile), quel dommage que des spectacles aussi remarquables ne connaissent pas de grandes tournées ou plus d'audience publique: pour une fois j'aurais peut-être jeté un oeil à un DVD.
Oui, ça vaudrait la peine. Tu as donc aimé Zampa ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Ven 4 Juil 2008 - 11:06 | |
| Zampa, c'était plein d'entrain, ensuite musicalement ce n'est pas non plus un chef d'oeuvre, et il y aurait sans doute à redire sur certaines voix à accent, mais oui dans son genre j'ai trouvé que ça faisait date pareille recréation. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Ven 4 Juil 2008 - 11:26 | |
| - sud273 a écrit:
- Zampa, c'était plein d'entrain, ensuite musicalement ce n'est pas non plus un chef d'oeuvre, et il y aurait sans doute à redire sur certaines voix à accent, mais oui dans son genre j'ai trouvé que ça faisait date pareille recréation.
Musicalement, c'est tout de même terriblement réussi - pour un opéra comique bien sûr, parce que ça ne s'écoute pas comme du Vainberg. J'ai trouvé Troxell tout à fait bon personnellement. Et les dialogues en général étaient d'une qualité exceptionnelle, j'ai rarement entendu déclamer à ce degré de perfection, que ce soit à l'opéra ou au théâtre. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Jeu 10 Juil 2008 - 0:00 | |
| Un petit tour dans la musique orchestrale. Je commence avec Joyeuse Marche. Euh... comment vous décrire ça? c'est joyeux et euh... c'est une marche. Mais franchement, c'est très sympa: orchestralement chargé, mais pas trop convenu, assez original et amusant, avec un joli thème. C'est court et sans doute secondaire, mais on ne perd pas son temps non plus. La Danse slave porte assez mal son titre à mon avis, je ne vois pas le slave, et la danse est assez abstraite. Pourtant c'est très intéressant, coloré, pré-ravélien. Bref là aussi, mais déjà musicalement plus abouti que la Marche, avec une très belle orchestration. La Suite pastorale en quatre mouvements est d'une envergure autre: plus longue, plus riche, elle déploie une inventivité inspirée et bienvenue, de très beaux coloris, des climats très parlants, un certain lyrisme, même si l'oeuvre a ses faiblesses (le dernier mouvement, décevant, en effet). Chouette quand même, surtout les impressionnistes et expressifs Idylle et Sous-Bois. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Jeu 10 Juil 2008 - 0:03 | |
| Le meilleur de Chabrier n'est pas, il me semble, dans sa musique orchestrale pure, mais tu peux déjà apprécier les talents d'orchestrateur. Le Roi malgré lui me paraît une fréquentation nécessaire pour admirer la richesse de l'écriture. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Emmanuel Chabrier Jeu 10 Juil 2008 - 0:09 | |
| Gwendoline: pourquoi le prénom de ma cousine, je vous le demande, mais en tous cas, cette suite en trois mouvements est vraiment très agréable L'ouverture est un peu longuette et ennuyeuse, mais contient des pages saisissantes, notamment le thème des cors du début, très wagnérien avec ces trémolos chromatiques aux cordes, et la grandiose coda. Entre temps, quelques bavardages, mais de la très belle musique, très bien orchestrée en effet. La bourrée fantastique est plus fantastique que bourrée, un impressionnisme ravélien et debussyste s'y fait sentir, c'est sublime et très poétique, sans rien de tapageur. Espana est un peu tapageur, par contre, mais génial très agréable à écouter, poétique, lyrique, le bonheur... |
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| | | | Emmanuel Chabrier | |
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