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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Jeu 8 Oct 2009 - 17:37
sud273 a écrit:
Karajan et la 1ère symphonie [...] Le 15 janvier 1951, à Kings Hall, dans de superbes conditions sonores, Karajan enregistra une version de la 1ère symphonie de Walton, composée en 1935. Seuls Legge et le compositeurs purent assister à la session. Walton sortit dès la fin du premier mouvement, furieux de découvrir l’addition de parties supplémentaires de bois et de cuivres, et comble d’horreur l’adjonction de 4 tubas-Wagner. La séance se poursuivit néanmoins, et malgré la réécriture, Walton loua la vigueur avec laquelle Karajan avait mis en relief les dissonnances et la sauvagerie du premier mouvement, et finit par déclarer « c’est la meilleure version de ma symphonie que j’ai entendue ». C’est ce qu’il disait à chaque fois qu’un chef jouait cette œuvre, Sargent, Boult, Prévin y eurent droit aussi. Néanmoins, Walton n’autorisa pas la commercialisation du disque et réalisa avec le même orchestre sa propre version dix mois après pour EMI. Karajan qui n’avait pas été payé pour son travail réclama les bandes, qu’il offrit à Deutsche Grammophon lorsqu’il signa avec cette maison un contrat à vie : elles dormirent jusqu’en 2006, date à laquelle sortit l’enregistrement. On y entend de beaux contrastes mais c’est un Walton tiré vers Bruckner et le premier Sibélius, qui gagne en violence et en volume ce qu’il perd en transparence. C’est particulièrement ennuyeux puisque parmi toutes les partitions importantes des années 30 de Walton, la symphonie est la seule que l’auteur n’ait pas soumis à une révision.
Je ne sais pas si Sud est un farceur ou s'il ne s'est jamais rendu compte qu'il s'était fait mystifié, mais ceux qui chercheraient comme moi à se procurer cet enregistrement (que Sud évoque encore à plusieurs reprises dans ce topic, de façon tout à fait sérieuse semble-t-il) peuvent toujours courir: ce disque n'a jamais existé: c'était un poisson d'avril du site MusicWeb ! http://www.musicweb-international.com/classrev/2006/Apr06/Walton1_4574332.htm
Dommage, on y croyait et ça faisait envie.
Cello Chtchello
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Jeu 26 Mai 2011 - 9:29
Tus a écrit:
Hop, j'entre dans le monde de Walton avec le concerto pour violoncelle. Il y a de quoi être séduit: c'est là une oeuvre magnifique. Elle dure 28 minutes, pas une de trop à mon sens, et se développe dans un langage moderne mais pas bruyant, très réussi, proche de l'écriture mystérieuse de Vaughan Williams, mais en moins post-romantique. Walton trouble sans déprimer, et plaît à l'oreille de par la beauté épurée de ce qu'il écrit. Le premeir mouvement est court et très interrogatif, presque toujours doux (l'oeuvre contient fort peu de ff). Le violoncelle y joue un rôle constant, toujours intéressant, avec des phrases méditatives, rythmiquement élaborées, donnant l'impression d'un climat indéfinissable, plein d'énigmes et de non-dits. Le second est plus abrupt au niveau du rythme (j'ai essayé de les analyser, la vache) mais pas du tout bruyant : c'est très motorique et assez excitant, sans toutefois atteindre une profondeur elgarienne (dans son propre concerto). Quelque part, je retrouve un peu ici la dimension ludique propre à Hindemith, plus que l'héritage romantique et passionné de l'école anglaise que j'ai jusque là fréquentée. J'aime bien. Le finale commence dans une lenteur magnifique, puis s'entrecoupent des épisodes mystérieux (un peu à la façon de Neptune de Holst) et d'autres plus agressifs, un peu "barbares", mais pas plus qu'il ne faut. Belle entrée !
Je rejoins en gros ce que tu en dis. C'est le premier mouvement qui me plaît le plus, et d'assez loin, pour les même raison que toi mais le deuxième a quelque chose de vraiment entraînant aussi. Le troisième est moins marquant. Bref, c'est pas mal du tout mais dans le genre concerto pour violoncelle anglo-saxon, je préfère nettement Barber.
WoO Surintendant
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mar 6 Nov 2012 - 7:43
Armand a écrit:
WoO a écrit:
Walton : Concerto pour violon (Menuhin/Walton)
As-tu aussi écouté la version d'Heifetz ?
Non je ne connais pas cette version. C'est ma première écoute : ce concerto est totalement enthousiasmant, lyrique, à la fois romantique et moderne (on ne peut pas imaginer une seconde qu'il n'ait pas été écrit au XXème siècle). La virtuosité du soliste est vraiment mise à rude épreuve. J'essayerai de trouver Heifetz.
En attendant je me suis commandé ça :
1. Symphony no 1 in B flat minor (Bernard Haitink/Philharmonia Orchestra) 2. Symphony no 2 (André Prévin/LSO) 3. Concerto for Violin in B minor (Ida Haendel/Paavo Berglund/Bournemouth Symphony Orchestra) 4. Concerto for Viola (Nigel Kennedy/André Prévin/RPO) 5. Improvisations on an Impromptu of Benjamin Britten (André Prévin/LSO) 6. Portsmouth Point (André Previn/LSO) 7. Comedy Overture "Scapino" (André Previn/LSO) 8. Siesta (Richard Hickox/Northern Sinfonia) 9. Sonata for String Orchestra (Richard Hickox/City of London Sinfonia) 10. Concerto for Cello (Lynn Harrell/Simon Rattle/City of Birmingham Symphony Orchestra) 11. Coronation March "Crown Imperial" (David Bell/Adrian Boult/LPO) 12. Coronation March "Orb and Sceptre" (David Bell/Adrian Boult/LPO) 13. Johannesburg Festival Overture (Sir Charles Groves/Royal Liverpool Philharmonic Orchestra) 14. Capriccio burlesco (Sir Charles Groves/Royal Liverpool Philharmonic Orchestra) 15. Prelude and Fugue "Spitfire" (Sir Charles Groves/Royal Liverpool Philharmonic Orchestra) 16. Battle of Britain: Suite (Carl Davis/LPO) 17. Variations on a Theme by Hindemith (Vernon Handley/Bournemouth Symphony Orchestra) 18. Henry V: Orchestral Suite (Carl Davis/LPO) 19. Troilus and Cressida: Act 2 - Interlude (Carl Davis/LPO) 20. As you like it: Suite (Carl Davis/LPO) 21. A History of English Speaking Peoples: March (Carl Davis/LPO, London Philharmonic Choir) 22. Hamlet: Funeral March (Sir Charles Groves/Royal Liverpool Philharmonic Orchestra) 23. Richard III: Prelude (Sir Charles Groves/Royal Liverpool Philharmonic Orchestra) 24. Richard III: Suite (Sir Charles Groves/Royal Liverpool Philharmonic Orchestra) 25. Façade (Sir Neville Marriner/Academy of St. Martin in the Fields members) 26. Façade Suite (Louis Frémaux/City of Birmingham Symphony Orchestra) 27. Wise Virgins: Suite (Louis Frémaux/City of Birmingham Symphony Orchestra) 28. Henry V: Orchestral Suite (Sir William Walton/Philharmonia Orchestra) 29. Partita for Orchestra (Sir William Walton/Philharmonia Orchestra) 30. Sinfonia Concertante (Sir William Walton/City of Birmingham Symphony Orchestra) 31. Quartet for Strings no 2 in A minor (Hollywood String Quartet) 32. Quartet for Piano and Strings (London Symphony Orchestra members) 33. Sonata for Violin and Piano (Janice Graham / John Alley) 34. Bagatelles (5) for Guitar (Tom Kerstens) 35. Belshazzar's Feast (Thomas Hampson/Simon Rattle/City of Birmingham Symphony Orchestra) 36. In Honour of the City of London (Richard Hickox/LSO, London Symphony Chorus) 37. Coronation Te Deum (Louis Frémaux/Worcester Cathedral Choir, City of Birmingham Symphony Orchestra) 38. Gloria (Louis Frémaux/City of Birmingham Symphony Orchestra) 39. Troilus and Cressida (Lawrence Foster/Royal Opera House Covent Garden Orchestra & Chorus) 40. The Bear (James Lockhart/English Chamber Orchestra) 41. Set me as a seal upon thine heart (Stephen Cleobury/Cambridge King's College Choir) 42. What cheer (Russell Burgess/Wandsworth School Choir) 43. Where does the uttered music go? (Leslie Woodgate/BBC Chorus) 44. A Queen's Fanfare (Martin Neary/Bournemouth Sinfonietta)
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mar 6 Nov 2012 - 9:02
Heifetz est le commanditaire: il a enregistré la première version et la version révisée; ce n'est pas le meilleur interprète à mon avis. Il y a pas mal de version intéressantes, dont une version récente de Ehnes couplée avec Barber et Korngold (autre commande d'Heifetz, mais là il n'y a que deux mouvements supportables, et encore...) Je recommande la version de Prévin avec Kyung-Wha-Chung (normalement couplée comme au vinyl avec la seule version compréhensible de l'aride concerto de Stravinsky). Et oui, le concerto pour violon est un chef d'oeuvre, le thème initial est inoubliable.
Je me souviens d'un soir, au fin fond de la campagne anglaise, dans la chambre d'apparat de ce qui n'était qu'une grosse ferme, je devais avoir 14 ans, où j'ai entendu sur mon petit poste de radio Sanyo pour la première fois successivement le concerto de Walton et celui de Barber en essayant de déchiffrer les désannonces du commentateur de la BBC... illumination. Il s'est passé plusieurs années avant que des imports apparaissent à la RNAC. En revanche, au Marks et Spencer du coin (à Leicester?) il y a avait en collec économique la première de Walton par Handley (toujours ma version préférée avec Brabbyns) dans un label nommé Enigma Records, avec le schooner dans la tempête de Turner en guise d'illustration dans une étrange texture de carton-relief à quadrillage. J'ai ramené les disques des concertos d'un autre voyage à Londres avec ma mère -je devais avoir seize ans, cette fois-là et j'avais découvert le gros magasin HMV. Dans un petit magasin spécialisé de BO à Soho, j'avais payé beaucoup plus cher la BO d'A star is born version Judy Garland à l'époque introuvable...
je radote, je sais...
WoO Surintendant
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mar 6 Nov 2012 - 14:44
Oui je me rappelle de ce message, il me semble que tu y parlais aussi de concombres poilus comme des (maçons ?) portugais, ça m'avait marqué
Dans les écoutes du jour : Symphonie n°1 dirigée par Mackerras
Enorme la fin du 1er mouvement, on a l'impression de se trouver sur le passage d'un cyclone. L'Andante m'évoque une ville vidée de ses habitants. C'est calme et mystérieux (ces arabesques aux bois) mais une tension est toujours présente. Le dernier mouvement par contre, je trouve que ça se répète beaucoup, et que ça traîne un peu en longueur...
Le concerto joué par Heifetz est disponible sur ce double disque :
Disponible en neuf pour 3,60 € sur Amazon, je viens de le commander.
Apparemment il n'y a que des grosses pointures (Piatigorsky est aussi le créateur du concerto pour violoncelle). Le concerto de Heifetz est en MONO, j'espère qu'on y perd pas trop parce qu'il se passe beaucoup, beaucoup de choses à l'orchestre. Il n'est pas là pour faire joli derrière le soliste même si celui-ci étincelle pendant toute la durée de l'oeuvre. En plus la symphonie n°1 est interprétée par André Prévin. Je ne sais pas si Bernard Haitink (cf. coffret EMI) est très bon là-dedans, mais je me méfie un peu...
néthou JazzAuNeth
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mar 6 Nov 2012 - 15:35
Tiens, on parle de Walton: je viens justement de découvrir sa symphonie n°1 et Belshazzar's Feast (le disque de Rattle dont Sud parle en 1ère page. C'est très bien, mais un rien pompeux par moments. Pour reprendre l'idée de "prégnance mélodique" de Zeno, ça manque un peu de variété orchestrale et d'idées, par moments; c'est en tous cas l'impression que me laisse une toute première écoute (qu'il faudra donc renouveler).
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Jeu 8 Nov 2012 - 6:47
WoO a écrit:
Oui je me rappelle de ce message, il me semble que tu y parlais aussi de concombres poilus comme des (maçons ?) portugais, ça m'avait marqué
ah oui tiens, j'avais oublié, ça c'était les "runner beans" des sortes de haricots verts d'un mètre de long (voire plus) effectivement couverts de poils. Je ne me souviens plus non plus si vous aviez eu droits aux deux chiots verts de la dalmatienne et aux canards avec leur coupe en brosse? Comment ça je suis HS?
Citation :
Je ne sais pas si Bernard Haitink (cf. coffret EMI) est très bon là-dedans, mais je me méfie un peu...
pas déshonorant mais pas top non plus. Radotage: Handley, Brabbyns et Henry Wood, renversant malgré le son de 1936.
WoO Surintendant
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Ven 16 Nov 2012 - 12:50
J'ai écouté le concerto pour violon joué par Heifetz et dirigé par le compositeur. Mouais, bof... L'enregistrement date de 1950 et ça s'entend, les finesses de l'orchestre passent à la trappe. Dommage, je trouve la partie orchestrale aussi intéressante que la partie soliste, donc pour moi ça ne le fait pas. Je préfère de très loin l'enregistrement stéréo de Menuhin, toujours avec Walton à la baguette. Il dirige d'ailleurs très bien ses oeuvres, pas comme Arnold.
WoO Surintendant
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mer 21 Nov 2012 - 15:40
Sud, de quelle version de la 1ère avec Handley parles-tu ? Celle avec le RLPO ou celle avec Bournemouth ?
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mer 21 Nov 2012 - 15:42
RLPO, je ne crois pas connaître l'autre.
WoO Surintendant
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mer 21 Nov 2012 - 19:37
J'ai écouté cette version ainsi que Haitink (premier mouvement réussi, mouvement lent un peu raté, mais dans l'ensemble une interprétation tout à fait honorable, plutôt une agréable surprise), Prévin I (un peu déçu, j'avais lu partout que c'était LA référence, j'en attendais peut-être trop...) et celle de Mackerras. Handley est très bien mais la version Mackerras me séduit plus.
Invité Invité
Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Jeu 22 Nov 2012 - 4:42
Brabbyns maintenant alors...
WoO Surintendant
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Ven 14 Juin 2013 - 18:24
Je poursuis l'exploration du coffret Walton paru chez EMI qui ne contient décidément que des perles. - Disque 6 : Façade, version intégrale avec récitants et les deux suites pour orchestre, suite du ballet des Vierges sages (orchestration de Bach par Walton)
Premier contact avec Façade. C'est très déroutant et amusant à la fois. On pense à de la musique de cabaret, à Weill, cette oeuvre est un brin DADA, c'est assez foutraque, les vers d'Edith Sitwell (non fournis dont le livret et que je n'ai pas encore recherchés) sont scandés à toute allure par les récitants, belle musicalité de l'ensemble et trésors d'inventivité dans l'utilisation d'un effectif de chambre (8 musiciens seulement). L'enregistrement date de 1971, Marriner dirige. Vraiment excellent. Les suites pour orchestres sont plus sages en comparaison et possèdent un côté "carnavalesque" ou exotique plus prononcé, j'ai plus pensé à Milhaud par moments (Carnaval d'Aix ou Boeuf sur le toit ? Faudrait réécouter, j'affabule peut-être...). Musique endiablée quoi qu'il en soit. Le ballet The Wise Virgins date de 1940, les mouvements ont été sélectionnés par Constant Lambert dans différentes cantates de Bach. Très belle orchestration et interprétation magnifique de Louis Frémaux. Je me suis passé en boucle le 4ème numéro, un "Ah ! How Ephemeral" vraiment jouissif. Le ballet intégral fait à peine 10 min. de plus, dommage de toujours enregistrer la suite de 6 numéros (je n'ai pas acheté le disque ASV qui semble être le seul à présenter les 9 numéros).
WoO Surintendant
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Dim 5 Jan 2014 - 11:10
sud273 a écrit:
Brabbins maintenant alors...
Je viens d'écouter Brabbins (Symphonie No. 1) : le 1 et le 3 m'ont un peu déçu (l'andante surtout), par contre le scherzo est ébouriffant de virtuosité, la mise en place est parfaite. Et pour la première fois j'ai vraiment pris mon pied avec le mouvement final qui est rendu avec toute la démesure qu'il réclame, on se demande comment le chef va pouvoir toujours tirer plus de son de son orchestre... et il y parvient !!!!
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Dim 31 Mai 2015 - 15:35
adriaticoboy a écrit:
sud273 a écrit:
Spoiler:
Karajan et la 1ère symphonie [...] Le 15 janvier 1951, à Kings Hall, dans de superbes conditions sonores, Karajan enregistra une version de la 1ère symphonie de Walton, composée en 1935. Seuls Legge et le compositeurs purent assister à la session. Walton sortit dès la fin du premier mouvement, furieux de découvrir l’addition de parties supplémentaires de bois et de cuivres, et comble d’horreur l’adjonction de 4 tubas-Wagner. La séance se poursuivit néanmoins, et malgré la réécriture, Walton loua la vigueur avec laquelle Karajan avait mis en relief les dissonnances et la sauvagerie du premier mouvement, et finit par déclarer « c’est la meilleure version de ma symphonie que j’ai entendue ». C’est ce qu’il disait à chaque fois qu’un chef jouait cette œuvre, Sargent, Boult, Prévin y eurent droit aussi. Néanmoins, Walton n’autorisa pas la commercialisation du disque et réalisa avec le même orchestre sa propre version dix mois après pour EMI. Karajan qui n’avait pas été payé pour son travail réclama les bandes, qu’il offrit à Deutsche Grammophon lorsqu’il signa avec cette maison un contrat à vie : elles dormirent jusqu’en 2006, date à laquelle sortit l’enregistrement. On y entend de beaux contrastes mais c’est un Walton tiré vers Bruckner et le premier Sibélius, qui gagne en violence et en volume ce qu’il perd en transparence. C’est particulièrement ennuyeux puisque parmi toutes les partitions importantes des années 30 de Walton, la symphonie est la seule que l’auteur n’ait pas soumis à une révision.
Je ne sais pas si Sud est un farceur ou s'il ne s'est jamais rendu compte qu'il s'était fait mystifié, mais ceux qui chercheraient comme moi à se procurer cet enregistrement (que Sud évoque encore à plusieurs reprises dans ce topic, de façon tout à fait sérieuse semble-t-il) peuvent toujours courir: ce disque n'a jamais existé: c'était un poisson d'avril du site MusicWeb ! http://www.musicweb-international.com/classrev/2006/Apr06/Walton1_4574332.htm
Dommage, on y croyait et ça faisait envie.
Effectivement c'est un canular. En revanche, Karajan a bel et bien enregistré l'oeuvre le 5 décembre 1953, avec l'Orchestre de la RAI -une interprétation sulfureuse et décapante.
DavidLeMarrec, in playlist, a écrit:
Benedictus a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:
=> Walton, Symphonies 1 et 2 (Mackerras). Remarquable.
Ah ouais? Jamais écouté. Combien de tartelettes?
3,5 T. Découverte pour moi aussi. Meilleur que le reste de sa production (plus romantique avec des accès filmiques). Là, le contenu est sombre et riche, comme les symphonies les plus vindicatives de RVW. L'atmosphère de la Deuxième m'a à plusieurs reprises évoqué la Quatrième de Schmidt, pour situer. Discours ferme, atmosphères mouvantes, sens du climat, j'aime beaucoup, j'y reviendrai avec beaucoup de plaisir.
DavidLeMarrec a écrit:
Benedictus a écrit:
Je n'aurais jamais imaginé ça; en fait, sans trop savoir pourquoi, je me représentais ça comme du néoclassique épais. Mais c'est noté.
C'est effectivement le genre de réputation qui le précède… Elle est injuste en général, mais particulièrement hors de propos pour les symphonies.
Etonnant que depuis 2007 où tu interviens sur ce topic, tu n'aies pas eu l'occasion de te pencher sur les deux symphonies.
Rappelons que Szell avait enregistré la n°2, toujours une des meilleures adresses. La n°1 est bien mieux servie par la discographie, depuis les propres témoignages de Walton himself. Dans les versions plus récentes chez Emi, je trouve Handley un peu trop mou, -Rattle s'en tire mieux.
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Dim 31 Mai 2015 - 16:00
Pour ma part, j'hésitais entre Mackerras et Brabbin pour une intégrale des deux symphonies: laquelle me recommanderais-tu?
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Dim 31 Mai 2015 - 17:36
Mélomaniac a écrit:
Etonnant que depuis 2007 où tu interviens sur ce topic, tu n'aies pas eu l'occasion de te pencher sur les deux symphonies.
Pourquoi, tu trouves que je n'écoute pas assez de musique ?
Je n'avais pas lieu de me précipiter dessus dans la mesure où je n'admirais pas particulièrement ce que j'avais entendu – d'ailleurs je ne suis pas persuadé que j'aurais autant aimé si je l'avais découvert avant Schmidt et Ralphie.
Jaky Mélomane chevronné
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Dim 31 Mai 2015 - 21:50
DavidLeMarrec a écrit:
Mélomaniac a écrit:
Etonnant que depuis 2007 où tu interviens sur ce topic, tu n'aies pas eu l'occasion de te pencher sur les deux symphonies.
Pourquoi, tu trouves que je n'écoute pas assez de musique ?
Je n'avais pas lieu de me précipiter dessus dans la mesure où je n'admirais pas particulièrement ce que j'avais entendu – d'ailleurs je ne suis pas persuadé que j'aurais autant aimé si je l'avais découvert avant Schmidt et Ralphie.
Le Times à signalé que RVW s'est retourné dans sa tombe dans la nuit de dimanche à lundi, Scotland Yard enquête…
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Lun 1 Juin 2015 - 15:29
● Symphonies nº1 et nº 2 Martyn Brabbins / BBC Scottish Symphony Orchestra Hyperion, 2010
En effet, c’est remarquable.
Je ne sais pas pourquoi, je m’étais imaginé un genre de néoclassicisme épaissi (un genre de Martinů ou de Prokofiev british, en somme). En fait, non, c’est dense, tendu, avec le genre de couleurs un peu sombres que j’aime bien, et très personnel.
En revanche, je ne vois pas trop le rapport avec Schmidt (mais bon, c’était pour la bonne cause: David sait bien que pour me donner envie d’écouter une symphonie, il suffit de me dire que ça ressemble à du Franz Schmidt); avec les symphonies les plus vindicatives de Vaughan Williams (4-6-8, mes préférées), oui. Mais bizarrement (ou pas), ce à quoi ça me ferait le plus penser, au niveau du langage, ce serait Bernard Herrmann - mais un Bernard Herrmann qui aurait eu, en plus, un sens supérieur de la grande forme (de ce point de vue, la Passacaille finale est époustouflante).
J’imagine qu’on doit pouvoir trouver des versions plus opulentes, mais je ne suis pas sûr que j’aimerai forcément davantage.
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Lun 1 Juin 2015 - 16:58
Ah tiens, je ne connaissais pas cette version, qui couple les deux symphonies.
Intéressant, je vais la mettre dans le panier surtout qu'y a une très belle pochette.
Benedictus Mélomane chevronné
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Lun 1 Juin 2015 - 17:10
Mélomaniac a écrit:
surtout qu'y a une très belle pochette.
C'est un portrait de Walton (on s'en serait douté) de 1948 par Michael Ayrton, qui se trouve à la National Portrait Gallery.
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Lun 1 Juin 2015 - 17:28
Benedictus a écrit:
En revanche, je ne vois pas trop le rapport avec Schmidt (mais bon, c’était pour la bonne cause: David sait bien que pour me donner envie d’écouter une symphonie, il suffit de me dire que ça ressemble à du Franz Schmidt);
Il y a un peu de ça.
Non, ça ne ressemble pas à du Schmidt, dans la forme ou le langage, mais dans la Deuxième, j'ai trouvé beaucoup de couleurs en commun avec la Quatrième…
athos Mélomane averti
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Dim 7 Aoû 2016 - 16:13
Hier sur France musique, en voiture.
Il m'arrive d'entendre quelque chose d'inconnu qui me plait, et d'attendre la fin pour savoir ce que c'est. Ou d'entendre un truc que je n'apprécie guère et d'attendre aussi la fin pour savoir ce dont il s'agit.
Donc, hier je me suis retrouvé dans le deuxième cas. Musique genre musique de film, je verrais bien ça pour une série B d'anticipation des années 70. Musique inspirée 19eme, ça n'en finit pas, je trouve ça pompeux, à la limite du grotesque quand ça daigne se terminer.
Bref, l'animatrice annonce : William Walton 1ère symphonie, ...c'est pas mon truc.
L'émission s'appelle "objectif sieste", j'ai même pas dormi. Heureusement.
Rodolphe Mélomane du dimanche
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Sujet: William WALTON (1902-1983) Concerto pour violon Lun 20 Fév 2017 - 18:34
Message de Tus. J'ai donc écouté trois oeuvres de Walton ce week-end : le concerto pour violon, la symphonie n°2 et Belshazzar's Feast.
Je commence par le concerto pour violon. Je dois dire que je me sens face à lui un peu dérouté : c'est une oeuvre complexe, plus complexe encore que la symphonie n°1, et je n'ai pas tout compris. Mais comme l'a dit sud, et je peux, même après une écoute partielle et insatisfaisante, que l'approuver. Difficile à jauger, l'univers de Walton dans cette oeuvre, tout comme le caractère qu'il veut lui donner : c'est dramatique, quelque part, mais aussi étrange, rêveur, et en même temps fort pragmatique. Cette difficulté à faire sens avec la musique me rappelle mes expériences hindemithiennes, et d'ailleurs, les langages de Walton et d'Hindemith ne sont pas totalement étrangers l'un à l'autre, même si celui de Walton est plus compliqué, moins immédiatement lisible.]
Je viens aussi de découvrir le concerto pour violon de Walton. C'est une oeuvre qui m'a de tout de suite séduit, notamment le thème initial, plaintif, et comme Tus, on peut aussi se sentir un peu dérouté. Il y a dans le premier mouvement des passages d'une grande âpreté. Etrange, rêveur ? Je ne sais pas : il y a un ton plutôt interrogateur, perplexe.
Le deuxième mouvement comprend une tarentelle et un aussi un motif qu'on dirait venir tout droit de la musique populaire.
Le thème initial revient dans le troisième mouvement : j'ai l'impression qu'on a affaire à une sorte de leitmotif, un peu comme pour le concerto d'Elgar.
Je suis étonné que ce concerto soit si peu connu outre-Manche. Cela doit s'expliquer par le préjugé tenace contre le compositeur britannique (cela dit, on a vraiment l'impression qu'avec Elgar, VW, Bax, Walton... la musique post-romantique a poursuivi en Angleterre gentiment son bonhomme de chemin, ignorant dans un "splendide isolement" la révolution schönbergienne).
Pour continuer avec Walton, que me conseilleriez-vous ?
Marchoukrev Mélomane averti
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mar 21 Fév 2017 - 13:21
Si tu ne connais pas, il y a la Symphonie N°1 et le Concerto pour violoncelle et orchestre (bien plus célèbre que celui pour violon).
Rodolphe Mélomane du dimanche
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mar 21 Fév 2017 - 14:08
Merci
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Mar 21 Fév 2017 - 17:49
La Première Symphonie, j'abonde : forme cyclique sur un thème principal, toujours de la danse, très bien écrit pour l'orchestre (pas tant de partitions de cette époque avec les contrebasses divisées, et ça fonctionne remarquablement), très entraînant, beaucoup de climats et d'exaltation… une des œuvres les plus jubilatoires du répertoire, à mon sens.
La Deuxième a des parentés, mais pas du tout le même effet.
Et d'une manière générale, le reste du catalogue de Walton me paraît plus banalement postromantique, quoique de bonne facture. Mais cette Première, oui, fonce. Et si tu as aimé le concerto pour violon, effectivement ceux pour alto et violoncelle devraient très bien convenir.
Mélomaniac Mélomane chevronné
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Jeu 27 Sep 2018 - 16:49
Si j'osais : la pochette me fait penser à Nursery Cryme de Genesis
Mélomaniac, in playlist, a écrit:
William Walton (1902-1983) :
Façade, -Suites 1-2
= Louis Frémaux, Orchestre symphonique de Birmingham
(Emi, septembre 1976)
Une enfilade de danses venues de tous horizons (valse, tango, polka, tarentelle...), où candeur, malice, parodie (le swiss jodelling qui cite l'Ouverture de Guillaume Tell) et causticité mènent bon train. Superbe prise de son, ample et dynamique.
Mélomaniac Mélomane chevronné
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Ven 19 Oct 2018 - 16:31
Mélomaniac, in playlist, a écrit:
William Walton (1902-1983) :
Variations sur un thème de Hindemith
= George Szell, Orchestre de Cleveland
(Columbia, octobre 1964)
Altiste réputé, Hindemith joua le Concerto for viola de Walton qui date de 1928-29. En reconnaissance de leur estime réciproque, le compositeur anglais écrivit en 1963 ces variations, qui s'inspirent d'un thème du Concerto pour violoncelle n°2 de son confrère allemand. L'enregistrement de Szell, excellent en tout point, fut réalisé l'année suivante.
Mélomaniac, in playlist, a écrit:
William Walton (1902-1983) :
Sonata for string orchestra
= Neville Marriner, Academy of St Martin in the Fields
(Argo, octobre 1972)
S'il est un domaine où les Anglais ont excellé depuis les consorts de violes de la renaissance, c'est bien le répertoire pour cordes. Même Walton, qu'on connait pourtant mieux pour ses partitions à grand orchestre. Dans une œuvre exigeante dont les saillies et la vigueur rythmique ne tolèrent aucun flottement, les pupitres de Marriner nous offrent une lecture superbe, d'un grand relief, et d'une remarquable virtuosité.
Golisande Mélomane chevronné
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Jeu 31 Oct 2019 - 17:34
Suite à ce post :
DavidLeMarrec a écrit:
[...]Schmidt, dans la forme ou le langage, mais dans la Deuxième, j'ai trouvé beaucoup de couleurs en commun avec la Quatrième…
, je retente la Deuxième symphonie (Mackerras + Brabbins).
1er mouvement : je dois dire que pour l'instant la parenté avec la Quatrième de Schmidt ne me saute pas aux oreilles (c'est le moins que l'on puisse dire). En revanche, je me laisse porter par cette musique avec un certain plaisir - plus en raison de l'humeur et de la plastique générale que d'une séduction immédiate (c'est plus dessiné/sculpté que peint à mon sens).
Lento : je perçois peut-être la parenté avec Schmidt, mais cela reste assez subtil, plus en effet dans la couleur qu'autre chose (et je suis pour ma part beaucoup plus réceptif à la 4e de Schmidt)... Et je finis même par m'ennuyer un peu, car en dépit de nombreux "effets" accrocheurs et d'une indéniable maîtrise du discours, rien dans tout ça ne me séduit particulièrement...
Même chose avec la Passacaille : il y a de très beaux moments, assez envoûtants (la variation lente au milieu), mais dans l'ensemble ça babille beaucoup sans me parler (à moi) particulièrement...
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Jeu 31 Oct 2019 - 20:31
Ah, c'est sûr que si tu en attendais des points communs formels, tu as dû être amèrement déçu (mais ce n'était pas ce que j'avais promis !).
Golisande Mélomane chevronné
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Ven 1 Nov 2019 - 5:11
Pas seulement formels, au contraire, je suis tenté de dire que c'est plutôt un problème de "fond" : c'est la puissance expressive de Schmidt que je ne retrouve pas -- ce qui tient évidemment au langage, et est évidemment subjectif, mais il me semble que Walton ne fait que causer brillamment alors que Schmidt (dans la 4e) nous confie d'importants secrets. Enfin, plus prosaïquement, disons que la 4e de Schmidt me touche presque en permanence, et la 2e de Walton presque jamais...
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Ven 1 Nov 2019 - 7:42
Je n'ai mentionné que les couleurs similaires. Ce n'est pas le même univers sinon (et en effet, Walton 2 ne me bouleverse pas, alors que Schmidt 4 est franchement dense).
Mon propos était plutôt « Oh, c'est rigolo, il y a un pont inattendu » que « Écoutez absolument si vous aimez Schmidt ».
charles.ogier Mélomaniaque
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Sam 31 Oct 2020 - 12:19
Sud273 ayant débuté ce fil sur W.Walton le 4 mai 2007 par son jardin de la Mortella sur l'île d'Ischia, ci-dessus lien Arte sur ce même jardin. 30 mn de dépaysement pendant ce confinement !
Mefistofele Mélomaniaque
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Sam 14 Nov 2020 - 7:16
De nombreuses heures passées en la compagnie de Walton ces derniers jours. Les symphonies peinent à m'enthousiasmer, et le concerto pour violoncelle, malgré une ouverture pleine de mystère, n'arrive pas à me captiver sur toute la longueur. Quel dommage, car il y a vraiment de belles choses, et ladite introduction est à se pâmer ! Les suites orchestrales tirées de Façades sont farcies de morceaux charmants et je ne saurais trop les recommander. Mais les pièces que je tenais à présenter aujourd'hui sont en réalité plus confidentielles...
Walton conducts Walton, chez Lyrita. La messe est dite ou presque ? Le compositeur dirige ses œuvres de "jeunesse" (principalement pré-1940) avec vivacité et élan.
La Sinfonia Concertante, dans sa version révisée, est une sorte de concerto pour piano-hommage au style français, tiré de la partition d'un ballet refusé par Diaghilev. Le I, majestueux, cite la symphonie No. 1, l'Andante du II est d'une touchante mélancolie, très ravélienne en plus brumeuse, tandis que le III sonne comme du Poulenc qui aurait troqué sa baguette pour des scones : Francis dans l'idée, Malcolm (Arnold) dans l'exécution. Un régal. (En réalité, la citation voulue serait The Rio Grande de Lambert, je n'ai pas été vérifié.) Music for Children est l'orchestration augmentée et réarrangée d'une série de pièces pour 4 mains intitulée Duets for Children, elle-même issue d'un recueil pour jeune soliste jamais publié, Tunes for My Niece. Rien de particulièrement palpitant, mais les vignettes n'en sont pas moins pleines de charme et de naiveté (Hop-Scotch !), avec de très beaux passages plus rêveurs, comme The Silent Lake et Song At Dusk. Plus rapidement, Portsmouth Point Overture est majestueux, Scapino, A Comedy Overture déborde d'énergie et de belles couleurs, le Capriccio Burlesco de même, d'une façon plus américaine (Bernstein ou Shapero) là où Scapino évoquait la tradition "italienne" (ou un peu plus au nord, la pièce étant désignée comme le Till Eulenspiegel du compositeur). À l'autre bout du spectre, délectons-nous des langueurs de Siesta, qui ne sont pas sans dissimuler pas quelques canailleries.
J'ai gardé le meilleur pour la fin, la suite tirée du ballet The Quest, arrangée par Tausky avec l'aide du compositeur. Bien que Walton lui-même ait été dans un état d'esprit très critique lorsqu'il se pencha sur cette œuvre (ses notes sont tour à tour comiques et choquantes), la musique qu'il en a tiré est, à mon sens, superbe. Le ballet entier, perdu pendant un temps et retrouvé dans une malle en 1958, recèle bien des beautés et quelques longueurs aussi, aussi la suite qui en extrait tous les passages les plus marquants est un régal. Amateurs de Tchaikovsky, Dukas, Stravinsky (L'Oiseau de Feu) et Rimsky, voilà 15 minutes de votre temps à réserver sans délai. Héros en armure, sorcellerie, vilains adversaires, épreuves, triomphe de la vérité, les poncifs (parfois racistes) du livret ne manquent pas, mais la musique en elle-même est un enchantement, tant au niveau de l'orchestration que des atmosphères appelées par ces clichés. L'introduction rappelle Katschei et L'Apprenti-Sorcier, voire le Baba-Yaga de Lyadov. La Sicilienne qui suit évoque la berceuse de l'Oiseau, impression renforcée par le contraste marqué avec les évocations diaboliques du mouvement précédent, mais avec des couleurs et une mélodie fort différentes. The Challenge, morceau de bravoure, a des bouffées de Schéhérazade sur un canevas autrement énergique et assez typiquement britannique. La passacaille finale évoque encore fugacement l'Oiseau, quand elle émerge des brumes du rêve, mais son aura de dignité, et ses cloches signalent son pedigree.
Bryden Thomson : concerto pour violoncelle, Partita, Passacaille, Improvisations on an Impromptu of Benjamin Britten
Comme évoqué plus haut, je me désole de ne pas aimer plus le concerto pour violoncelle, ici superbement servi par Raphael Wallfisch. Disons que le I, en forme de poème symphonique avec violoncelle obligato, est vraiment superbe (scintillements d'étoiles, froid et mystère que je retrouve dans les Impressions), les démonstrations solistes des mouvements suivants me passionnent moins, même si elles sont admirables. Une pièce que je recommande donc fortement à défaut de l'apprécier suffisamment Qu'à cela ne tienne, le reste du programme me ravit complètement...
La Passacaille pour violoncelle solo, ombrageuse, est une fort belle pièce qui alterne morgue et épisodes frénétiques.
Les Improvisations on an Impromptu of Benjamin Britten sont calibrées à mon goût, c'est le moins qu'on puisse dire (une dizaine d'écoutes en deux jours). Thème tiré du concerto pour piano de Britten, repris encore et toujours dans diverses orchestrations, mais dans des tons froids, voire glacés (sauf une conclusion chaleureuse in-extremis). Peu de structure, voire de format traditionnel (thème et variations) comme les superbes Variations sur un thème de Hindemith, les transformations ne sont pas assez spectaculaires et les subdivisions en mouvement sont plutôt le fait de rythmes. J'ai l'impression d'un leitmotiv repris à l'envi et paré de nouvelles couleurs, comme pour une bande originale ressassant toujours la même mélodie déguisée. Pourtant... ce thème me ravit, et le tranchant de l'œuvre (qui évoque bleu-blanc, banquise, verre, glace, désespoir) me parle intimement (Kupka !). Le Lento initial est nu, froid, fragile, empreint de mystère. Le Vivo d'abord martial et colérique, évoque l'adversité (puis les épreuves lorsque le ton vire au goguenard) entendue dans The Quest. Le Moderato scintille, d'une lumière nocturne, presque mortifère, comme un ciel polaire (rappels de RVW 7 ?), balayé parfois de froides bourrasques de cuivres. Le Scherzando final est plein d'énergie contrariée, qui ne se tarit jamais tout à fait, une frustration sourde qui ne se libère jamais que dans l'orageuse conclusion, avant une coda enfin positive ?
La Partita est à l'autre bout du spectre, gorgée de soleil et d'exubérances ! Quelle urgence, quel rythme dans la Toccata initiale, qui me fait penser à du Rubbra positif. La Pastorale Siciliana est celle des langueurs, aux accents ravéliens et sans les brumes, du II de la Sinfonia Concertante. On y retrouve aussi les mêmes tournures ensorcelantes et somnifères de The Quest. La Giga Burlesca déhanchée offre une conclusion triomphale et comique à cette chaleureuse partition.
Albert LeSauvage Mélomane du dimanche
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Sam 26 Mar 2022 - 18:24
Karabits 1 et 2 La meilleure version de la symphonie 1. Groove jamais vu dans la musique symphonique à l'époque, contrepoint virevoltant, frottements harmoniques a la Sibelius. A la fois glorieux, épique, déchirant, mélancolique et dansant. L'un des plus haut chef-d'oeuvre de l'histoire de la musique symphonique.
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Dim 27 Mar 2022 - 18:53
Ah, pas essayée ! J'adore Bychkov, Litton, Gardner, mais Karabits me paraît bien placé pour bien faire sonner cela, c'est vrai. Merci pour la recommandation !
Baron Méduse Mélomane du dimanche
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Il y a six ans j'ai écouté l'intégrale des œuvres de Walton, tout au long de l'année; même toute sa musique vocale, dont je ne suis pas le plus grand admirateur. Aboutissant à une représentation de son Cinq Bagatelles pour guitare à un concert d'été en plein air, dans l'enceinte d'un petit château. Telle était la vie avant la pandémie...
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 29/12/2005
Je dirais...parce que je ne me souviens pas de tout, son Passacaille pour violoncelle seul. Les "deux pièces" - Canzonetta et Scherzetto - pour violon et piano, mais aussi sous forme orchestrale. Le premier a un son mélancolique, vaguement médiéval; le second a un air néo-classique, à la manière de Jean Francaix, à mon avis
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97907 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 29/12/2005
Je dirais...parce que je ne me souviens pas de tout, son Passacaille pour violoncelle seul. Les "deux pièces" - Canzonetta et Scherzetto - pour violon et piano, mais aussi sous forme orchestrale. Le premier a un son mélancolique, vaguement médiéval; le second a un air néo-classique, à la manière de Jean Francaix, à mon avis
Je plussoie pour la Passacaille ! J'ai découvert les 2 Pieces (version Little/Pierce), c'est effectivement rêveur et très prenant, spécialement la Canzonetta, un parfum britannique suranné, une sorte de The Lark plus accidenté et sans les mièvrevries. Les traits au piano sont spécialement attractifs, qu'il s'agisse du premier ou du second mouvement. Par contre, il en existe une version orchestrale ? Je n'arrive pas à trouver de référence...
Baron Méduse Mélomane du dimanche
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Ceci explique cela, je ne trouvais pas de version orchestrale dans le corpus de Walton. Merci beaucoup pour ce lien. Après écoute, j'avouerai une préférence pour l'original chambriste, qui m'a vraiment enchanté. Bravo pour ce coup de projecteur mérité !
Albert LeSauvage Mélomane du dimanche
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Sujet: Re: William WALTON (1902-1983) Jeu 17 Oct 2024 - 12:46
Bryden Thomson ; Symphony 1 + varii capricci (orchestration des bagatelles pour guitare)
Pour la symphonie : Le 1er mouvement le plus intense et dynamique de la discographie. Je recommande chaudement.